AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,02

sur 461 notes
5
24 avis
4
36 avis
3
11 avis
2
0 avis
1
1 avis
La science historique est formidable par la diversité et l'infinité de ses sujets d'étude. Dépassé le temps du tout événementiel avec ses successions arides de dates. Des historiens du XXème siècle ont cassé les cadres pour élargir leurs domaines épistémologiques. Michel Pastoureau se place dans cette lignée en s'intéressant à l'étude de l'imaginaire à travers les âges et, sujet jusque là inédit, l'histoire des couleurs.

Le petit livre des couleurs est constitué d'une série d'entretiens avec l'écrivain Dominique Simonnet. Très court, il représente un condensé des ouvrages qu'il a consacré au fil des années à une couleur en particulier. le format de ce petit recueil est donc idéal comme mise en bouche ouvrant l'appétit pour Noir, Rouge, Vert, La couleur du diable, etc.

Les couleurs sont loin d'être de simples pigments ou teintures servant dans les arts, le textile, la déco, etc. Elles sont connotées et souvent dotées d'une ambivalence symbolique certaine. Ainsi le rouge, figure de l'amour et de l'énergie tout autant que du péché charnel et des feux infernaux. Les significations qui leur sont rattachées peuvent évoluer, lentement, avec le temps, les modes, les mutations de conceptions religieuses ou sociales, ...

Petit livre, l'ouvrage ne rentre pas dans tous les détails, et suscite ainsi l'envie d'en découvrir plus, notamment sur la nature des pigments, leur obtention, etc. Michel Pastoureau se montre dans ses propos à la fois érudit et accessible, pédagogue et passionnant. Quelques exemples concrets et anecdotes émaillent et explicitent les chapitres. L'historien anthropologue nous ouvre les yeux sur les incidences de la couleur, dans leur présence ou leur absence. C'est toujours enrichissant et gratifiant de ressortir d'un ouvrage, essai ou roman peu importe, avec la sensation que notre monde est devenu encore un peu plus grand, plus ouvert, avec de nouvelles clés de compréhension.

Bon, direction la librairie pour m'équiper de la palette de Michel Pastoureau et en voir de toutes les couleurs (c'est trop facile, c'est vrai, mais trop tentant).
Commenter  J’apprécie          230
Sous les questions variées de Dominique Simonnet, Michel Pastoureau, historien de grande renommée nous relate l'histoire des couleurs sous forme d'interview.

Un livre très instructif, utile pour décrypter le sens des couleurs et pratique pour les artistes en herbe. Michel Pastoureau sait nous expliquer facilement et efficacement, une qualité qui rend la lecture vraiment prenante et fascinante.

