AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782253934479
184 pages
Le Livre de Poche (02/01/2020)
3.69/5   501 notes
Résumé :
« Après deux premiers romans fictionnels, je me suis trouvée face à la nécessité d’écrire un roman plus intime. L’écriture lyrique dont j’avais usé jusque-là laissa place soudain à une écriture plus directe, sans autre envie que celle de raconter la stricte vérité. Pourquoi ? Pour trouver, à travers la littérature, des réponses aux questions qui nous empêchent de vivre.
Les Os des Filles est l’histoire de trois femmes : Ba, sa fille et sa petite-fille – ma gr... >Voir plus
Que lire après Les os des fillesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (151) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 501 notes
L'auteur est née « par accident » à Hanoï, de mère vietnamienne et de père français. Sa vie s'écoule avec insouciance, au sein de la bruyante et chaleureuse tribu familiale où, entre grand-mère, tantes et nourrice, elle compte « plusieurs mamans ». La soudaine décision de ses parents de partir s'installer en France fait exploser l'univers de la fillette. A onze ans, Line se retrouve brutalement transplantée dans un environnement inconnu et froid, loin de ses attaches. C'est un déracinement culturel, mais surtout une déchirure affective qui va la dévaster : Line sombre peu à peu dans un insondable trou noir, irrésistiblement aspirée vers un néant mortifère. L'anorexie la détruit.


Le récit s'ouvre sur le retour de Line à Hanoï. Elle a maintenant vingt-trois ans et est déjà revenue une fois après le début de sa guérison, à la recherche de ce qu'elle a quitté bien des années plus tôt. Hélas, la vie ne l'a pas attendue, et Line s'aperçoit bien vite qu'elle est désormais autant française que vietnamienne. Alors elle raconte : la vie de sa grand-mère, de sa mère et de ses tantes pendant les guerres qui ont ravagé son pays d'origine, sa propre enfance dans un bonheur coloré et turbulent, tout ce qui a constitué « ses os », même si cela a disparu aujourd'hui et si elle doit apprendre à en faire son deuil.


Les deux parties du livre sont aussi fascinantes l'une que l'autre : le récit du passé familial et de l'enfance vietnamienne de Line plonge le lecteur dans un tourbillon de vie et de couleurs dépaysantes ; l'anorexie racontée de l'intérieur ouvre des abîmes terrifiants de noirceur et d'impuissance. L'on ne peut que rester sans voix devant tant de souffrance et tant de force, dans cette guerre toute intérieure qui menace la vie de l'adolescente.


Les livres ont été le seul point d'accroche de Line pendant son désespoir. Et l'on comprend toute l'importance de la rédaction de son histoire pour la reconstruction de l'auteur. L'écriture possède un style très personnel : elle alterne constamment entre le "je", le "tu" et le "elle", dans une courageuse tentative d'exploration de soi, de cette fille fragile et forte qui avait perdu le contrôle et qui cherche à tâtons à se réconcilier avec elle-même.


Tout le livre n'est-il pas finalement que le rassemblement des pièces éparses du puzzle qu'était devenue l'auteur ?
Quoi qu'il en soit, jamais ce récit ne pointe du doigt ni n'accuse, jamais le moindre ressentiment n'affleure : Line ne règle ses comptes qu'avec elle-même, sans une once d'auto-apitoiement et sans une plainte.


Voici au final un roman fort et courageux, celui d'une résurrection personnelle effectuée avec une dignité qui force le respect. Il se dévore dans un souffle de sidération, celle que l'on ressent, impuissant, devant la souffrance la plus brute. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          13219
Voilà un roman dont les premières pages m'ont captivée. La plume est fluide, déliée, et l'auteure retrace avec aisance et concision le parcours de Ba, sa grand-mère, avec en toile de fond la guerre d'Indo-Chine, puis celui de sa mère, qui elle, grandira avec ses deux soeurs dans le chaos et le vacarme de la guerre du Vietnam.

