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L'HOMME QUI A VU LE LOUP !

"L'homme est un loup pour l'homme", "se tenir à la queue leu leu", "avoir une faim de loup", "crier au loup", "les loups ne se mangent pas entre eux", "se jeter dans la gueule du loup", "avoir vu le loup", "faire entrer le loup dans la bergerie", etc, etc, etc.

Nombre de nos expressions courantes, de maximes plus ou moins encore employées, d'adages définitifs ont pour point commun ce fameux loup. Ces dictons ont presque tous en commun de donner du «canis lupus», selon sa taxonomie latine, une image plus que négative : Méchant, constamment affamé, rusé, lâche, maléfique et lubrique (surtout s'agissant de la louve, bien évidemment...). En un mot : diabolique !

C'est tout l'art du grand historien médiéviste, spécialiste des couleurs, de l'histoire de la héraldique ainsi que des bestiaires du Moyen-Âge, Michel Pastoureau, de nous expliquer, de nous conter, d'illustrer avec sapience mais avec une certaine simplicité, l'histoire si particulière qui lie les hommes - précisons : dans le monde occidental. L'auteur explique la raison de ce resserrement en introduction - à cet animal parfois énigmatique, jadis compagnon des Dieux (chez les Grecs, les Romains, les anciens Nordiques et les Celtes, en particulier), devenu au fil du temps et en très grande part par la volonté de l'Église catholique, un animal effrayant et maudit.

C'est ainsi qu'en une douzaine de brefs chapitres, débutant comme il se doit par nos antiquités communes (bien que certaines méconnues du grand public), l'ancien chartiste, auteur et historien prolifique que l'on connait tout particulièrement pour, entre autres, le petit livre des couleurs (qui n'est qu'un très rapide condensé d'ouvrages ultérieurs très riches et très documentés publiés aux éditions Seuil comme le présent ouvrage), son récent et captivant le roi tué par un cochon : Une mort infâme aux origines des emblèmes de la France ?", consacré à un autre mal aimé de nos bestiaires ou encore le roboratif et passionnant L'Ours : histoire d'un roi déchu, c'est ainsi, donc, qu'il fait le tour de l'histoire culturelle, légendaire, fabuliste, sociale, religieuse et même fantastique de ce canidé mal aimé.

L'ouvrage se lit, indubitablement, avec grand plaisir. Et même si la couverture est assez décevante comparativement à la richesse des illustrations disponibles, l'iconographie retenue dans le corps de l'ouvrage est très judicieuse, relativement originale - elle entremêle des dessins, peintures, extraits de bestiaires diversement connus, voire parfois totalement inconnus - et éclairante quant à la vision des hommes d'avant-hier, d'hier et d'aujourd'hui sur le loup.
On pourra toutefois reprocher aux légendes de n'être, la plupart du temps, que des synthèses de ce que l'on retrouve de manière à peine plus développé dans le corps du texte, sans rien lui apporter de particulier. (Une erreur impardonnable pour un ouvrage de ce type est d'ailleurs liée à l'iconographie : la nationalité américaine y est attribuée au célèbre auteur, britannique, du Livre de la Jungle, Rudyard Kipling.)

Mais la principale faiblesse de cet ouvrage réside sans doute dans sa brièveté : 12 chapitres d'une dizaine de pages chaque, avec une iconographie très riche, cela laisse somme toute assez peu de place au texte, d'autant qu'il couvre pas moins de 2 500 ans d'histoire et de mythologies. Et si l'on y découvre beaucoup de choses, l'ensemble, à force de vulgarisation, reste un peu trop en surface de notre point de vue. Les lecteurs des précédents ouvrages de Michel Pastoureau risquent de rester, de ce point de vue, sur leur faim... de loup ! On regrettera sans doute la rapidité du chapitre consacré au loup dans les contes tandis que celui consacré à la fameuse "bête du Gévaudan" fait fort bien le tour de la question. Idem quant à l'animal dans la conscience et la culture depuis, pour aller vite, le début du XXème siècle à nos jours : Michel Pastoureau n'est décidément pas un spécialiste de l'histoire immédiate et cette ultime partie pourra sembler un peu légère à d'aucun, tandis que les chapitres consacrés aux rapports entre Saints et loup ou encore aux loups dans les bestiaires profanes sont absolument passionnants.

