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EAN : 9781022601673
Editions Métailié (05/03/2015)
3.5/5   11 notes
Résumé :
Après trente ans d'exil à Paris, Andrés revient au Chili. Madeleine, sa compagne parisienne, lui a offert son billet en l'informant qu'elle le quitte pour un joueur de bandonéon, excellent danseur de tango.
Au paradis chilien il est accueilli avec un barbecue succulent et du pisco, il va manger à satiété pour soigner sa nostalgie mais va mal digérer ce que lui révèle l'histoire de la famille, reflet de la nouvelle société chilienne. Témoin impassible de l'im... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Les Éditions Metallié ont toujours de bonnes pioches à nous faire découvrir  au travers du monde Sud Américain.
Ici il s'agit d'Angel Parra, chanteur et écrivain chilien vivant en exil à Paris.
Son roman date de 2015 mais le sujet abordé est intemporel bien qu'il soit en grande partie autobiographique.
En un peu moins de 160 pages entre dérision,  humour et gravité Angel Parra va nous parler des thèmes classiques du retour et de la nostalgie en mettant à nu la réalité des personnages.
Mais Angel Parra dépasse ces thèmes classiques et par une poésie burlesque nous entraîne dans l'exil ,lieu qui nous quitte plus.

Andres, chilien, trente ans d'exil à Paris revient au pays à son corps défendant. Madeleine, sa compagne parisienne le quitte pour un danseur de tango et en cadeau lui offre un billet aller pour le Chili.
Au Chili il sera accueilli par sa Tante Ernestina qui l'a élevé ainsi que par ses cousins.
Si Andres vit en France, c'est qu'en 1973 Il a été emprisonné par la dictature chilienne  et qu'en suite il a été exilé.
Tout au long des 160 pages, nous découvrirons la réalité du Chili, politique, sociale, quotidienne.
Mais surtout Angel Parra nous donnera à réfléchir sur les conséquences d'une dictature, d'un exil.
Andres est un retornado. Quel pays pour un retornado ? La France reste une terre d'exil et le Chili n'est plus son pays. D'ailleurs on lui fait bien comprendre. Il y a les chiliens de l'intérieur et les chiliens de l'extérieur. Les Chiliens de l'intérieur ont subi et combattu la dictature. Pas le chilien de l'extérieur.  L'exil peut être ressenti comme une désertion par certains.
Andres en  revenant 30 ans plus tard retrouve un pays qu'il ne reconnaît pas. Que reste-t-il du socialisme, du communisme. le pays s'est americanisé . Une génération a grandement disparu, emportée par la dictature. La jeunesse se raccroche à des repères anciens datant des années 50 et 60. Certains notables bien installés restent des suppôts de la dictature.
Le Chili hésite entre nostalgie, vérité et a beaucoup de difficulté à  retrouver son âme.
L'écriture burlesque, ironique, parodique , truculente d'Angel Parra désamorce le côté très sombre de cet exil et le magnifie.
Sans oublier la rivalité entre le Chili et l'Argentine  . le Chili ne connaît pas la sensualité du tango argentin !
En refermant ce livre, il reste les effluves nostalgiques d'un pays qui n'est plus mais surtout il reste les lourds nuages noirs d'un pays qui a été vampirisé par une dictature.
Le temps, les générations futures attenueront ce traumatisme mais comme le dit Angel Parrra : Quel dommage que la vie éternelle commence par la mort !



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Le Chili est le pays où est né Angel Parra mais la dictature de Pinochet l'a contraint à s'exiler en France alors on comprend pourquoi l'amoureux délaissé de son roman, Andrés Fuentenegra, va jouer le retornado.
Enfin ce n'est pas vraiment un jeu.

Dans "Bienvenue au paradis" Andrés raconte sa rupture amoureuse avec Madeleine, loin du recueil d'anecdotes du Chilien exilé politique. Comme il l'écrit, il n'avait pas prévu de retourner au Chili après trente ans d'exil. Oui mais voilà, sa compagne lui annonce qu'elle le quitte pour un joueur de bandonéon et danseur de tango argentin. Pour son cadeau d'adieu, elle lui offre un billet d'avion pour qu'il se console en retrouvant ceux qui sont restés en vie dans son pays natal.
Drôle de façon de se débarrasser du gêneur qui, de son côté ne cessera de penser à Madeleine durant tout son séjour.
Andrés est toutefois heureux de retrouver sa tante Ernestina qui l'a élevé même si les blessures du passé, y compris au sein de la famille, restent profondes.
Il est pourtant difficile d'être accepté en tant que retornado puisqu'il n'est pas considéré comme un vrai chilien. Ses cousins lui reprochent de ne pas avoir souffert de la dictature alors qu'il a été condamné à l'exil et interdit de séjour.
Il est vrai que ses pensées vont vite vers Paris et son amour perdu. Pourtant, cet amour pour Madeleine lui a permis de se trouver une histoire et d'accepter la déchirure amoureuse. Et puis, son pays c'est désormais la France. le tout dans une ambiance tragi-comique qui rend la lecture de ce roman très agréable.

