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Rudolph Chelminski (Collaborateur)Alain Delahaye (Autre)
EAN : 9782070291366
340 pages
Gallimard (30/11/-1)
4.22/5   23 notes
Résumé :
Le premier témoignage sur les camps de travaux forcés en Chine. Un document poli-tique et humain exceptionnel. Jean Pasqualini, de père corse et de mère chinoise, a passé sept ans dans les camps de répression, où sont gardés d'après lui seize millions de détenus. Il est le seul Occidental à en être sorti, en 1964, à la suite de la reconnaissance de la Chine communiste par ta France. Son expérience ne l'a rendu ni anti chinois, ni anticommuniste : il la décrit avec h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Quel témoignage incroyable ! Tout empreint de pudeur et dénué de toute haine. Et pourtant... C'est la stupéfaction qui m'a envahie après la lecture de ce livre, que je trouve indispensable pour qui veut découvrir cette période de la Chine : le communisme sous Mao Zedong. Mao régna en maître à partir de 1949 jusqu'à sa mort en 1976. Très proche du marxisme-léninisme au côté de Staline,la Chine se détournera de la Russie sous Kroutchev et continuera son petit bonhomme de chemin, si on peut dire. Qui ne connaît pas le petit livre rouge de Mao ? Une véritable bible pour tout chinois qui défendra bec et ongles la philosophie de son contenu.

Jean Pasqualini, fils d'un père corse et d'une mère chinoise, né à Pékin, est français. Un français aux traits chinois. Un "sang-mêlé" comme on le qualifiait. Condamné à 12 ans dans les camps de travail, il fut libéré après 8 ans, lorsque la France reconnaîtra la Chine Communiste en 1964. Expatrié vers son pays de nationalité, il lui sera interdit de revenir dans son pays d'origine.
Son crime ? Ayant fait des études où il excellait en anglais, il travailla pour les Américains (chauffeur, interprète) puis inspecteur à la Compagnie ds Tramways de Pékin. Oui, c'est tout.

Le gouvernement de Mao jettera en prison des millions de personnes jugées comme ennemis du peuple : chercheurs, médecins, chefs d'entreprise, bref, tous ceux qui ont un bagage intellectuel, considérés comme impérialistes ou bourgeois. Mais aussi les maris infidèles, les voleurs, les révoltés, bref, ceux dont la morale est à revoir. La dénonciation, constamment encouragée par le Parti, a été un pilier de ces arrestations. Tout le monde avait peur.

Dans ces camps, il n'était pas question de salles de tortures. ça, c'était avant, chez les nationalistes, mais pas avec eux ! Non. C'était beaucoup plus insidieux et perfide. Affamer les prisonniers dont la nourriture devenait la seule et unique préoccupation. Des rations différentes selon leur productivité et le bon apprentissage des leçons journalières sur l'idéologie, des confessions. Ils avaient une organisation incroyable. Tout était contrôlé; l'évolution idéologique de chaque prisonnier était analysée. Je n'ai jamais lu un bourrage de crâne aussi puissant. Tout en douceur, parfois même avec respect. Un chef montrant de l'empathie ou de la bienveillance envers un détenu obtenait de lui 100 fois plus que s'il avait utilisé la force. le prisonnier, se sentant soudain redevenir un être humain voyait le chef comme un dieu et était prêt à dire et à faire tout ce qu'il souhaitait.

Jean Pasqualini n'étant pas écrivain, c'est avec la complicité de Rudolph Chelminski que ce livre a abouti après trois années de travail en duo. Chelminski ne voulait pas laisser ce récit méconnu, si peu de témoignages des camps de travaux forcés en Chine ont vu le jour. le livre a fait grand bruit à sa sortie (vers 1975) et a été traduit dans de nombreuses langues.
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Un témoignage à la fois passionnant et ahurissant de Jean Pasqualini, fils d'un père Français et d'une mère Chinoise, qui a passé 7 ans dans les camps de concentration (Lao Gai) de Mao en Chine, de 1957 à 1964.

La spécificité des camps du Lao Gai Chinois par rapport au Goulag Soviétique, s'incarnait dans la prédominance que les tortionnaires Chinois consacraient à la réforme de la pensée. Mais les deux systèmes concentrationnaires exténuaient, de la même manière, les prisonniers aux travaux forcés (esclavagisme).