Mais ne boudons pas notre plaisir : l'ouvrage est très agréable, plein d'enseignement et s'avère être un bel hommage à ce mal-aimé de nos bestiaires européens, bien que cette situation n'a de cesse de s'améliorer depuis le début du XXème siècle.

On notera aussi que Michel Pastoureau y règle quelques comptes avec, d'une part, les zoologues et autres éthologues auxquels il ne conteste évidemment pas les observations liées aux loups CONTEMPORAINS (et qui vivent dans un monde qui n'a strictement rien à voir avec celui du Moyen-Âge ni de l'Ancien-Régime ou même des débuts de l'ère industrielle) mais il se porte définitivement en faux quant à l'assertion définitive et universelle selon laquelle les loups n'auraient jamais attaqué ni tué d'êtres humains : toutes les recherches historiques ( recoupement d'archives, témoignages, faits historiques avérés, etc) démontrent qu'en certaines époques (famines, mini périodes glaciaires, chute démographique, etc) ces superbes canidés se sont bel et bien attaqué à l'homme pour s'en nourrir (On en retrouve même des traces dans certains récits méconnus de Jack London, lequel a pourtant tant fait pour rendre à cet animal la place d'honneur qu'il mérite), sans être pour autant contaminés par la rage, ce terrible fléau.

L'autre petit règlement de compte est lié aux contes populaires et à leur interprétation par les psychiatres, Bruno Bettelheim en tête. Michel Pastoureau lui reproche en particulier des raccourcis, de rapprochements liés essentiellement à la sexualité qui ne peuvent fonctionner que pour notre époque contemporaine, car presque tout dans ce que ces contes tâchent de dire n'a de ses que selon des critères sociaux et culturels assez récents et sont relèveraient donc de l'anachronisme parfait quant aux époques de leur création et de leur propagation, Petit chaperon rouge en tête. Chacun se fera bien entendu sa propre opinion. Quant à votre humble chroniqueur, il pense que toute vérité se situe souvent dans les entre-deux, les intelligentes synthèses, que nul n'en est l'entier et définitif défenseur... tout comme il est vrai que les apports des historiens de ces quelques dernières décennies sont bien souvent oubliés, pour ne pas dire méprisés par nombre d'autres sciences sociales ayant plus l'attention des médias et des modes. Mais c'est là un autre débat que Michel Pastoureau ne fait qu'effleurer, juste le temps de remettre certaines choses à leur place.

Ne crions donc pas au loup : "Le loup, une histoire culturelle" est un livre fort agréable à feuilleter et à lire et il ravira, sans aucun doute, la majorité de ses lecteurs, même sans être aucunement historien ni spécialiste de Canis Lupus, mais tout simplement un lecteur attentif et curieux.

Loup, y es-tu...?
Définitivement, ici : OUI !
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Histoire de la symbolique du loup en Europe, de la préhistoire à nos jours : mythologies gréco-romaine, gauloise et celtique ; fables (d'Esope à La Fontaine) ; catholicisme et figure diabolique de la bête ; loup-garou ; contes et légendes populaires ; littérature jeunesse et cinéma contemporains ; marketing ; peur persistante face à la réintroduction de l'animal dans certaines zones...
Parce que « comme au Moyen Age et sous l'Ancien régime, le loup est un animal qui déclenche les passions. »

D'ailleurs, je peux le dire, - I - L♥VE - L♥UP - : j'adore les histoires de loup(s), de celles pour enfants aux coups de gueule de José Bové, en passant par la mystérieuse Bête du Gévaudan, peut-être la première histoire de meurtres pervers en série médiatisée.
Et j'aime beaucoup les ouvrages de Michel Pastoureau, sur les couleurs et sur les animaux : ils présentent un excellent mélange accessible à tous d'Histoire de l'art et des civilisations - oeuvres à l'appui.