L'auteur évoque souvent avec humour le sujet grave de la dictature au Chili avec les tortures, les morts, les nombreux disparus et la scandaleuse impunité. Il rend hommage aux héros populaires comme Pablo Neruda ou Salvador Allende mais aussi à la chanson, il faut dire qu'il est le fils de Violeta Parra et lui-même chanteur.


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Andrès, exilé chilien à Paris, après avoir trouvé réconfort dans les bras de maintes compagnes, se voit largué par la dernière d'entre elles, qui lui préfère sur le tard convoler avec un joueur de bandonéon argentin. Ce qui pour un Chilien est le comble de la vexation.
Quitte à larguer ses amarres parisiennes, il en profite pour retourner au Chili, ne serait-ce que pour un temps. C'est un pays nouveau qu'il découvre après trente ans d'absence, un pays qui revit en faisant l'impasse sur une dictature dont les horreurs n'ont pas été soldées, mais souvent glissées sous le tapis. Un pays où on peut retrouver quelques anciens camarades survivants, mais aussi croiser leurs tortionnaires, ou ceux qui ont profité des années Pinochet sans se salir les mains.
Voilà un récit écrit avec légèreté, parfois nonchalance, où affleure en permanence à la fois l'autodérision et beaucoup d'émotion. Il faut avoir bien du talent pour marier tout cela. Bravo !
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Dans la famille Parra ... je demande Angel. Fils de la célèbre (du moins au Chili) Violetta Parra. Angel Parra n'est pas uniquement chanteur, mais s'est aussi essayé à quelques romans, dont celui-ci que j'ai découvert par hasard. Autant l'écrire rapidement, ma côte est un peu gonflée par mon parcours de vie qui m'a fait poser mes valises au Chili pendant 2 ans. Il y a 20 ans, je découvrais Santiago. J'ai découvert le Chili presque au même moment où Andrès, le héros de ce ce livre, ne retrouve le Chili qu'il avait quitté sous l'ère Pinochet, prêt de 30 ans plus tôt. Andrès revenait au pays, et moi dans mes souvenirs. Je découvrais aussi des choses sur ce Chili qui m'étaient restées mystérieuses, ou qui s'inscrivaient en filigrane.
Pour ce livre, Angel Parra prend le prétexte d'une rupture amoureuse avec Madeleine, sa compagne parisienne, pour revenir à Santiago, retrouver sa tante qui l'a élevé, et ses cousins qui ont fricoté avec la dictature. Un roman qui ne brille sans doute pas par une structure narrative complexe ou par une profonde réflexion sociétale, qui pêche par endroit dans sa traduction (certaines phrases perdent de leur sens en français si on n'imagine pas l'original en espagnol du Chili), mais qui m'a fait passer un bon moment. En me ramenant par la pensée dans les rues de Santiago et les rencontres que j'y ai faites, il m'a offert un billet vers le Chili. En temps de confinement, le voyage en pensée est plutôt agréable !
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Une nouvelle lecture sur le Chili, un pays qui dont les blessures ne guérissent pas. Cette fois l'auteur prend un ton ironique pour rappeler les terribles années de la dictature de Pinochet. Andrès retourne au Chili grâce ou à cause de sa compagne française Madeleine qui lui a offert un billet d'avion pour Santiago en guise de cadeau de rupture. Il retrouve un Chili qui a bien changé mais pas tout à fait. il doit subir les remarques des uns et des autres, lui le retornado, qui est parti en exil et qui n'a pas connu la vie sous la dictature. Et puis comme dans tout régime politique, il y a ceux qui s'accommodent bien du pouvoir en place. Ils sont plus proches que l'on croit. Finalement, après quelques semaines Andres rentre à Paris. Il n' a plus rien a faire dans ce pays. C'est un livre qui m'a beaucoup intéressée parce que j'aime ce pays; je ne sais pas exactement pourquoi : les paysages contrastés, la culture, l'histoire, les gens. D'après le faible nombre de critiques sur Babelio, il ne suscite pas d'engouement particulier. Pourtant, ce livre n'est ni pire ni meilleur que d'autres. Juste une question d'affinité.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
LARGUÉ!

