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EAN : 9784621002520
Le Livre qui parle (19/05/2017)
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4.13/5   124 notes
Résumé :
Le 13 juillet 1131, le destin de la monarchie capétienne et du royaume de France a pris un tour tragique. Alors qu'il chevauchait avec quelques compagnons dans un faubourg de Paris, le jeune prince Philippe, fils aîné du roi Louis VI le Gros et héritier du trône déjà sacré et couronné, fit une grave chute de cheval et mourut quelques heures plus tard. Le cheval n'est pas en cause dans cet accident. Un autre animal se trouve être responsable de la chute, un animal gy... >Voir plus
Que lire après Le roi tué par un cochon : Une mort infâme aux origines des emblèmes de la France ?Voir plus
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DE L'INFÂME SURGIT LE LYS.

Que peut-il arriver de pire, lorsque vous êtes jeune, beau, déjà charismatique, que la vie semble devoir vous offrir un avenir tout tracé à la tête du Royaume de France - rien moins, puisque vous avez déjà été couronné par la volonté de votre imposant papounet, Louis VI le gros, faisant de vous, non seulement son bras droit direct et son successeur désigné (le futur Philippe II) mais, plus encore, un roi "désigné" tout à fait officiel bien que la place ne pourra être définitivement acquise qu'à la mort de ce cher gros papa ? Quoi ? Et bien, c'est le pire qu'il va vous arriver, pauvre Philippe : Vos pas, ou pour être plus exact, vos sabots en décideront autrement. Parce que, n'est-ce pas, lorsqu'on est de la très haute, un Prince du sang, on ne s'abaisse pas à se balader dans les rues crasseuse de votre capitale à ras la terre. Ça, c'est bon pour le bourgeois ou le petit peuple. Non, vous, votre moyen de transport préféré, c'est le cheval. Seulement, un cheval, ça s'effraie d'un rien, c'est même tellement dangereux, lorsqu'on y pense, que pas mal de vos collègues Rois, princes, ducs et autres chevaliers en sont déjà morts, de ces fichus accidents de cheval. Mais cette fois, que voulez-vous, le destin, les Divinité, le sort, le hasard, Dieu en personne ! allez savoir, étaient contre vous : c'est un malheureux cochon, un cochon "gyrovague" (c'est à dire n'appartenant à personne en particulier, errant, vagabond) comme il en existe des centaines dans ces ruelles étroites et souvent couvertes d'immondices du Paris de l'époque qui aura votre peau. C'est ce simple cochon domestique, qualifié à l'époque de diabolique ("diabolicus"), qui dévier votre malheureux destrier de sa course, le faisant basculer, et vous avec. Vous mourrez après quelques longues heures d'agonie, entouré des vôtres, dans la demeure proche où l'on vous avait transporté.

Votre destinée en aura donc été, définitivement, bouleversée et abrégée. Et avec vous, le destin du Royaume de France et surtout de l'encore jeune dynastie capétienne. L'Infamie - avec un très grand I -s'est en effet posée sur cette lignée relativement récente (Louis VI n'est que le cinquième roi capétien), car si mourir à la chasse dans un combat à mort contre un cochon sauvage (on dirait un sanglier aujourd'hui) est considéré comme digne, honorable, glorieuse même , il n'en va pas du tout de même pour les pourceaux qui traînent encore un peu partout dans les rues parisiennes (à noter qu'ils en seront définitivement interdit de séjour à la suite de cet événement. On peut le comprendre) et qui sont considérés comme des bêtes certes utiles mais viles, sales, se nourrissant, comme on le sait déjà, de tout et de n'importe quoi, de détritus particulièrement (d'où leur relative utilité dans des rues sans système de tout à l'égout...). Et puis, depuis la bible, le cochon, c'est la bête impure, l'animal dont la viande est supposée colporter toutes sortes de maladies, etc.

D'abord, de ce qui pourrait n'être qu'un banal fait divers, va surgir un imprévu de taille : le roi à venir ne sera pas celui prévu au départ et même préparé pour le boulot, mais son jeune frère, le futur Louis VII, bien plus investi par sa future place au sein de l'Eglise qu'à monter sur le trône, qui va pourtant devoir s'y coller. Mais avant même d'y songer, il va falloir de toute urgence laver la tragique souillure faite à la Dynastie. Louis VI étant trop défait par cette mort prématurée, c'est son principal conseiller, le très intelligent abbé Suger qui va se charger de l'essentiel. Il va "expédier" l'enterrement du défunt afin que nul n'ait trop le temps de s'arrêter sur les causes accidentelles, il va accélérer le sacre de Louis VII comme "roi désigné" à la fois pour des motifs politiques mais aussi pour des raisons que l'on pourrait, aujourd'hui, qualifier de magiques : «Le saint Chrême contre la sanie porcine !» explique avec un brin de provocation Michel Pastoureau.

