Mozart aimé des dieux

C'est la lecture du roman uchronique Mort et vie du sergent Trazom, d'Olivier Boile, et l'amour irrépressible de cet auteur pour Mozart qui m'ont donné envie de revenir sur la vraie vie du génial compositeur. Comme souvent dans ces cas-là, je me dirige si c'est possible vers la collection Découvertes Gallimard.

Michel Parouty a réalisé un excellent boulot avec ce petit livre. Il nous permet d'appréhender l'évolution de l'état d'esprit du jeune compositeur et du contexte historique dans lequel il vivait sans nous « assommer » de termes musicaux trop techniques (je dis ça parce que je n'y connais pas grand-chose, donc ça me convient).
Au-delà de l'oeuvre pléthorique, la vie de Mozart est intéressante car l'enfant puis l'homme ont beaucoup voyagé en Europe (contrairement à un Schubert par exemple), ce qui nous permet d'accéder à des instantanés du continent. Petit, son père Léopold le balade dans toutes les cours comme un Jordy des Lumières, où son génie et son côté candide font fureur. Jeune adulte, il cherche fortune loin de Salzbourg, tentant désespérément de ne plus dépendre du prince-archevêque Colloredo. Par ce biais nous avons un aperçu de la structure géopolitique de l'Europe ; le fait par exemple qu'en France et en Angleterre les Mozart ne se déplacent que dans les capitales Paris et Londres, alors qu'en Allemagne et en Italie les arrêts sont beaucoup plus nombreux, ces états n'étant pas unifiés à l'époque. J'ai ainsi appris que le Grand-Duché de Toscane était déjà aux mains des Habsbourg en ce temps-là.

Mozart est aussi intéressant dans la mesure où il représente le premier exemple d'un employé de prince qui veut s'affranchir de la tutelle des princes. Il aimerait que son génie soit reconnu et admiré et que les cours se battent à coup de millions pour l'avoir, comme un Kylian Mbappé du 18ème siècle. Mais c'est un voeu pieux et son choix le confronte à d'énormes problèmes financiers, sans compter l'opposition de son père Léopold qui lui préfèrerait une situation stable, même si peu palpitante.

L'incroyable productivité de Mozart est palpable ici. J'ai noté de nombreux morceaux qu'il me faut écouter. Je suis impressionné par ses dernières années d'où datent de nombreux chef-d'oeuvre comme Cosi fan tutte ou La Flûte Enchantée. J'ai également appris qu'il était partant pour créer une vraie culture de la musique et de l'opéra allemand face aux Italiens, ce qui n'a été qu'un succès mitigé.
Michel Parouty nous fait aussi remarquer que l'image maintenant rémanente fournie par le film Amadéus, en ce qui concerne la rivalité avec Salieri, est essentiellement fausse. Pour lui, Salieri était plus un prédécesseur qu'un rival.

Comme d'habitude, le livre est illustré de nombreuses peintures, portraits et gravures de scènes de salon, de musique ou de villes qui nous immergent dans le siècle. le texte est émaillé de nombreux extraits de lettres – ils écrivaient énormément à l'époque.

Un bon petit bouquin donc. Il ne me reste plus qu'à écouter les morceaux que j'ai notés et à lire la pièce Amadeus de Peter Shaffer, à l'origine du film, dont je n'avais pas entendu parler.