Viennent ensuite les jours heureux ; la fin de la guerre, le mariage des trois filles de Ba, la venue au monde de la troisième génération, et tout ce petit monde, grand-mère Ba, grand-père Trang, leurs trois filles, gendres et petits-
enfants vit sous le même toit, comme le veut la tradition Vietnamienne.

Des jours heureux qu'illustre fort bien Line Papin. Hanoï revit, ses rues foisonnent d'habitants qui vont, viennent, s'affairent, ses effluves et son tumulte se hissent dans le petit appartement du troisième étage, le pays est noir de misère, mais qu'importe, les armes se sont tues, Hanoï n'est pas morte, son coeur n'en bat que plus fort, elle respire et répond à l'appel de la vie.

C'est dans cet Hanoï, pétillante et brouillonne, exultante et allègre, que grandit la petite Line. Line qui parle d'Hanoï comme on parle d'un être dont notre coeur est plein.

Alors ; pourquoi n'ai-je pas aimé ce roman ?

Dans cette première partie, je me suis laissée emporter par l'émotion, par ce tourbillon de vie d'après-guerre si bien retranscrit par l'auteure, ce qui, malheureusement, ne m'a pas empêchée de noter certains points que je qualifie de négatifs.

Line est une petite fille heureuse. Attachante et aimante, elle grandit, me semble t-il, au sein d'une famille bienveillante. Pourquoi, alors, faire le choix de ne jamais nommer son père, sa mère, ses tantes, et de les affubler du "jeune Français", de "la première H", de "la deuxième H", sa mère, en l'occurence, et de "la troisième H" ? Outre le fait que ce choix n'est pas du plus bel effet, pourquoi cette distance qui, jamais, ne fut expliquée au lecteur, lorsqu'il existe tant d'enfants mal aimés...

D'autre part, sa plume dont au départ je n'ai pensé que du bien, est trop souvent écornée par des "c'est-à-dire", et par des passages syncopés, aux phrases courtes, ce qui en soi n'est pas forcément déplaisant, mais trop récurrent, autant que le sont des réflexions absconses auxquelles je n'ai strictement rien compris. Je n'en citerai qu'une :

"Le 3". Pourquoi ? Par instinct, parcequ'il est rond, dans ses formes dessinées, parcequ'il n'est pas aiguisé comme le 2 ou le 4, qui ont l'air piquant, blessants. Mais le 3 n'est pas neutre comme le 1 non plus. le 1 n'est décidé que par sa position, qu'on lui a accordé et que personne ne lui enlèvera. Tu es le premier, lui a t-on dit, et il n'a plus jamais travaillé. Dans son intimité, il est faiblard. le 5, quant à lui, etc etc..."

Plutôt que d'épiloguer de la sorte sur ce fameux chiffre 3, peut-être aurait-il été plus opportun de renseigner le lecteur sur la nature de ses relations avec les membres de sa famille qu'elle ne nomme jamais, ce qui aurait eu pour avantage de justifier, ou pas ! Ce très curieux choix des "3 H" et du "Jeune Français".

Dans la deuxième partie de cet ouvrage, le ciel s'assombrit. du jour au lendemain, et apparemment sans explication aucune, les parents de la fillette, donc "la deuxième H" et "le Français", décident de s'établir en France. Line est arrachée à sa terre natale, loin de tous ceux et de tout ce qu'elle aime. Son chagrin est immense, et elle glisse inexorablement vers la dépression.

L'auteure rend si palpable le vide qui s'est installé en elle, que je n'ai pu rester insensible face à tant de détresse. Mais trop de répétitions, trop de longueurs, et c'en est lassant.

Sur environ deux ou trois pages, Line Papin établit une analogie entre les guerres qu'ont subies ses ancêtres et celle qu'elle doit livrer à la dépression, et pour ce faire, elle fait appel au champ lexical du mot "guerre". le choix est judicieux, ne manque pas d'originalité, mais il est audacieux, et je regrette de devoir dire qu'elle s'est attaquée à trop forte partie, et qu'à mon humble avis de lectrice, cet exercice manque cruellement de finesse.