Et nous n'en sommes qu'au début car, au-delà des contingences politiques, sociales, économiques, culturelles, une bonne part des années que Suger à encore à vivre, de même qu'un certains nombre d'actes symboliques du jeune roi Louis VII, le futur époux malheureux d'Alinéor d'Aquitaine, seront de faire disparaître cette fameuse et intolérable ignominie !

Louis VI et ses conseillers (Suger, Bernard de Clairvaux) agissent sans tarder pour laver cette mort qui pourrait être considérée comme un acte divin… Dieu punirait-il par-là les Capétiens ? Ceux-ci ont-ils trop péché ? Il est vrai qu'ils ont souvent eu maille à partir avec l'Eglise et la papauté (plusieurs ont d'ailleurs été excommuniés)… Nous sommes à une époque où le pouvoir de l'Eglise se renforce considérablement et réussit à imposer ses systèmes de valeurs qui rentrent bien souvent en conflit avec les usages antérieurs. Pastoureau, comme toujours, explore ces bouleversements et il est passionnant de constater jusqu'à quel point ils furent profonds, que ce soit de manière directe ou symbolique. La partie consacrée à la corpulence des rois est à cet égard fort révélatrice ; c'est aussi à ce moment que l'ours est détrôné de sa place de roi des animaux (principalement par le Cerf, bien plus en phase avec l'idéal chrétien et ses vertues)… Voir à ce propos un autre fantastique ouvrage de Michel Pastoureau : L'Ours, histoire d'un roi déchu.

Devant se racheter et se rapprocher de Dieu pour effacer la souillure qui les tache, Louis VI et son successeur (son fils, Louis VII) utiliseront tous les moyens possibles pour retrouver les grâces divines et renforcer la légitimité de leur pouvoir. Selon l'hypothèse de l'auteur, c'est ce qui aurait amené la dynastie capétienne à l'adoption de deux symboles fondamentaux comme emblèmes royaux, et qui, pour tous encore aujourd'hui, sont les deux emblèmes les plus lisibles, les plus évident de la royauté française : le lis marial et le bleu céleste.

Pastoureau revient en détail sur l'histoire symbolique de ces deux emblèmes qui ont la particularité de symboliser la pureté et de se rattacher à la Vierge. Sous le patronage de la mère du Christ, la monarchie française pouvait se différencier des autres, marquer son avance, même, car il ne faut pas oublier que c'est vers cette époque que le culte marial va prendre une ampleur jamais atteinte jusque-là. L'abbé Suger et Bernard de Clairvaux ne sont d'ailleurs pas étrangers à cette investissement fort auprès de la Vierge. Suger se fait représenter à ses côtés dans cet écrin de la royauté qu'est "sa" Basilique St Denis. Quant à Bernard, «il entretien avec la Vierge des relations privilégiées», nous explique Michel Pastoureau. Mieux, «elle est pour lui le modèle absolu de la pureté, une sorte de lis immaculé qu'il célèbre dans plusieurs sermons, spécialement ceux qu'il prononce à l'occasion des grandes fêtes mariales et ceux, remarquables, qu'il consacre au Cantique des Cantique.»

C'est presque à la manière d'une véritable enquête de police que le grand historien, paléologue, héraldiste et médiéviste Michel Pastoureau nous embarque, toutes affaires cessantes, dans ce 12ème siècle à la fois tellement éloigné de nous et pourtant absolument fascinant. Mais il n'oublie pas, au passage, que nous sommes fait, même de loin, de cette histoire ancienne et c'est souvent avec une certaine joviale tendresse qu'il nous met face à ces autres nous-mêmes que nous avons été il y a plus de huit cents longues années. C'est passionnant, c'est plein de détails aussi sérieux qu'ils peuvent parfois s'avérer croustillants, étonnant : saviez-vous, par exemple, que les animaux avaient alors droit à de véritables procès, en bonne et due forme ? Car si ces temps souvent jugés, à tort, "sombre", "rétrograde","barbares", sont en effet bien différent des nôtres, ils pourraient nous en rapprendre sur pas mal de choses. Et si nos animaux à plumes ou à poils n'avaient déjà, selon l'Eglise, pas d'âme, les gens de ces heures lointaines leur attribuaient cependant une forme de libre-arbitre et de responsabilité que nous sommes seulement sur le point de leur redécouvrir aujourd'hui. Ainsi, un animal pouvait-il être jugé à l'égal d'un humain, être défendu par un homme de loi, être acquitté tout aussi bien que condamné, tout comme un humain.

