Un temps pour changer

Comme le disait le père Pierre Ceyrac, jésuite lui aussi: "Rêver des rêves impossibles, lutter contre des ennemis invincibles, chercher à atteindre les étoiles que l'on ne peut ne peut jamais atteindre, c'est ça la vie. Toujours aller de l'avant. C'est quelque chose d'extraordinaire et, dans cette marche en avant, tâcher d'aimer toujours davantage"

Les Pères de l'Eglise primitive ont clairement indiqué que donner aux pauvres, c'est leur rendre ce qui leur appartient, car Dieu a voulu que les biens de la terre soient pour tous, sans exclure quiconque. Deux autres principes de la DSE importent également ici : la « solidarité » et la « subsidiarité. La solidarité reconnaît notre interdépendance: nous sommes des créatures en relation, avec des devoirs les uns envers les autres, et tous sont appelés à participer à la société. Cela signifie accueillir l'étranger, annuler les dettes, donner un foyer aux personnes handicapées et adopter les rêves et les espoirs que les autres nourrissent d'une vie meilleure. Mais la subsidiarité garantit que nous ne déformions pas l'idée de solidarité qui consiste à reconnaître et à respecter l'autonomie des autres en tant que sujets de leur propre destinée. Les pauvres ne sont pas les objets de nos bonnes intentions, mais les sujets du changement.

Deuxièmement : cette nouveauté signifie parfois que l'on ressout des questions litigieuses par débordement. Des percés se produisent souvent à la dernière minute, conduisant à des rapprochements qui nous permettent d'aller de l'avant. Mais le « débordement» peut également signifier une invitation à changer notre façon de penser et nos points de vue, à nous défaire de notre rigidité et de nos intentions, et explorer des endroits que nous n'avions jamais remarqués auparavant. Notre Dieu est un Dieu de Surprises, toujours en avance sur nous. Troisièmement: c'est un processus patient, qui ne nous vient pas facilement dans notre époque impatiente. Mais peut-être que, dans le confinement, nous avons mieux appris a l'aborder.

Pour cette deuxième étape, nous avons besoin non seulement d'une ouverture à la réalité mais aussi d'un solide ensemble de critères pour nous guider : savoir que nous sommes aimés de Dieu, appelés à être un peuple solidaire en service. Nous avons aussi besoin d'une saine capacité de réflexion silencieuse, de lieux de refuge contre la tyrannie de l'urgence. Surtout, nous avons besoin de la prière, pour entendre les impulsions de l'Esprit et cultiver le dialogue dans une communauté qui peut nous soutenir et nous permettre de rêver. Ainsi armés, nous pouvons lire correctement les signes des temps et opter pour un chemin bénéfique pour tous.

Notre plus grand pouvoir ne réside pas dans le respect que les autres ont pour nous, mais dans le service que nous pouvons offrir aux autres. Dans chaque action que nous menons pour le bien d'autrui, nous jetons les bases pour restaurer la dignité de nos peuples et de nos communautés, et nous permettons ainsi de mieux guérir, soigner et partager. Si ces actions doivent nous impliquer tous, les dirigeants politiques et économiques peuvent faire beaucoup pour faciliter ces priorités, qui ne sont autres que les besoins des personnes auxquelles elles appartiennent.