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En l'an de grâce 1450, à la veille de la Saint-Jean, une procession traverse le Mont Saint-Michel pour porter en terre un noble gentilhomme. A sa tête, le duc François de Bretagne, et dans le cercueil, son frère Gilles. Au moment le plus tragique, l'un des moines de l'abbaye soulève la capuche qui lui cachait le visage. Il s'agit de l'écuyer du moribond, Hue de Maurever, qui profite de l'effet de surprise pour annoncer à la noble assemblée que son maitre est mort de faim, condamné par son propre frère. le duc François donne l'ordre de rattraper le seigneur enfui, mais le chevalier Aubry de Kergariou, dont est secrètement épris Reine de Maurever, la fille du fuyard, accorde quelques crédits aux propos de l'écuyer et se trouve ainsi emprisonné. C'est son cousin Méloir, bien décidé, qu'elle le veuille ou pas, à épouser Reine, qui se lance à sa poursuite ! L'homme qui capturera le traitre recevra 50 louis d'or et la bienveillance du Duc.

A Saint-Jean-des-Grèves, Jeanin le coquetier rêve lui aussi de ces 50 écus, avec lesquels il pourrait bien demander la main de Simonnette, la fille du tavernier. Mais il n'est pas le seul à faire les yeux doux à la fille de Simon le Priol : maître Gueffès, un normand près de ses sous, épouserai bien la belle et sa dot !



Publié en 1850, La fée des grèves est un petit roman historique de Paul Féval destiné à la publication sous forme de feuilleton. Avec son intrigue cousue de fil blanc (avec de très grosses coutures apparentes) et ses personnages manichéens, l'histoire est très prévisible.

Féval n'épargne ni les stéréotypes sur les Normands (près de leurs sous), ni sur les Bretons (superstitieux en diable). Il reprend les grands codes du roman de capes et d'épées : un gentil trahi qui va être vengé, des méchants vilains et pas beaux qui seront punis, la belle jeune noble objet de toutes les convoitises, le beau chevalier fougueux et vertueux qui rétablira l'ordre, les petites gens qui se mettent d'un côté ou de l'autre... Bref, rien de nouveau sous la brume du Mont Saint-Michel ! Reste le talent certain de conteur de Féval, qui prend manifestement plaisir à toutes les digressions dont il affuble son histoire. Il y a également Frère Bruno, un personnage original qui arrivera sur le tard et apportera une bouffée de surprises et d'actions au récit (qui s'enlise un peu dans les sables mouvants de la baie...), un zeste de fantastique auquel seul le petit coquetier croit, et la nostalgie d'une époque révolue où l'honneur était la plus haute vertu.

Et surtout, il y a la Bretagne, avec ses mille visages ! Ne lisez pas La fée des grèves pour satisfaire l'envie d'un roman de cape et d'épées. Lisez-le pour tomber amoureux des paysages de la Bretagne, de ses mystères, de ses traitrises, de ses villages et de ses grandes villes, de ses habitants, de ses contes et légendes, de sa lumière et de ses brumes...
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Bienvenue dans la baie du Mont Saint-Michel.
Son église, son archange, ses marais, ses sables mouvants, son brouillard, et sa fée…
En l'an 1450, François de Bretagne part en pèlerinage au Mont rendre hommage à la mémoire de son frère, Gilles. Mais il est accusé de fratricide par Hue de Maurever, qui lui demande de comparaître devant le tribunal de Dieu dans 40 jours, puis qui réussit à se volatiliser. François de Bretagne demande alors à Aubry de Kergariou de poursuivre Maurever, mais ce dernier, amoureux de sa fille Reine, refuse. Dès lors , il est enfermé dans les cachots Du Mont et les recherches pour retrouver Hue de Maurever vont être menées par Méloir, devenu chevalier, homme sans scrupules qui convoite également la belle Reine. Cerise sur le gâteau, la fée des grèves est réapparue après des années. Pourquoi erre-t-elle la nuit près des habitations et sur la baie ?

Ajoutez à cela un jeune coquetier amoureux d'une gardienne de vaches, un félon miséreux qui mange à tous les rateliers, des sujets fidèles à leur maître Hue de Maurever, un moine trop bavard, et vous aurez matière à une belle histoire d'aventures romanesques.

Mais mais mais…
Les digressions trop nombreuses de l'auteur ont, je l'avoue, gâché ma lecture. Les retours à la « réalité » vis-à-vis du lecteur m'ont déroutée et éloignée de la trame du récit. Ce roman aurait pu être beaucoup plus rythmé et les actions bien plus rebondissantes.

