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4,03

sur 788 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà, une grande page de lecture est tournée. Mes liens avec Pasternak remontent à plus de 25 ans, j'avais eu la chance par deux fois de me rendre à Peredelkino, dans la banlieue de Moscou, visiter la maison, de Boris Pasternak. J'avais été éblouie par cette maison avec une magnifique rotonde composée de baies vitrées face à une forêt. C'est là que j'ai vu le bureau où il a écrit le livre de sa vie: le Docteur Jivago.
Bien sûr comme la plupart d'entre nous, avant de lire ce roman fabuleux, j'ai vu plusieurs fois le film splendide dont est tiré le livre.
Souvent, je préfère voir le film après la lecture, là, il y a un avantage indéniable à le voir avant.
Cela permet de nous situer géographiquement, de Moscou à l'Oural et la Sibérie orientale. Également, il nous sert d'appui pour comprendre tous ces personnages secondaires qui sont pour tant déterminants.
L'écriture de Pasternak nous entraîne dans le tumulte de la première guerre mondiale puis celui de la révolution bolchevique qui conduit la destinée du docteur Jivago.
On ne s'ennuie pas un instant, pour tous les amoureux de la littérature russe, c'est une nécessité que de lire ce livre.
La poésie n'est pas en reste, chère à Pasternak dans la description des paysages, dans l'amour pour Lara.
Un immense bonheur de lecture, que je vous conseille vivement.
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Challenge Nobel 1/x.
Comment oser critiquer un pareil livre?
Je m'attendais à un roman Tolstoïen, j'ai trouvé un essai politico-historique masqué dans un roman. Que les autorités soviétiques aient tout fait pour empêcher Docteur Jivago de sortir à l'Ouest, rien que de logique!Le témoignage de Pasternak sur le régime communiste est impitoyable, la vie quotidienne devenue une bataille inégale contre la famine,le froid,la délation, l'insalubrité, la misère physique, affective, intellectuelle: trop loin de la propagande pour avoir une chance d'échapper à la censure.
L'histoire d'amour entre Lara et Jivago passe au second plan du récit.
Lourd parfois, touffu, imposant : un roman à lire absolument, bien loin du cinéma, bouleversant du début à la fin.
Un regret: le nom du traducteur ne figure pas dans l'édition Folio.
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Merci monsieur Pasternak pour ce chef-d'oeuvre politico-historique et philosophique plein de rebondissements et de tendres émotions ! Une prophétie éditée en 1957. Prèsque 34 ans avant la chute de l'URSS ! Dans un style simple, facile et plein de descriptions, a la manière de la steppe de Tchekhov, Pasternak retrace la vie misérable du docteur Iouri Chivago, cette vie aurait pu être heureuse, si L'homme ne l'a pas détournée de sa trajectoire, par son paranoïa et son obsession de renverser tout ce qui est pure au nom des idées ! L'auteur y défile l'histoire de la Russie allant avant 1903jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale ; en passant par la première guerre et la fameuse révolution qui représente la clé de voûte du roman.
À l'instar de chivago, tous les russes y avaient beaucoup misé. Un événement qui serait porteur de liberté et de prospérité contrairement au tsarisme !
Cependant les jours révèlent que ce système despotique et répressif est un danger pour la Russie. Les hommes du pouvoir sont devenus une nouvelle famille impériale usant des avantages au détriment du peuple. La collectivisation de la pensée, les assassinats politiques et le goulag qui plus tendre que les fournaises de la seconde guerre en sont quelques outils. Antipov, Tiversine et d'autres incarnent les hommes fanatiques de la pensée communiste, Pasternak les y compare aux possédés de Dostoïevski.
Larissa Fiodonovna Antipova (Lara), l'être pure, dynamique et candide endure les mêmes souffrances que son amoureux dévoué chivago. Brutalisée par komarovski dès son adolescence pour causes familiales, délaissée d'Antipov que la révolution a possédée et arrachée de chivago, je crois que l'auteur voulait comparer Lara à la Russie et le docteur chivago son l'amant idéal au système de gouvernance rationnel. le mariage n'y avait pas lieu mais l'espoir demeure.
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Chère lectrice, cher lecteur,

En ces temps difficiles, je me suis mise à penser à un de mes romans préférés le docteur Jivago de Boris Pasternak. Vous pouvez consulter mon À propos, ce dernier fait partie des 6 livres que j'apporterais sur une île déserte. Pourquoi le docteur Jivago en ce moment? Tout simplement pour l'humanisme qui transcende l'âme de ce personnage et depuis le 13 novembre 2015, Jivago vient me hanter, d'où mon billet aujourd'hui.