La méthode de l'Epreuve (lavage de cerveau) en Chine, consistait pendant des mois, à interroger et torturer psychologiquement jours et nuits un individu innocent (arrêté souvent sur délation), jusqu'à ce qu'il avoue (auto-accusation), et signe des aveux complets, de délits qu'il n'avait pas commis, afin de lui démontrer qu'il était bel et bien, un « ennemi du peuple », un infâme « contre-révolutionnaire ».
Ces multiples « rapports idéologiques » servaient de fausses preuves lors de son procès truqué. Il lui était alors infligé le pseudo-jugement, à la peine de plusieurs années de camps de concentration, pour y être rééduqué par le travail avec des objectifs de productivité inhumains ; voire de passer par le peloton d'exécution, s'il résistait à la méthode de rééducation psychologique.
Tout ce processus était réalisé dans un contexte permanent de famine, d'humiliation, d'insultes… bref de déshumanisation de la personne.

Pour survivre, l'auteur devait lui et les autres prisonniers, faire les poubelles à la recherche de résidus de nourriture, et trouver des astuces avilissantes, comme par exemple : extirper du crottin de cheval, des grains de maïs non digérés pour s'alimenter ; car la ration alimentaire était tellement basse et les objectifs de productivité tellement élevés, qu'il risquait à tout moment de mourir de faim, de maladie ou d'épuisement.

Dans ce témoignage, Jean Pasqualini, décortique le processus de généralisation de l'endoctrinement idéologique du totalitarisme communiste par : la manipulation mentale, la propagande, le mensonge, etc., dans le but de transformer l' »homme ancien » en « homme nouveau », exempt de toute « souillure » bourgeoise, capitaliste et impérialiste.

Après plusieurs années de « rééducation » en camps de concentration, l'objectif ultime était de faire en sorte que l'individu en arrive à ne plus penser par lui-même, mais uniquement à travers l'idéologie imposée par l'Etat communiste.

Dans la lignée de nombreux autres témoignages, cette formidable oeuvre atteste du fanatisme, ainsi que de l'extrême délire idéologique du régime totalitaire communiste, ce dernier ayant exterminé, dans la Chine de Mao Zedong, environ 65 MILLIONS de civils innocents !

En ce début de 21ème siècle, les horribles camps de concentration du Lao Gai sont toujours en activité en Chine communiste…

Confer également les précieux témoignages sur le thème du Totalitarisme, de :
Alexandre Soljénitsyne (L'archipel du Goulag) ;
Alexandre Soljénitsyne (Une journée d'Ivan Denissovitch) ;
Jacques Rossi (Qu'elle était belle cette utopie !) ;
Jacques Rossi (Le manuel du Goulag) ;
Evguénia S. Guinzbourg (Le vertige Tome 1 et le ciel de la Kolyma Tome 2) ;
Margarete Buber-Neumann (Déportée en Sibérie Tome 1 et Déportée à Ravensbrück Tome 2) ;
Iouri Tchirkov (C'était ainsi… Un adolescent au Goulag) ;
Boris Chiriaev (La veilleuse des Solovki) ;
Malay Phcar (Une enfance en enfer : Cambodge, 17 avril 1975 – 8 mars 1980) ;
Sergueï Melgounov (La Terreur rouge en Russie : 1918 – 1924) ;
Zinaïda Hippius (Journal sous la Terreur) ;
Kang Chol-Hwan (Les aquariums de Pyongyang : dix ans au Goulag Nord-Coréen) ;
Aron Gabor (Le cri de la Taïga) ;
Varlam Chalamov (Récits de la Kolyma) ;
Lev Razgon (La vie sans lendemains) ;
Pin Yathay (Tu vivras, mon fils) ;
Ante Ciliga (Dix ans au pays du mensonge déconcertant) ;
Gustaw Herling (Un monde à part) ;
David Rousset (L'Univers concentrationnaire) ;
Joseph Czapski (Souvenirs de Starobielsk) ;
Barbara Skarga (Une absurde cruauté) ;
Claire Ly (Revenue de l'enfer) ;
Primo Levi (Si c'est un homme) ;
Primo Levi (Les naufragés et les rescapés : quarante ans après Auschwitz) ;
Harry Wu (LAOGAI, le goulag chinois) ;
Shlomo Venezia (Sonderkommando : Dans l'enfer des chambres à gaz) ;
Anastassia Lyssyvets (Raconte la vie heureuse… : Souvenirs d'une survivante de la Grande Famine en Ukraine) ;
François Ponchaud (Cambodge année zéro) ;
Sozerko Malsagov et Nikolaï Kisselev-Gromov (Aux origines du Goulag, récits des îles solovki : L'île de l'enfer, suivi de : Les camps de la mort en URSS) ;
François Bizot (Le Portail) ;
Marine Buissonnière et Sophie Delaunay (Je regrette d'être né là-bas : Corée du Nord : l'enfer et l'exil) ;
Juliette Morillot et Dorian Malovic (Evadés de Corée du Nord : Témoignages) ;
Barbara Demick (Vies ordinaires en Corée du Nord) ;
Vladimir Zazoubrine (Le Tchékiste. Récit sur Elle et toujours sur Elle).
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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L'utopie sincère de la possibilité d'un homme nouveau poussée à l'extrême. Inutile de dire que si l'expérience est passionnante du point de vu curiosité, elle est plus que mitigée quand au résultat. Les oeufs sont cassés, oui, c'est sur, mais où est l'omelette? À lire en complément d'ouvrages sur le goulag qui ne visait lui qu'à soumettre mais plus à réformer, contrairement au laogai.
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Voici un livre qu'on ne peut oublier tellement son témoignage est poignant. L'auteur raconte comment il a passé des années dans un camp de travail à cause d'un crime abominable : il parlait anglais. Il raconte le quotidien des camps, la faim qui le pousse à voler des épluchures de patates dans l'auge des cochons, les journées de travail interminables, les brimades et les humiliations quotidiennes, et surtout l'embrigadement permanent des commissaires politiques.
L'autocritique est une arme redoutable, car il n'y a plus d'innocents. Tout le monde a quelque chose à se reprocher, et doit donc essayer de se faire pardonner. Alors que les nazis et les soviets comptaient sur la force brute pour exploiter leurs prisonniers, les maoistes ont rajouté le bourrage de crâne au quotidien pour y parvenir. Ce ne sont plus les coups qui forcent les captifs à travailler plus, c'est le "prestige" si leur équipe arrive à battre le record de production du camp. Record qu'on leur demandera à battre à nouveau la semaine suivante bien entendu.
Le résultat est le même que dans les camps nazis ou soviétiques, des millions de malheureux se tuent à la tâche (au sens littéral du terme), sans que personne ne se rappelle même pourquoi ils sont captifs.