Madeleine, cette femme qui a rempli ma vie un certain temps, a joué le rôle du juge et du bourreau. Sans difficulté : elle n'a rencontré aucune résistance. Je ne l'ai peut-être jamais aimée. Je l'ai seulement laissée remplir ma vie. Habituée a former de jeunes anarcho-débutants dans sa cellule gauchiste, son caractère viril et énergique l'a aidée a prendre rapidement des décisions. De plus, elle était Karatéka, ceinture noire, je l'ai vue de mes yeux casser des briques du tranchants de la main droite. Le sujet de sa conférence préférée destinée a instruire ses militants consistait a leur expliquer comment préparer, cacher et lancer un cocktail Molotov. C'est exactement ce qu'elle a fait avec moi. Pour mettre les choses au clair, je m'explique : je comprends sa réaction de femme lassée des amours sans surprise que je lui offrais. Elle m'a précipité a grand renfort de coups de pied et de bourrades symboliques dans l'immense abîme de ce voyage sans m'offrir d'alternative.
La rencontre entre Cupidon et son petit cœur a eu pour résultat cette prise de décision a ma place.
Une mesure parfaitement arbitraire selon moi. On aurait pu discuter des modalités de notre séparation mais cela ne s'est pas passé comme ça. Elle m'a expédié par DHL pour se débarrasser de moi et pouvoir vivre librement sa nouvelle passion. Avec Norberto, le bandonéoniste, elle découvrira l'univers maléfique du tango, dans toutes ses dimensions.
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J'oublie que, dans cette guerre, les morts étaient de notre côté. Ils ne sont nulle part, seulement dans notre souvenir, c'est pourquoi j'aime m'asseoir pour essayer de les retrouver dans la foule. La guerre qu'ils ont inventée pour justifier leurs crimes, le fameux plan Z, ils l'ont gagnée en abattant un peuple désarmé. Pour fêter ça, ils se sont distribué des médailles rutilantes, assistent au Te Deum dans la cathédrale. Ces salauds sont bien vivants, à l'aise comme de poissons dans l'eau. Est-il normal de croiser un bourreau en retraite dans l'ascenseur de tel ou tel ministère ? Non. (…) Ils soutiennent les partis de droite et sont même maires et hauts responsables dans l'administration. Dans leurs repaires, les Clubs de la Unión, de Polo, de Golf, ils discutent avec véhémence du prix de leurs chevaux de race, du montant en dollars du dernier modèle de Rolls Royce, Lamborghini, Porsche. Ils nous ignorent, nous méprisent. Sous les terres et les parquets qu'ils foulent se trouvent les ossements des travailleurs. Ceux qui ont fusillé, torturé, kidnappé sont aujourd'hui de paisibles vieillards, jardiniers ou agents municipaux. Les plus jeunes, chauffeurs de députés ou gardes du corps. Ils vivent de leur pension et autres bénéfices obtenus pour services rendus. De leurs mains ensanglantées pour l'éternité mais légèrement tremblantes, ils caressent leurs petits-enfants.
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L’amour à petites doses m’a nourri à cette époque. Et c’est sans aucun doute ce qui m’est arrivé de plus important pendant ces années-là. J’ai appris à découvrir la tendresse et une forme de relation différente avec les femmes européennes. Une expérience fantastique. Ce n’est pas moi qu’elles aimaient mais ce Chili lointain et éprouvé.
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Je suis revenu au Chili. Les gens pressés ne s'intéressent pas aux détails, ils veulent des faits et non des mots, comme disait un vieux politicien. Depuis mon arrivée, il n'y a pas longtemps, je me rends compte qu'on ne se parle pas beaucoup. Si on dialogue, c'est avec la télévision, on approuve ou on discute telle ou telle situation, « elle montre beaucoup ses nichons ou pas assez son cul ». Télé-réalité, feuilletons, concours de jeunes chanteurs imitant des chanteurs étrangers. J'ai l'impression qu'il manque une génération de vieux pour raconter la guerre, comme c'est le cas en Europe. (…)
Notre passé immédiat reste sous le tapis. Il faut ouvrir les fenêtres pour laisser entrer l'air frais. On manque d'oxygène. Il faudra s'y habituer. L'horreur de la dictature a étouffé les voix dissidentes, elle les a littéralement jetées à la mer ou dans le cratères des volcans.Ensuite, les temps démocratiques n'ont pas fait grand-chose pour analyser à fond le passé.
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Temps perdu. Le temps c’est de l’argent. Pour moi le fait de le laisser passer sans hâte est devenu un rituel que je pratique régulièrement à Paris. C’est ma manière d’imiter les poètes. Comme eux j’ai toujours sur moi du papier et un crayon. Depuis mon époque d’écrivain de la gauche d’abord victorieuse puis vaincue, je n’ai jamais plus écrit une ligne.
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Vidéo de Angel Parra
Le livre du jour, France Info : "Bienvenue au Paradis" d’Ángel Parra, traduit de l'espagnol (Chili) par Bertille Hausberg
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