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Critique de Eve-Yeshe


Camille Pascal nous raconte avec un tel enthousiasme ces journées de juillet 1830 qui resteront dans l'Histoire comme « les trois glorieuses » qu'on se laisse porter par le rythme ! j'ai eu souvent l'impression,non seulement suivre les protagonistes mais de faire partie de l'Histoire, du scénario : on devient acteur, l'auteur ne nous laisse pas lecteur assis confortablement dans son fauteuil !

La description des émeutes est minutieuse, l'auteur nous donne tous les détails,presque minute par minute sans jamais devenir soporifique. On voit monter en puissance la colère du peuple, soulevée par les ordonnances, l'atteinte à la liberté de la presse, la réduction du rôle du Parlement.

Après une période où tout se déroulait bien dans son règne, respectant les libertés,le roi s'est senti menacé dans son pouvoir et sous l'influence des ultras,notamment son premier ministre, le duc de Polignac, veut reprendre les choses en mains et faire taire les journalistes, notamment Thiers qui va publier dans son journal un manifeste où tous les noms des signataires seront imprimés.

La violence augmente de plus en plus, on arrache les pavés, on s'attaque aux Tuileries emblème du régime, on détruit tout, (comportement bien français que l'on retrouve régulièrement aux cours de l'Histoire !) et le roi envoie l'armée pour mater la foule…

Les soldats font de leur mieux mais c'est l'été, et surtout la canicule sévit sur Paris,ils ont faim et soif car on ne pense pas à leur distribuer des vivres. Ils tentent de calmer les émeutes le ventre vide parfois depuis plus d'une journée.

On veut la fin des Bourbons, la république, mais très vite, les espoirs se tournent vers la branche des Orléans, cousins du roi, et Louis-Philippe monte en puissance, on le nomme lieutenant général :

« Si la Chambre ne pouvait pas faire Louis-Philippe roi de France, elle pouvait au regard des circonstances exceptionnelles le faire lieutenant général du royaume. Ce titre était une vieillerie gothique héritée de la guerre de Cent Ans qui avait sauvé plusieurs fois la France du chaos et par laquelle un prince, ou à défaut un grand qui n'était pas le roi, se voyait investi de la réalité du pouvoir royal. »

On entre dans l'intimité de Charles X, roi dévot pour ne pas dire bigot, qui prie très souvent, ne rate pas une messe. Il ne voit rien venir, reste accroché à on pouvoir. Dans ces moments graves, il pense à ce qu'a subi son frère, Louis XVI, son fils le duc de Berry, ce fils préféré sur lequel reposait tous ses espoirs,mort brutalement, alors que son second fils, le duc d'Angoulême ne lui apporte que désillusions : il est plein de tics, incapable de se contenir(était-il épileptique ?)

Charles X ne le supporte guère, et ne se gêne pas pour le lui faire savoir. On est frappé de voir la manière dont il réagit ou plutôt ne réagit pas, ne changeant rien à ses rituels quotidiens, même lors de sa fuite. Durant la première journée, il ne pense qu'à la chasse :

« L'émeute pouvait s'emparer de Paris à tout moment, et le roi de France s'amusait avec ses chiens en forêt de Rambouillet. »

Par contre, il est à l'aise dans son rôle de grand-père et sa relation notamment avec son petit-fils est presque touchante, il reporte sur lui les espoirs qu'il avait mis dans le père de l'enfant et le petit duc de Bordeaux est attachant.

En quelques heures le destin de la France va évoluer à grande vitesse : Charles X consent à abdiquer, au profit de son petit-fils, court-circuitant ainsi le duc d'Angoulême qui ne se rebiffe même pas : Louis XIX est roi pendant une demi-journée et le duc de Bordeaux devient Henri V (il restera le représentant des Légitimistes) sous la protection de Louis-Philippe, régent…

Camille Pascal nous offre aussi des portraits sans concession des autres protagonistes : Thiers, journaliste raillé pour son accent méridional et qui sent qu'il peut jouer un rôle politique, Talleyrand qui tire toujours aussi bien les ficelles, Marmont, duc de Raguse maréchal quia trahi Napoléon en 1814 pour rester fidèle à la monarchie et qui traînera cette trahison toute sa vie :

« Lui, élevé par l'Empereur jusqu'à sa propre gloire et qui s'était ruiné et perdu de réputation pour servir les Bourbons. Lui, Marmont, dont le nom était devenu synonyme de trahison aux yeux des demi-soldes à cause de cette triste affaire,à la suite de laquelle les mauvaises langues avaient forgé le méchant mot de« ragusade » pour l'exprimer »…

Les écrivains n'ont pas la part belle, avec Chateaubriand en ultra, Stendhal qui court les jupons, passant à côté de ce qui se joue, Vigny militaire endurci… les protagonistes sont nombreux, donc il est difficile de parler de tous et certains étaient sortis de ma mémoire depuis longtemps, alors au début, je me suis un peu égarée dans les titres de certains…

Le titre est bien choisi : quatre rois vont se succéder, certains pour quelques heures, au cours de cet été caniculaire : Charles X, Louis XIX, Henri V et Louis-Philippe qui remportera la mise.

J'ai beaucoup aimé ce livre, pavé de 672 pages, que j'ai dévoré ! je connaissais mal l'histoire de Charles X et j'avais oublié beaucoup de choses apprises il y a fort longtemps. Il me restait des souvenirs des trois glorieuses et les dates clés, la succession des différents monarques, mais tout le reste était loin. Évidemment, je me suis retrouvée plongée dans les bouquins, surfant sur internet pour atténuer mes lacunes !

Fan d'Histoire ou pas, foncez ! ce livre se lit comme un polar !
et encore merci à NetGalley et aux éditions Plon qui m'ont permis de lire ce livre
#L’étédesQuatreRois #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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