Première immersion dans l'oeuvre de Paul Féval, légère déception donc, mais je vais persévérer avec le célèbre Bossu et le non moins flamboyant Lagardère.
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Ma foi de Dieu ! (puisqu'il paraît que c'est le juron préféré des Bas-Bretons, p. 182, Chapitre 27, “Le siège”), voici un livre de capes et d'épées tout ce qu'il y a de plus réjouissant ! Certes, on sait bien qui payera cher ses mauvais choix, qui épousera qui, le suspens n'est pas bien grand, mais l'histoire est si bien menée que l'on reste suspendu à la plume de l'auteur, tournant les pages les unes après les autres sans pouvoir s'arrêter.
Nous sommes en l'an 1450, alors que la Bretagne est encore pour quelques années « un rude et vaillant pays qui gard[e] son indépendance entre deux empires ennemis» (p. 230, Epilogue, “Le repentir”), dans la grande baie du Mont Saint-Michel, de part et d'autre de la frontière facétieuse du Couesnon. Une terre aux milles légendes rêvées et vécues (comme en attestent la myriade d'histoires toujours commencées et jamais finie de Frère Bruno, un Frère Tuck qui préfère le cidre à la bière), entre sables traitres et brume aveuglante, la terre de la Fée des Grèves, qui vient de réapparaître alors qu'une malédiction plane sur le duc de Bretagne et qu'un de ses chevaliers les plus valeureux est en fuite.
Si les personnages m'ont parfois rappelé les histoires de la Comtesse de Ségur, qui aime à nouer des amitiés fortes et sans barrières entre ses personnages mais prend toujours bien garde de laisser chacun à sa place dans l'échelle sociale (comme dans Pauvre Blaise, que je n'avais pas aimé parce que trompée dans mon attente de voir les deux amis d'enfance tomber amoureux, avant de comprendre que Madame née Rostopchine n'aspirait pas à être la Louise Michel des contes pour enfants. Mais, ma foi de Dieu, j'en veux toujours à Madame la Comtesse pour cette lecture funeste !), ce serait faire offense à Paul Féval que de s'arrêter à cela. le plaisir de la lecture n'est pas dans l'histoire, même si elle tient en haleine, il est dans les belles descriptions d'un pays et de paysages qui tout à coup me manquent, entremêlés, car il ne faut pas tomber dans le pathos, d'une très agréable ironie qui croque Bretons et Normands avec les travers dont ils sont les plus fiers. Les Bretons sont courageux, fidèles, mais d'une superstition indécrottable (« On ne riait plus qu'à demi, parce qu'il ne faut pas parler longtemps de choses surnaturelles, quand on veut que les vrais Bretons restent gaillards. », p. 117, Chapitre 18, “Jeannin et Simonette”) ; les Normands sont ceux que seul l'or intéresse et dont les chevaux sont toujours pies, car même pour cela un Normand ne saurait trancher entre blanc ou noir…
Certes on peut voir dans cette ironie la condescendance dont la capitale fait alors preuve envers ces régions considérées comme arriérées (comme Gauguin qui quelques années plus tard ira en Bretagne chercher les sauvages, car c'est tout de même plus près que les Marquises !), mais on peut aussi y voir la fascination pour cette culture perdue (comme le montrent l'engouement pour les premiers folkloristes tels que Anatole le Braz ou de la Villemarqué).
Qu'importe ce que pensait alors Paul Féval, qui, né à Rennes se revendiquait breton (mais ça je ne l'ai vu qu'après avoir lu ce livre), intéressante posture pour l'époque. Qu'importe disais-je, car en tant que lectrice plus d'un siècle et demi après que ce livre ait été écrit, je sais que je me suis régalée de sa description de la terre à légende qu'est mon beau pays, ce pays où « les brouillards salés de l'Armorique détendraient vite les cordes de la vieille guitare d'Apollon. le biniou seul, avec sa poche de cuir et sa nasillarde embouchure, supporte le rhume chronique de ces contrées » (p. 151, Chapitre 23, “Comment Joson Drelin but la rivière de Rance”). Je sais que je me suis régalée de ses petites piques qui rendent le chauvinisme ridicule et qui pourtant semblent le renforcer, allez savoir pourquoi… Un livre à lire pour un Breton qui veut rire de lui-même ou qui veut se gorger de noms et se souvenir, un livre tel une madeleine trempée dans l'eau salée, et un livre pour les non-Bretons qui voudront soit se moquer de cette gente à la tête bien dure, soit faire connaissance avec ces gens étranges, qui ont « de la gaieté, mais de la gaieté bretonne, qui donne aux noces même une bonne couleur d'enterrement » (p. 158, Chapitre 24, “Dits et gestes de frère Bruno”).
Couesnon, folle rivière, tu peux laisser le Mont en Normandie, nous gardons pour notre part la baie enchanteresse et les coquetiers* courageux et rêveurs, ils nous font plus riches que les ors de Saint-Michel.