Ce 'beau livre' compte 150 pages, mais il y a beaucoup moins à lire :
- d'abord parce qu'il est abondamment et très joliment illustré
- ensuite parce qu'il est à la fois synthétique et répétitif (les légendes des images reprennent souvent mot pour mot le texte développé sur la même page)
- et puis parce que j'ai reçu un exemplaire 'loupé', qui m'a fait rater quelques pages du chapitre 'Le loup des bestiaires' (grande pensée aussi compatissante que rigolarde pour un ami breton 😉😘... mea culpa, homo homini lupus, les hyènes se marrent mais le car à Vannes passe sans louvoyer, etc.).

Quoi qu'il en soit, je me suis régalée, même si l'auteur m'a un poil contrariée en réfutant les thèses psy sur l'interprétation du célèbre 'Petit Chaperon rouge' (Bruno Bettelheim, Anne-Marie Garat...). Sans rancune ! Et de toute façon, ça n'a guère ébranlé mes convictions sur la dimension sexuelle de ce conte.

• Merci à Babelio, merci aux éditions du Seuil ! 🐺
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Le grand historien des couleurs qu'est Michel Pastroureau nous livre un ouvrage savant et savoureux qui nous explique pourquoi l'homme est parfois un loup pour l'homme et aussi un loup pour le loup.

Les rapports particulièrement ambigus que nous pouvons entretenir avec cet animal, entre terreur et fascination sans ici livrés dans le détail, et le loup occupe une place centrale dans les mythes de l'enfance, en hantant les cauchemars d'enfants depuis des générations à générations.

"On ne peut pas être "pour" ou "contre" le loup, c'est aussi absurde que d'être "pour" ou "contre" les orages et la foudre. le loup est là, c'est tout. Nous devons faire avec."
Un travail très documenté, très érudit, superbement illustré ou la Louve de Romus et Romulus cotoie le loup de Tex Avery et la bête du Guévédan..

Et forcément, maintenant on attend les autres manuels de Pastoureaux sur le coq ou le cheval prochainement annoncés..après les couleurs, l'immense Michel Pastoureau montre qu'il a tout pour devenir le spécialiste des animaux.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Loup y es-tu? M'entends-tu?

Ou bien "qui craint le Grand Méchant Loup"?

Des chansons enfantines pour se moquer du fauve qui a terrorisé les campagnes, un vieux truc pour conjurer les angoisses venues du fond des âges. Car le loup n'est pas seulement ce sauvage cousin de nos chiens domestiques. Il est chargé d'une symbolique ambiguë, nous menaçant à la fois de nous dévorer tout crus au coin d'un bois; mais capable aussi de nourrir de son lait des bébés abandonnés par des humains sans pitié.

Depuis les années 30, le loup avait fini par disparaître du paysage. Il fait un retour fracassant, bien que sa présence soit discrète et qu'on estime que seulement 400 individus vivent sur notre territoire, contre 1500 en Espagne ou en Italie.

Honni dans les régions d'élevage, béni par les partisans de sa protection, le loup fait bel et bien partie de notre patrimoine culturel, comme Notre-Dame ou les arènes de Nîmes. Il figure dans la littérature médiévale, dans les Fables, dans la peinture et dans la Légende des Saints.
Il habite toujours dans un coin de notre imaginaire, à côté des fées, des sorcières, des ogres et des Géants.

Qu'importe la perte de quelques moutons. Qu'importe que jamais vous ne vous trouviez nez à nez avec lui. le loup transporte avec lui nos derniers vestiges de sauvagerie animale, il fait de crocs, de griffes et de poils rudes, de longs hurlements sous les étoiles, de tanières où se blotissent les louvetaux querelleurs, il galope dans la neige et traverse la nuit nos villages déserts, il vient troubler le sommeil des bambins craintifs avec ses yeux brillants et ses longues pattes noires.

Les statistiques nous apprennent que des centaines de personnes sont mordues chaque année par des chiens, et qu'il y a eu 33 décès au cours des 20 dernières années. Logiquement, nous devrions avoir peur des morsures de chiens, qui sont présents par millions dans nos villes et villages.

