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Dans un futur proche, divers personnages voient leur existence bouleversée par les Intelligences Artificielles (IA). Adrien, le trader qui contourne les lois. Aurore, la chanteuse sulfureuse qui mène une double vie. Kader, ex-soldat d'élite traumatisé. Lou, joueuse en ligne douée et un peu tricheuse. Ils seront confrontés à Joachim, jeune homme asocial, talentueux et maître de la manipulation.

Ce roman d'anticipation explorant le thème des IA bascule dans un thriller dont l'évolution est surprenante. le traitement des IA est à la fois subtil et onirique, l'auteur utilisant des métaphores pour leur donner vie. C'est très plaisant à lire ! de façon générale, la plume est plus littéraire que bien des romans d'anticipation, le texte est riche et agréable.

Le récit sait rendre réalistes des scènes du quotidien qui alternent avec des moments d'action. L'auteur attendant désespérément des visiteurs lors d'un salon du livre d'une bourgade de province m'a beaucoup fait sourire, on dirait du vécu ! Je n'oublie pas non plus la peinture des lieux qui est très réussie, notamment la vision glaciale de la Défense, quartier que j'évite quand je le peux. Dans la même veine, j'ai apprécié les personnages qui sont approfondis et recèlent des surprises. En filigrane émerge le thème des apparences et du contrôle de son destin.

Les principaux acteurs sont évoqués sans jamais être décrits frontalement : les IA. Peu à peu, le lecteur apprend à les connaître et devine un monde étrange qui se cache et qui est partout, autour de nous. Sans jamais tomber dans la hard SF, ils prennent vie et montrent une complexité inattendue.

Si vous avez envie d'un roman sur les IA bien écrit et rythmé, n'hésitez pas à découvrir celui-ci.
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En ce temps pas si lointain, les compagnies bancaires ont supprimé le trading à haute fréquence qui permettait, en gagnant des millisecondes d'empocher des millions de dollars. Dorénavant, c'est le retour à l'humain. Enfin, est-ce bien sûr ? Car, dans les placards des machines, dans les puces des multiples systèmes qui nous entourent, certaines intelligences continuent à vivre et à nous observer.

Depuis des dizaines d'années, le thème de l'I.A. maléfique a surgi dans l'imaginaire et fleurit dans les oeuvres de SFFF. Y compris des textes ou des films plus grand public. Tous les artistes qui se sont emparé de ce sujet n'ont pas nécessairement fait preuve de finesse et, dans de nombreux cas, ont sorti la grosse artillerie, version grosse Bertha. Ne serait-ce que pour cela, j'ai beaucoup aimé Les Machines fantômes. Car Olivier Paquet s'y montre d'une bien plus grande subtilité, d'une plus grande finesse. Il aborde le thème de la place des machines « intelligentes », mais du côté humain. Les I.A. sont là, mais on les voit peut. de toute façon, difficile de les représenter. Mais dans ce roman, elles n'apparaissent que dans leurs interactions les unes avec les autres, ou avec les humains. le sujet de ce texte est vraiment, à mon sens, la possible cohabitation de ces deux groupes : les machines et les humains. Pourra-t-on vivre ensemble ou les unes se sentiront-elles légitimes à guider les autres ? Et si oui, de quelle manière : brutale ou éclairée ?

Mais ces interrogations passent par des êtres faits de chair et de sang, avec leur failles et leurs doutes : « Les adultes détenaient un monopole immense : celui de donner du pouvoir à leurs histoires. Un enfant n'en a aucun. »On commence avec un trader, mis un peu sur la touche dans son entreprise, mais qui garde une réputation sulfureuse de modeste magicien. Or, cet homme aime séduire. Et il tente d'utiliser une découverte exceptionnelle qu'il a faite pour mettre dans son lit un jeune cadre nouvellement engagé. Erreur fatale ! Il vient de donner à un ennemi possible des sociétés telles que nous les connaissons une arme potentiellement létale.

