EAN : 9782204082655
433 pages Le Cerf
(09/11/2006)
3.5/52 notes
Maître Eckhart : Le procès de l'un
Résumé :
" Penser avec Eckhart et, au cas échéant, contre lui, tel est le dessein de l'auteur de " Maître Eckhart, Le procès de l'Un. " Dans cet ouvrage important, Hervé Pasqua, directeur de l'Institut catholique de Rennes, présente l'œuvre du maître rhénan à la lumière de son néoplatonisme. Le titre peut s'entendre à la fois comme mise en accusation de l'Un et processus de développement ou d'émanation de l'Un, au sens où tout en procède. S'opposant à la thèse de ceux qui co... >Voir plus
L'union à Dieu, d'ordre intellectif dans un premier temps, transcende dans un deuxième temps l'intellection pour accéder à l'union mystique, ineffable, sans voix et sans regard, avec la Déité.
Quand Eckhart s'adresse pour la première fois dans la langue allemande pour se faire comprendre du public, il se trouve devant la nécessité de créer une terminologie nouvelle pour exprimer des concepts théologiques et il traduit ainsi les formulations théologiques en termes poétiques. Cette tentative ne fut pas sans graves inconvénients, car le télescopage des images et des concepts a donné lieu à des formules risquées et malsonnantes ou inaccessibles pour les auditeurs de sa prédication.
La postérité eckhartienne a hérité de ce thème essentiel à sa pensée, à savoir que le don exprime la faiblesse de l'Un qui ne peut être sans cesser d'être un : faiblesse de l'Un qui succombe à la tentation d'être et s'affaisse en s'effaçant dans la multiplicité de ce qui ex-siste pour se retrouver dans le fond incréé de l’âme de la créature qui « n’est pas de l’âme. » D'où l'ultime question léguée par Eckhart à nos contemporains : d'où je parle et qui parle?
Saisir Dieu dans « l'océan sans fond de son infinité », tel est le dessein de Maître Eckhart. Chercher Dieu quand « il n'était pas Dieu » et « était ce qu'il était », c'est-à-dire Déité, cela signifie dépasser Dieu. Dieu au-delà de Dieu, autrement dit, la Déité conçue comme Unité pure et nue dans laquelle l'Être de Dieu lui-même doit s'abîmer avec tout ce qui est, tel est le terme ultime et impensable au seuil duquel la pensée nous conduit en s'effaçant.