Citations sur Giratoire (11)
Avec l'âge se perd l'évidence d'être en vie, le corps se flétrit, se salit, réclame des attentions, il faut l'entretenir comme un appareil ménager qui n'est plus sous garantie.
Hautement inflammable est la haine, et quand elle brûle, peu de chance que le feu s'apaise, sauf événement exceptionnel, solidarité obligée en situation de catastrophe, inondations, tremblements de terre, crash aérien.
À cette occasion il avait découvert qu'un pancréas était une masse granuleuse, coincée entre l'estomac et l'intestin, vaguement comparable à une langue tirée ou à un pénis ballant.
Sa voix n'exprimait rien de particulier. Ni soulagement, ni anxiété. Cet homme, il aurait fallu le fendre en deux pour en connaître le contenu.
Un jour, pourtant, la vieillesse et les complications du diabète raidiront ses doigts, noueront ses tendons, un jour il sera diminué, rétréci par la lessive de la vie, un jour il sera un manchot incapable d'empoigner le monde.Ce jour-là, ne regrettera-t-il pas d'avoir préféré la peur à toute autre passion ?
La maladie ne se voit pas. La maladie travaille à l'intérieur, fait du corps un lieu étranger qu'on ne sait plus comment habiter, dont la forme change sans cesse. Parfois nacelle envolée, parfois lourde enclume.
Vivienne s'était accroupie devant la roue, dos arrondi, dos en courbe, corps en virage, corps à négocier.
A la dérobée, elle regarde ses propres mains, leurs articulations récemment épaissies. Quarante-six ans aujourd'hui. Mon visage qui va désormais sur sa vieillesse, sur lequel je vois affleurer les visages de mes ancêtres, toute une généalogie enfouie dans ma chair qui apparaît peu à peu, mon visage comme un puzzle de visages morts.
"Avec l'âge se perd l'évidence d'être en vie, le corps se flétrit, se salit, réclame des attentions, il faut l'entretenir comme un appareil ménager qui n'est plus sous garantie." (pp. 125-126)
"J'aime bien ces lieux de nulle part, jette-t-elle en remontant la rue d'un pas rapide. Ils apparaissent quand on arrive, ils disparaissent quand on les quitte." (p. 20)