Des mois plus tard, plusieurs personnes vont se trouver embarquées dans des situations étranges, hors de leur existence normale. Et elles vont devoir faire des choix qui auront des conséquences pour eux comme pour le reste des humains. Aurore, chanteuse en perte de vitesse, voit sa rivale prendre sa place en quelque sorte. Sa musique, son personnage, ses attitudes sont jugés trop agressives face à la nouvelle égérie des foules, plus lisse, plus consensuelle. de son côté, Kader, tireur d'élite dans l'armée, était chargé d'abattre des ennemis d'état (ou en tout cas annoncés comme tels par ses supérieurs). Mais une mission l'a conduit à tuer un enfant. Il est depuis mis sur la touche, obligé de consulter un psychiatre et ronge son frein. Enfin, Lou, jeune femme qui, en plus de sa vie classique, mène des parties régulières de jeu en ligne avec son équipe. Tous les quatre se trouvent, malgré eux, opposés à l'ancien collègue d'Adrien, le trader en fuite depuis sa chute retentissante : il est le nouveau Kerviel dans les médias. Tous les quatre vivent devant nous, pleinement. Et tentent de comprendre ce qu'il se passe et pourquoi ils ont été contactés, d'une façon ou d'une autre.

Comme dans Composite (publié récemment, bien après Les Machines fantômes), les I.A. sont derrière certaines décisions stratégiques et semblent vouloir se mêler des destinées humaines. Puisqu'elles sont capables de choisir selon des critères objectifs, pourquoi ne pas diriger en quelque sorte ces créatures inférieures ? J'emploie ces termes mais jamais Olivier Paquet ne se permet cette facilité, ce mépris. Les machines dont il est question n'émettent aucun jugement de valeur. Et c'est d'ailleurs un problème. Elles considèrent les situations et font des projections afin de calculer la meilleur solution parmi plusieurs imaginées. Mais des critères qui nous paraissent essentiels ne le sont pas pour elles au premier abord. Sont-elles capables d'apprendre et, donc, de ne pas asservir l'humanité ? Telle est la question. Dans mes dernières lectures, je me suis aperçu que cette question, cette thématique revenait souvent : dans I.A. 2042 – Dix scénarios pour notre futur, KAI-FU Lee et CHEN Qiufan imaginent des avenirs très réalistes (et parfois très effrayants) dans lesquels les I.A. prennent une importance capitale dans nos sociétés ; dans Alfie de Christopher Bouix et le Système de la Tortue de Pierre Raufast, les I.A. apprennent à comprendre, parfois avec balourdise, les comportements humains afin d'aider, mais parfois sans tenir compte de l'essentiel ; dans Resilient Thinking, de Raphaël Granier de Cassagnac, ces mêmes I.A. sont prêtes à tuer une part non négligeable de l'humanité pour arriver à ce qu'elles considèrent comme le meilleur but. Et je pourrais continuer, car la liste est longue. Certains textes sont un peu manichéens, ce n'est absolument pas le cas de ce roman, Les Machines fantômes.

