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Denise Van Moppès (Autre)
EAN : 9782253003045
351 pages
Le Livre de Poche (11/06/1997)
4.14/5   174 notes
Résumé :
Le Révérend Stephen Koumalo, pasteur noir d'un petit village d'Afrique du Sud, a plusieurs parents à Johannesburg: son frère John, le menuisier, sa sœur cadette, Gertrude, partie avec son petit garçon à la recherche de son mari, et son fils unique, Absalon. Sur la foi d'une lettre qui l'appelle auprès de Gertrude, Koumalo se rend à Johannesburg et découvre la réalité brutale de l'apartheid, de la misère et de la déchéance qui règnent parmi les Noirs transplantés dan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Alan Paton - Pleure, ô pays bien-aimé - 1948 : C'est l'histoire de Stephen Koumalo, un homme bon qui officie comme pasteur dans un petit village d'Afrique du sud. Cet homme au crépuscule de sa vie va être confronté en se rendant à la capitale à sa propre négritude et à celle de ses frères. Nous sommes en 1946 et l'apartheid commence à prendre forme sans réaction de la communauté internationale implicitement reconnaissante à ce pays pour son implication dans le combat contre les nazis au côté de la grande Bretagne. L'inégalité raciale devant les lois pousse alors la plus grande partie du peuple noir dans une implacable misère sociale. La famille de Stephen Komolo cristallise tous les effets de cette politique honteuse. Tandis que sa soeur Gertrude se prostitue pour survivre, son fils Absalon attend en prison son exécution pour avoir tué un blanc lors d'un cambriolage. La jeunesse indigène étouffe sans travail et sans perspective d'avenir, refoulée dans l'arrière-cour d'une société qui prône à visage découvert la suprématie de la race blanche. Stephen Koumalo ne connait pas encore cette oppression dans sa campagne ou le peu de propriétaires afrikaners travaille en bonne entente avec le reste de la population. La descente aux enfers que vit alors cet homme simple et innocent en se rendant à Johannesburg glace le sang du lecteur révolté devant un tel chaos. le racisme institutionnel est là devant ses yeux prolongeant la ségrégation raciale qui sévit en Amérique depuis la fin officielle de l'esclavage. La délinquance explose dans les townships chez une population coupée de la possibilité de vivre honnêtement de son travail. Quand l'état Sud-Africain officialisera sa politique liberticide l'excuse sera toute trouvée, il prétextera la protection des biens et de la population pour justifier ses mesures indignes. Ce livre est une borne dans l'histoire de l'humanité. On le compare souvent à "la case de l'oncle Tom", l'ouvrage qui permit au monde de prendre conscience de la servitude des africains en Amérique. L'impact de ce texte fut le même sur la communauté internationale même s'il fallut encore quelques dizaines d'années pour que Nelson Mandela devienne le premier président noir d'un pays devenu aux yeux de tous la nation arc en ciel. Alan Paton tout comme André Brink un autre écrivain champion de la cause anti-apartheid était un enseignant blanc qui ne put supporter que sa patrie soit le symbole du racisme et de la ségrégation de masse. A sa suite le lecteur moderne s'affligera profondément d'une situation qui fera encore honte à l'humanité quand bien des siècles se seront écoulés... une oeuvre terrifiante
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Il neige et je pense à l'Afrique.
Il fait froid et pourtant je pense à l'Afrique du Sud.
1946. Prémices de l'apartheid.

Soleil fondant dans un ciel de glace.
Plaines de maïs desséché, troupeaux faméliques, enfants exsangues.
Désert. Exode noir vers les grandes villes.
Et pourtant, dans ce début d'enfer, il y a Stephen Koumalo, pasteur, « umfudisi ».
Koumalo aime son pays brûlé, ses gens épuisés.
Car plus haut, l'Afrique est belle : « prairies vallonnées et charmantes », « herbages touffus », où « s'entend au loin le cri mélancolique du titihoya ».
Koumalo rêve...
Il rêve de sa région ressuscitée. C'est un homme bon. Mais simple.