J'attribue deux étoiles et demi à cet ouvrage, car sa lecture ne m'a pas procuré le plaisir que j'en attendais, mais ces deux étoiles et demi pour la plume, qui par instants m'a enchantée, et pour la faculté qu'a eu l'auteure de me téléporter dans le Hanoï d'après-guerre, cet Hanoï dont les plaies suppurent, mais qui, à l'instar des îles lointaines de Charles Aznavour, sait "que rien n'est important que de vivre".



Commenter  J’apprécie          10321
Voici une jolie découverte que cette auteure Line Papin avec son roman « Les os des filles ». Entendue à "La grande librairie", sa prestation m'avait donné envie de la lire. Elle avait l'air si fragile. Tellement jeune ! 23 ans à peine et déjà si douée !

A dix ans, Line doit quitter précipitamment le Vietnam pour suivre ses parents en France. Line est métisse, née d'un père français et d'une mère vietnamienne. Ce départ, c'est une déchirure, une terrible rupture dans la vie de cette petite fille. D'un coup, elle perd tous ses repères : sa famille, sa nourrice, ses amies, son pays avec ses us et coutumes. Pour quelle raison ? Elle n'en voit aucune et ne comprend pas. du jour au lendemain, la voilà propulsée dans un environnement qui lui est totalement inconnu et à mille lieux de son univers. Tout est si différent ici : le temps, les gens, la nourriture…. Un vrai choc psychologique et culturel qui passe totalement inaperçu par ses parents. Un profond déracinement qui va la dévaster et la conduire durant son adolescence à une anorexie mortifère.

Lorsque l'on est au plus profond du gouffre, deux choix s'offrent à nous : sombrer donc mourir. Lutter donc vivre. Line va choisir la vie et tout doucement va remonter à la surface.
Pour retrouver définitivement l'envie de vivre et surtout la force pour continuer, à l'âge de 17 ans, elle va entreprendre seule un premier voyage au Vietnam. Retourner dans ce pays qu'elle aime tant. Mais le Vietnam a changé en sept ans. Hanoï ne l'a pas attendu pour évoluer et subir de nombreuses transformations vers la modernité. Troublée pas ces changements, Line s'aperçoit finalement que bien malgré elle, elle est devenue autant française que vietnamienne. Malgré cela, partie à la recherche de ses racines, elle va tenter de réconcilier son passé et son présent. Mais surtout, se réconcilier avec la vie. Mais pour y arriver définitivement, il lui faudra d'autres voyages :
«Où je vais ? Au Vietnam, à Hanoï, comme il y a cinq ans, dix ans, quinze ans, comme toujours, chaque fois différemment , chaque fois seule, pour tenter de réconcilier le passé et le présent, les deux continents et mes membres souffrants – pour tenter de me réconcilier . »

Dans ce roman autobiographique, à travers le destin de trois femmes, qui s'avèreront toutes d'une force incroyable : sa grand-mère, sa mère et elle-même, Line Papin nous raconte l'Histoire du Vietnam et la vie si difficile entre guerres, famines et misère. En partant à la quête de sa propre histoire, l'auteur aborde avec une pudeur extrême deux thèmes graves qui sont l'exil et l'anorexie. Son écriture magnifique, quelque peu singulière, pleine de douceur et d'émotion nous touche profondément et nous emporte avec elle.

«Les os des filles » est un livre magnifiquement bouleversant, lumineux et plein d'espoir. C'est pour moi une très grande réussite pour une si jeune auteure. Quelle maturité ! A 23 ans à peine, la jeune romancière en est déjà à son troisième roman et quel roman ! Un avenir de romancière plus que douée s'ouvre à elle.

A lire inévitablement !