Tout d'abord, la littérature russe est marquée par la plume d'importants écrivains. de Karamzine à Maïakovski, en passant par Pouchkine et Tolstoï, les oeuvres littéraires russes défilent selon les courants d'idées caractérisant chaque époque (romantisme, réalisme, symbolisme, etc.). Boris Pasternak (1890-1960), grand poète et écrivain du XXe siècle, détenteur du Prix Nobel de 1958, qu'il a dû refuser, apparaît comme une figure dominante de son temps. Ainsi, Pasternak offre à l'humanité une oeuvre capitale, magistrale de la littérature russe, le docteur Jivago. Ce roman s'inscrit dans la dynamique d'un tout, par ses nombreuses références littéraires, culturelles, historiques, philosophiques et folkloriques, mais aussi parce qu'il évoque l'âme d'un peuple, d'une époque, d'un lieu, d'une famille, d'un homme, d'un amour… Iouri Andréiévitch Jivago, personnage associé à une quête individuelle, écrasé par le poids de l'Histoire (révolution russe de 1917), est un homme sensible, amoureux de la vie, de la nature, de l'art, de sa Russie. Grâce à ce personnage, nous tenterons d'aller à la rencontre de l'imaginaire russe en élaborant sur le thème de la révolution, mais surtout, nous traiterons de l'amour existant entre Iouri (Jivago) et Lara. Pour les biens de ce billet, je vais tenter de me limiter, car il y aurait tant à dire…

Le docteur Jivago a comme décor principal la révolution russe de 1917 et les conséquences engendrées par cette dernière. Mais avant tout, la vision du quotidien précédant la révolution est présentée au lecteur. Ainsi, avant la guerre, le monde de l'insouciance, du confort, des bals, des beaux habits, de l'aristocratie, de la mandarine, de l'arbre de Noël des Sventitski, des parents de Tonia qui considèrent comme naturel que leur fille épouse son compagnon d'enfance, sont évoqués pour illustrer les traditions.

De plus, avant la guerre civile, l'harmonie entre l'homme et la femme apparaît comme parfaite. Voici une description du couple Jivago-Tonia :


“Ils avaient vécu côte à côte pendant six ans la fin de leur enfance et le début de leur adolescence. Ils se connaissaient l'un l'autre dans les moindres détails. Ils avaient des habitudes communes, une manière qui leur était propre d'échanger de brèves pointes, et de répondre en renâclant brièvement. (p. 109) ”

Iouri et Tonia forment un couple idéal. Ils se connaissent depuis l'enfance, ils ont confiance l'un en l'autre et ils s'entendent bien. Avant la guerre, le bonheur entre Pacha et Lara (autre couple) s'inscrit également dans la perspective de la simplicité et du bonheur. Une réalité pourtant éphémère pour les deux compagnons qui se connaissent depuis toujours. Car, la révolution entraîne l'écroulement de la vision du monde, du quotidien, des valeurs… Voilà pourquoi je pense à ce roman aujourd'hui…

Dès les premières pages du roman, la révolution est associée à une tempête destructrice qui semble balayer tout sur son passage : « La tempête était seule au monde, seule et sans rivales» (p. 13). Tranquillement, cet événement se prépare pour éclater au grand jour. Mais encore, la révolution provoque le déracinement des protagonistes. Jivago quitte Tonia et son enfant afin d'aller exercer sa profession de médecin et Lara devient infirmière, abandonne sa petite Katenka dans le but de rechercher son époux, disparu pendant la guerre. La révolution se vit sur deux facettes. Elle bouleverse à la fois l'ordre social et individuel. Comme le fait remarquer Jivago à cet effet :


“La guerre a été un arrêt artificiel de la vie, comme si on pouvait accorder des sursis à l'existence, quelle folie! La révolution a jailli malgré nous, comme un soupir trop longtemps retenu. Chaque homme est revenu à la vie, une nouvelle naissance, tout le monde est transformé, retourné. On pourrait croire que chacun a subi deux révolutions : la sienne, individuelle, et celle de tous (p. 192).”