Celui-ci nous apprend donc, par exemple que le rouge signifie le pouvoir, le sang, la violence tout autant que le désir et la passion ; que le bleu, la couleur préférée des européens est une couleur calme paisible, qui se fond bien dans le décor sans trop se faire remarquer comme on peut le constater avec les jeans ; que le jaune, la couleur mal-aimée est depuis toujours dans les pays occidentaux un signe de mensonge, de trahison, de tromperie. Une couleur qui ne signifie rien de bien, comme on le retrouve dans les expressions « rire jaune » ou bien « avoir le teint jaune » et même avec l'étoile juive qui fut… jaune. Il nous parle également du noir, la couleur du deuil et de l'élégance, du chic et de la mort, une couleur qui fut à l'époque très difficile à reproduire parfaitement (Cette couleur nécessitant des matériaux extrêmement couteux). Et du blanc son compère, signe d'espoir et de pureté, de virginité et d'innocence, mais qui en Asie représente également le deuil. Un voyage à travers le temps et les couleurs. On observe que les symboliques évoluent avec les siècles, avec les personnes et même avec la science qui s'en est mêlé. Notre regard également change sur les couleurs, on ne les perçoit pas de la même façon qu'il y a 400 ans ou même qu'il y a 100 ans.
Un livre indispensable pour les passionnés d'art, je le recommande vivement !
Commenter  J’apprécie          200
Les couleurs sont évidentes, aveuglantes de simplicité, les enfants les nomment dès l'âge le plus tendre, on joue avec elles, avec des pinceaux, avec des lettres, e blanc, i rouge, on les étale et on s'en régale, comme des cornets de glace: rouge cerise, jaune vanille, marron chocolat, violet myrtille, vert menthe....Mais les couleurs jouent avec nous, le jaune devient vert, le bleu se fait gris, le rose éclate en fuschia, ou pâlit vers le blanc, le noir est-il anthracite ou d'ébène?
"Rêve ta vie en couleurs" dit la chanson, car une vie de grisaille, de sépia, en demi-teintes, c'est une vie sans gaieté, morose et terne.
Mais suffit-il d'une couche de Ripolin pour chasser le spleen et embellir le monde? Les plus beaux films, les meilleures photos, ne sont-ils pas en noir et blanc?
Les papistes aiment la couleur, les huguenots préfèrent la rigueur de l'habit noir à col blanc.Pourtant, la couleur n'a ni sexe, ni opinion, ni croyance, elle est neutre, croyons-nous.
Pas du tout! le rouge est de gauche, le bleu conservateur, et le noir c'est le désespoir des anars, des pirates et des hors-la-loi. La "couleur politique" c'est plus que des slogans, des affiches et des insignes, c'est une vibration, un manifeste, une déclaration.
Le rouge à lèvres fait de moi une vamp, une voiture rouge roule plus vite qu'une blanche, et le feu rouge me crie STOP. La couleur, c'est surtout un signe, celui des émotions, des interdits, des désirs, des rêves, des visions, un code non écrit qui nous influence en silence.
Commenter  J’apprécie          180
C'est en empruntant à la bibliothèque, le livre Bleu, histoire d'une couleur de Michel Pastoureau que je suis tombée sur cet essai de vulgarisation du même auteur. Sous forme d'entretien, l'historien, spécialiste des couleurs, répond de manière concise, simple et très instructive sur l'utilisation des couleurs à travers le temps, leur fabrication et leur origine, leur symbolisme et leur évolution au travers des époques.

Le bleu était par exemple une couleur peu utilisée dans l'Antiquité car difficile à fabriquer (guède) ou relativement cher à se procurer (lapis-lazuli). Pour Rome, cette couleur était l'apanage des Germains qui s'enduisaient le corps de guède pour effrayer leurs ennemis. Jusqu'au Moyen Âge, il n'y a d'ailleurs pas de mots pour désigner cette couleur : on emprunte au germain le mot "blau" pour bleu et aux Arabes, le mot "Azraq" pour l'azur. À partir du XIIème siècle, la situation se renverse puisque le bleu s'associe au "divin" : il devient par exemple la couleur qui désigne la Vierge ou orne les rosaces des cathédrales. Enfin, avec la découverte de l'Indigo, dans les colonies américaines, le bleu devient une couleur récurrente, au point d'être plébiscitée en première position par les Européens. On la trouve partout aujourd'hui : chez les Républicains, dans les instances européennes, à l'ONU, l'UNESCO, etc... le bleu se veut alors consensuel et sage.

L'utilisation du rouge, dans la teinture ou les peintures pariétales, est très précoce et remonte au paléolithique, grâce à l'emploi de végétaux (la garance) ou de métaux (oxyde de fer). Dès l'Antiquité, il devient le symbole du pouvoir et est couramment associé à la religion (Mars) ou à la guerre (Le général victorieux se peint le visage en rouge). le Christianisme récupère d'ailleurs ce symbolisme puisque le rouge représente aussi le sang versé par le Christ. À partir du XIII-XIVème, le Pape et les Cardinaux, autrefois habillés de blanc, revêtent désormais cette couleur. Aujourd'hui, le rouge est en concurrence directe avec le bleu, voire son opposé : c'est la couleur des socialistes, de la passion, du luxe, du danger, etc...

Le symbolisme du blanc, en revanche, a peu évolué dans le temps et est relativement universel. Il revêt un caractère d'innocence, pacifique, pur, propre et est l'apanage des jeunes vierges ou de la vieillesse. En Afrique et en Asie, il devient la couleur du deuil.