Commenter  J’apprécie          532
Livre bouleversant, Les os des filles de Line Papin, le doit avant à la plume de son auteure. Les thèmes évoqués dans ce roman autobiographique n'ont rien d'original en eux-mêmes. Il y est question de vie et de mort, de naissance et de renaissance, des souffrances de l'exil et des retrouvailles avec le pays de ses ancêtres. Mais Line Papin a su éviter dans son récit tous les écueils du genre : pathos débordant et/ou larmoyant, confession trop intime et fusionnelle pour que la lectrice ou le lecteur ne se sente pas à un moment donné un peu voyeuse ou voyeur.
Miracle d'une écriture qui joue merveilleusement de la distance prise avec les personnages. le je de la narratrice laisse souvent la place à la "petite fille" heureuse qu'elle était dans une ville d'Hanoï vibrante de vie et d'odeurs et où elle est née sous le matricule 396 dans une maternité crasseuse le 30 décembre 1995. Même jeu de distanciation dans le dédoublement qu'elle opère lorsqu'elle entre en dialogue avec la "petite fille" , en recourant à un "tu" jamais intrusif mais qui questionne , qui cherche à comprendre et à démêler les fils de sa propre histoire. Sa famille est évoquée de façon encore plus distanciée, comme dans un théâtre d'ombres. Son père est "le jeune français" tombé amoureux d'une jeune Vietnamienne et sa mère sera "la seconde soeur H" c'est-à dire la deuxième fille de Ba, sa grande mère tant aimée. C'est le seul personnage familial qui émerge de ce théâtre d'ombres et cette femme rescapée des deux guerres qui ont laissé le Vietnam exsangue, est présentée comme exceptionnelle. Non moins exceptionnels seront les liens qui vont se tisser entre l'aïeule et la petite fille. Relation complexe puisque Ba va s'identifier à la narratrice en faisant sienne sa date de naissance et vivre par procuration trois maternités qui n'avaient pu s'assumer correctement en raison des guerres successives. Figure mythique presque, cette grand-mère traverse tout le roman et l'attachement de la narratrice pour cette femme est si fort qu'elle évoque à deux reprises son enterrement dans des passages empreints de nostalgie et d'émotion.
Le deuxième point fort du roman est en effet de jouer avec les tonalités et les émotions. Très factuelle, lorsqu'elle évoque l'histoire de sa famille , l'auteure sait aussi nous faire vibrer lorsqu'elle fait part de son amour pour Hanoï ou sa détestation de la France lorsqu'elle est obligée de quitter sa ville tant aimée à dix ans. Les moments les plus poignants et les plus forts vont être ceux où elle évoque sa chute dans l'anorexie, après son arrivée en France. Ce qui aurait pu être scabreux est sublimé par la grâce de l'écriture comme le passage où elle crie son sentiment d'abandon et son désespoir dans une question qu'elle pose à sa mère en l'appelant, pour la seule et unique fois dans le roman, "maman". Cette phrase claque comme le cri muet du personnage dans le tableau de Munch. Même force, même intensité et violence distanciée lorsqu'elle évoque son entrée dans l'anorexie qu'elle associe aux guerres successives qu'a vécues sa grand-mère. Autre scène tout aussi dramatique et intense celle où penchée sur la cuvette des "chiottes" elle va faire choix de la vie. Ici c'est un humour corrosif qui prend la relève de la métaphore de la guerre. Humour noir dont elle ne se départit pas non plus pour évoquer la souffrance et l'incompréhension que va susciter sa maladie dans son milieu familial. Choix qui peut déplaire mais dans lequel j'ai surtout vu la volonté de ne pas affronter de plein fouet une douleur encore trop vive.
Si j'ai beaucoup aimé ce roman, je crois que c'est avant tout parce que Line Papin a réussi le tour de force de se raconter en même temps qu'elle a ouvert le champ vers d'autres souffrances et d'autres renaissances possibles.
Commenter  J’apprécie          491
Cette autobiographie est une heureuse surprise.