En ce sens, la révolution anime les forces de l'homme. Elle s'impose dans la réalité de chaque être humain. Pour faire suite à ce bouleversement intérieur et extérieur, la guerre civile va modifier l'essence et l'existence des personnages. Lara définit la progression du changement qui touche à la fois le matériel et le spirituel :


“Tu te rappelles mieux que moi comment, tout d'un coup, tout s'est détérioré. La circulation des trains, l'approvisionnement des villes, les fondements de la vie familiale, les assises morales de la conscience. (p. 517)”

La révolution éveille chez l'homme des pulsions pratiquement bestiales. Selon la constatation de Jivago : «L'homme est un loup pour l'homme». La guerre amène l'être humain à se comporter comme un fauve toujours prêt à bondir sur sa proie. Cependant, Jivago rejette la révolution, au nom de la vie. Il éloigne de lui toute idéologie relevant du communisme :


“Transformer la vie! Ceux qui parlent ainsi en ont peut-être vu de toutes les couleurs, mais la vie, ils n'ont jamais su ce que c'était, ils n'en ont jamais senti le souffle, l'âme. L'existence pour eux, c'est une poignée de matière brute qui n'a pas été ennoblie par leur contact et qui attend d'être travaillé par eux. Mais la vie n'est pas une matière ni un matériau. La vie, si vous voulez le savoir, n'a pas besoin de nous pour se renouveler et se refaçonner sans cesse, pour se refaire et se transformer éternellement. Elle est à cent lieues au-dessus de toutes les théories obtuses que vous et moi pourrions faire. (435)”

L'attitude de Jivago apparaît contestataire aux yeux de ses contemporains, mais elle s'avère pacifique. Elle vise une certaine compréhension des événements, de l'humain et des valeurs.

Mais encore, Jivago et Lara sont les deux personnages les plus importants du roman de Pasternak. Iouri, fils d'un homme ayant travaillé dans le domaine industriel et qui s'est suicidé après une faillite, n'a que dix ans lorsque sa mère meurt. Deux hommes vont alors marquer son enfance : Gromenko, qui semble représenter les valeurs traditionnelles et Védéniapine, qui apparaît comme la pensée en mouvance, en développement.

Jivago choisit une profession utile pour la société : médecin. Très lucide dans les diagnostiques qu'il pose sur ses malades, il le fait aussi sur son époque. Jivago apparaît comme un homme déchiré entre l'amour qu'il porte à ses semblables et la haine qu'il ressent face à la misère engendrée par les actes commis par son peuple divisé par la guerre.

Lara (Larissa Antipova), pour sa part, est l'archétype même de la beauté, de l'intelligence et de la bonté. Son enfance ne semble pas particulièrement heureuse. Séduite très tôt par un ami de sa mère, Komarovski, sa beauté et sa féminité peuvent se résumer comme étant l'essence tragique de l'existence. C'est ce que remarque Jivago lorsqu'il intercepte un regard entre Lara et Komarovski :


“La vision de cette jeune fille réduite en servitude était indiciblement mystérieuse et effrontément révélatrice. Des sentiments contradictoires se pressaient en lui. Ils lui serraient le coeur avec une force qu'il ignorait jusque-là. C'était cela même dont ils avaient ergoté avec tant d'ardeur avec Micha et Tonia, ce qu'ils entendaient par ce mot de «vulgarité», qui ne voulait rien dire, cette chose inquiétante et attirante dont ils se réglaient si facilement le compte en paroles, à distance respectueuse; et maintenant, cette force, Ioura l'avait sous les yeux, à la fois détaillée comme un objet et trouble comme un rêve, impitoyablement dévastatrice et implorante, criant sa détresse; où était maintenant leur philosophie d'enfants, et que lui restait-il à faire? (p. 86-87)”

Lara peut évoquer la destinée de son époque. Pour Jivago, cette vision de Lara s'avère un mélange d'énergie et de détresse qui efface un temps révolu et ouvre les portes de la révolution.