* Pêcheurs de coques : les coques (palourdes) sont une sorte de diminutif des coquilles de Saint-Jacques. Elles abondent dans la baie de Cancale et autour Du Mont. (Note de l'auteur ou de l'éditeur).
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J'ai découvert ce vieux livre dans le rayon fantastique. C'est d'ailleurs ce qui m'a intrigué et ce pourquoi j'ai voulu le lire. Mais au final, qu'y a-t-il de fantastique dans ce roman ? Rien, ou si peu. La Fée n'en est pas une, même si la légende la porte au-delà de la raison. Seuls le dépérissement et la mort du Duc François, accusé de fratricide, ont un goût étrange. Car la prédiction du jour de son trépas, ou plutôt la malédiction, lancée par son accusateur, s'avérera exacte.
Toujours est-il, je ne regrette pas de l'avoir lu. Ce roman écrit il y a plus de 150 ans n'a pas pris une ride, à l'instar des contes qui fleurent bon le Moyen Âge, les légendes bretonnes, les combats d'épée.
L'intrigue, bien qu'elle n'ait rien de fondamentalement originale, n'est pas avare de péripéties et est écrite avec humour. Ambiance rustique, imaginez un conteur au coin du feu… Imaginez le Mont-Saint-Michel, ses sables mouvants… Vous y êtes ! Et pour ne rien gâcher, les personnages sont attachants, même les « méchants » ont leur qualité qui empêche de vraiment les détester.
Vous voulez connaître la fin de l'histoire ? D'accord, je vais vous la dévoiler et je ne prendrai pas un grand risque, car elle finit comme tous les contes : les méchants sont morts, le beau chevalier épouse sa Reine. Et les Bretons sont contents !
Et malgré tout, Ô miracle, le lecteur aussi.
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En l'an de grâce 1450, le duc de Bretagne assiste à une messe en l'honneur de son frère mort quand Hue de Maurever, écuyer du défunt, l'assigne devant Dieu dans un délai de 40 jours. Pourchassé, le vieux chevalier ne doit son salut qu'au dévouement de sa fille Reine, du prétendant de celle-ci et d'une poignée de ses fidèles vassaux.

J'ai beaucoup aimé les personnages de ce roman. Si certains sont très monolithiques et sans surprise comme Hue de Maurever et Aubry de Kergariou, d'autres sont plus nuancés comme le petit Jeannin bien plus brave que sa réputation de "peureux comme les poules". de même, Reine, tout en étant la demoiselle en détresse de service, est aussi une héroïne courageuse, beaucoup plus présente et nuancée que ne l'étaient beaucoup de personnages féminins des romans de l'époque. Il y a plusieurs "méchants" dans cette histoire mais Paul Féval réussit à faire du plus dangereux d'entre eux, le chevalier Méloir, un "méchant sympathique". Il montre comment cet homme ni bon ni mauvais glisse du côté du mal par opportunisme et convoitise.
Cependant, le véritable personnage principal de ce roman, c'est le Mont-Saint-Michel et même, plus précisément, sa baie avec ses lises, ses tangues, ses mares, véritables adversaires que les héros et "méchants" doivent à plusieurs reprises affronter.

La Fée des grèves est un roman d'aventure comme on en écrivait au 19e siècle, très prévisible mais amusant. Paul Féval a le défaut de se laisser parfois un peu aller sur les descriptions et les anecdotes (le frère Bruno ne serait-il pas un peu son double ?) mais son récit est plein d'entrain, d'humour et d'une réjouissante mauvaise foi chauvine à l'égard des Normands. J'ai pris beaucoup de plaisir à relire ce roman, ou plutôt à l'écouter. L'enregistrement proposé sur Littératureaudio.com est très sobre mais agréable.

Challenge XIXe siècle 2023
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Un roman palpitant, dans la ma Bretagne chérie (qui est aussi celle de Féval) et ses contes et légendes...
Car bien qu'à l'instar du Loup-Blanc ou de son célèbre Bossu, cet ouvrage s'inscrive sans conteste dans le genre du roman de cape et d'épée, ces délicieuses légendes imprègnent le roman lui conférant une atmosphère envoutante...

