"Sida mon amour. Toi au moins, tu me resteras fidèle jusqu'à la Mort.(...) Sida mon amour, je t'aime. Je t'adore autant que je t'abhorre. Je t'aime parce que tu es mien, à nul autre pareil. Je t'aime parce que tu t'occupes méticuleusement de moi, sans relâche. Je t'aime parce que nous mourrons ensemble. Et enfin, je t'aime surtout parce que, grâce à toi, ma vie écourtée devient chaque jour plus extraordinaire. Avant, je ne pleurais pas d'émotion en regardant la beauté du ciel; je ne le voyais même pas. Grâce à toi, ma vie ne s'étirera pas mollement jusqu'à une vieillesse indifférente et blasée."
Et voilà, le ton est donné. "
Cargo Vie", c'est le journal intime de l'auteur, pendant les quelques mois de son dernier grand voyage, avant celui de la Mort. Il mourra moins d'un an après.
Ce sont des réflexions intimes et disparates, mais qui tournent toutes autour de la mort, de la maladie, de la beauté du monde et de son amour perdu, un certain "E".
L'état d'esprit de Pascal de Duve est positif et lucide. Il donne des détails sur la progression de sa maladie, mais ne s'y appesantit pas. Comme c'est un professeur de philosophie, il a appris à apprivoiser toutes ces grandes Idées, qui restent des idées vagues pour ceux qui n'y sont pas (encore) confrontés. Il en fait des amies intimes. Il vit avec elles.
Mais ce que j'aime surtout chez lui, c'est qu'il ne s'effondre pas. Au contraire, il tend tout son être vers ce qui est plus grand, plus beau.
C'est un être humain à part entière, qui a aimé et a été abandonné, qui s'est extirpé du désespoir par sa seule volonté. Et il a voulu vivre ses derniers instants pleinement. C'est comme ça que j'aimerais aussi les vivre...