C'est l'histoire, le dialogue de la petite fille blessée d'hier, née le 30 décembre 1995 à Hanoï, et l'auteure d'aujourd'hui...

Line Papin a grandi à Hanoï jusqu'à l'âge de dix ans .
Elle arrive en France avec ses parents , lui français, elle vietnamienne et son frère âgé de 11ans .

En quittant son pays, elle perdait un cocon de chaleur, de douceur, d'amitié .

Faisant le lien avec son ancienne vie et le passé de sa famille , elle conte l'histoire de trois générations de femmes: Ba , sa grand- mère, qui a vécu la seconde guerre d' Indochine, celle de sa mère qui a vécu l'exil et surtout son histoire : elle qui avait vécu son enfance de princesse à Hanoï——surtout celle de son anorexie—— «  Elle était entrée en guerre avec son corps », son organisme atteint, détruit, plus rien ne fonctionnait dans ce corps en guerre , ses lèvres violettes——la France froide, le froid de la France, le récit désabusé de la filiation maternelle brisée, les jambes serrées grelottantes , la maigreur , la mort en héritage, ses genoux la tuaient de douleur, « ses os crissaient ».. son passage durant un an à l'hôpital à Paris, sa reconstruction très lente grâce à la lecture , la littérature lui a sauvé la vie....

Elle reviendra plus tard dans son pays , vers les couches de son passé, étrangère en France, étrangère au Vietnam .....

L'écriture est très travaillée, poétique , grave, intense, douloureuse , précise, les mots touchent Infiniment....

Un très beau livre douloureux , lumineux, sur le déracinement, la guerre, la douleur, la maladie, le retour à la vie grâce ou à cause d' une libération de soi par l'écriture . ...

Récit vibrant de vérité sur l'identité, la rupture, la filiation, la douceur , l'amour à partager, la douleur extrême de l'anorexie, maladie redoutable , souvent incomprise, maladie de l'âme ....

Les os pour réconcilier le passé et le présent d'une âme blessée , trait D’UNION de cette histoire ...
Les os sont la mémoire , une poussière d'os quand l'âme sera partie, lointaine ....
Des os qui s'entrechoquent: le SYMBOLE d'une guerre intérieure . ....
Les os peuvent HURLER de douleur ...

Réparer avec l'écriture salvatrice des choses irréparables .

Comment les événements historiques peuvent- ils influer sur les relations personnelles ?
Un récit bouleversant qui ne peut laisser personne indifférent .

«  Tu as guéri.Tu as retrouvé un corps de vivant, un coeur de vivant , un visage de vivant . La mort est partie . La petite fille est revenue . Et tu as décidé , en ce retour , parce que tu pouvais enfin marcher et vivre , de te rendre toi- même sur les lieux de ton enfance ».,
Commenter  J’apprécie          495


critiques presse (4)
LaLibreBelgique
13 juin 2019
Les os des filles, c’est son histoire, mais aussi et surtout celle de la famille de sa maman. Ses grands-parents, Ba et Trang, leurs trois filles, élevées dans un pays miné par les guerres, l’embargo américain, les famines. Très beau roman autobiographique de Line Papin.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
28 mai 2019
L’écrivaine s’explore elle-même dans ce troisième roman, à travers sa lignée maternelle, d’Hanoï à Paris, et retour.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
07 mai 2019
La romancière de 23 ans raconte le Vietnam de son enfance et évoque ses amours créatives.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeFigaro
11 avril 2019
Le troisième roman de la jeune auteure est un cri d’arrachement au pays natal et à l’enfance.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (92) Voir plus Ajouter une citation
On enterre les gens dans une tombe à leur taille pendant trois ans, au Vietnam. Puis, ce délai passé, la chair évaporée, on transvase dans un coffret plus chétif ce qu’il reste du corps : les os. Les cimetières sont donc faits de petits coffrets d’os. Ce sont eux qui demeurent, singuliers. Le premier cercueil est temporaire, public, il ne sert qu’à désosser et reçoit, tous les trois ans, différents morts. C’est un lieu de repos passager. Ensuite, dans l’unique boîte, il n’y aura plus que les os propres, comme si la chair importait peu, modifiable telle qu’elle est le long d’une vie, tantôt fraîche, tendre, lisse, tantôt ridée, malade, tavelée, tantôt douce, serrée, tantôt rêche, distendue, tantôt cisaillée tantôt… À la fin, il n’y a plus que les os qui s’entrechoquent.

