Variations d'un coeur

J'ai beaucoup aimé la narration que j'ai trouvé très intrigante. Neuf personnes parlent à la deuxième personne du singulier, une personne par chapitre, et s'adressent à une jeune femme dont nous ne connaîtrons jamais le nom. Ils (puisque ce sont presque tous des hommes) racontent le souvenir qu'ils ont d'elle, de son tempérament, son comportement. Ils l'ont tous aimé à leur façon, ce qui les relient ensemble, mais ont chacun gardé des souvenirs différents de cette jeune femme.
J'ai trouvé particulièrement intéressant la psychologie qui en découle et selon laquelle nous pouvons être perçus de manière totalement différente par les gens. Certains pourront nous trouver ainsi, alors que d'autres nous trouverons comme ça. Nous avons de multiples facettes dont certaines peuvent être plus ou moins flagrantes en fonction de la personne que nous avons en face de nous. Nous nous adaptons et ne nous dévoilons pas de la même façon selon notre interlocuteur.
J'ai aussi aimé recoller les pièces du puzzle petit à petit, recollant les morceaux de vie de cette jeune femme. C'est très intriguant de n'avoir aucun nom de personne ni de lieu, le récit semble ainsi être en dehors du temps et de l'espace. Cela pourrait se passer maintenant comme dans le passé ou le futur, en Inde, en Anglettere ou peut-être complètement ailleurs.

J'aime particulièrement la collection Pavillons Poche, qui réserve toujours de belles lectures. C'est ainsi que j'ai découvert des oeuvres que je n'aurai peut-être jamais lu comme "Ragtime" de E. L. Doctorow, "Herland" de Charlotte Perkins Gilman, ainsi que des classiques comme "La ménagerie de verre" de Tennessee Williams, "La peur" de Stephen Sweig et bien sûr "La servante écarlate". ^^

Une femme. La vie d'une femme. de son enfance, à l'âge adulte. Neuf personnages vont se succéder pour parler de cette femme et progressivement, comme un puzzle, comme une enquête, son portrait va s'esquisser, se préciser. Ces personnes l'ont aimé ou pas, en tout cas, ils l'ont connu, et apprécier à un moment ou un autre de cette vie. le fil conducteur de ce roman.

La structure de ce roman est assez atypique. le personnage central de l'histoire, n'intervient jamais directement. A travers une série de témoignages, le lecteur va se faire sa propre idée - un peu orientée par ce que les témoins racontent bien sûr - sur cette femme. Dont il va ignorer le nom tout au long du récit. Cette femme est anonyme, elle pourrait être n'importe qui, mais elle est elle. Peut-être Janice Pariat?

D'abord enfant, son professeur parle d'elle, de son caractère marqué, de son don pour l'origami, de son incertitude et de son manque de confiance. Les sentiments sont le garde-fou de ce roman. Un a un, ces témoins du passé vont la raconter au travers des menus détails de sa vie. de sa façon de faire face aux événements. le lecteur a la sensation de voir défilé en accéléré la vie de cette femme, par moment la bobine ralentit et le flux visuel devient net, alors il partage pour quelques jours, mois ou plus, des instants avec elle. Apprend des fragments de son identité, puis le courant l'emporte de nouveau et tout redevient flou.

La relation des événements est un peu répétitive et rien de palpitant ne se passe vraiment. Autre point, peut-être l'autrice aurait du marquer davantage la différence stylistique entre les différents narrateurs... L'idée pourtant, est originale, mais la plume manque de poésie, ou d'un style plus ciselé, presque anatomique. C'est un roman qui aurait bien convenu à la manière d'écrire d'Haruki Murakami, et à son fabuleux onirisme.
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Une femme
Neuf hommes
Comme Neuf vies

On ne saura jamais son nom, sa date de naissance, ni même le lieu où elle se trouve. On sait uniquement que c'est un "elle". Elle nous est dévoilée par le regard, les émotions et les sentiments de neuf personnes tout au long de sa vie (de son enfance à la fin). Il n'y a que très peu d'informations finalement, mais rien ne manque. Tout est là. La description des sentiments est parfaite. On arrive à se mettre à la place de chaque narrateur mais également à la place de cette femme inconnue. Elle est mise à nue, sous différentes formes et de manière fragmentée, mais qu'est ce que c'est beau.

COUP DE COEUR

Récit poétique et plein de charme mais malheureusement pas fait pour le type de lectrice que je suis. J'ai éprouvé des difficultés à terminer les derniers chapitres.
La personnalité de l'héroïne inconnue dépeint par les amours de sa vie m'a vite exaspérée. Son côté rêveur m'avait, dans un premier temps, charmé mais il s'est, selon moi, transformé au fil des pages en narcissisme faisant fi des réalités du monde.
Le fait de ne pas savoir où se situe l'histoire m'a également empêché de trouver l'évasion dont j'ai besoin quand je me plonge dans un roman.
Neanmoins, je trouve que l'autrice a une très belle plume, j'ai lu certains passages plusieurs fois car ils me faisaient l'effet d'un petit bonbon sucré pleins de douceur.
Lecture mitigée pour moi mais qui plaira, sans aucun doute, à beaucoup d'autres.

Une femme s'anime sous nos yeux à travers le regard de neuf hommes et femmes. D'une jeune fille, elle se transforme en jeune femme. Au gré de ses rencontres, elle se met à nu, révélant une partie d'elle. Cette femme vogue de ville en ville, dans un flou constant, comme si ce récit était suspendu hors du temps. Chaque chapitre ressemble à une lettre qu'aurait adressé un amant, un ami, un confident à cette femme, à travers leur "tu", ils la dévoilent page par page.

Janice Pariat narre quelques instants de la vie d"une femme. Son intimité est dévoilée. Mais la connaît-on vraiment ? Elle partage des moments intimes avec ses interlocuteurs mais l'ont-ils vraiment cerné ? La femme ne dévoile pas tout d'elle, son discours, sa vérité change en fonction de ses amis, de ses partenaires. Par le biais de ces différentes narrations, nous parvenons à recomposer la psyché de cette femme. Mais jusqu'à quel point ?

L'écriture est sensible et la psychologie des personnages est très fine !
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