Dans l'Histoire, le vert était une couleur mal aimée car s'il n'est pas difficile de la fabriquer, elle reste, en revanche, très instable et vire avec la lumière et le temps. Elle était obtenue soit à partir de végétaux (aulne, bouleau, poireau ou épinard), soit par des métaux (vert-de-gris). le vert est donc devenue rapidement le symbole de l'instabilité, de la chance, du hasard ou du destin. Ce n'est qu'à partir du XIXème siècle et de la période romantique que le vert est associé à la nature. Aujourd'hui, il est couramment associé aux notions d'environnement et d'écologie.

Dans l'Antiquité, le jaune n'était pas dédaigné et était même arboré par les jeunes mariées romaines. C'est à partir du Moyen Âge qu'il devient la couleur de la trahison (dans la peinture, Judas porte des vêtements de cette couleur) ou de l'infamie (ceux condamnés au bûcher devaient porter une robe jaune ou l'étoile de cette même couleur imposée aux Juifs). En Asie, cette couleur est au contraire très positive puisqu'elle est réservée à l'empereur et au pouvoir.

Le noir est au contraire une couleur ambivalente : elle est tantôt associée à la Mort, au deuil, tantôt à l'humilité, l'austérité, l'autorité (la robe des moines, du juge ou des anciens policiers) et l'élégance.

En conclusion, l'essai de Michel Pastoureau vaut le détour à plus d'un titre : il livre des anecdotes intéressantes, est abordable pour tout le monde, court et précis. Pour ceux qui recherchent des connaissances plus poussées, je conseille davantage de se tourner vers ses ouvrages plus spécialisés comme Bleu, Rouge, Noir ou Vert.
Lien : https://labibliothequedaelin..
Commenter  J’apprécie          160
Livre amusant, riche en anecdotes et instructif – sans toutefois se prendre la tête – pour celui qui s'intéresse aux couleurs (pas si anodines que cela) et à la symbolique, pour celui qui s'interroge sur la présence de la présence du blanc, du noir et du rouge dans de nombreux contes européens (le chaperon rouge apporte un petit pot de beurre blanc à sa grand-mère habillée de noir, Blanche-Neige reçoit une pomme rouge d'une sorcière noire, une reine se blesse et saigne en cousant parce que, distraite, elle regarde par la fenêtre un corbeau noir s'élancer sur la plaine enneigée, ….).

L'approche est historique, et non psychologique … Vous n'y apprendrez rien de votre profil psychologique sur base de votre couleur préférée. Mais vous apprendrez, entre autre, que le bleu, la couleur préférée des Occidentaux, la couleur du drapeau de l'Europe et de l'ONU, a longtemps été une couleur peu appréciée, que le rouge était la couleur des robes de mariée et des prostituées au Moyen Age (en symbolique il y a – quasiment toujours - plusieurs interprétations possibles, les unes avec une connotation positive, les autres négative …), que Goethe préconisait de dormir dans une chambre ….. verte !

Le livre et chacun des chapitres sont introduits par une préface poétique de quelques lignes de Dominique Simonnet.

