AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de umezzu


Quel délice de retrouver Nicolas le Floch et ses compagnons et de passer quelques heures en plein XVIII éme siècle comme en terrain connu. Au fur et à mesure des épisodes de cette série, on s'est habitué à la maisonnée de la rue Montmartre : le vieillissant Noblecourt, la maternelle cuisinière alsacienne Catherine, le jeune Louis de Ranreuil, fils de Nicolas, à leurs petites habitudes et à leurs visiteurs. L'écriture de Parot contribue grandement à ce retour dans le temps, par l'usage de mots oubliés, désuets, d'argot parisien, toujours mis au service d'une magnifique langue.
Cette histoire répond à tous les canons des enquêtes du commissaire de police au Châtelet, ses habituels comparses vont encore une fois lui apporter leur précieuse aide : Bourdeau évidemment, avec lequel les relations sont de plus en plus complices, Semacgus, le chirurgien de marine, Samson, bourreau aux grandes connaissances anatomiques, Rabouine, indicateur, « mouche », et même plus que cela dans cet épisode.
Parot se perd parfois dans les méandres de ses romans à trop vouloir écarter le lecteur du fond de l'intrigue. Il n'en est rien ici. Même si, comme souvent, les personnages ne sont pas forcément ce qu'ils sont sensés être, la chaîne logique qui part d'un cadavre suriné sur le pont Notre-Dame en travaux, et dont la tête est méconnaissable, écrasée sur un bloc de pierre, et mène à un complot anglais sournois contre la couronne royale, est parfaitement déroulée.
Entre temps, le lecteur aura visité la bibliothèque royale, les salles de jeux clandestines, les rues crasses, les échoppes des boutiquiers, les Champs-Elysées, qui ne sont alors que bosquets offrant un lieu de promenade qui peut tourner au coupe gorge, et Versailles, bien sûr, avec toutes les chausses- trappes que les grands se tendent pour attirer la faveur royale,
Parot offre en plus aux habitués de sa série le retour de personnages perdus de vue, car éloignés de Paris, comme Antoinette dite la Satin, espionne du Secret du roi, ou officiellement rangés des affaires, comme Sartine, qui n'est plus ministre, mais qui continue à agir dans l'ombre.
L'année choisie 1786 est de celles où tout bascule. La reine Marie-Antoinette est de plus impopulaire, l'affaire du collier l'a discrédité un peu plus, le parlement prend fait et cause pour le cardinal de Rohan, et son fils le Dauphin est malade. le roi reste populaire dans les campagnes, notamment lors de son unique voyage en province à Cherbourg, mais le peuple bruit et la révolte est dans l'air. Comme l'écrit Parot : « Que présageait le grondement sourd d'un peuple excédé, que la gloire et la grandeur de ses souverains pouvait un temps subjuguer, mais que la moindre faute incitait désormais au mépris et, peut-être à la révolte ? ».
Jean-François Parot livre assurément là un des meilleurs tomes de cette fort bonne série.
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}