De nombreuses similitudes peuvent être établies entre Lara et Jivago. Ils sont tous les deux très beaux, ils évoquent la perfection et le courage. Ensemble, ils vont vivre la révolution de 1917. Mariés à leurs amis d'enfance, ils aiment bien évidemment leur foyer. de plus, ils pratiquent la médecine. Mais encore, Jivago vit une révolution intérieure en raison de ses sentiments pour Lara :


“C'était la révolution, non pas la révolution idéalisée à l'étudiante de 1905, mais la révolution présente, sanglante, la révolution militaire qui faisait fi de tout et que dirigeaient les bolcheviks, seuls à saisir le sens de cette tempête. C'était l'infirmière Antipova jetée par la guerre dans une vie inconnue, Antipova qui ne reprochait rien à personne, Antipova dont l'effacement était presque une plainte, c'était une femme mystérieusement laconique, et si forte de son silence. C'étaient les efforts sincères, surhumains de Iouri Andréiévitch pour ne pas l'aimer, lui qui toute sa vie s'était efforcé de témoigner de l'amour non seulement à sa famille et à ses proches, mais à tout être humain. (p. 210)”

Mais, le docteur Jivago est capable, à ce moment, de refouler ses sentiments et il retourne vers son épouse, Tonia. Cependant, la révolution a fait naître chez-lui des émotions inconnues, autres.

Aussi, l'amour qu'éprouve Jivago pour Lara Antipova, à des nombreux endroits dans le récit, est associé à la nature. Ainsi, Iouri et Lara semblent en fusion avec les éléments naturels. L'image du sorbier l'illustre bien :


“L'arbre était presque recouvert de neige; ses rameaux et ses fruits étaient à moitié gelés. Les deux branches enneigées qui s'étiraient à sa rencontre lui rappelèrent les longs bras blancs de Lara, leur courbe généreuse. Il s'y accrocha, il attira l'arbre à lui. Comme pour lui répondre, le sorbier déversa une pluie de neige qui le recouvrit de la tête aux pieds (p. 481).”

Par ailleurs, l'amour entre Jivago et Lara s'avère d'essence tragique. Les deux personnages tentent de s'accrocher l'un à l'autre. Cependant, leur force vient du fait qu'ils s'aiment d'un amour qui transcende les limites du réel. Leur amour est intemporel, universel et symbolique. La révolution a tout détruit, mais ils connaissent, ce qu'il y a de plus important pour l'être humain : l'amour. Comme le fait remarquer Lara à Jivago :


“Il ne reste que la force inhabituelle, inadaptée, d'un certain besoin d'amour mis à nu, dépouillé de tout, pour lequel rien n'a changé parce que de tout temps, il a grelotté, il a tremblé, il s'est élancé vers une détresse proche de la sienne, aussi dépouillée, aussi solitaire. Toi et moi, nous sommes comme Adam et Ève qui au début du monde n'avaient rien pour se vêtir. Voici venir la fin du monde et nous n'avons guère plus de vêtements ni de foyer. Et nous sommes le dernier souvenir de tout ce qui a été infiniment grand, de tout ce qui s'est fait au monde pendant des millénaires qui se sont écoulés entre eux et nous et, en souvenir de ces merveilles disparues, nous respirons, nous aimons, nous pleurons, nous nous cramponnons l'un à l'autre, nous nous serrons l'un contre l'autre (p. 515).”

Pourtant, la passion qu'ils éprouvent l'un pour l'autre s'inscrit dans une perspective apocalyptique. L'homme est confronté au néant, à l'inconnu. Il ne lui reste qu'à profiter de l'instant présent. Ainsi, la beauté du quotidien demeure intimement reliée à l'amour entre Lara et Jivago. La scène où Jivago revient à la maison, après une journée de travail, dévoile cette plénitude rattachée aux gestes du quotidien. Lara émeut Jivago, l'éblouit comme si elle était habillée pour aller au bal, dans sa tenue de travail vaquant aux tâches domestiques. Les personnages de Pasternak se rattachent à leur réel, peut-être parce qu'ils tentent de saisir la vérité dans le moment vécu, dans l'essence même de la perfection humaine.