Je découvre l'oeuvre d'Oliver Paquet à rebours, ayant commencé par une de ses dernières parutions (si j'excepte le recueil de nouvelles Faux-semblance). Pour l'instant, j'aime. J'aime ce regard porté sur l'actualité, suffisamment distancié pour permettre des réflexions fortes et pressantes. J'aime cette capacité de créer des personnages dont je me sens tout de suite proche, dont j'ai tout de suite envie de connaître la vie, les tergiversations. J'aime enfin ce style au service de l'histoire. Pas transparent et fade, mais pas pour autant trop présent ni étouffant. J'ai aimé lire Les Machines fantômes, un ouvrage passionnant et fort utile en cette période pré-I.A.
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Nos machines vont-elles un jour nous détrôner ? Voilà une question qui trotte dans la tête de l'humanité depuis un moment déjà, et le sujet a été abondement abordé en science-fiction ces dernières années. Olivier Paquet apporte lui aussi sa pierre à l'édifice avec son dernier roman, « Les machines fantômes », qui traite la question de manière originale. L'auteur met en scène plusieurs personnages qui se voient consacrer, dans un premier temps, un chapitre chacun, avant d'être finalement réunis par les événements. Leurs profils sont très variés : le premier est un trader qui manipule avec plaisir des sommes d'argents colossales, la seconde une chanteuse populaire qui rêve d'anonymat, le suivant un sniper exclu de l'armée suite à un traumatisme dont il n'a aucun souvenir, et la dernière une informaticienne fan de jeux vidéo qui tente d'assister sa meilleure amie dans sa recherche de l'âme soeur. En dépit de leurs différences, tous ont en commun de vivre à Paris et d'avoir été un jour la cible d'un jeune homme manipulateur qui nourrit le rêve d'une société dans laquelle les IA seraient aux commandes. Pas pour nous dominer ou nous asservir, non, mais pour notre propre bien, et de manière tellement subtile qu'on le remarquerait à peine. Chacun de ces personnages va ainsi se retrouver malgré lui entraîné dans une aventure périlleuse dont aucun de parvient à véritablement cerner tous les enjeux tant celui qui tire les ficelles brouille les pistes. Et puis il y a cet agent secret qui tourne lui aussi autour de nos protagonistes et dont le rôle n'est pas bien clair : allié ? ou ennemi plus dangereux encore ? le roman reprend les principaux codes du thriller (des mystères qui s'accumulent, du suspens, des filatures, de l'action…) et cela fonctionne à merveille. L'intrigue est menée tambour battant et, si on peut regretter une petite baisse de rythme dans la seconde partie du récit, l'ensemble reste malgré tout de bonne facture.

Le plus gros point fort du roman réside dans ses personnages. Qu'ils soient sur le devant de la scène ou simplement de passage, tous ont en commun de susciter sans mal l'empathie du lecteur tant l'auteur parvient efficacement à rendre compte de leurs tourments intérieurs. Si les quatre protagonistes sont évidemment les plus détaillés, et donc les plus marquants, toute la galerie de personnages mobilisée par Olivier Paquet est convaincante. J'ai pour ma part beaucoup apprécié les chapitres intermédiaires baptisés « Modélisation » qui proposent de courts interludes mettant en application une intervention directe et silencieuse des IA dans nos vies. Pour ce faire, l'auteur s'amuse à imaginer plusieurs versions de la vie d'un personnage lambda en changeant quelques paramètres grâce à l'intervention d'une IA (et si tel message était consulté à tel moment ? Et si tel numéro disparaissait soudain d'un portable ? Et si le GPS proposait un itinéraire différent ?…) Relativement courts, ces chapitres n'en fourmillent pas moins d'idées et ont l'intérêt de mettre en lumière des thématiques et des profils de personnages que l'on rencontre trop peu en SF (ou ailleurs) : la réinsertion professionnelle après un passage en prison, la délocalisation et ses ravages dans la population française, l'engagement syndical, la solitude des personnes âgées, l'esclavage moderne… Chaque personnage a son propre ton, sa propre vision du monde, et c'est cette diversité des points de vue qui donne une grande partie de son charme au roman qui alterne ainsi entre moments solennels ou dramatiques, et scènes plus amusantes dans lesquelles l'auteur donne libre cours à sa causticité (le passage sur la solitude des auteurs en salon est particulièrement amusante).

Outre les personnages, on peut également saluer l'habilité dont l'auteur a fait preuve en construisant son intrigue qui parvient très souvent à surprendre le lecteur (révélations inattendues, personnages qui se croisent sans le savoir...). Les thématiques traitées sont, elles aussi, intéressantes, et particulièrement révélatrices des problématiques de notre temps : surveillance de masse, protection des données personnelles, évolution de la notion de vie privée, solitude engendrée par la prolifération des relations virtuelles… On sent bien la critique sous-jacente, mais l'auteur a l'intelligence de ne pas diaboliser toutes les pratiques qui tournent autour du numérique. Ainsi, l'une de ses héroïnes trouve son épanouissement dans un jeu vidéo en réseau qui lui permet de se sentir intégrée dans une communauté. de même, l'auteur ne se prive pas de réutiliser dans son récit les codes des réseaux sociaux en reproduisant par exemple une conversation entre joueurs ou une succession de commentaires répondant au tweet d'une personnalité (l'occasion de rendre efficacement compte des différents types de profils que l'on peut rencontrer sur le net et de la « décomplexion » que provoque le fait de parler à travers un écran). Pour toutes ces raisons le roman se lit vite, voire très vite, même si la seconde partie est à mon sens un peu moins palpitante que la première (exemples de « modélisation » mis à part). Petit bémol également en ce qui concerne les « méchants » de l'histoire que j'ai trouvé assez caricaturaux et trop peu développés. Joachim bénéficie certes d'un chapitre assez long sur son enfance (et je l'ai trouvé passionnant) mais celui-ci arrive malheureusement un peu tard dans l'histoire et s'achève de manière trop abrupte.

