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Critique de Deleatur


Voilà bien quinze ans que je n'avais pas lu un roman policier... Pour tout dire, ma culture dans ce genre littéraire s'est faite avec Léo Malet, Patricia Highsmith et Chester Himes, ce qui ne rajeunira personne. J'ai encore lu quelques Daeninckx et Jonquet, et puis plus rien, essentiellement par manque de temps. J'étais tellement largué sur le sujet que lorsqu'on a utilisé pour la première fois devant moi l'expression « rom-pol », j'ai cru qu'il était question de fromage. Je comprends mieux aujourd'hui le silence perplexe qui a suivi quand j'ai déclaré que pour ma part je préférais le Saint-Nectaire.
Mais voilà : depuis que je suis arrivé sur Babelio, j'ai lu des dizaines de critiques de polars, et j'ai fini par succomber au désir (quoi de plus agréable?). Mon choix s'est porté sur Jean-François Parot parce que je ne l'avais jamais lu et que j'avais aussi, quelque part, une petite envie de roman historique.
Le bilan est honorable mais tout de même mitigé. Les points forts de Parot tiennent à son style, au cadre de ses récits et à ses personnages bien campés. Il a un talent certain pour faire vivre le Paris de 1770, son petit peuple aussi bien que la cour du Roi, les métiers de rue, le parler et les moeurs de l'époque. Ça vit, ça grouille, les images se bousculent, et puis les sons, les odeurs... Parot n'atteint sans doute pas l'excellence d'un Robert Merle en la matière mais la lecture de ce roman est très immersive, et c'est un vrai bonheur. Je suis en revanche plus réservé sur l'intrigue. Tout d'abord parce qu'il y a ici ou là quelques petites incohérences assez gênantes dans un récit policier, lequel à mes yeux doit être une mécanique sans faille : pour prendre un exemple, le commissaire Nicolas le Floch annonce page 79 à l'un des suspects que la victime a été étranglée, et dès la page 80 il se félicite en aparté d'avoir dissimulé à ce même suspect qu'il y a eu strangulation... Avec un tel enquêteur, pas étonnant qu'à peu près tous les personnages finissent au rang de suspects.
Mais plus que ces détails, le point qui m'a dérangé est l'irruption d'un fantastique que rien ne justifiait vraiment. Il se trouve en effet que l'une des personnages est possédée du démon. La bougresse entre dans des crises dignes de L'Exorciste, et d'ailleurs paf, voici justement le prêtre exorciste qui arrive, ce qui nous donne un chapitre haut en couleurs et d'un registre tout à fait différent de l'enquête policière. le diable prend corps devant notre héros et révèle bientôt à chacun des assistants quelques vérités aussi intimes que douloureuses. le problème est que ce surgissement du fantastique ne sert à rien dans le récit, hormis permettre de retrouver le cadavre d'un bébé disparu. Incroyable hasard, c'était la pièce manquante qui permet à notre commissaire de conclure enfin son enquête. Comme quoi, même le diable peut accomplir des miracles. Pourquoi pas, après tout ? Mais bon, s'il faut faire sortir Belzébuth du placard aussitôt que l'on a besoin d'un indice, le « rom-pol » va vite devenir indigeste...
À la fin, je l'avoue, la résolution de l'énigme policière était pour moi clairement passée au second plan. Il reste que je savourais pleinement la promenade récréative dans le Paris du XVIIIème siècle et que je suivrai volontiers une nouvelle enquête de Nicolas le Floch, pour le seul plaisir de retourner là-bas un jour prochain.
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