Ainsi, le roi tué par un cochon fourmille-t-il de petites histoires au sein de la grande, affrontant gaillardement tout un lot d'idées reçues souvent stupides mais dont nous avons, pour beaucoup, hérité du XVIIIème (qui avait en horreur ces temps "gothiques", terme d'ailleurs créé à la Renaissance, pour moquer l'art, à nouveau "barbare", de ces époques) et si cela commença à s'arranger au XIXème, ce ne fut malheureusement pas sans son lot d'images d'Epinal, de contre-vérités ("les gens ne se lavaient pas", "tout le monde mourrait avant quarante ans", etc), d'idées reçues qui perdurent malheureusement jusqu'à aujourd'hui.

Inutile d'ajouter combien nous apprécions l'histoire lorsqu'elle est ainsi expliquée - plus que "racontée" comme il est trop souvent coutume de le faire dans des éditions historiques destinées à un large public. Michel Pastoureau, et de plus en plus de brillants collègues, prenant le parti de l'intelligence et de la curiosité de leurs lecteurs, sont en train de corriger cette tendance un peu trop lourde des années passées, et c'est heureux ! La compréhension de notre Histoire ne peut qu'y gagner.
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Tiens, un roi de France tué par un cochon, je ne me souviens pas de ça. Eh bien si ! Au XIIe siècle. Mais il faut dire que si Philippe a bien été sacré et associé au trône par son père Louis VI le Gros, comme celui-ci l'avait été par son propre père Philippe 1er, il n'a jamais régné personnellement et on ne le trouve pas dans les listes de Rois de France. D'ailleurs le successeur de son frère Louis VII, s'appellera Philippe II (Auguste). Encore, nous explique l'auteur, que ce point ne soit pas si simple.
Le récit de cet évènement pourrait tenir en quelques pages, mais Michel Pastoureau est entre autres historien de la symbolique. Il nous explique donc très en détail pourquoi cette mort fût infamante pour la dynastie capétienne et les efforts qui furent fournis pour effacer cette tache. Mais aussi comment interpréter les témoignages des contemporains. Et encore comment cet événement dans une période de transformation de la société aboutit à l'adoption par la royauté de la fleur de lis et du bleu, tous deux symboles de pureté et précédemment apanages de la mère du Christ. Ceci avec le concours de Suger et de Bernard de Clairvaux animés par des motifs différents. L'auteur termine avec un passage sur les procès d'animaux, thème déjà traité ailleurs.

Il a l'honnêteté de dire que l'origine dans la mort honteuse du roi Philippe, des armoiries de la monarchie française, d'azur semé de fleur de lis et plus généralement l'adoption du bleu comme symbole de la France, reste une hypothèse qui reste à confirmer.

Pastoureau est toujours agréable à lire et les redites impriment bien les notions dans l'esprit.
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J'adore ce genre de livres qui nous raconte les petites histoires dans L Histoire, les anecdotes soi-disant insignifiantes mais qui ont eu des conséquences insoupçonnées.
De plus, Michel Pastoureau a la plume légère qui nous entraine au fil des siècles et de ses analyses plus que pertinentes.
Même si certains passages m'ont paru un peu long (celui sur l'héraldique notamment), j'ai beaucoup apprécié cette lecture. J'aime en apprendre plus sur des évènements historiques qui peuvent paraitre anodins au 1er abord mais qui ne le sont pas du tout quand on les remet en perspective.
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Michel PASTOUREAU possède une qualité rare chez un historien: la bonne vulgarisation scientifique Il a l'art de raconter simplement, sur base de diverses théories énoncées par des historiens de métier, un fait historique. Outre spécialiste de l'histoire des couleurs, Pastoureau est aussi historien animalier. le Roi tué par un cochon est à mi-chemin entres ses deux spécialités. Il y raconte la mort de l'héritier du trône de France, Philippe, fils de Louis VI en octobre 1131. Celui-ci est déjà sacré roi du vivant de son père pour le préparer à la fonction royale. Malheureusement, Philippe meurt dans les faubourgs de Paris, un cochon s'étant mis en travers des jambes du cheval que le prince chevauchait occasionnant une chute fatale. Et Pastoureau de nous raconter l'histoire de la monarchie française au Moyen Age et pourquoi dans la foulée de ce drame, le Bleu devient la couleur emblématique du royaume de France; celle là même que porte encore nos jours l'équipe nationale de football. Sans ce funeste pourceau, l'histoire de France eut sans doute été bien différente. Cet ouvrage est un essai. L'auteur confronte donc les différentes sources historiques et les analysent. L'humour omniprésent dans l'écriture rend cet essai tout à fait abordable à tout un chacun.
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Je suis très déçue par ce livre qui ressemble à un ouvrage de vulgarisation et tourne autour d'une hypothèse : celle (non vérifiée) que le jeune prince Philippe, sacré roi du vivant de son père, mourut en 11 31 d'une chute de cheval occasionnée par un cochon, animal infâme, "porcus diabolicus" . Cette mort déshonorante aurait terni la lignée des Capétiens : c'est pour se relever de cette tache que la royauté aurait adopté le bleu, symbole de protection de la Vierge, et la fleur de lys blanche, symbole de pureté.

