AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,19

sur 109 notes
5
8 avis
4
8 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est une étude exhaustive de l'histoire de l'ours en Europe principalement. L'auteur démontre les causes historiques du déclin de cet animal jusqu'à sa quasi extinction. C'est peu glorieux pour l'humain, pour l'Église surtout. L'ours avait dans certaines régions, d'Allemagne ou de Scandinavie un véritable statut divin d'un point de vue chamanique. Mais, au fur et à mesure de la conversion au christianisme de l'Europe du Nord, l'Église a voulu détruire ce qui pouvait lui faire ombrage, notamment le statut totémique de l'ours. Alors, allons-y gaiement, massacrons cet animal, éliminons-le de nos forêts septentrionales. Peu à peu assimilé au diable et à la sorcellerie, le pauvre animal n'avait pas beaucoup de chance. C'est surtout à partir du règne de Charlemagne que les battues s'intensifièrent. Et puis tant que l'on y est, détruisons également la forêt et les arbres. Dès le XIVe siècle, les résidus de la population ursine se retrouvaient dans les montagnes ou plus vers l'est de l'Europe. L'animal, de sa grandeur passée n'était plus qu'une bête de foire maltraitée, montrée de village en village. Et ainsi de siècle en siècle. L'auteur termine par notre époque où quelques dizaines d'ours se retrouvent en survie dans les Pyrénées où les Balkans. Mais, assure l'auteur, dans quelques années on ne trouvera plus que des ours en peluche ou sur les blasons. Les bergers seront satisfaits. Ah oui, il reste encore les loups ! Mais c'est une autre histoire. L'homme reste le seul prédateur en Europe. Victoire pour Sapiens. Mais, une fois qu'on aura supprimé toute la biodiversité, ce qui est en train de se passer, là maintenant sous nos yeux endormis, nous serons bien seuls, et dépourvus de nos racines ancestrales. Toute cette chaine évolutive dont nous descendons que nous foulons au pied est notre patrimoine commun. Et ce n'est pas le capitalisme qui nous sauvera. Comme le dit un proverbe amérindien, quand il n'y aura plus de poissons dans les rivières et dans la mer, à quoi me servirons mes dollars pour manger ?
Allons allons, je m'emporte et m'égare... le livre de Michel Pastoureau est passionnant, riches en anecdotes et se lit comme un roman. Peut-être ici ou là quelques redondances que l'on pourra lire en diagonale. Et sa conclusion est terrible mais réelle. Pas d'optimisme possible pour l'ours.
Commenter  J’apprécie          250
Michel Pastoureau serait-il "l'homme qu'a vu l'homme qu'a vu l'homme qu'a vu l'homme qu'a vu l'ours"?

Je suis tentée de le croire, tant cet animal s'est fait discret, pour ne pas dire invisible, dans presque toute l'Europe.
Alors pourquoi s'intéresser à lui? Précisément parce qu'il aura bientôt totalement disparu, ne survivant que dans les zoos et les cirques de seconde catégorie.

Mais l'ours auquel s'intéresse notre historien n'est pas celui des naturalistes ou des éthologues. Il nous parle de la vie rêvée des ours, dans notre imaginaire, et aussi de sa signification symbolique qui a imprégné les civilisations occidentales.

Dans les mythologies les plus anciennes, l'ours est une divinité, un ancêtre, qui a engendré un peuple de guerriers invincibles. Face à lui, l'homme est faible et désarmé, et pour rivaliser avec le fauve, il doit devenir ours lui-même. Fourrure, griffes, canines, viande, crâne, autant d'attributs que les petits chasseurs cueilleurs transforment en talismans. Vaincre un ours est une prouesse dont seul un chef est capable.

Car ce voisin irascible est doublement menaçant: il est capable d'entrainer dans son antre de belles jeunes femmes pour satisfaire sa libido, de les retenir captives et de leur faire une ribambelle de rejetons, mi-hommes, mi-ours. de nombreux récits donnent foi à cette croyance dès l'Antiquité et au cours du Moyen-âge.
Cette légende persista jusqu'au XVIIè siècle, où un soir d'avril 1602, une jeune fille d'un village de Tarentaise (Savoie) fut déclarée victime d'un enlèvement et séquestrée plusieurs années par un ours. Une chronique de l'époque fait le récit détaillé de l'évènement, de la libération de la bergère et de la mise à mort de l'ours.
Ce diable d'ours est bientôt chargé de toutes les tares: brutal, goinfre, sournois,
stupide, vicieux, paresseux, il faut l'exterminer, l'expulser, le ridiculiser. Il ne sert plus qu'à distraire les badauds et à faire rire les enfants.
Ultime avanie, on en fait un jouet pour les bébés!

