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sur 485 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
"La Civilisation du poisson rouge" est un livre qui surfe sur notre crainte du numérique. En voulant prouver que notre usage des écrans provoque notre perte cognitive (nous deviendrions des poissons rouges), Bruno Patino fait la démonstration d'un ouvrage confus aux idées mal articulées. Si on devait faire la liste de toutes les erreurs, approximations et fausses informations citées dans son argumentaire, il faudrait bien plus que les 184 pages de l'ouvrage.
Pouvant être citées: 1) la fausse information sur le temps d'attention du poisson rouge qui a déjà fait l'objet d'une contre-information par Jean-François Dortier et la BBC en 2017 ; 2) la liste des pathologies liées au numérique issue d'un design fictionnel du Near Futur Laboratory (groupe de travail sur les évolutions possibles du futur composé d'ethnologues et de designers) et non de médecins comme écrit dans le livre ; 3) l'absence de références bibliographiques qui ne rassure pas sur la fiabilité des sources ; 4) l'amalgame entre attention et mémoire afin de permettre des raccourcis faciles sur le déclin de notre cerveau ; 5) la confusion entre Internet et Web, etc.

"La Civilisation du poisson rouge" est un ouvrage qui, contrairement à son postulat de vouloir démontrer les dérives de l'économie de l'attention, est finalement un symptôme des maux de notre siècle: les fake news et la post-vérité.
A cet ouvrage, le lecteur attentif préféra lire ceux des chercheurs en science de l'information et de la communication qui sont prolixes sur le sujet... et bien plus rigoureux en la matière. Il pourra aussi se reporter sur "Internet rend-il bête?" de Nicholas Carr, un peu daté, mais richement argumenté et documenté.
Lien : http://www.meta-doc.fr/au-ro..
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Patino Bruno – "La civilisation du poisson rouge : petit traité sur le marché de l'attention" – Grasset / Livre de poche, 2019 (ISBN 978-2-253-10125-3)

Cet opuscule publié au format poche, ne réunissant que 162 pages dans une typographie de grande taille et fortement aérée, s'avère particulièrement décevant si on le rapporte à l'importance du sujet traité.
Après lecture, je suis tout aussi déçu qu'après celle de l'ouvrage de Desmurget intitulé "La fabrique du crétin digital : les dangers des écrans pour nos enfants" (cf recension du 18 mai 2020).
Dans les deux cas, ces auteurs affaiblissent considérablement leur propos en ne mobilisant pratiquement que des références et citations issues du monde qu'ils adorent et devant lequel ils se prosternent tout deux, à savoir les États-Unis d'Amérique du Nord, qui constituent l'épicentre de leur vision bornée du monde. Dommage.

En ce qui concerne ce Patino, j'ajoute un autre grief : l'utilisation d'un "nous" englobant toute une génération (la mienne), qui aurait unanimement succombé à une croyance aveugle dans les vertus et mirages distillés par les gourous de la Silicon Valley, de cette Californie qui constituait l'horizon aussi limité qu'indépassable de cette caste d'intellectuel(le)s hyppisant, subjugués par les fariboles du "flower power" et du "peace and love".

Pour ma part, je n'ai jamais cru dans ces discours mirifiques du "tous copains pour se partager les copines", du "village mondial" et autres billevesées. Dès les premières interconnexions, dès la mise en place des réseaux, j'insistais tout au long de mes cours (j'en ai gardé copie dans mes sauvegardes) sur le fait qu'il ne fallait pas assimiler le recours à un ordinateur (une machine qui représente une puissance de travail phénoménale pour un individu) avec leur mise en réseau, laquelle – soulignai-je abondamment – présentait des dangers indéniables d'espionnite généralisée, de fichage systématique des utilisateurs, de développement de ce qui est devenu la "captologie" (je faisais alors référence au "temps de cerveau disponible" déjà problématisé avec la sur-consommation télévisuelle des publicités).

Bruno Patino joue à l'innocent, à la vierge effarouchée : sa posture ne me convainc guère, elle me fait irrémédiablement penser à l'hypocrite étonnement de cette même nomenklatura devant les pratiques pédophiles de ses sbires, qu'elle fait semblant de découvrir en ce début 2021 (comble de l'ironie involontaire, l'auteur rend hommage à son copain F. Mion dans les "remerciements").
A moins d'être des crétins hors pairs, les gens comme lui savaient pertinemment que le Web mondial menait directement à ce qu'il est devenu : un gigantesque égout aux mains de publicitaires assoiffés d'argent, se dissimulant derrière un double-langage hypocrite, véhiculant une infime couche de culture servant de paravent (wikipedia et autres) pour justifier leur entreprise d'abrutissement, de lobotomisation systématique.

Exerçant ses talents auprès de la chaîne cultureuse bien-pensante Arte et dispensant ses enseignements à l'école de journalisme satellisée par Science-Po, l'auteur baigne dans ce système qu'il s'emploie ici à dénigrer. Son opuscule est destiné à cette élite mondialisée, afin de l'inciter à prendre soin de ses chères têtes blondes appelées à s'enrichir en manipulant ce système et non à s'y vautrer sottement.

Ce problème de la décérébration systématique de générations entières mérite d'être traité de façon approfondie par des gens sérieux, s'appuyant sur des données et études propres à chacun des milieux concernés, loin des discours généraux d'une confondante hypocrisie.
Pour ce faire, il convient d'examiner – entre autres choses – son aberration économique : comment en est-on arrivé à ce que la seule publicité pour des produits et activités le plus souvent d'une imbécillité abyssale (et d'une pollution maximale) suffise à financer une infrastructure technique aussi dispendieuse tant par le matériel nécessaire que par les coûts salariaux engendrés par le recours à une masse de techniciens, complices, hautement spécialisés donc rémunérés ?
Autre angle d'étude : quel est le lien entre ce mode – virtuel, abstrait –de neutralisation des gens et leur relégation géographique, physique et concrète, dans ce que l'on appelle maintenant la "France périphérique" marginalisée (cf les travaux de Guilly) ?
Quel fut le rôle précurseur de la télévision, de l'urbanisation massive, de la "métropolisation", de l'avènement du "temps libre", du nombrilisme féroce caractérisant les populations aujourd'hui éparpillées entre mille "identités" plus fumeuses les unes que les autres ?

Il conviendrait également de faire le lien avec la posture de la nomenklatura colonisant les cercles du pouvoir et des médias : cette lobotomisation des cerveaux est complétée par la corruption au cannabis dit récréatif (aucun pouvoir politique n'a réellement lutté contre la drogue, bien au contraire) et bientôt le revenu minimal garanti (trois précautions valent mieux qu'une, pour les marginaliser et exclure un maximum de jeunes de la course aux emplois).

Bref, cet opuscule de Bruno Parino n'est guère plus qu'un pamphlet journalistique éphémère, là où il serait grand temps de produire des études fouillées... comme il en existe sur un sujet connexe, avec par exemple
"La silicolonisation du monde : l'irrésistible expansion du libéralisme numérique" publié par Eric Sadin en 2016 (cf recension).
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Je ne comprends pas le succès de ce livre qui ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes dans un style pompeux. On n'apprend pas grand-chose, c'est bourré de références qui veulent montrer que l'auteur s'y connait et d'anglicismes inutiles ... Bref grosse déception.
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