Entre thriller et futurologie technologique,
Olivier Paquet nous propose un roman qui dépeint une société déshumanisée ou la solitude de gens pourtant connectés en permanence est aussi manifeste que persistante. On découvre, au fil du récit, cinq personnages aux profils singuliers et complexes, emportés malgré eux dans un tourbillon machiavélique qui va radicalement bouleverser leurs perspectives et changer leur destin.
Les machines fantômes interroge sur la place laissée à des entités numériques qui interviennent imperceptiblement dans notre quotidien pour gérer notre société de façon plus pertinente voir plus humaine et sur le danger de perdre, au final, la maîtrise totale de notre existence. La mise en place de l'intrigue est assez longue et déstabilisante avec cette immersion dans les méandres du trading boursier ou les arcanes des jeux en ligne. Beaucoup de termes techniques et de spécificités fastidieuses qui n'apportent rien de constructif à l'histoire. L'auteur dépeint avec minutie le parcours de ses personnages, leurs questionnements, leurs aspirations et leurs angoisses, les épreuves auxquelles ils ont été confrontés mais sans en définir le contexte ni expliciter ce futur alternatif dans lequel ils évoluent. L'idée initiale d'une guerre d'IA voulant prendre le contrôle de notre destinée se retrouve reléguée au second plan et ne sert en définitive que de fil conducteur à une fiction sociétal qui dénonce l'intolérance, la violence gratuite, le rejet de la différence, le cyberharcèlement et les discriminations, tant raciales que sociales. Une allégorie moralisatrice qui s'éloigne considérablement du sujet originel et qui, même si le propos n'est pas inintéressant, ne correspond pas à l'attente initiée par la présentation de l'ouvrage. Des protagonistes sans aucun rapport tangible avec l'intrigue apparaissent et disparaissent, sans explication au gré des chapitres, les objectifs et la vision des évènements de chacun restent troubles et bon nombre d'interrogations restent sans réponses. le dessein fondamental des machines n'est qu'abordé sommairement, tout comme leur conception d'une société idéale et le pourquoi de leur soudaine prise de conscience.
Si
Olivier Paquet sait, sans conteste, écrire de captivantes histoires, celle-ci est, pour l'essentiel, hors thème. Elle ravira sans aucun doute les amateurs de fresques existentielles mais ne pourra que décevoir les adeptes de Hard Fiction par sa forme ancrée dans une réalité beaucoup trop concrète et sans surprise.
En conclusion,
Les machines fantômes s'avère être un thriller, somme toute, des plus classique et pas spécialement passionnant, plutôt alambiqué et surchargé de parenthèses sans objet ni justification. Même si l'ensemble n'est pas totalement déplaisant; le style décousu, manquant de cohérence et d'inventivité est largement préjudiciable à la pertinence de l'ouvrage et dessert la lecture.