Et puis l'épreuve terrible tombe sur Koumalo et sur sa femme. Plusieurs épreuves, mais une d'où il est difficile de se relever.
Koumalo est obligé de partir à Johannesburg, lui, l'homme du vent et des prairies.
Koumalo dans les rues grouillantes, dans la pauvreté crasse, dans les mauvais rires, dans la peur, toujours la peur.
La peur des hommes blancs de perdre le pouvoir sur les Noirs. La peur des Noirs face aux hommes blancs. La peur des femmes pour leurs enfants qui perdent la raison et l'éducation. La peur des enfants qui deviennent grands et qui tombent, pourtant.
Oui, pourtant... Koumalo l'expérimente, cette terrible vérité. Son fils, parti depuis longtemps sans laisser de nouvelles, il le recherche, et il le retrouve. Mais trop tard.
L'horrible épreuve vient de commencer. Epreuve mêlée aux hommes blancs.
Mais curieusement, de cette épouvante peut sortir l'espoir.

Car ce roman magique est un roman d'espoir. Sombre, mais brillant. Désespéré, mais plein de bonté.
« Quand l'orage menace, l'homme craint pour sa maison ; mais quand la maison est détruite, il y a quelque chose à faire. Contre l'orage, il ne peut rien, mais il peut rebâtir une maison ».

Epoustouflant de vérité. Criant d'humanité. Bouleversant.
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Lettre à Alan Paton
Avant d'écrire ces quelques lignes, je feuillette à nouveau l'exemplaire de « Pleure ô pays bien aimé » dont je ne me sépare jamais lorsque je suis en voyage. Je profite donc d'une escale rapide au coeur de l'Afrique pour m'adresser à vous. Une simple édition française du Livre de poche, mais un compagnon fidèle pour tous ces instants où le voyage éprouve la solitude et le rapport au monde. Pour tous ces moments où l'on ne comprend pas vraiment ce qu'on fait là, où le voyage devient l'épreuve du temps plutôt que celle de l'espace. J'ai acheté ce livre il y a bien longtemps, à une époque où je m'intéressais à la situation en Afrique du Sud, dans les années quatre-vingt. Depuis, j'ai l'impression de l'avoir lu des milliers de fois. Alors, je me dis que c'est bien le lieu, en cet endroit où l'Afrique parle à l'européen en creux, pour vous adresser ma reconnaissance. Je ne trouve pas de mot plus juste pour qualifier ce compagnonnage discret avec votre oeuvre. Souvent jeté dans la valise à la dernière minute, parfois sans en sortir de toute la durée du voyage, mais toujours là à portée de main. Je me rappelle mon premier atterrissage à Dakar, Pleure ô pays bien aimé en main. Je me rappelle la traversée du Maroc en taxi collectif, ce même livre bientôt usé dans la poche. Je crois que je n'aurais pu aimer l'Afrique autant sans ce livre. J'en ai bien sûr lu des dizaines depuis, mais le vôtre fut le premier, d'une intensité restée vivace à mon esprit. L'ouverture sur les reliefs du Karoo et la nature qui joue son rôle. Quiconque a posé le pied en Afrique sait que le premier choc vient de la nature, omniprésente. J'ai retrouvé plus tard, dans la nuit africaine, cette sensation de petitesse dans la nature, et souvent pensé alors à votre livre. L'histoire de l'Afrique du Sud est aussi une histoire de conquête de la nature. Votre magnifique roman présente l'histoire tragique d'un homme simple dans un monde qui change, qu'il ne comprend pas. Que faut-il avoir éprouvé de la marche du temps pour comprendre qu'un monde s'éteint ? A la relecture – multiple, il m'a semblé que la politique de votre pays n'y était pas si présente. J'y lis toujours ce monde changeant, opposé – rural/urbain, ancien/moderne, noir/blanc, à l'image de la société sud-africaine d'alors. le temps de la nature contre celui de l'homme. Au moment où vous écriviez ce livre, le gouvernement Malan organisait la séparation des Blancs et des Noirs, l'apartheid venait de naître. C'est une société dure que vous décriviez, dure plus encore pour les Noirs. Mais ce n'est pas un texte contre l'organisation de la société sud-africaine, c'est un texte qui veut comprendre le sens tragique que tout cela prend. Les peines et les douleurs n'y sont épargnées à personne. Mais surtout, j'y lis à chaque fois un cri d'amour pour l'Afrique, bien qu'assorti de grande tristesse. J'avoue que je suis tenté, le plus souvent, de ne retenir que le cri d'amour, pour laisser de côté le désespoir. Et c'est bien là le drame de l'Afrique, aujourd'hui encore : se trouver bouleversé par la force de cette terre, et oublier ses déchirures. Plus que jamais au moment d'écrire ces lignes, l'Afrique saigne des maux que vous décriviez alors. Aimez l'Afrique pourtant.
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"Pleure , ô pays bien-aimé" est un roman d 'Alan Paton .Ce dernier est un Sud-Africain blanc .Le livre est publié en 1948 .
Ce roman peut être considéré comme un témoignage sur
l ' Apartheid en Afrique du Sud .La publication coïncide avec l 'instauration de l 'abominable système politique
qu 'est l ' Apartheid .
le protagoniste principal du récit est Stephen Koumalo Ce dernier est un vieux pasteur zoulou d 'un petit village reculé du pays .Ce pasteur est très sage et a des qualités humaines qui sont celles d 'un homme pieux , juste et probe .Il prêche la parole de Dieu avec beaucoup de sincérité et d 'amour.Là où il est , il mène une vie paisible .
Un jour il reçoit un message de sa famille vivant à
Johannesbourg . Dans cette grande ville faite pour les
Blancs et les noirs ne s 'y rendent que pour le travail et le
soir ils quittent les lieux pour la laisser exclusivement aux
Blancs .Les Noirs doivent rejoindre les bidonvilles .
le pasteur découvre l 'intolérable : la misère de la
population noire , l 'injustice de l 'Apartheid , la
déchéance humaine . Il apprend la prostitution de sa
soeur cadette , Gertrude qui s 'adonne aussi à l 'alcool !
le brave pasteur est confronté à une réalité qui le
dépasse .Autre drame du pasteur , son fils unique est
en prison pour un meurtre d 'un Blanc .La justice c 'est
à dire l 'administration judiciaire est entre les mains des
Blancs .
A Johannesbour , nous sommes dans une ville où règnent
l 'injustice de l 'Apartheid , la déchéance humaine .
Que reste-t-il au pauvre pasteur dans cet océan où
règne la ségrégation raciale , l 'injustice et la déchéance .
Il ne reste au pauvre et brave pasteur que les larmes pour
pleurer sur son pays bien-aimé .En tant qu 'Africains nous
pouvons que pleurer sur la tragédie de l 'Afrique du Sud
des années noires mais il reste une chose très importante
l 'Espoir que le soleil brillera pour ce peuple et ce pays !
c 'est-à-dire l 'indépendance totale du pays et les gens
vivront dignement dans leur pays quelques soient les
aléas .