Malgré sa passion pour Lara, Iouri laisse partir loin de lui celle qu'il aime. En fait, Jivago se détache du réel afin de se diriger vers une quête de l'art pour l'art. Son éloignement est nécessaire. Il se dépouille de ce qu'il aime le plus, sa famille, Lara et sa troisième femme. L'art exige ce retrait du monde. Jivago, à la veille de sa mort, se retrouve dans une petite chambre, en plein coeur de la ville et il se concentre sur son écriture. Il ne partage pas son présent car l'art exige cet isolement. Son effacement a peut-être comme but d'élever son élan artistique. En ce sens, Lara l'a très bien compris : «Le souffle de liberté et de détachement qui émanait toujours de lui venait de l'envelopper» (p. 637). Jivago est l'auteur d'un recueil de poésie. Son recueil semble avoir comme mission d'assurer le salut de son époque… Sa quête, en ce sens, apparaît comme au-dessus du réel puisqu'elle vise l'immortel.

Finalement, le docteur Jivago de Boris Pasternak véhicule une certaine vision, celle d'un monde bouleversé dans sa réalité. Confrontés à la révolution de 1917 et aux conséquences engendrées par une guerre civile, les personnages de Pasternak cherchent le chemin qui les mènera vers une plénitude intérieure. Ainsi, le lecteur est amené à aller à la rencontre du peuple russe grâce aux descriptions de la vie avant et pendant la révolution. le docteur Jivago semble toujours d'actualité, car il place le lecteur devant des thèmes comme la guerre, la mort, la vie et l'amour.

À cet égard, l'amour devient le seul élément qui relie l'être humain à l'essentiel. Comme le présente le narrateur lorsqu'il décrit l'amour entre Jivago et Lara :


“Ils s'aimaient parce que tout autour d'eux le voulait : la terre sous leurs pieds, le ciel au-dessus de leurs têtes, les nuages, les arbres. Leur amour plaisait à leurs proches peut-être plus qu'à eux-mêmes; aux inconnus dans la rue, aux lointains qui s'écartaient devant eux dans leurs promenades, aux pièces dans lesquelles ils vivaient et se rencontraient. C'était cela l'essentiel, c'était cela qui les rapprochait et les unissait. Jamais, même dans leur bonheur le plus généreux, le plus fou, jamais ils n'avaient oublié leur plus haut, leur plus émouvant sentiment : le sentiment bienheureux qu'ils aidaient eux aussi à façonner la beauté du monde, qu'ils avaient un rapport profond avec toute la beauté, avec l'univers entier (p. 638-639).”

J'espère que vous avez apprécié ce billet… j'avais beaucoup à dire sur ce grand roman… Plus que jamais, ce dernier me parle…

N'hésitez pas à me partager vos commentaires. Je serais vraiment enchantée de vous lire…Avez-vous lu ce roman?

Bien à vous,

Madame lit : https://madamelit.wordpress.com/

Référence :

PASTERAK, Boris, le docteur Jivago, Saint-Amand, Gallimard, coll. Folio, 1993, 695 p.

Lien : https://madamelit.wordpress...
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Que le grand vent de l'histoire souffle sur les steppes, les villes et les champs, et emporte dans son souffle exalté les hommes et leurs passions !
Quel roman que ce Docteur Jivago, touffu, soyeux, âpre, tendre, polyphonique, complexe, reflet de l'âme tourmentée de Iouri Jivago, balloté comme un fêtu dans l'ouragan de la révolution russe, tiraillé entre deux femmes, Tonia sa douce épouse et la belle et séditieuse Lara, symboles de deux conceptions du monde : celui qui meurt et celui qui vient.
Un monde nouveau qui nait dans la douleur, le tumulte, l'exaltation et le cynisme, dont ce long roman égrène à travers les yeux de Iouri toutes les désillusions, tout autant qu'il célèbre la richesse et la résilience de l'âme russe.
Un roman un peu difficile à lire mais extrêmement envoutant, déroulé comme un long poème et dans lequel m'a semblé transparaitre tout l'amour, l'enthousiasme et l'amertume que l'auteur ressent pour son grand pays.

