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Citations sur Simon Leys : Navigateur entre les mondes (6)

Sa rencontre avec Simon Leys devait laisser à Bernard Pivot une impression forte et durable. Dans Les Mots de ma vie, son dictionnaire autobiographique, le journaliste fit, vingt-huit ans plus tard, cette confidence on ne peut plus élogieuse : « Simon Leys est l'écrivain vivant que j'admire le plus au monde. Son érudition, sa lucidité (premier intellectuel à dénoncer les crimes de la Révolution culturelle), son courage (injurié, diffamé par les nombreux et influents admirateurs français de Mao), ses talents de sinologue, de conteur, d'historien, de critique, de traducteur, d'écrivain tout simplement, sa pratique d'une langue élégante, précise, efficace, sa modestie, sa gentillesse, sa générosité... »
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Après la « Révolution culturelle », lorsque les victimes de l'épuration ont repris le pouvoir, les quelques vérités que j'avais pu dire sont devenues des vérités officielles. Mais je suis resté un personnage anathème. Ce n'est pas le tout d'avoir raison : il est nécessaire de dire ce qu'il faut au bon moment. [...] Car la seule chose que les autorités chinoises attendent des commentateurs, ce n'est pas d'avoir raison ou tort, mais c'est [la] docilité, l'alignement sur la ligne officielle, le quart de tour au commandement. Avoir raison trop tôt, c'est aussi, dans le monde universitaire, montrer que l'on a des idées à soi, que l'on manifeste un esprit d'indépendance. Du coup, on ne sait plus comment vous considérer, vous êtes gênant et vous n'êtes plus fiable. Tout cela, je l’ai ressenti .
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L'exercice de l'interview, pense Pierre Ryckmans, est non seulement dangereux, il est aussi fondamentalement inutile pour un « écrivain respectable ». C'était la conclusion à laquelle était parvenu déjà Evelyn Waugh, et c'est une de ces Idées des autres que Leys fit sienne :

« Certains métiers et certaines classes d’individus recherchent la publicité personnelle ; ce n'est pas le cas des écrivams respectables : leur entière vocation est d'arriver à s'exprimer, et il leur semble évident que si, après des années de travail littéraire assidu, ils n'ont pas réussi à se faire comprendre, ce n'est pas en quelques minutes de conversation qu'ils y parviendront. Aussi, quand nous voyons venir quelqu'un qui veut nous interviewer, nous prenons la fuite. »
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Considérée d'un point de vue superficiel, l'œuvre de Simon Leys-Pierre Ryckmans peut paraître singulièrement disparate : sinologie et fiction, austères travaux d'érudition classique et brûlants pamphlets de politique contemporaine, sereine contemplation esthétique et engagement passionné dans les combats d'actualité. Et pourtant, en profondeur, il y a une cohérence entre les grands pôles qui ont aimanté son intérêt — la peinture, la littérature, la Chine, l'océan — cette cohérence est celle d'une expérience de vie.

Êtienne Balazs (célèbre sinologue français d'origine hongroise — universitaire exemplaire, car s'il fut un aussi profond savant, c'est aussi parce qu'il fut d'abord un réfugié apatride et un résistant anti-nazi) a écrit : « Nous ne pouvons comprendre que ce que nous connaissons déjà, et de plus, nous ne pouvons vraiment nous intéresser qu'à ce qui nous touche personnellement. » À la lumière de ce propos, on saisira qu'il y a deux formes de sinologie : la première — aride, sinon oiseuse — rime avec entomologie et n'engage ni ne révèle rien de celui qui la pratique ; la seconde elle, constitue en quelque sorte une autobiographie intellectuelle et spirituelle.
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Si « l'expérience de vie » fut le fil conducteur rattachant entre elles des œuvres « hétéroclites », leur lien de parenté se manifestait par ailleurs dans une qualité du propos rarement prise en défaut. C'est ce qu'Angela Rinaldi souligna dans Le Nouvel Observateur à propos du « Petit abécédaire d'André Gide », qui forme la pièce maîtresse de Protée et autres essais, un deuxième recueil d'essais littéraires qui concrétisa en 2001 un retour sans lendemain de Simon Leys chez Gallimard (après un éphémère passage au Seuil pour L'Ange et le Cachalot) et vaudrait à son auteur le prix Renaudot de l'essai :
« De Snoopy, le chien de Peanuts, qui médite sur le toit de sa niche, et que nous chérissons moins, toutefois, que le chat Garfield, de Snoopy à sa compatriote Flannery O'Connor, de Henry James en balade sur les grands boulevards à Gide, le meilleur ami de Blum, qui égrène des propos antisémites, en passant par Graham Greene et Victor Hugo, dont les pensionnaires des maisons closes à Paris portent le deuil de façon si particulière, quoi de commun ? Rien, sinon l'intelligence et le brillant de qui en parle. Et par là est assurée l'unité de cet essai qui revendique son disparate sous l'invocation d'un dieu de la mythologie grecque, insaisissable et toujours le même, sous mille déguisements : Protée. Quel que soit le sujet vers lequel son humeur vagabonde l'entraîne, M. Simon Leys se ressemble dans une liberté de ton qui est le poinçon de sa marque. [...] Après coup, on s'aperçoit que l'ensemble tient tout seul, tant de matériaux, dans leur diversité, rejointoyés par le ciment du style. »
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S'il fallait résumer d'une phrase ou deux la vie, l'oeuvre et la personnalité de Pierre Ryckmans, peut-être le prince de Ligne, écrivain dont il a toujours chéri la lecture, pourrait-il fournir une indication. Dans "Mes écarts", un recueil de textes épars qui s'écartent à la fois des genres littéraires habituels et des conventions établies, et dont le sous-titre, "Ma tête en liberté", conviendrait déjà à un portrait de Simon Leys, Ligne a cette réflexion qui, me semble-t-il, aurait tout aussi bien pu être faite par Ryckmans :
"Qu'on me pardonne de dire le mal que je trouve dans le monde. Je souhaiterais qu'il change assez pour qu'on en dise du bien."
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