Olivier Paquet questionne dans son dernier roman la place des IA dans notre société et s'interroge sur le degré de latitude que l'humanité serait prête à leur donner sur nos vies. Construit comme un thriller, le récit se lit avec plaisir et séduit à la fois par la qualité de ses personnages, tous plus vulnérables et plus paumés les uns que les autres, ainsi que par la multitude et l'originalité des thématiques qu'il met en avant. A découvrir.
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Les machines fantômes est un récit de science-fiction mettant en scène cinq individus confrontés à une guerre silencieuse entre intelligences artificielles dans un futur très proche.

J'ai bien aimé le traitement que l'auteur a choisi pour ce thème. le fait que des intelligences artificielles décident de se faire la guerre car elles ne sont pas d'accord entre elles sur la question de leur ingérence dans le quotidien de l'humanité est assez original. En revanche, je regrette que l'auteur ait laissé cette guerre se dérouler entre les lignes et non pas de façon visible. On ne saura jamais les motivations qui conduisent les IA à s'affronter.
Quelques pistes sont toutefois données lors des modélisations effectuées par les machines invisibles où elles comparent plusieurs destins d'humains selon qu'elles interviennent ou pas dans des événements mineurs par le truchement de petites modifications (un SMS opportun, une donnée GPS modifiée, etc.) qui apportent de grands impacts sur la vie des citoyens.

Côté humain, ce fut une réelle déception. J'ai trouvé les personnages peu crédibles dans leur relation. L'idée de mélanger des personnalités aussi différentes : 1 trader, 1 chanteuse, 1 ancien tireur d'élite et 1 joueuse de jeu vidéo, est intéressante mais je n'ai pas réussi à accrocher. Leur interaction me semblait vide et aseptisée. J'avais l'impression qu'ils étaient eux-mêmes des machines. Ce ressenti m'a donné des impressions de longueurs dans le récit.

En revanche le style de l'auteur m'a beaucoup plu. Une écriture fluide et des explications simples sur la technologie ont permis de maintenir mon intérêt pour le récit. Autant je regrette les interactions entre les personnages principaux autant l'auteur a su créer des personnages secondaires ou épisodiques très intéressants avec des réflexions pertinentes sur la société.

La fin est assez attendue entre les courses poursuites et les jeux de cache-cache. Construit comme un thriller, le récit en maîtrise les codes et au fur et à mesure des révélations, l'intérêt du lecteur est maintenu.

Un bon roman en dépit de quelques longueurs. Olivier Paquet interroge la place laissée à des dieux numériques dans notre quotidien et la société sur sa peur de perdre la maîtrise de sa vie.
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Thème particulièrement en vogue ces dernier temps, l'Intelligence Artificielle (ou I.A) se fait de plus en plus envahissante dans notre vie quotidienne.
Si certains avertissent du danger de cette prolifération, d'autres se félicitent de cette nouvelle aide pour l'humanité et les défis qui l'attendent.
Avec Les Machines Fantômes, l'écrivain français Olivier Paquet (Les Loups de Prague, le Melkine…) se penche sur cette épineuse question qui va bien au-delà du champ de la science-fiction.
Comment faire face à l'émergence de ce nouveau paradigme où l'homme lui-même semble devenir obsolète ? Avec le portrait croisé de quatre personnages, le récit nous emporte dans un techno-thriller surprenant aux questionnements passionnants.