Mais il est bien connu que le chien est le meilleur ami de l'homme et que c' est du loup qu'il faut se méfier. Martine L a bien dit:" quand c'est flou,y'a un loup!"
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On n'ira pas jusqu'à dire que c'est loupé (ah ah)
Mais on peut pudiquement affirmer que Michel Pastoureau nous a habitué à mieux.
Peut-être le choix du loup, personnage emblématique de la culture européenne y est-il pour quelque chose. le lecteur n'entre pas dans ce livre sans avoir quelque idée sur ce qu'il va y trouver. Et s'il a lu la monographie de Pastoureau sur la couleur rouge, il peut sauter, si j'ose dire, sinon le petit chaperon, du moins le chapitre du même nom.
Mais peut-être aussi certains chapitres sont-ils objectivement bien légers. le dernier, notamment, est franchement ridicule. Que l'auteur nous raconte quels albums il feuillette avec ses petits-enfants, pourquoi pas, mais ce serait sympa de nous livrer une mise en perspective ou ne serait-ce qu'un début d'analyse.
Le plus gênant demeure les règlements de compte qui émaillent le texte. Ah mais, Pastoureau ne rigole ni ne transige avec les contempteurs de l'Histoire. Les éthologues en prennent pour leur grade, qui affirment que le loup ne s'attaque pas à l'homme. Ou ceux qui hiérarchiseraient sciences dures et sciences humaines alors que les connaissances ne sont qu'un moment de l'histoire culturelle (affirmation que je trouve d'ailleurs pertinente si on la présente avec suffisamment de nuances). Mais c'est surtout ce malheureux Bettelheim qui se fait renvoyer à ses chères études, avec le même mépris dont Pastoureau se plaint d'être lui-même victime...
Toutefois, on ne saurait oublier que les illustrations sont somptueuses (à propos, c'est quoi cette couverture ? Il ne veut pas qu'on l'achète, son bouquin?), et les commentaires généralement érudits et pertinents; aussi serait-il dommage de se priver de cette excursion lupine.
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Après des ouvrages consacrés à l'ours, au cochon et bien d'autres figures du bestiaire médiéval, Michel Pastoureau retrace l'histoire de la représentation du loup dans l'imaginaire européen. Pour y parvenir, il s'appuie autant sur des textes antiques ou médiévaux que sur une iconographie moderne et contemporaine. Ainsi sont passés en revue le mythe de la louve romaine, la place des loups dans les fables et les contes, mais aussi dans les croyances et les superstitions actuelles, sans oublier l'effrayante Bête du Gévaudan.
Le propos est, comme souvent chez Michel Pastoureau, passionnant grâce à un discours brillant mais très pédagogique, le tout richement illustré par des plusieurs planches en pleine page. Cependant et contrairement à ses ouvrages précédents, j'ai eu le sentiment d'un essai produit pour répondre à une commande commerciale. Une sorte de compilation de luxe d'articles universitaires très rapidement revus et corrigés pour une livraison d'avant Noël.
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J'aime beaucoup les ouvrages de Michel Pastoureau, spécialiste de l'histoire médiévale, de la signification des couleurs et des symboles en héraldique, qui nous parle si bien du bestiaire traditionnel occidental.
Il nous présente ici le portrait d'un animal qui réunit le pire et le meilleur et dont la réputation a varié au cours des siècles. Depuis la louve nourricière de Romulus et Rémus ou de Mowgly de Rudyard Kipling au loup lubrique de Tex Avery, en passant par le loup dompté par Saint François d'Assise, l'animal a toujours représenté une fascination/répulsion parmi les hommes.
Nous savons que sa réintroduction dans nos montagnes suscite de vives polémiques entre écologistes et éleveurs de brebis … et à entretenir la peur ancestrale du loup mangeur d'hommes. Mais ne fantasmons pas outre mesure. Michel Pastoureau nous invite à ne pas nous laisser manipuler par des éthologues en mal de copie.
Le loup d'aujourd'hui a peur de l'homme et ne s'attaque qu'au bétail. Néanmoins, dans les temps reculés, au cours de périodes de famine ou de petites glaciations (au temps de Louis XIV par exemple) et de mauvaises récoltes, des loups enragés se sont rapprochés des villages et attaqués à des humains. Nous oublions ce que furent par le passé les maladies incurables comme la rage, qui fondaient sur des populations affaiblies.
Le chapitre sur la bête du Gévaudan – dont le bilan fait état entre 1765 et 1767 d'environ 250 attaques sur une aire de 64 paroisses, tuant entre 100 et 130 personnes et en blessant grièvement 70 autres, en particulier des femmes, ne livre pas la solution de ce que fut cette bête : un loup d'une force et d'une taille hors du commun, un monstre fauve hirsute, violent et sanguinaire, plusieurs animaux dressés par un homme … le mystère reste entier.
C'est un livre court, superbement illustré d'enluminures très parlantes sous une couverture particulièrement sobre. le décryptage de la symbolique du loup dans les civilisations celtes, romaines, la Légende dorée des saints, l'imaginaire européen jusqu'à nos jours : c'est à la fois dense et passionnant.
Tour à tour stupide – Ysengrin – retors, froussard, veule, vicieux – le mot lupanar vient de Lupa, la louve – cruel, puissant, sans pitié, créature diabolique … mais toujours avec un regard fulgurant, le loup n'a pas fini de nous donner des cauchemars …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Passionnant et surprenant !