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Le Docteur Jivago, l'histoire d'amour de Lara et Youri dans l'immensité géographique et historique de la Russie révolutionnaire.... Ce roman est une analyse subtile des diverses façons dont les idéaux peuvent être compromis par la réalité du pouvoir politique. La relation de Youri et Lara, l'une des plus passionnantes de la littérature d'après-guerre, naît de leur fascination commune pour les possibilités d'une justice révolutionnaire et lui demeure profondément liée. C'est cette lutte pour une sorte de vérité parfaite, en termes politiques comme personnelles, qui constitue le moteur du roman, dont le caractère pathétique provient de l'échec de cette recherche d'idéal et de l'extraordinaire difficulté à demeurer fidèle à des principes personnels, politiques ou poétiques.
L'un des éléments les plus saisissants du livre est le paysage russe, d'une grandeur et d'une beauté extraordinaire.
C'est grâce à cette rencontre élégiaque avec la nature que le Docteur Jivago offre un extraordinaire sentiment de bonheur...
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Relecture pour la deuxième fois. Un des plus grands romans russes du XXème siècle (avec le Maître et Marguerite de Boulgakov et Vie et Destin de Grossman). J'ai pris tout autant de plaisir que la fois précédente. Quelle fresque, qui nous fait suivre Iouri Jivago de son enfance à sa mort, à travers une période si troublée qu'il ne trouve pas de moment pour se poser : récit de vie donc, et roman historique, et roman d'amour aussi. Pasternak décrit les souffrances du peuple et les difficultés de l'individu à trouver la stabilité et un peu de bonheur dans une existence continuellement consacrée à la survie.
Et quel style, dès le début avec l'enterrement de la mère! Quelles descriptions des paysages russes, de leur immensité et de leur beauté! Il faut dire que Pasternak est un poète avant d'être un romancier.
Et tant pis si les rencontres entre Iouri et Lara sont à la limite du vraisemblable au vue de l'immensité russe. Je réalise qu'en fait je l'ai lu trois fois dont une en russe : les descriptions sont encore plus belles en russe, le style encore plus agréable, et, très curieusement, ce qui gêne mon cartésianisme français ne me dérange nullement en russe, comme si alors tout était possible justement dans cette immensité, même l'invraisemblable.
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« Le docteur Jivago » faisait parti d'un de ses livres que je ne pensais jamais lire de ma vie. En effet, plusieurs personnes m'en ont parlé comme étant un roman complexe. Finalement, j'ai emprunté le DVD à ma grande tante pour me faire une idée. Après seulement une heure de visionnage du film, j'ai arrêté le film pour filer à la librairie me procurer le roman. (Je n'ai pas encore vu le film en entier.)

« Le docteur Jivago » raconte l'histoire de Youri Jivago. Jeune orphelin, il vit un temps avec son oncle puis avec les Gromeko. Youri aura une très bonne éducation et deviendra médecin. Mais les guerres commencent, les monarchies tombent, les peuples se révoltent en Europe. Tel est le cas de la Russie qui d'un régime tsariste passe à un régime bolchévique. « Le docteur Jivago » raconte l'histoire de ces hommes et femmes emportaient par le courant de l'Histoire.

J'ai adoré ce roman pour plusieurs raisons mais notamment pour sa poésie et sa mélancolie. Quelle plume ! La plume de Pasternak m'a fait voyager dans cette Russie reculée et cela au moyen du train, ou encore du traîneau. J'ai vu défiler la nature enneigée de la Russie : ses forêts, ses cours d'eau, ses champs etc.

Mais que serait « Le docteur Jivago » sans la passion entre Youri et Lara ? Boris Pasternak décrit cette amour de façon pure et poétique. Amour romantique certes, mais amour tragique voué à l'échec (C'est ce que j'aime dans « les romans d'amour »). On part et l'on ne se retourne jamais. le coeur est brisé mais le temps panse les plaies. Puis nous nous remémorant ce passé avec nostalgie et mélancolie.

J'ai versé quelques larmes vers la fin du roman, ce qui est gage d'un roman réussit.

« Le docteur Jivago » reste un texte complexe par les nombreux noms des personnages qui changent souvent. Mais également par le côté historique. Si l'on ne connaît pas vaguement l'histoire de la révolution bolchévique, la lecture risque d'être compliqué.