Or les divers chroniqueurs ne mettent pas tous en scène le vil animal : si le grand Suger, conseiller du roi Louis VI y fait référence, il n'en va pas de même de tous les récits dont certains évoquent un galop trop rapide du cheval du jeune roi dans une ruelle étroite de la capitale.

Non seulement les causes de la mort du prince ne font pas l'unanimité, mais encore l'auteur lui-même nous met en garde : "Les textes médiévaux ne doivent pas être lus au premier degré. (...). Aucune information ne doit y être prise à la lettre. Ce n'est pas parce qu'un chroniqueur nous dit que tel jour, tel roi chevauchait avec douze compagnons et qu'il portait un manteau rouge que ces informations sont exactes. Cela ne veut pas dire non plus qu'elles ne le sont pas."

Faute d'éclaircir suffisamment ce point important, le reste de l'essai de Michel Pastoureau sombre dans une sorte de discours hypothétique auquel on ne croit qu'avec une extrême réserve.

Du reste, l'auteur nous donne une partie de la solution : les chroniqueurs n'étaient pas des historiens objectifs, mais des hommes au service du pouvoir qu'ils servaient, ou des détracteurs.

A partir de là rien ne semble assuré, et Pastoureau s'embarque dans des considérations tellement pleines de supputations qu'elles semblent friser le commérage, comme sa référence anachronique au livre "Truisme" de Marie Darrieussecq, dans lequel une femme se transforme en cochon.

Ce n'est pas un vrai livre d'histoire, je me suis vite ennuyée.