Après cette description du système concentrationnaire chinois, le plus affreux est peut-être de réaliser que l'auteur en parle sans haine, il a tellement subi de lavages de cerveau qu'il n'arrive pas à remettre en cause le système qui a transformé sa vie en enfer pendant 7 ans.
A lire absolument par ceux qui croient encore que Mao a libéré les chinois de l'oppression. Il n'a fait que la remplacer par une encore plus totalitaire.
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J'ai lu ce livre à 14 ans, à peu près en même temps que le roman de Ira Levin "un bonheur insoutenable". Ira Levin, certes, c'est de la science-fiction. Mais avec ces deux lectures concommittantes, l'adolescente que j'étais ne pouvais que faire le parallèle insupportable entre les scènes insoutenables décrites par Jean Pasqualini, victime de la barbarie et de l'aveuglement maoïstes au sein d'un camp de prisonniers, et l'aboutissement de cette barbarie et de cet aveuglement, le monde parfait d'Ira Levin, peuplé d'êtres décérébrés et privés de volonté, d'initiative, et de sentiments. de quoi se forger à 14 ans une vision du monde ...
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
"Nous voulons que vous lisiez ce document, Bao. Ce que vous y trouverez, c'est un certain nombre d'accusations et de dénonciations concernant une seule personne : vous-même. Vous constaterez que vos aveux concordent avec elles de façon presque parfaite. Si nous vous montrons ce dossier, ce n'est pas pour vous donner des désirs de vengeance à l'égard de ces gens qui ont accompli leur devoir envers l'Etat, mais plutôt pour vous prouver que nous détenions depuis des années des accusations contre vous. Maintenant vous pouvez vous asseoir et les lire."
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Durant mes années de prison, j'ai connu un homme qui avait en fait été arrêté par erreur - il portait le même nom que la personne recherchée. Au bout de quelque mois, il avait avoué tous les crimes de l'autre. Quant on découvrit la méprise, les autorités de la prison eurent toutes les peines du monde à le persuader de rentrer chez lui. Il se sentait trop coupable pour ça.
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Evidemment, il était incapable de se rendre compte de cette vérité élémentaire, que tout prisonnier avisé apprend comme une seconde nature : en Chine, un appel à une sentence signifie que le prisonnier ne se repent pas de ses crimes et n'a pas accepté l'indulgence du gouvernement. Ipso facto, c'est une preuve qu'il n'a pas appris la leçon. C'est pourquoi faire appel équivaut à demander une punition supplémentaire.
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Ce fut dans un convoi de camions bâchés précédés de jeeps de la police que la fournée de prisonniers dont Wang et moi faisions partie arriva au Centre de Transit, appelé généralement par les prisonniers le camp du Sud, par les gardes le Centre de Détention de Pékin, et par le monde extérieur l'Usine d'Instruments scientifiques expérimentaux de Pékin.
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"Il faut vous préparer à aller étudier vraiment très sérieusement, Nous pensons que votre situation idéologique a besoin d'être clarifiée. Idéologiquement parlant, vous vous trouvez en mauvaise posture. Le parti se préoccupe de votre santé politique." Trois jours après, il était arrêté.
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