Pour les personnages... le titre dit tout le héros est une héroïne avant tout, et si d'autre personnages masculin lui prête mainforte, notre courageuse Maude n'est pas une jeune fille passive comme l'est Aurore de Never.

L'intrigue posée avec délicatesse nous captive immédiatement, et dès "l'incident", nous voilà incapable de la quitter avant le dénouement.

Un roman tout simplement passionnant.
À lire.
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Roman de chevalerie, cap et d'épée, conte breton, roman historique! Cette Fée des Grèves est d'une lecture facile, même avec une poursuite haletante dans la baie du Mont Saint Michel, des combats moyenâgeux, la messe à l'abbaye Du Mont saint Michel, des moines combattants....avec en prime deux histoires d'amour, A mettre dans sa valise pour un week end au Mont saint Michel ou a découvrir au retour!
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Je pense qu'il s'agit là de l'un des premiers romans de Paul Féval. L'auteur se "cherchait" encore. Ce petit roman, écrit comme un fabliau du temps jadis, n'en a pas moins de charme et l'on se laisse volontiers prendre à sa simplicité, pour ne pas dire sa naïveté. On le lit en souriant avec indulgence, tendresse, amusement.
Comme dans les contes, tout finira pour le mieux : le courage, la loyauté et l'honneur seront vainqueurs, le preux chevalier sauvera et épousera sa belle, la justice triomphera, le petit pêcheur de coques "plus poltron que les poules" prendra de l'assurance, deviendra un héros et obtiendra, lui aussi, la main et le coeur de sa dulcinée. Oh et bien entendu, les méchants seront punis.
Le morceau de bravoure final est construit autour de la légende de la marée du Mont Saint-Michel, "qui monte à la vitesse d'un cheval au galop". Ainsi donc, Aubry de Kergariou, notre héros, ayant sauvé la belle Reine de Maurever, est pris au piège entre les sables mouvants dont il ne connaît pas l'emplacement et la fameuse marée, qui monte, qui monte... à vitesse grand V ! Guidé par son chien fidèle entre les "lises" (les sables mouvants), Aubry s'en remet donc à son vaillant destrier qui lutte de vitesse avec la mer... C'est tout joli, tout naïf, plein de fraîcheur. Frère Bruno racontera cette histoire durant des années, à en racasser les oreilles de tout le monde, et moi, franchement dit, j'adore ! J'adore ce passage. Qui pourrait d'ailleurs donner une jolie scène au cinéma.
Cela parait fade ? Non, ça ne l'est pas. Car si simpliste qu'elle soit, l'intrigue est servie par la plume de Paul Féval, qui nous entraîne avant tout, entre Bretagne et Normandie, autour du Mont Saint-Michel, dans les brumes, les mystères et les légendes du pays breton (ou normand) de l'an de grâce 1450. Et ce voyage est enchanteur. Et puis honnêtement, ça fait du bien, tellement de bien parfois de revenir aux sources et de lire un petit bijou comme celui-là, pétri de folklore et de simplicité !
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(lu ce livre dans une autre édition - recueil "gens de Bretagne - mais ça ne change rien).
1er texte de Paul Féval que je lis et c'est une belle découverte : c'est bien écrit, assez original (tournures qui ne sont plus en usage). C'est un récit un peu de "cape et d'épée" (comme le Bossu je suppose), donc avec surprises, rebondissements, ruses, combats..(cela ferait un bon scénario pour un (télé)film) pour capter et garder l'intérêt du lecteur mais c'est, dans le genre, bien fait : on s'intéresse aux personnages, bien caractérisés et parfois truculents (comme dans un film de John Ford) et, quand on connait un peu les lieux, on voit que P. Féval n'a pas écrit de conneries sur ces lieux (à part qu'il dit que les coques et les palourdes c'est pareil). Paul Féval n'hésite pas aussi à l'occasion à expliquer le phénomène des marées et celui des "sables mouvants", de la brume etc.. Quand j'y retournerai j'aurai peut-être une pensée pour cette histoire dans L Histoire.
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Le 8 juin 1450, une délégation en provenance d'Avranches se rend en la basilique du Mont-Saint-Michel afin de célébrer une messe en l‘honneur du duc Gilles de Bretagne, décédé d'inanition depuis peu. Il est mort de faim sur l'ordre de son frère, François de Bretagne qui assiste à cette cérémonie en compagnie de quelques chevaliers, hommes d'arme et de jeunes femmes, ou filles, portant le deuil.