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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
22 décembre 2015
Dans ses nombreux ouvrages, il a défriché des pans méconnus de l’Histoire : celle des couleurs, des animaux, des symboles. Dans son dernier livre, il utilise ses trois spécialités pour nous faire passer un délicieux et riche moment.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Parmi les différents adjectifs qui, dans les annales et les chroniques du XIIème siècle, qualifient la mort du jeune roi Philippe causée par un cochon, il en est un qui semble revenir plus souvent que les autres : infâme ("infamis"). Le terme n'est pas un vague synonyme de «honteux» ni même de «sordide». Il est plus précis et porte loin. Étymologiquement est infâme ce qui nuit à la "fama", c'est à dire au renom ou à l'honneur d'un individu ou d'un groupe. C'est exactement ce dont il s'agit ici. La "fama" de la dynastie capétienne est éclaboussée, salie, souillée, et avec elle le prestige et la dignité de la fonction royale. Il faut y remédier, rapidement et profondément.
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Dans la première moitié du XIIe siècle, on observe que les combattants occidentaux, rendus méconnaissables par le capuchon de leur haubert (qui monte vers le menton) et par le nasal de leur casque (qui descend sur le visage), prennent peu à peu l'habitude de faire représenter sur la grande surface de leur bouclier en forme d'amande des figures leur servant de signes de reconnaissance au coeur de la mêlée des batailles et, plus encore, des premiers tournois. Ces figures sont géométriques, animales ou florales. Elles sont peintes en couleurs et deviennent de véritables armoiries à partir du moment où leur emploi est constant chez un même personnage et où leur représentation obéit à quelques principes simples, fixes et récurrents. Cela se situe entre les années 1130 et les années 1160.
Toutefois cette origine matérielle, liée à l'évolution de l'équipement militaire, n'explique pas tout. L'apparition des armoiries se rattache plus profondément au nouvel ordre social qui touche alors la société féodale. Comme les noms patronymiques, qui naissent dans la même période, ou comme les attributs iconographiques, qui commencent à se multiplier dans les images, l'héraldique naissante apporte des signes d'identité nouveaux à une société en train de se réorganiser. Elle aide à placer les individus dans des groupes et ces groupes, dans l'ensemble du système social. Pour cette raison, les armoiries - qui à l'origine étaient des emblèmes individuels - opèrent une greffe rapide sur la parenté. Dès la fin du XIIe siècle, au sein d'une même famille, leur usage devient héréditaire, et c'est ce caractère familial et héréditaire qui leur donne leur essence définitive.
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D'abord utilisées par les grands seigneurs, les armoiries sont progressivement adoptées par l'ensemble de la classe noble. Au début du XIIIe siècle, toute la moyenne et petite noblesse en est pourvue. Puis, au fil des décennies, leur emploi s'étend aux non-combattants, aux non-nobles et à différentes personnes morales : tout à tour, les femmes, les prélats, les praticiens et les bourgeois, les artisans, les villes, les corps de métiers, les communautés civiles et religieuses adoptent des armoiries. Dans certaines régions, même les paysans en font quelquefois usage. Elles ne sont en rien le privilège de la noblesse.
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En France, de la fin du XIIIe siècle jusqu'au milieu du XVIe, l'intervention de la justice se déroule presque toujours selon le même rituel : l'animal est capturé vivant et incarcéré dans la prison appartenant au siège de la justice criminelle du lieu ; celle-ci dresse procès-verbal, conduit une enquête et met l'animal en accusation ; le juge entend les témoins, confronte les informations en accusation et rend sa sentence, qui est signifiée à l'animal dans sa cellule. Cette sentence marque la fin du rôle de la justice ; l'animal appartient désormais à la force publique, chargée d'appliquer la peine. Lorsque l'animal coupable n'a pu être identifié ou capturé, il peut arriver que l'on s'empare arbitrairement d'un congénère, qui est alors emprisonné, jugé et condamné à sa place (en revanche, il n'est pas exécuté). Cependant, un autre procédé est plus fréquent pour remplacer l'animal coupable qui s'est échappé : il consiste à juger et à supplicier à sa place un mannequin lui ressemblant.
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C'est dans le domaine de la théologie que la valorisation nouvelle et profonde de la couleur bleue se fait sentir le plus précocement. Vers la fin de l'époque carolingienne, le dieu des chrétiens devient impérativement un dieu de la lumière. Par là même, il importe de ne plus confondre la lumière divine et la lumière terrestre. Dans les textes cela est aisé, le latin disposant de deux mots soigneusement distincts : lux pour la lumière divine, lumen pour la lumière terrestre. Mais comment mettre en valeur cette différence dans les images ? C'est la couleur qui va peu à peu assumer ce rôle : blanc pour la lumière physique, celle du soleil qui éclaire la terre ; bleu pour la lumière céleste, celle du monde divin et, par extension, des personnes divines. Certes, avant le IXe siècle, le ciel pouvait déjà être bleu - textes et images en témoignent - mais, contrairement à ce que l'on pourrait croire, cela n'était pas si fréquent et, surtout, ce bleu n'était jamais conçu comme un bleu divin mais seulement comme un bleu aérien, voire simplement atmosphérique.
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Vidéo de Michel Pastoureau
Rencontrer Michel Pastoureau, c'est être frappé en premier par son regard amusé et malicieux. L'historien, diplômé de l'école des chartes, est archiviste paléographe, spécialiste de la symbolique des couleurs, des animaux, d'héraldique. Il a reçu de nombreuses aides du CNL, notamment pour son livre « Symboles du moyen-âge : animaux, végétaux, couleurs, objets » en 2012, des aides à la traduction pour ses ouvrages sur les histoires des couleurs « Noir », « Bleu », « Vert », « Rouge », « Jaune », en 2014, 2016, 2018, et en 2020, ainsi qu' une bourse de création relative à l'histoire du nuancier sur les cartographies de couleurs et d'imaginaires. Sa curiosité est sans limite, son raisonnement implacable, le grand entretien avec Michel Pastoureau dans Son Livre, c'est parti.
Michel Pastoureau est professeur à la Sorbonne et à l'école pratique des Hautes Etudes où il est titulaire de la chaire d'Histoire de la symbolique occidentale. Il a reçu de nombreux prix littéraires, dont le Prix Medicis essai en 2010 pour son ouvrage « La couleur de nos souvenirs » paru aux éditions du Seuil, mais aussi, le Prix Broquette-Gonin (histoire) de l'Académie française pour l'ouvrage La vie quotidienne en France et en Angleterre au temps des chevaliers de la Table ronde (1977).
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