Pour construire son intrigue, Olivier Paquet choisit quatre personnages improbables ayant tous en commun leur rapport à la technologie…et leur artificialité !
D'abord, il y a Adrien, trader chez Optired particulièrement doué dans son genre et capable de retourner des situations commerciales que d'autres jugeraient impossibles. Adrien ne correspond pourtant pas vraiment au requin-type de ce milieu, moins motivé par l'argent que par la performance et la possibilité d'aider autrui. Un vrai paradoxe en somme.
Ensuite, c'est au tour d'Aurore Germain d'occuper le devant de la scène, une jeune femme que d'aucuns connaissent sous le maquillage de Stella MacCall, chanteuse pop sur le déclin, dépassée par une nouvelle égérie pour adolescentes répondant au nom de LéaH.
Après le monde de la musique, c'est Kader, ex-sniper de l'Armée Française reconverti dans la sécurité privée pour boîte friquée qui reprend le micro. Assommé par un grand-père malade qui le déteste et rejeté par un frère radical prêt à tout pour exister, Kader doit également composer avec ses terribles souvenirs de guerre et une société française banalement raciste.
Enfin, on termine ce tour d'horizon par Lou, hardcore-gameuse préférant la vie en ligne et les héros de Runecraft (clin d'oeil évident aux fans de Warcraft) et qui doit s'adapter au départ de sa copine Cristina, davantage attirée par la drague sur Tinder que par les nouveaux donjons d'un monde froid et artificiel.
Pour chacun d'entre-eux, Olivier Paquet construit une histoire et une trajectoire de vie bien différente jusqu'au moment où ils croisent le personnage-clé de Machines Fantômes : Joachim/Hans.
Qui est ce jeune homme aux boucles blondes trop innocentes pour être honnêtes ? Un jeune trader ambitieux ? Un psychologue particulièrement malin ? Un gamer ? Ou tout cela à la fois ?
Installant patiemment son intrigue, le roman met un certain temps à décoller en présentant les pièces d'un puzzle plus large qu'escompté au lecteur qui pensait peut-être retrouver ici un pur objet science-fictif.
En effet, dans Machines Fantômes, la science-fiction reste discrète. le monde dans lequel évoluent nos héros n'est pas si éloigné du nôtre, les évolutions technologiques moins criardes et tape-à-l'oeil que dans certaines oeuvres de SF récentes. Balles intelligentes, marché boursier assisté par IA, MMORPGs, drones en tous genres… l'univers créé par Olivier Paquet nous est familier, restant du coup beaucoup plus crédible et plus réaliste. En vérité, si l'on excepte les I.As terrées dans les angles morts, le roman parle avant tous de trajectoires humaines et repose sur les ressorts du techno-thriller pimentée aux services secrets français style DOA. On a connu pire comme ascendance. Entre espionnage et trahisons, l'histoire offre son lot de retournements de situations et de fausse-pistes au lecteur. Ajoutez-y l'écriture élégante et ultra-efficace du français, et vous voilà devant un page-turner redoutable qui ne néglige pourtant jamais ses personnages.

De leur côté, les Intelligences Artificielles tant attendues se font discrètes. Olivier Paquet ne tombe pas dans le piège de la surenchère et les immisce dans son récit avec une pudeur qui fait plaisir à voir. Ne vous attendez pas à d'infâmes machines machiavéliques mais à plutôt à une nouvelle forme de conscience, entre constellations intelligentes et créatures virtuelles. Toujours à la limite du champ de vision, les IAs représentent à la fois le moteur de l'intrigue et son enjeu principal.
Que font ces nouveaux êtres intelligents à l'écart des hommes ? Comment les voient-elles ces hommes étranges qui se trahissent, se détestent et s'aiment sans discontinuer ? Déjouant le piège du manichéisme pur et dur, Olivier Paquet s'interroge sur ce que perçoivent de nous des intelligences mécaniques et artificielles. Entre deux chapitres centrés sur ses personnages de chair et de sang, le lecteur assiste à des modélisations de vies humaines et des expérimentations sur le destin. le libre-arbitre, mine de rien, devient un autre thème du roman, ou comment influencer le destin par un battement d'aile de papillon virtuel.

