Les Compagnons se retrouvèrent sur le trottoir, contrariés du peu de crédit accordé à leurs témoignages et navrés à la pensée que Youlna ne serait sans doute pas retrouvée de sitôt... si même on la retrouvait un jour.
« Trois heures et demie! fit Bistèque en jetant un coup d'œil sur sa montre. Trop tard pour rentrer au lycée. Nous arriverions tout juste pour la sortie.
- Alors, remontons à la caverne, décida Mady qui grelottait, après l'étuve du bureau surchauffé du commissariat. Nous y discuterons plus à l'aise que dans la rue. »
Le temps était glacial, en effet. Ils hâtèrent le pas vers la rampe des Pirates où ils trouvèrent la caverne affreusement humide. Bistèque s'empressa d'allumer le radiateur à gaz qu'ils entourèrent frileusement.
Il leur était difficile, aux uns comme aux autres, de cacher leur désappointement, pour ne pas dire leur amertume. Certes, l'inspecteur Girodet s'était montré sympathique. En revanche, le commissaire, avec son air de commandant en retraite, n'avait pas fait preuve d'amabilité. Mady lui en voulait de n'avoir pas pris au sérieux son explication sur les individus du manège... et Tidou d'avoir dédaigné les services de son chien.
« Il nous a pris pour des « mômes », fit Gnafron, vexé, une fois de plus, d'avoir été considéré comme un gamin à cause de sa petite taille. Au fond, il est fâché de nous voir mêlés à cette affaire. Il ne nous imagine pas capables de tenir notre langue.
- Et il ne nous convoquera pas une seconde fois, ajouta le Tondu qui lui gardait une dent de l'avoir prié d'enlever son béret, l'obligeant à exhiber sa tête « déplumée » devant tout le monde. Si on nous tient à l'écart, débrouillons-nous pour mener notre propre enquête. Pensons à notre princesse!
- D'accord, approuva Gnafron, il faut faire quelque chose... mais quoi?
- On pourrait, par exemple, essayer de retrouver l'individu venu voir Mme Bouakou. »