Bref, ce « petit livre des couleurs » permet de s'instruire tout en se distrayant. Et « apprenez à penser en couleurs, et vous verrez le monde autrement ! »
Commenter  J’apprécie          140
Une introduction aux travaux de cet historien ,et peintre amateur, sous la forme de brêves chroniques parues dans L Express. Surprenant, ce petit livre bouscule beaucoup de dogmes pseudo scientifiques qu'on apprend toujours au collège et ailleurs: nombre de couleurs dans l'Arc-en-ciel, couleurs "primaires" et complémentaires, définition du noir, du blanc, etc.
L'auteur nous décrit de façon claire et amusante l'apogée et la mise au rancart de toutes nos couleurs, nous explique les raisons de cette évolution. Beaucoup d'exemples contemporains, des rapprochements inattendus. Découvrez pourquoi le jaune est une couleur qui a de l'avenir.
le lien passé entre la production économique des teintures et la hiérarchie des couleurs est lui aussi très bien détaillé.
Nous autres, mammifères non ruminants, voyons certes beaucoup plus de nuances de couleurs (200 à peu près) que les vaches, mais beaucoup moins que ce que l'on nous vend très cher (ordinateurs restituant rien moins que "des milliers" de nuances… inutiles.)
Bref, un petit bouquin épatant, à la fois érudit et très actuel. A faire lire aux enfants, qui gagneront ainsi un regard "en perspective".(Mais auront peut-être du mal avec leurs profs qui n'ont pas lu Pastoureau…)
Commenter  J’apprécie          140
Les éditions Points Histoire ont eu l'heureuse initiative de réunir, dans ce petit livre, ces quelques chroniques publiées en 2004 dans le journal l'Express.
Elles sont présentées ici sous la forme d'un dialogue entre l'historien, spécialiste de la symbolique des couleurs, des emblèmes et des animaux, et l'écrivain-journaliste Dominique Simonnet. Tous les deux retracent l'histoire mouvementée des couleurs : leur place et leur rôle dans la société, l'impact de la technique dans leur diffusion. Nous apprenons comment et pourquoi le bleu est devenu aujourd'hui la couleur préférée des occidentaux ? Pourquoi le rouge est-il systématiquement associé au sang, à l'amour alors que le vert souffre toujours d'une certaine désaffection, en dépit de la montée en puissance de l'écologie dans notre société. Pour autant, Pastoureau n'oublie pas de souligner l'ambivalence de la représentation symbolique de chacune d'entre elles. Ainsi, si le jaune évoque le soleil, la lumière, il représente aussi la tromperie et le mensonge. Pastoureau en profite pour réhabiliter définitivement le blanc et le noir au rang de couleur à part entière. Il attire toutefois notre attention sur le fait que jadis la distinction se faisait plus souvent entre le mat et le brillant, le clair et le sombre, entre le lisse et le rugueux qu'entre les différences de coloration.
A la fin de la lecture de cet opuscule, nous voilà plus armés pour décoder le sens des couleurs dans l'art, la décoration, mais aussi comprendre l'usage qu'en font les publicitaires et designers de tous ordre dans les produits de notre vie quotidienne.
Commenter  J’apprécie          120
Si vous n'avez pas le temps de vous plonger dans les ouvrages plus conséquents de Michel Pastoureau sur l'histoire des couleurs, en particulier les formidables Bleu et Noir, je vous invite à prendre une heure pour feuilleter ce petit opuscule qui raconte de façon brève comment notre vision des principales couleurs a évolué.
Très intéressant!
Commenter  J’apprécie          120
Bleu, Rouge, Blanc, Vert, Jaune, Noir... Sous forme d'un dialogue vivant entre Dominique Simonnet, auteur de romans et d'essais, qui pose les questions, et Michel Pastoureau, historien, anthropologue, peintre du dimanche et spécialiste mondial des couleurs et des symboles, cet essai retrace, pour chaque couleur, son histoire et son symbolisme, souvent étonnamment lié à des soucis matériels de fabrication.

Si ça se lit très facilement car les exemples concrets et les anecdotes sont nombreux, ça n'en reste pas moins bourré d'informations, notamment historiques, qui rendent cet ouvrage très court extrêmement intéressant.
Commenter  J’apprécie          120
Des couleurs et des histoires !

À force de les avoir sous les yeux, on finit par ne plus les voir.
Michel Pastoureau nous explique l'histoire des couleurs.
À travers des expressions comme « être blanc comme un linge » «avoir une peur bleue », l'auteur nous explique d'où elles sont issues.
Nous savons aussi avec quels ingrédients elles furent composées, les origines de celles-ci et beaucoup d'autres sujets.
Les couleurs ont une histoire mouvementée, qui possèdent des sens cachés qui influencent notre environnement, nos comportements, notre langage, notre imaginaire.
Michel Pastoureau est un historien, anthropologue, spécialiste des couleurs, des images et des symboles.

Une lecture passionnante !
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (1009) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3173 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}