Les sentiments de la chair, dégoulinants, sont passés. L’émotion terrestre est partie. Ne restent plus que les sentiments des os – essentiels. Nous finissons tous ainsi, après tout, et c’est doux. C’est doux parce que c’est commun. Il y aura eu bien des injustices, bien des secousses, bien des dangers ; il y aura eu des joies, des rires, des peurs, des amours, des haines, des ressentiments, des passions ; il y aura eu des accidents, des voyages, des crises, des maladies… Nous aurons été chacun à notre manière déformés par la vie. Il restera les os des humains – ce que nous avons été au minimum, ce que nous avons tenté d’être au maximum. Maintenant, j’ai compris jusqu’à quel point il faut descendre pour aimer sans retour et pardonner sans regard : jusqu’à cette ultime poche d’os.
Commenter  J’apprécie          144
Son prénom est Gao. Cela me fait sourire, car Gao signifie grain de riz en Vietnamien. À une époque de famine, porter "Grain de riz " pour prénom était comme s'appeler Bonheur, Chance, ou Soleil.
Commenter  J’apprécie          400
Autour de toi, c'est noir de visages et de vociférations : c'est la vie telle qu'on l'aime - telle que tu l'aimes. Et au-dessus de ce capharnaüm, le soleil explose, humide et lourd comme il l'est au Vietnam ; personne n'y échappe. Des odeurs c'est direct, c'est foutu on en a plein le nez : viande grillée, bun cha, herbes, charbon, gaz. Tu nais là-dedans, bébé sale, bébé de sang, jamais lavée, et à quoi bon avec ces cris et ces senteurs qui enrobent autant que ces draps troués. C'est mieux que tout d'être dans cette crasse, parce qu'il y a de l'amour dans ces draps, dans ces exclamations, dans ces parfums, l'amour d'une ville qui vit enfin sa vie, sans complexe et d'une ville qui aime ses filles sans complexe.
Commenter  J’apprécie          100
«  On ne naît ni par hasard ni nulle part. On naît neuf, entouré d’anciens os. Dans le cœur et dans le ventre, il y a les os de la guerre, de la grand- mère, des os de vétérane, il y a les os laissés par les bombes, les os d’une vitesse, de trois filles, les os des non qu’elle leur a dits, les os de ses pensées . Il y a ces os qu’on n’avait pas désirés et qui vont , quoiqu’il en soit se former..... »
Commenter  J’apprécie          170
Tu as guéri. Tu as retrouvé un corps de vivant, un cœur de vivant, un visage de vivant. La mort est partie. La petite fille est revenue. Et tu as décidé, en ce retour, parce que tu pouvais enfin marcher et vivre, de te rendre toi-même sur les lieux de ton enfance - ceux que tu avais perdus, ce qui t'avait tué. Tu avais dix-sept ans alors, à peine, et tu as pris l'avion, seule, pour retourner à Hanoï.
Commenter  J’apprécie          150

Videos de Line Papin (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Line Papin
Comment surmonter une rupture amoureuse ? L'autrice Line Papin raconte la reconstruction de soi après l'amour et évoque un remède : l'écriture.
Retrouvez l'intégralité de l'émission par ici : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-book-club/quand-l-amour-s-eteint-8272762
#bookclubculture #litterature #amour _____________
Retrouvez-nous sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
Et abonnez-vous à la newsletter Culture Prime : https://www.cultureprime.fr/
+ Lire la suite
autres livres classés : viêt-namVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (1048) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1686 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..