(...) je me limite à ce que je connais et qui fait l'objet de mes recherches et de mon enseignement depuis un demi-siècle : la place des animaux dans les sociétés européennes, ce qui est déjà considérable, surtout si leur histoire culturelle est envisagée dans un temps long, depuis l'art pariétal de la Préhistoire et les mythologies les plus anciennes, jusqu'au bestiaire des jouets en peluche, des logos publicitaires, des bandes dessinées ou des jeux vidéo du temps présent.
C'est à son rôle d'animal qui travaille que le boeuf doit sa castration, qui le rend plus obéissant et plus patient.
L'archéozoologie nous apprend que celle-ci est de plus en plus fréquente à partir du Ve millénaire avant notre ère. Elle est toutefois freinée par certains peuples par des prescriptions religieuses. Chez les Hébreux, par exemple, le bétail castré est réputé impur et il est illicite de l'offrir en sacrifice.
(p. 38)
Si le diable de l'iconographie chrétienne est pourvu de cornes, de pieds fendus et d'une longue queue -attributs qu'il conserve pendant près d'un millénaire – c'est d'abord au taureau de Mithra qu'il le doit ; le bouc ne prendra le relais qu'à la fin du Moyen Âge. Animal cornu et païen, le taureau est abhorré par les Pères de l’Église et leurs épigones qui le dotent d'une symbolique entièrement négative.Celle-ci perdurera pendant de longs siècles.
Il n'existe absolument aucun lien ni aucune continuité entre les rituels tauromachiques de l'Antiquité et la corrida moderne telle qu'elle définit ses règles dans l'Espagne de la fin du XVIIIème siècle ?
De nos jours, Io, la femme-génisse aimée de Zeus, est quelque peu oubliée, mais les deux lettres de son nom enchantent les cruciverbistes et ont donné lieu à de multiples définitions, toutes plus ingénieuses les unes que les autres : "vieille vache ; cow-girl ; femme à poils ; l'amour vache ; dame de cœur devenue dame de trèfle ; impaires chez Igor ; met fin à l'imbroglio..."
Rencontrer Michel Pastoureau, c'est être frappé en premier par son regard amusé et malicieux.
L'historien, diplômé de l'école des chartes, est archiviste paléographe, spécialiste de la symbolique des couleurs, des animaux, d'héraldique.
Il a reçu de nombreuses aides du CNL, notamment pour son livre « Symboles du moyen-âge : animaux, végétaux, couleurs, objets » en 2012, des aides à la traduction pour ses ouvrages sur les histoires des couleurs « Noir », « Bleu », « Vert », « Rouge », « Jaune », en 2014, 2016, 2018, et en 2020, ainsi qu' une bourse de création relative à l'histoire du nuancier sur les cartographies de couleurs et d'imaginaires.
Sa curiosité est sans limite, son raisonnement implacable, le grand entretien avec Michel Pastoureau dans Son Livre, c'est parti.
Michel Pastoureau est professeur à la Sorbonne et à l'école pratique des Hautes Etudes où il est titulaire de la chaire d'Histoire de la symbolique occidentale.
Il a reçu de nombreux prix littéraires, dont le Prix Medicis essai en 2010 pour son ouvrage « La couleur de nos souvenirs » paru aux éditions du Seuil, mais aussi, le Prix Broquette-Gonin (histoire) de l'Académie française pour l'ouvrage La vie quotidienne en France et en Angleterre au temps des chevaliers de la Table ronde (1977).
Passionnant !
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