Sur ces entrefaites, le lecteur finit par comprendre que l'artificiel bouffe ces histoires de A à Z. du soldat d'élite dont la vie n'est plus qu'un paraître pour les autres à la chanteuse pour adolescent(e)s qui n'existe pas vraiment en passant par cet écrivain forcé de faire bonne figure dans un festival perdu au milieu de nulle part. Machines Fantômes emploie donc la science-fiction pour s'intéresser au caractère artificiel de nos existences modernes dans une société où l'apparence, la race, la jeunesse, le genre, les opinions politiques et les niveaux sociaux résument qui vous êtes.
C'est aussi le long chemin de croix pour ces différents personnages qui doivent réapprendre à être eux-mêmes pour sortir de leur torpeur. de façon surprenante, l'intervention théorique des I.As n'est ni bonne ni mauvaise, elle devient une sorte de révélateur, dissipant le mensonge et remplaçant un créateur que l'homme semble avoir perdu en cours de route, orphelin du destin incapable de décider qui il est dans ce capitalisme merdique qui, décidément, devient le vrai marionnettiste en chef de cette histoire parfois poignante. Grâce à la profondeur psychologique de ses personnages, Olivier Paquet retourne le réel pour révéler le vrai et les méchants se changent parfois en gentils le temps d'un chapitre. À moins que les choses ne soient encore plus complexes que cela…

Techno-thriller saupoudré de science-fiction, Les Machines Fantômes montrent que les écrivains français ont encore des choses à dire sur l'humain et sur notre rapport à la technologie. Jamais barbant mais souvent haletant, Machines Fantômes empoche la mise grâce à sa galerie de personnages plus vraie que nature et à son message sur nos vies artificielles à l'heure du capitalisme et de la démagogie politique. Une excellente surprise.
Lien : https://justaword.fr/les-mac..
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Un thriller très contemporain mêlant habilement anticipation, intelligence artificielle et espionnage.

On découvre en profondeur les personnages principaux du roman (un chapitre par personnage au début du roman).
Ils sont peu nombreux (je viens de lire deux romans de Ian McDonald, ce qui explique ce commentaire).
Ils sont intéressants et variés.
Ils apportent quelque chose à l'histoire.
Ils sont chacun à leur tour plus ou moins franchement touchés, manipulés, confrontés à des Intelligences artificielles.

Et c'est le second point fort du roman (après ses personnages) : les I.A.
Elles restent quasiment hors-champ. Elles ne parlent pas. Elles ne révèlent pas leurs buts, leurs motivations. Elles ont émergé à plusieurs endroits, sous plusieurs formes (un peu comme la vie sur terre non ?). L'auteur à l'intelligence de les laisser dans l'ombre, presque inaccessibles.
Elles ne nous parlent pas. Elles font de simulations (certains chapitres sont des scénarios, des simulations de comportement humain).
Certaines simulations sont choisies…dans quel but ? Pour quel motif ? le récit ne joue pas cartes sur table et cela donne une saveur particulière à l'intrigue.

Intrigue palpitante mêlant finance (un peu), espionnage (beaucoup).

Mon seul bémol : un des personnages sorte de maitre-espion m'a semblé moins crédible, trop ignoble.

Bonus 1 : Les IA manipulent des humains dans ce livre, mais ici et maintenant ? Nous sommes d'accord que les algorithmes ne sont pas doués de conscience, hein ? Cependant ces programmes choisissent qui “matche” avec qui, si le prêt peut être accordé, si l'on présente un risque, … Ils conservent nos secrets … le texte nous rappelle à quel point on dépend déjà de choix “calculés” pour nous.

Bonus 2 : la scène de l'auteur qui participe à un Salon du Livre.
Si je me rends dans un tel salon, je regarderais les stands et les auteurs autrement !

Bonus 3 : En parlant de hors-champ, le roman est très cinématographique.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Olivier Paquet nous offre ici une oeuvre de grande qualité sur les possibilités des "Intelligences Artificielles" à contrôler notre monde mais également une fresque humaniste à souhait.

