Les Anglais, dont la perfidie n’était pas qu’une figure de style, travaillaient à ressusciter contre l’arrière-petit-fils la formidable coalition qui, trente ans plus tôt, avait bien failli emporter la puissance du roi Louis XIV ...
Un faux pas, une chute, le moindre geste déplacé ou ridicule, bref tout ce qui pouvait faire rater une présentation à la Cour disqualifiait une débutante pour le restant de sa vie et entachait le prestige de toute une famille.
Ne plus être capable de plaire à un homme et rejoindre ainsi le troupeau des femmes qui avaient servi restait aux yeux de ce séducteur impénitent [le duc de Richelieu] une faute de goût si impardonnable qu’elle méritait le couvent.
La vie de Cour exigeait une santé de crocheteur et une parfaite indifférence à tout ce qui n’était pas la volonté du roi. Lui seul décidait du jour ou de la nuit, du réveil ou du sommeil, de la joie ou de la tristesse. Le reste n’existait pas et, en réalité, n’avait été créé par Dieu que pour les gens du commun, mais, dans ce pays-ci, les lois de la nature, si elles n’étaient pas suivies par le roi, n’en étaient pas.
Si l’on ne prenait pas la peine de temps à autre de lui enfoncer la tête dans le purin dont elle sortait, la plus vile bourgeoisie aurait vite fait de prétendre à tout, et même de s’installer sur les marches du trône.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il (Richelieu) aimait la fréquentation du pouvoir car, avec lui, ce qui était prévu n’arrivait jamais et l’imprévu, au contraire, était toujours certain. Versailles se réduisait à un immense tapis vert où chacun misait quotidiennement son existence dans l’espoir de tirer un jour la bonne carte.
A cause d’elle (la reine Marie Leszczynska), le règne des maîtresses royales recommençait, et Dieu savait ce que ces sangsues putassières coûtaient au peuple. Les miséreux étaient de plus en plus nombreux dans la ville, où l’on ne comptait pas moins de cinq cents familles d’indigents sur la paroisse Notre-Dame.
Versailles se réduisait à un immense tapis vert où chacun misait quotidiennement son existence dans l’espoir de tirer un jour la bonne carte.
Les carrosses de la Cour roulaient bon train sur le grand chemin qui va de Versailles à Choisy et l'on entendait les gardes du corps crier : "Le roi passe ! Le roi passe !" afin que le vulgaire se range , que les braconniers se cachent, que les seigneurs faisant aussi la route arrêtent leurs voitures sur les bas-côtés et en descendent pour saluer le roi.
Il se signa par trois fois avant de se précipiter sur son prie-Dieu comme un homme pris de colique court à la chaise percée.