En conclusion, très grand coup de coeur sur ce roman que je regrette d'avoir terminé mais que je relirai bientôt ! Je n'ai plus qu'une chose à dire : « Au revoir Youra, Youri ».
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J'ai vu et revu le (magnifique) film de David Lean, j'ai donc entamé la lecture du roman avec La Chanson de Lara dans la tête. J'avais évidemment un a priori très positif en commençant le récit !

Dès les premiers paragraphes, j'ai su que j'avais en main un grand ouvrage. Un style à part que seuls quelques auteurs talentueux possèdent ; cette écriture « à l'ancienne » qui se développe et qui rend les longueurs digestes. Parce qu'en effet ce livre recèle des longueurs, que ce soit des descriptions fouillées, des considérations philosophiques ou encore des dialogues de plusieurs pages. Mais je n'ai jamais soupiré pendant ma lecture.

Le roman est bien plus touffu que le film, et met en scène de nombreux protagonistes secondaires qui n'ont pas été repris dans l'adaptation cinématographique. Je ne peux donc que le recommander aux amoureux du film ! Cette profusion de personnages amplifie la profondeur de la fresque historique qui démarre avec le vingtième siècle et qui emporte les hommes dans les soubresauts de la guerre mondiale, de la révolution russe, de la guerre civile et des débuts de l'empire soviétique. Les destins sont balayés par le vent de l'histoire, les innocents sont pris au piège des événements qui détruisent les êtres.

On devine assez facilement que Iouri Jivago est Boris Pasternak, quand il observe le monde autour de lui et tente d'en tirer des leçons philosophiques, auxquelles je n'ai pas toujours adhéré. le Docteur regarde aussi les morts autour de lui, que ce soit à cause de la guerre, des exécutions sommaires ou de la famine. Il voit le pire de la nature humaine, mais également sa simple faiblesse, la plupart des hommes autour de lui espérant seulement survivre. On comprend assez facilement pourquoi ce roman ne pouvait pas être publié dans l'empire soviétique, car les récits concernant la guerre civile sont une suite de manoeuvres liées à des ambitions personnelles aveugles, des lâchetés et de trop nombreuses morts inutiles.

Le film est surtout connu pour être une grande histoire d'amour, et bien évidemment nous la retrouvons dans le livre, même s'il existe quelques différences dans le caractère des protagonistes. Je ne vais pas les lister, car ce serait rébarbatif, mais je trouve que David Lean a dessiné des hommes et des femmes qui ont une psychologie plus réaliste et cohérente que leurs modèles dans le roman.

En effet, la seule critique que je porterais à la fresque du prix Nobel Boris Pasternak est que les motivations des personnages qu'il décrit m'ont parfois laissée perplexe tant elles sont déroutantes. Heureusement, ce défaut est mineur tellement le livre est grandiose : un témoignage sur une période remplie de fureur et un grand roman d'amour.

Challenge Livre Historique
Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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L'immense Russie est aussi pour les poètes ..

" Soudain tout changea, le pays et le temps. La plaine disparut , on s'enfonça entre des collines et des plateaux. le vent du Nord, qui soufflait jusqu'ici, tomba. le vent venait du Sud, tiède comme le souffle d'un poôle ouvert.

La forêt s'étendait par paliers sur les montagnes. Quand la voie traversait une zone boisée, le train grimpait une ênte raide à laquelle succédait une descente assez douce. Il rampait en soufflant vers les bois et s'y trainaît avec peine, comme un vieux forestier guidant une foule de voyageurs qui se retourneraient sans cesse et observeraient tout.

Mais il n'y avait rien à voir. Au fond de la forêt, c'était le sommeil et la paix de l'hiver. de temps en temps, seulement, des buissons ou des arbres bruissaient en libérant leurs branches basses de la neige qui peu à peu se tassait, comme s'ils ôtaient un collier ou dégrafaient un col trop serré.

Iouri Andréiévitch sombra dans le sommeil. Pendant toutes ces journées il resta sur la couchette, là-haut, à dormir : il se réveillait, réfléchissait, tendait l'oreille. Mais il n'y avait rien à entendre."
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