Il s'agit bien comme le titre l'annonce de l'histoire CULTURELLE de l'animal, à travers les époques et les sociétés, et pas du tout de considérations biologiques ni même à strictement parler symboliques, même si bien sûr ces aspects sont aussi abordés à certains moments.

Cet ouvrage, splendidement illiustré, vraiment ! - se découpe en 12 chapitres, courts, précis et concis :

- Mythologies anciennes, Zeus et Leto, Lycaon, mais aussi Fenrir et Odin, Cernunnos... Michel Pastoureau fait le tour des mythologies européennes : romaine, grecque, nordique et celtique.

- La Louve romaine : focus sur Romulus et Remus donc, et aussi les Lupercales, que je ne connaissais pas du tout !

- le Saint plus fort que la bête, avec une présentation du loup comme animal du bestiaire satanique, dompté par les représentants de Dieu, avec notamment Saint François d'Assise et le loup de Gubbio, la triste histoire de St Eustache, les particularités de St Blaise et de St Loup...

- le Loup des bestiaires : cette partie nous emmène dans ce "style" que je ne connaissais pas, les bestiaires, et notamment celui de Richard Fournival, le Bestiaire d'amour, manuel de séduction basé sur "l'observation" des comportements animaux et qui vaut son pesant de cacahuètes !

- Ysengrin, un loup pour rire ? Dans cette partie, Michel Pastoureau nous livre son analyse sur la figure du loup donc dans le Roman de Renart.

- Garous et sorciers : on retrouve Marie de France et sa célèbre légende de Biscavret (dont Alain Surget a - plus ou moins ! - tiré un roman jeunesse fort sympathique, le Renard de Morlanges, Marco Polo et les cynocéphales de l'île d'Angamanam et diverses légendes rattachées aux sorciers et aux loup-garous, toutes illustrées par des documents d'époque d'ailleurs, enluminures, gravures, bois gravé...

- le nom et l'emblème : dans cette partie on s'intéresse un peu à l'héraldique, un peu à l'architecture et beaucoup à la toponymie !

- Les Fables et les Contes : on retrouve Esope, déjà croisé dans la première partie, et bien sûr bnotre La Fontaine national, mais aussi les frères Grimm et Perrault, et j'ai découvert avec bonheur le travail des illustrateurs Jean-Jacques Granville au XIXème et Félix Lorioux, mort en 1964. D'ailleurs, j'ai beaucoup aimé la vision du Chaperon rouge de Michel Pastoureau, qui s'inscrit en faux contre les traditionnelles interprétations en s'appuyant sur son travail d'historien autour de la couleur rouge...

- Un fauve dans les campagnes : là on rejoint la vie quotidienne de nos prédécesseurs. Avec une mise en garde qui revient tout au long de l'ouvrage : n'angélisons pas le loup ! Tous les registres des temps passés affirment les attaques sur l'homme, le loup reste un fauve, mais j'y reviendrai.

