Ayant entendu l'auteure dans l'émission "La grande librairie" et étant présent lors de la "rencontre" qu'elle donnait à la foire du livre de Bruxelles, je me suis laissé toucher par son enthousiasme. Son livre est loin d'être ennuyeux, ce qu'elle craignait. Elle fut probablement bien conseillée. A travers les 20 chapitres, elle nous permet de l'accompagner, entre sa vie personnelle, sa vie de médecin clinicienne et la chercheuse. L'alternance allège le texte. Elle nous fait vivre ses moments de doute, de lutte et d'enthousiasme. Même si l'objectif est de nous faire connaître sa découverte, elle ne nie pas l'apport d'autres recherches, tout en mettant en avant sa méthodologie, ce qui n'est pas dérangeant. Elle ne tait pas le côté mercantile qui existe aussi dans ce milieu de la recherche médicale et ses conséquences sur la santé publique. On ne peut que souhaiter que ISET soit accessible, le plus vite possible, à tous. La prédictibilité et la prévention semblent bien être les deux meilleures armes que l'être humain ait pour vaincre la maladie. Ce livre est un message d'espoir !
Commenter  J’apprécie         40
Quand j'avais vu Patrizia Paterlini à l'émission "La grande librairie", j'avais été scotché devant cette belle femme brillante et pourtant simple, dont j'ignorais alors l'existence et qui est une sommité dans la recherche. Elle a mis au point un test d'importance capitale dans le dépistage du cancer.
Dans son livre, l'auteure raconte sa vie personnelle et professionnelle. Lors de ses études, elle a fait preuve d'une volonté extraordinaire. Jeune médecin, elle a travaillé énormément et avec enthousiasme, mais n'a jamais oublié ses principes éthiques. A titre d'exemple: dans une scène inoubliable (p. 82), elle - qui n'est qu'une doctoresse débutante - a osé assumer le décès d'un patient devant un "mandarin" tout-puissant de l'université de Modène. Par la suite, elle est venue travailler en France, où elle a rencontré son futur mari. Elle s'est lancée dans des recherches très pointues sur le cancer, qu'elle explique du mieux qu'elle peut (toutefois, j'ai trouvé ça difficile car je suis vraiment ignare en biologie).
Ce que j'ai surtout aimé dans ce livre, c'est le personnage plein d'énergie et de sincérité, qui insiste sur la valeur du travail et de l'éthique.
Commenter  J’apprécie         32
Je suis convaincue que, bientôt, nous aurons tué le cancer. Cela ne signifie pas qu'il aura disparu de la surface de la planète, mais qu'il ne sera plus aussi assassin que maintenant. Autrement dit que le diagnostic précoce aura réduit de façon spectaculaire la mortalité par cancer. Les maladies bactériennes existent toujours, mais elles ne tuent presque plus. Pour le cancer, ce sera pareil. Le chemin est tracé, il ne reste plus qu'à le suivre avec courage et détermination.
C'est à ce combat que j'ai voué ma vie. C'est un combat sans merci et sans trêve. Je le mènerai jusqu'au bout.
Je me dis que je veux exercer un métier qui me mette en contact avec mes contemporains dans leur plus profonde vérité. Et l'être humain, selon moi, n'est jamais aussi vrai que lorsqu'il est malade ou, pire encore, quand il approche de la mort. C'est à ce moment que tout ce qui est vain - les problèmes inutiles engendrés par l'orgueil, la jalousie, la possessivité et bien d'autres faiblesses humaines - perd de la valeur. C'est quand l'être humain comprend que la mort est une réalité de sa propre existence, qu'il comprend aussi la chance qu'il a de vivre et combien il est stupide de gâcher ce don par des futilités. Le dalaï-lama a dit un jour : " Les hommes vivent comme si la mort n'existait pas et meurent comme s'ils n'avaient jamais vécu. " Je suis convaincue que, face à la mort, il n'y a qu'une seule valeur qui résiste. C'est l'amour.
Néanmoins, ce ne sont pas les thérapeutiques mis en œuvre une fois que le cancer s'est rependu qui permettront de tuer le cancer. Car une fois que celui-ci a diffusé dans l'organisme et a produit des métastases, il devient très difficiles de le mettre hors d'état de nuire.
Puisque ce tueur en série est très difficile à vaincre une fois qu'il a installé sa machine de mort, il est indispensable de le désarmer avant qu'il ait commencé à passer à l'action.
Tous les diagnostics précoces ont eu par le passé un impact beaucoup plus frappant que la thérapeutique.
Le test - Pap sauve neuf femme sur dix, qui seraient sans lui décédées d'un cancer de du col de l'utérus.
La mammographie évite des dizaines de milliers de morts par cancer du sein chaque année.
La coloscopie accomplit la même œuvre salutaire concernant le col du colon.
Il est incompréhensible qu'avec des résultats aussi spectaculaires - bien plus qu'avec n'importe quel médicament - l'argent privé soit, encore aujourd'hui, investi plus massivement pour tenter de soigner la maladie quand elle est déjà installée plutôt que pour prévenir son apparition et sa diffusion.
Cet état d'esprit des investisseur doit changer au plus vite. Et il changera fatalement si l'opinion publique exerce une forte pression en ce sens. Il Il n'y a pas de raisons qu'elle ne se saisisse de cet enjeu.
C'est en effet une chance énorme de pouvoir généraliser un test sanguin qui n'est pas invasif, qui est sensible et qui est spécifique, autrement dit qui ne détecte pas des maladies qui n'existent pas - faux positifs - et qui ne rate pas de cellules tumorales en train de se rependre dans l'organisme - faux négatifs -
Je me dis que je veux exercer un métier qui me mette en contact avec mes contemporains dans leur plus profonde vérité. Et l'être humain, selon moi, n'est jamais aussi vrai que lorsqu'il est malade ou, pire encore, quand il approche de la mort.
C'est à ce moment que tout ce qui est vain - les problèmes inutiles engendrés par l'orgueil, la jalousie, la possessivité et bien d'autres faiblesses humaines - perd de la valeur.
C'quand l'être humain comprend que la mort est une réalité de sa propre existence, qu'il comprend aussi la chance qu'il a de vivre et combien il est stupide de gâcher ce don par des futilités.
Certes il est important de comprendre quels sont les mécanismes moléculaires qui déterminent l'apparition d'un cancer, toutefois, même quand on les démasques, comme c'est arrivé dans nos études sur les mécanismes qui déterminent l'apparition du cancer du foie, il s'agit d'un seul cancer, et les informations obtenues peuvent uniquement servir pour rechercher des médicaments capables de bloquer ce cancer, en empruntant un chemin très long et semé d'obstacles.
Or il y a environ 200 types différents de cancers, dont 90 % sont des cancers solides et je souhaiterais de toutes mes forces trouver une méthode efficace, non pas pour un seul cancer mais pour beaucoup des cancers.
Il fallait trouver une autre piste.
J'ai donc changé d'orientation pour traquer l'invasion des cancers solides qui transitent par le sang. Car c'est ainsi que le cancer tue.
La très grande majorité des cancers deviennent meurtriers parce qu'ils libèrent dans le sang des cellules tumorales qui envahissent l'organisme.
C'est à partir de cette invasion souterraine, sur laquelle on n'a aucun moyen d'agir car on ne le détecte pas, que les métastases se forment au bout d'un nombre variable d'années.
Existe-t-il un remède universel contre le cancer ? .Les Idées Claires de Nicolas Martin avec Patrizia Paterlini-Bréchot, cancérologue, professeure de biologie cellulaire et d'oncologie à la faculté de médecine Necker-Enfants malades.