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« Pleure, ô pays bien aimé » a été un vrai coup de coeur, livre acheté au hasard d'un vide grenier de campagne, j'ai tout d'abord été attirée par son titre et ensuite interpellée par la quatrième de couverture. Ce roman traite essentiellement de la ségrégation raciale en Afrique du Sud dans les années 1940, d'injustice et de l'amour d'un père pour son fils.

Koumalo, vieux pasteur noir d'un petit village d'Afrique du Sud est appelé par sa soeur Gertrude, exilée à Johannesburg comme la plupart de sa famille, pour venir la rejoindre d'urgence. A son arrivée, il apprend par cette dernière que le fils unique du pasteur a disparu, son fils Absalon qu'il n'a pas revu depuis des années.
Le pasteur découvre alors à Johannesburg la misère de la population noire, l'injustice de l'Apartheid, la déchéance et s'aperçoit malheureusement que sa soeur se livre à la prostitution et sombre dans l'alcoolisme. Koumalo qui jusqu'à maintenant n'a vécu que dans l'amour et la charité auprès de son petit village, se voit confronter à une réalité qui le dépasse.
Koumalo déterminé, décide de retrouver son fils, après de pénibles et interminables recherches, il apprend que Absalon est incarcéré dans un pénitencier pour le meurtre d'un blanc lors d'un cambriolage.
Le vieux pasteur va essayer de comprendre le geste de son fils, et découvrira par la suite beaucoup d'ambiguïté dans cette affaire. L'acte de son fils ne fut qu'un terrible et regrettable incident mais la justice de Johannesburg ne tiendra pas compte des témoignages et condamnera à mort Absalon...

Ce roman est une blessure qui nous marque douloureusement par l'intensité d'émotions et de sentiments qu'il émane, le lecteur suit le vieux pasteur koumalo si attachant et plein d'humanité dans sa quête de vérité. Nous sommes en totale immersion dans ce Johannesburg où règne l'injustice de l'Apartheid, nous assistons à la brutalité d'une réelle déchéance, nous pleurons sur la tragédie de cette Afrique du Sud des années noires.
Une fois le livre achevé, vous gardez longtemps en mémoire ce père courageux à l'âme pure et juste, il devient comme un manque...
Un roman bouleversant à l'écriture juste, intuitive, et linéaire.