- La Bête du Gévaudan. Ce chapitre m'a donné envie de relire l'excellent ouvrage de Michel Louis, la Bête du Gévaudan, l'innocence des loups, au début des années 2000, pour ceux que cela intéresserait ^^

- Croyances et superstitions modernes : superstitions mais aussi analyse de la peur du loup. Michel Pastoureau pense que les loups de l'époque moderne étaient différents de ceux du moyen âge. Plus grands, venus avec les vagues de froid du nord et de l'est, plus agressifs et moins peureux... Brrr

- le loup aujourd'hui, avec une incursion chez Tex Avery et la littérature enfantine moderne.

Bref, un voyage très complet et merveilleusement documenté !!!
J'aurais 2/3 bricoles à ajouter ;-)
Michel Pastoureau dénonce quelque chose qui me semble important à plusieurs reprises dans cet ouvrage :

- d'une part, les programmes de réintroduction des loups et les polémiques et peurs que cela provoque, et le comportement aussi absurde des uns - qui vont jusqu'à nier que des loups puissent s'attaquer à l'homme alors que des dizaines de centaines d'archives variées d'époques et de lieux divers l'attestent ! - tout comme celui des gouvernements, qui tantôt réintroduisent et protègent, puis autorisent la chasse et organisent des battues !

- au-delà de ça, une tendance bien contemporaine à ne vouloir retenir de l'Histoire que ce qui va dans notre sens...

Bref, cet excellent ouvrage plaira autant aux passionnés d'histoire qu'aux fans de loups, aux curieux qu'aux amateurs de belles images, à ceux qui cherchent juste à se distraire comme à ceux qui veulent réfléchir...

Et moi j'ai hâte de découvrir le travail de Michel Pastoureau sur l'Ours et les couleurs ;-)
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L'ouvrage se présente comme un état des lieux de la perception du loup ou plutôt comme une évocation historique de l'animal de l'antiquité à nos jours. Sans doute, l'ouvrage donne-t-il l'envie d'en savoir plus sur la bête, qui, même si elle est réhabilitée aujourd'hui aux yeux du grand public, reste un animal qui concrétise des peurs ancestrales. J'ai bien aimé ce panorama mais je reste un peu sur ma faim.
Michel Pastoureau passe donc en revue la vision de l'animal de la louve romaine à Tex Avery. le loup a souvent été un symbole de voracité et de cruauté, puis un objet de raillerie au travers du Roman de Renart au Moyen-Age mais aussi l'incarnation pure du mal avec par exemple la bête du Gévaudan pour finir par devenir une sorte d'icône pour les écologistes.
L'ouvrage est élégant, accompagné d'une belle iconographie, dont les légendes sont reprises dans le texte, ce qui m'a laissée insatisfaite car dès lors le propos n'est pas approfondi, on pourrait aussi dire que ce livre nous appâte et nous donne envie d'en savoir plus.
J'ai bien aimé la réflexion qui innerve tout l'ouvrage et qui le place sus le seau du bon sens :"Évitons d'étudier- et plus encore de juger- le passé à l'aune des connaissances, des sensibilités, des morales et des systèmes de valeurs du présent : ce serait montrer que nous n'avons rien compris à ce qu'était l'histoire."
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Michel Pastoureau retrace ici la place du loup dans notre culture. Quel regard porte-t-on et a-t-on porté sur lui ? Quelle place occupe-t-il dans la littérature (roman de Renart, livres de jeunesse, La Bible ? Dans la sculpture ? Toutes les peurs liées à cet animal sont-elles justifiées ?
A travers onze chapitres qui regroupent des textes étayés par une iconographie abondante, l'auteur réhabilite certaines vérités à travers les travaux des historiens et réfute certains écrits (notamment le sens donné à la couleur rouge portée par le petit chaperon).
Indépendamment de la beauté du livre, de ce que l'on y apprend, j'aime beaucoup l'écriture de Michel Pastoureau. car il est un formidable raconteur ! On entend ses mots, son ton, sa conviction à travers son écriture et son enseignement est toujours limpide.
J'avais déjà lu "Le roi tué par un cochon".
Je vous encourage vivement à lire cet homme si ce n'est déjà fait.
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