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EAN : 9782072599590
672 pages
Gallimard (18/02/2016)
4.33/5   6 notes
Résumé :
Simon Leys (1935-2014) fut partagé entre la Belgique, où il est né, la France, où il a publié et connu les temps forts de sa vie intellectuelle, l'Australie, où il a trouvé les conditions idéales pour concevoir son ?uvre, et la Chine, qu'il a découverte en 1955 et dont il a dénoncé avec une rare clairvoyance le naufrage maoïste dans ses pamphlets mondialement célèbres : Les Habits neufs du président Mao (1971) et Ombres chinoises (1974). De Victor Hugo, Leys disait ... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le fauteuil 26 de l'académie belge a été occupé successivement par George Simenon, Pierre Ryckmans et maintenant Amélie Nothomb … Ryckmans est le moins connu et Simon Leys, son nom de plume, l'a rendu immortel.

A l'âge de 20 ans, en 1955, il eut la chance d'être invité en Chine et ce voyage détermina son itinéraire intellectuel et sa carrière sinologique. Après de nombreux voyages en Asie qui lui permirent de connaitre en 1962 Robert van Gulik, ambassadeur des Pays Bas en Malaisie et auteur de romans policiers, il commence sa carrière par sa thèse « Propos sur la peinture du moine Citrouille-amère de Shitao. Contribution à l'étude terminologique des théories chinoises de la peinture » et « La Vie et l'oeuvre de Su Renshan, rebelle, peintre et fou, 1814-1849. », publiés en 1970 sous le nom de Pierre Ryckmans. Des ouvrages destinés à un lectorat aussi élitiste qu'universitaire.

Vivant alors à Hong-Kong, il observe les cadavres des suppliciés de la Révolution Culturelle s'échouer sur les plages de la colonie et publie, sous le pseudonyme de Simon Leys, « Les Habits neufs du président Mao », un ouvrage sur la Révolution culturelle chinoise.

En 1971, la Belgique décide de nouer des relations diplomatiques avec la Chine, et Pierre Ryckmans est nommé attaché culturel, aux côtés de Jacques Groothaert et Patrick Nothomb, à l'ambassade belge à Pékin. Amélie Nothomb, fille du diplomate, âgée alors de 5 ans, écrivait en 2014 « Pendant quelques jours nous logeâmes dans notre misérable appartement [à Pékin] un monsieur qui ne souriait pas beaucoup. Il portait une barbe, ce que je croyais l'attribut du grand âge : en vérité, il avait l'âge de mon père, qui parlait de lui avec l'admiration la plus haute. C'était Simon Leys. Papa s'occupait de ses problèmes de visa. ».

Puis il publie Ombres chinoises (1974) et Images brisées (1976), achevant ainsi sa trilogie chinoise, alors jugée comme politiquement incorrecte, mais aujourd'hui incontestée. Ces ouvrages écrits en français seront l'objet de multiples traductions dans le monde entier et petit à petit Pierre Ryckmans s'effacera derrière Simon Leys, s'installera en Australie, écrira en trois langues (français, anglais et chinois) et acquiérera une renommée internationale.

Il élargit alors sa réflexion et son action en se consacrant à la traduction et à la critique littéraire et s'intéressa notamment à « la mer dans la littérature française » anthologie publiée en 2003.

A « ce navigateur entre les mondes » décédé il y a 5 ans, son ami Philippe Paquet consacre une biographie incontournable pour qui s'intéresse à la Chine, à sa civilisation, à son avenir et à qui est attentif aux faits concrets et aux courants de pensées qui façonnent notre vision du monde.