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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
« Pleure, ô pays bien-aimé, sur l’enfant qui n’est pas encore né et qui héritera de notre peur. Puisse-t-il ne pas aimer trop profondément cette terre. Puisse-t-il ne pas rire avec trop de joie lorsque l’eau coulera entre ses doigts, ne pas se taire trop gravement lorsque le couchant fera flamboyer le veld. Puisse-t-il ne pas être trop ému lorsque les oiseaux de son pays chanteront, ne pas donner trop de son cœur à une montagne, à une vallée. Car s’il donne trop, la peur lui prendra tout. »
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N’en doutez pas, c’est la peur qui règne dans ce pays, car que peuvent les hommes lorsque de telles multitudes se détournent des lois ? Comment goûter le beau paysage, comment goûter ses 70 ans de vie, et le soleil qui brille sur la terre, lorsqu’on a l’effroi dans son coeur ? Comment marcher tranquillement à l’ombre des jacarandas quand leur beauté est devenue une menace ? Comment reposer en paix dans son lit, quand l’ombre recèle tant de secrets? Quels amants s’abandonneront au délice d’être étendus sous les étoiles, lorsque le danger croît en raison même de leur isolement ?
Il y a des voix qui disent ce qu’il faut faire, une centaine, un millier de voix qui crient. Mais de quelle utilité sont-elles à qui cherche conseil, car l’une crie ceci, et l’autre crie cela, et une troisième autre chose encore qui n’est ni ceci ni cela ?
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- Ici, à Johannesbourg, dit-il, ce sont les mines, tout vient des mines. Ces grands bâtiments, ce merveilleux hôtel de ville, ce beau quartier de Parktown avec ses belles maisons, tout cela a été bâti avec l'or des mines. Ce magnifique hôpital pour les Européens, le plus grand hôpital au sud de l'équateur, il a été bâti avec l'or des mines.
Sa voix changeait, devenait sonore comme celle d'un taureau ou d'un lion.
- Mais allez voir notre hôpital, dit-il, allez voir nos malades couchés par terre. Ils sont si serrés qu'on ne peut pas les enjamber. Et ce sont eux qui déterrent l'or. Pour trois shillings par jour. Nous venons du Transkei et du Basoutoland et du Bechuanaland et du Swaziland et du pays des Zoulous. Et même de Ndotshéni. Nous vivons dans des camps, nous devons abandonner nos femmes et nos enfants. Et si l'on trouve de l'or, ce n'est pas nous qui serons payés davantage pour notre peine. Ce sont les actions des blancs qui monteront et vous pourrez le lire dans les journaux. Ils deviennent fous quand on découvre de l'or nouveau. Ils nous amènent en plus grand nombre vivre dans des camps pour creuser le sol à trois shillings par jour. Ils ne se disent pas : Voici la possibilité de payer mieux nos travailleurs. Ils se disent simplement : Voici la possibilité de construire une plus grande maison et d'acheter une plus grosse voiture. Il est important de trouver de l'or, disent-ils, car toute l'Afrique du Sud est bâtie sur les mines.
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Pleure sur la tribu éclatée, sur la loi et les coutumes disparues. Oui et pleure tout haut sur l'homme qui est mort, sur la femme et les enfants endeuillés. Pleure, pays bien-aimé, tout ceci n'est pas encore fini. Le soleil inonde la terre, ce beau pays dont l'homme ne peut profiter. Il ne connaît que la peur dans son coeur.
Cry for the broken tribe, for the law and the custom that is gone. Aye, and cry aloud for the man who is dead, for the woman and chidren bereaved. Cry, the beloved country, these things are not yet at an end. The sun pours down on the earth, on the lovely land that man cannot enjoy. He knows only the fear of his heart.


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Oui l'aurore est venue. Le titihoya s'éveille, et entreprend de réciter son cri mélancolique. Le soleil recouvre de lumière les sommets des montagnes d'Angeli et d'East Griqualand. La grande vallée de l'Umzimkulu est encore dans l'obscurité, mais la lumière viendra là-bas. Ndotsheni est encore dans l'obscurité, mais la lumière viendra là aussi. Car c'est l'aurore qui s'est levée, comme elle se lève depuis un millier de siècles, sans jamais faillir.
Yes it is the dawn that has come. The titihoya wakes from sleep, and goes about its work of forlorn crying. The sun tips with light the mountains of Angeli and East Griqualand. The great valley of the Umzimkulu is still in darkness, but the light will come there. Ndotsheni is still in darkness, but the light will come there also. For it is the dawn that has come, as it has come for a thousand centuries, never failing.
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