Un chevalier manque à l'appel, Hue de Maurever. Sa fille, la belle Reine de Maurever, qui fait partie de la délégation, s'entretient avec Aubry de Kergariou, lui annonçant que celui qui défendra son père sera son chevalier. Aubry n'a pas encore vingt-ans et est amoureux de la belle Reine, pas même dix-huit ans, mais se dresse entre eux son cousin Méloir, âgé d'une bonne trentaine d'années, et qui lui aussi lorgne sur Reine.

Soudain au beau milieu de la cérémonie, un moine encapuchonné jette la perturbation, citant le duc François à comparaître dans un délai de quarante jours devant le tribunal de Dieu. Chacun peut reconnaître Hue de Maurever, fidèle de Gilles, qui disparaît en jetant la confusion. Une récompense de cinquante écus nantais est promise à qui le fera prisonnier. Méloir est également fort intéressé par l'annonce que celui qui l'attrapera sera sacré chevalier, une opportunité pour barrer le chemin à Aubry dans le coeur de Reine de Maurever.



A Saint-Jean des grèves, dans une ferme tenue par Maître Simon le Priol, les conversations tournent sur une probable apparition de la Fée des grèves, une légende qui semble prendre corps car la maîtresse de maison dépose le soir un bol de nourriture qui le lendemain est vide. L'annonce des cinquante écus nantais n'est pas tombée dans les oreilles d'un sourd. le jeune valet Jeannin aimerait pouvoir les toucher afin de gagner la main de Simonnette, la fille de Simon le Priol qui a promis sa fille à qui posséderait cette somme. Mais Jeannin, s'il rêve des cinquante écus, ne se résigne pas à dénoncer la cache de Maurever.

Méloir se fait chiper la bourse contenant la somme promise dans son sommeil par une jeune fille. Dans la nuit et la brume qui stagne sur la grève, Jeannin aperçoit une silhouette qu'il prend pour la Fée des grèves. Ce n'est autre que Reine de Maurever. Mais un autre personnage entre alors en scène, Maître Gueffès, un individu peu scrupuleux, mi-aventurier, mi-mendiant, qui lorgne sur la belle Simonette à cause de sa dot.



Commence alors tout autour de Dol, de Saint-Jean-des-Grèves, du Mont-Saint-Michel et du rocher de Tombelène une sorte de cache-cache dans le brouillard entre les soudards du duc François, de Méloir, d'un côté, de Jeannin, de Simonnette, d'Aubry de Kergariou et de Reine de Maurever, qui n'est autre que la Fée des grèves, de l'autre. Et au milieu Maître Gueffès qui joue les électrons libres pour son seul profit.



Cet épisode de la guerre des Bretons et des Normands alliés aux Français contre les Anglais qui tiennent une grande partie du Cotentin, permet à Paul Féval de déployer tout son talent de conteur et d'amoureux de sa Bretagne, ainsi que ses convictions monarchistes et catholiques, convictions qui évolueront au fil des ans.

Il s'inspire de légendes et de faits réels, de personnages ayant existés tout en enjolivant ou effaçant certains traits et actes dont ils sont les héros. Parmi les personnages secondaires, on retiendra celui du moine Bruno, un ancien soldat, qui est intarissable et aime conter moult anecdotes, mais est souvent interrompu dans ses narrations, ce qui fait que le lecteur parfois reste sur sa faim.



Mais c'est surtout pour Paul Féval le moyen idéal de magnifier le Mont-Saint-Michel, le rocher de Tombelène, aujourd'hui Tombelaine, et les environs. Il décrit les lieux avec précision, et s'attarde sur la grève qui s'étend à partir de l'embouchure du Couesnon entre Cancale et Genêts.

Mais à notre époque le Mont-Saint-Michel a beaucoup évolué, des travaux de restauration ayant été entrepris dès 1874, et si les bâtiments n'ont guère changé, quoique des recherches plus ou moins récentes aient mis à jours des salles qui avaient été murées, comme la salle Robert de Thorigny, redécouvertes dans les sous-sols de l'abbaye, ce sont surtout les marchands du temple qui se sont installés nombreux offrant aux touristes bon nombre d'objets ayant un rapport direct ou non avec la Merveille. Les hôtels-restaurants et les échoppes prolifèrent ainsi que des musées, dont la demeure de Bertrand du Guesclin qui fut capitaine de Pontorson et du Mont-Saint-Michel. Cette demeure fut construite, lorsque les Anglais furent boutés Du Mont, pour sa femme Tiphaine. Mais ceci est une autre histoire.

La Fée des Grèves est tout autant un roman historique qu'un roman d'aventures et d'amour dans lequel Paul Féval appose un humour particulier, caustique et ironique, celui que l'on retrouve dans La fabrique de crimes.


Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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