Excellente occasion de lire et relire les ouvrages de Pierre Ryckmans ou Simon Leys.
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critiques presse (2)
LePoint
30 janvier 2017
Philippe Paquet, éminent sinologue, a calligraphié dans un livre admirable la vie de son ami disparu.
Lire la critique sur le site : LePoint
LaLibreBelgique
16 février 2016
A une époque où l’intellectuel, la rigueur de pensée et la culture sont volontiers dénigrés, cette biographie rend magistralement justice à la figure d’un véritable intellectuel.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Si « l'expérience de vie » fut le fil conducteur rattachant entre elles des œuvres « hétéroclites », leur lien de parenté se manifestait par ailleurs dans une qualité du propos rarement prise en défaut. C'est ce qu'Angela Rinaldi souligna dans Le Nouvel Observateur à propos du « Petit abécédaire d'André Gide », qui forme la pièce maîtresse de Protée et autres essais, un deuxième recueil d'essais littéraires qui concrétisa en 2001 un retour sans lendemain de Simon Leys chez Gallimard (après un éphémère passage au Seuil pour L'Ange et le Cachalot) et vaudrait à son auteur le prix Renaudot de l'essai :
« De Snoopy, le chien de Peanuts, qui médite sur le toit de sa niche, et que nous chérissons moins, toutefois, que le chat Garfield, de Snoopy à sa compatriote Flannery O'Connor, de Henry James en balade sur les grands boulevards à Gide, le meilleur ami de Blum, qui égrène des propos antisémites, en passant par Graham Greene et Victor Hugo, dont les pensionnaires des maisons closes à Paris portent le deuil de façon si particulière, quoi de commun ? Rien, sinon l'intelligence et le brillant de qui en parle. Et par là est assurée l'unité de cet essai qui revendique son disparate sous l'invocation d'un dieu de la mythologie grecque, insaisissable et toujours le même, sous mille déguisements : Protée. Quel que soit le sujet vers lequel son humeur vagabonde l'entraîne, M. Simon Leys se ressemble dans une liberté de ton qui est le poinçon de sa marque. [...] Après coup, on s'aperçoit que l'ensemble tient tout seul, tant de matériaux, dans leur diversité, rejointoyés par le ciment du style. »
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Considérée d'un point de vue superficiel, l'œuvre de Simon Leys-Pierre Ryckmans peut paraître singulièrement disparate : sinologie et fiction, austères travaux d'érudition classique et brûlants pamphlets de politique contemporaine, sereine contemplation esthétique et engagement passionné dans les combats d'actualité. Et pourtant, en profondeur, il y a une cohérence entre les grands pôles qui ont aimanté son intérêt — la peinture, la littérature, la Chine, l'océan — cette cohérence est celle d'une expérience de vie.

Êtienne Balazs (célèbre sinologue français d'origine hongroise — universitaire exemplaire, car s'il fut un aussi profond savant, c'est aussi parce qu'il fut d'abord un réfugié apatride et un résistant anti-nazi) a écrit : « Nous ne pouvons comprendre que ce que nous connaissons déjà, et de plus, nous ne pouvons vraiment nous intéresser qu'à ce qui nous touche personnellement. » À la lumière de ce propos, on saisira qu'il y a deux formes de sinologie : la première — aride, sinon oiseuse — rime avec entomologie et n'engage ni ne révèle rien de celui qui la pratique ; la seconde elle, constitue en quelque sorte une autobiographie intellectuelle et spirituelle.
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Après la « Révolution culturelle », lorsque les victimes de l'épuration ont repris le pouvoir, les quelques vérités que j'avais pu dire sont devenues des vérités officielles. Mais je suis resté un personnage anathème. Ce n'est pas le tout d'avoir raison : il est nécessaire de dire ce qu'il faut au bon moment. [...] Car la seule chose que les autorités chinoises attendent des commentateurs, ce n'est pas d'avoir raison ou tort, mais c'est [la] docilité, l'alignement sur la ligne officielle, le quart de tour au commandement. Avoir raison trop tôt, c'est aussi, dans le monde universitaire, montrer que l'on a des idées à soi, que l'on manifeste un esprit d'indépendance. Du coup, on ne sait plus comment vous considérer, vous êtes gênant et vous n'êtes plus fiable. Tout cela, je l’ai ressenti .
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Sa rencontre avec Simon Leys devait laisser à Bernard Pivot une impression forte et durable. Dans Les Mots de ma vie, son dictionnaire autobiographique, le journaliste fit, vingt-huit ans plus tard, cette confidence on ne peut plus élogieuse : « Simon Leys est l'écrivain vivant que j'admire le plus au monde. Son érudition, sa lucidité (premier intellectuel à dénoncer les crimes de la Révolution culturelle), son courage (injurié, diffamé par les nombreux et influents admirateurs français de Mao), ses talents de sinologue, de conteur, d'historien, de critique, de traducteur, d'écrivain tout simplement, sa pratique d'une langue élégante, précise, efficace, sa modestie, sa gentillesse, sa générosité... »
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L'exercice de l'interview, pense Pierre Ryckmans, est non seulement dangereux, il est aussi fondamentalement inutile pour un « écrivain respectable ». C'était la conclusion à laquelle était parvenu déjà Evelyn Waugh, et c'est une de ces Idées des autres que Leys fit sienne :

« Certains métiers et certaines classes d’individus recherchent la publicité personnelle ; ce n'est pas le cas des écrivams respectables : leur entière vocation est d'arriver à s'exprimer, et il leur semble évident que si, après des années de travail littéraire assidu, ils n'ont pas réussi à se faire comprendre, ce n'est pas en quelques minutes de conversation qu'ils y parviendront. Aussi, quand nous voyons venir quelqu'un qui veut nous interviewer, nous prenons la fuite. »
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Video de Philippe Paquet (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Paquet
Emission du 18 janvier 2011 Philippe Paquet vient de publier "Madame Chiang Kai-Shek: un siècle d'histoire de la Chine", chez Gallimard. Sinologue et journaliste au quotidien belge La Libre, il aborde les relations entre l'Europe et la Chine. TV 5 MONDE
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