Quelques descendants de ce lointain ancêtre mènent une vie solitaire dans des lieux retirés. Timides ou ombrageux, on ne sait, personne n'ose s'approcher d'eux, et on passe devant leur porte sans s'arrêter en disant: "n'allez pas chez lui, c'est un ours!"
Commenter  J’apprécie          180
Ce livre ajoute à la longue liste des victimes persécutées par les chrétiens et surtout les catholiques, un animal, l'ours.

Pour implanter leur religion, par tous les moyens, il fallait détruire les autres et notamment le culte de l'ours, qui fut même sous Charlemagne exterminé au cours de battues.

Michel Pastoureau jette un pont entre nous et nos ancêtres d'avant l'an mille jusqu'à la Préhistoire, en nous faisant redécouvrir leurs croyances, autour de cet animal. Il nous en montre les traces qui subsistent.

Il cite de nombreux animaux figurant dans les mythes, dans les armoiries ou dans les livres, mais parle très peu de l'aigle. Pourquoi ? Il y a pourtant toute une mythologie autour de cet animal.

Un livre passionnant, riche, résultat d'un travail impressionnant.
Commenter  J’apprécie          180
Dense et exigeant comme tout bon livre scientifique qui se respecte. Mais tellement passionnant! Comme la plupart des lecteurs, j'ai découvert les écrits de cet historien qui sort du cadre à travers ses études de l'évolution des symboliques liées aux différentes couleurs (là encore, passionnant). Ici, il se penche sur la question des bestiaires, et pour peu que tu aies lu le titre, tu as compris que c'est l'ours l'objet de toutes les attentions (en vrai, c'est un piège: le lion ne rode pas loin). 300 pages très fournies sur cet animal passé de demi-dieu à roi des animaux pour finir en peluche sur nos lits d'enfant. L'ouvrage se veut quasi exhaustif, malgré les lacunes que comporte la recherche, faute d'éléments tangibles à se mettre sous la dent d'ours, notamment dans les âges reculés (l'ouvrage s'étend du paléolithique à nos jours). Si tu es comme moi, dégaine crayon et stabilo: ce livre ne sortira pas indemne de ta lecture.
Lien : https://tsllangues.wordpress..
Commenter  J’apprécie          50
Une oeuvre historique passionnante qui se lit comme un roman. L'ours en est le héros, ou plutôt les ours et leur rapports avec les hommes à travers l'histoire. du roi des animaux au symbole guerrier, de l'allié du diable à la bête de foire, de l'animal en voie de disparition à la peluche présente dans chaque chambre d'enfant. Instructif et divertissant !
Commenter  J’apprécie          40
Outre ses études sur les couleurs , Michel Pastoureau s'intéresse à l'histoire culturelle autour des animaux . J'avais lu son livre sur le loup , et voici que je découvre celui qu'il consacre à l'ours. Je savais qu'il avait été détrôné de la royauté animale par le lion , mais j'ignorai ( entre une infinité de choses) sa réputation érotique et de violeur de gentes dames . de la Préhistoire à Winnie , Pastoureau nous raconte une histoire érudite et passionnante.
Commenter  J’apprécie          20
Une somme incroyablement érudite mais avec un plume alerte et un style très agréable.
Vous apprendrez comment l'église a mis fin aux fêtes de début et de fin d'hibernation de l'ours, à grand renfort de fêtes de Saints et comment cet animal symbole de la force et de la royauté a cédé sa place au lion et fini en Teddy Bear
C'est magistral
Commenter  J’apprécie          10
Du temps de l'homme des cavernes, des combats du cirques, aux forêts du Moyen-Age, jusqu'à l'époque de l'ours en peluche et des ours des pyrénées, voici une fascinante histoire des rapports entre l'homme et cet animal à part : l'ours.
Comme toujours, Pastoureau s'intéresse moins à l'histoire factuelle qu'à l'ours en tant que symbole. A la manière dont l'homme l'a représenté, imaginé, mis en scène dans les légendes, dans les contes, dans l'héraldique, dans les gravures ...
Parce que l'ours est un animal proche de l'homme (trop proche ?), il a toujours occupé une place ambigüe dans l'imaginaire humain et fait l'objet d'une véritable persécution de la part de l'Eglise au Moyen Age, qui n'est pas sans rapport avec sa quasi-disparition actuelle.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (305) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3167 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}