Il y quelques années j'ai lu Bleu de
Michel Pastoureau et j'avais adoré . L'idée de traiter une couleur comme un personnage historique était très originale.
Quand j'ai appris que Pastoureau avait écrit sur d'autres
couleurs j'ai hésité de peur d'être déçu. Je n'ai pas hésité trop longtemps, et heureusement car j'ai trouvé Noir même mieux que Bleu. Là où le bleu n'a connu qu'une lente mais certaine ascension dans l'échelle des
couleurs préférees, pour le noir c'est les montagnes russes: un temps on l'aime, un peu plus tard on le laisse de côté. Parfois l'on considère que ce n'est même pas une couleur du tout. Merci monsieur Newton!
Pastoureau indique que dès avant notre ère il n'y avait pas un seul noir, mais deux: le magnifique et brillant, ater en Latin, et le mat et peu estimé, niger. On pourrait dire que le noir est bipolaire de naissance, et tout au long du livre on retrouve chaque fois ces deux aspects: le ciel noir magnifique et le lugubre noir des ténèbres, le noir de la mort et le magnifique noir des vêtements très chers.
Comme un guide historique Pastoureau nous montre le noir dans tous ses aspects et dans tous les temps: le corbeau qui impressionne Romains et Germains, le Diable et Satan, le noir lumineux de Rembrandt, le sable héraldique, l'encre de l'imprimerie, le drapeau anarchiste, la petite robe de Chanel, la T-Ford et j'en passe.
Le noir n'a pas toujours été présent sur le jeu d'échecs, et une fois présent il ne se battait pas toujours contre les blancs. L'usage des
couleurs, d'une couleur, c'est aussi souvent une histoire d'idéologie, comme Pastoureau le répète. La traite des Noirs en est un autre exemple. Ou les chemises noires nazies.
Donc, fascinant! Et la bonne nouvelle: dans les Histoires d'une couleur, il y aussi Rouge, Jaune et Vert...