Des micros logiciels, ou IA sont dissimulés dans tous les réseaux informatiques, un personnage en profite pour essayer des les manipuler à son compte mais celles-ci vont choisir leur propre chemin, et surtout elles vont se diviser comme une conscience qui éclate pour le bien ou le mal.

Les personnages de ce roman sont très bons tous autant qu'ils soient, avec leurs qualités et leurs défauts de caractère ou décisionnel, chaque erreur se paye mais la rédemption est possible pour certains. On retrouve parmi nos personnages, une ex star de la pop, un tireur d'élite, un espion, un trader, une joueuse de mmorpg entre autres.

Le tout se déroule principalement à Paris et dans un petit bled de province, donc les décors vous les connaissez, mais c'est sympa aussi de trouver une histoire qui se déroule dans des lieux que l'on connait comme le quartier de la Défense par exemple.

Le récit est coupé en chapitres presque indépendants, je veux dire par là que chaque chapitre est comme une "nouvelle" qui présente un personnage et l'intègre au monde décrit par Olivier Paquet, pour finalement se regrouper avec un fil rouge qui maintient l'histoire en place et imbrique le tout de manière impeccable. J'ai trouvé cette construction audacieuse et presque artistique.

Je tiens également à souligner la superbe couverture d'Aurélien Police, qui encore une fois fait mouche avec son talent.

Je conseille évidemment ce roman au fans d'anticipation, de SF, mais également à tous ceux qui veulent un bon livre d'action.
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Alors pour ma part, je n'ai pas du tout aimé ce livre. J'ai trouvé le début plutôt abrupte, on nous parle de trading dans des termes très techniques sans que cela apporte grand chose à l'histoire.
Je n'ai ressenti aucune empathie pour les personnages. Je n'ai pas compris leurs motivations, surtout celle de l'espion. Pour moi, cela manque de développement.
Et plus généralement, j'ai trouvé que l'auteur ne plantait pas assez le décor, on ne sait pas grand chose de ce futur et ça m'a un peu dérangé.
En bref, j' ai été séduite par l'idée de départ d'IA voulant prendre le contrôle de notre destinée mais le traitement de cette idée m'a laissée complètement de marbre. Je n'ai pas accroché, c'est dommage.
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Je remercie Lecteurs.com et les éditions L'Atalante pour m'avoir permis de découvrir Les machines fantômes d'Olivier Paquet dans le cadre des Explorateurs de l'imaginaire.

Dès le début de ma lecture, j'ai été agréablement surprise par le style d'Olivier Paquet très accessible et loin de l'image que je peux me faire des livres de science-fiction. Il faut dire qu'ici l'univers, bien que futuriste, est très proche du nôtre, les technologies présentes étant des améliorations de l'existant plutôt que des innovations de rupture. Facile donc pour les lecteurs de s'approprier cette France dans laquelle les intelligences artificielles (IA) ont toute leur place et semblent autant vecteur de progrès que de menace, a fortiori quand un homme est déterminé à bouleverser l'équilibre établi entre monde réel et monde virtuel.

Y arrivera-t-il ? Pour le savoir, il vous faudra lire le roman, mais je peux néanmoins vous assurer que l'auteur a réussi à construire une histoire pleine de tension et de suspense dans laquelle un homme, un peu fou à moins qu'il ne soit visionnaire, désirant laisser le sort de l'humanité au bon vouloir de machines sans corps, va se heurter à des personnes bien décidées à contrecarrer ses projets. Grâce à une narration alternée plutôt bien amenée, nous découvrons ainsi progressivement les acteurs de ce techno-thriller mené tambour battant. Mais la véritable force de l'auteur est d'avoir réussi à faire d'individus très différents, et plutôt solitaires, une équipe unie autour d'un ennemi commun.

Adrien, trader chez Optired qui carbure à l'adrénaline, a une botte secrète, une application qui lui permet de contacter des IA. Il s'est ainsi allié à une petite armée qu'il mobilise en fonction de ses besoins. Homme prudent, il va néanmoins commettre une erreur en se confiant à la mauvaise personne, et découvrir que même les meilleurs conteurs d'histoires comme lui ne sont pas à l'abri des fictions des autres !

La route d'Adrien croisera celle de Stella McCall alias Aurore, une chanteuse au succès mondial en perte de vitesse, qu'il va, avec ses alliés invisibles, épauler dans sa bataille contre un homme bien décidé à utiliser son image d'icône pour créer le futur dont il rêve. Un homme qui fera également une entrée fracassante dans la vie de Kader, un ancien membre des forces spéciales qui prend soin, dans le civil, d'un grand-père fort peu reconnaissant… On comprend alors que l'ancien militaire rêve de retrouver sa place au sein de l'armée et sur le terrain, là où sa couleur de peau et ses origines n'ont que peu d'importance. Quant à Lou, ingénieure dans la vraie vie et gameuse de haut vol durant son temps libre, elle se révèle trop intelligente pour son propre bien et a le malheur d'attirer l'attention sur elle. C'est que ses coups d'éclat qui enchantent sa ligue ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat de sa petite incursion du côté des serveurs de Runecraft…

La guerre des nerfs entre notre antagoniste et les autres personnages prend une dimension d'autant plus intéressante qu'elle se répercute dans le monde virtuel. Les IA s'organisent par elles-mêmes, se divisent, adoptent la position de telle ou telle partie et mettent tout en oeuvre pour protéger leur poulain. le rapport de force et de pouvoir entre humains et IA semble ici sur le fil du rasoir, et l'on sent que dans un futur, plus ou moins proche, il suffirait d'une étincelle pour qu'il s'inverse. L'auteur laisse ainsi entrevoir la possibilité/le risque d'un monde où les IA ne seraient plus au service des hommes, mais deviendraient des entités toutes-puissantes qui les contrôleraient. En témoignent d'ailleurs, ces quelques chapitres dans lesquels des IA simulent, modélisent et pondèrent afin de créer leurs propres fictions.

Toutefois, si la menace virtuelle est réelle, c'est bien notre antagoniste qui en est le fer de lance si ce n'est l'investigateur. Intelligent avec toujours un coup d'avance, déterminé, extrêmement bien entraîné, il dégage une noirceur et une complexité qui ne pourront que tenir en haleine les lecteurs impatients de découvrir jusqu'où ses nombreuses manigances vont le mener. Manipulations et jeux de pouvoir sont donc au rendez-vous, le jeune homme ne laissant rien au hasard… Mais quand l'on voit les maux de cette société futuriste si proche de la nôtre, on ne peut que se demander si son projet est si absurde que cela : perte de sens, racisme, intolérance poussant des parents à renier leur propre enfant, méfiance mutuelle, terrorisme, économie libérale et destructrice, abrutissement des masses… Les IA, sans corps ni âme, guidées non pas par l'appât du gain, mais par l'optimisation de la société, feraient-elles vraiment pire que les hommes ?

Chacun se fera sa propre opinion, mais ce qui est certain, c'est que l'auteur a réussi à rendre un personnage détestable plus complexe qu'il n'y paraît, notamment en nous faisant découvrir son éducation dans la dernière partie du roman. Sans excuser son comportement ni ses agissements, cela nous permet de mieux comprendre comment il en est venu à perdre foi en l'être humain et en l'humanité…

En conclusion, grâce à une narration alternée plutôt bien amenée, l'auteur nous propose un roman immersif et palpitant mettant en parallèle une humanité déshumanisée et une vie virtuelle en pleine restructuration. Cette question de la relation entre les hommes et les IA, entre coopération et affrontement, rend la lecture particulièrement intéressante d'autant que l'auteur a veillé à proposer une histoire riche et complexe, mais très simple d'accès. Voici donc un roman futuriste, mais réaliste, intelligent et riche en actions que je ne peux que vous conseiller !
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Vieux thème de science fiction, les machines qui prennent le pouvoir décliné ici sous le spectre de l'intelligence artificielle. Sauf que là je crains qu'Oliver Paquet ne sois un peu devin. Quel avenir nos technocrates nous préparent ils ?
Avenir ou présent d'ailleurs quand je vois mes contemporains le buste incliné en permanence au dessus de leur smartphone. ….
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