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Éric Diacon (Autre)
EAN : 9782213000381
584 pages
Fayard (14/11/1974)
4.22/5   140 notes
Résumé :
L'histoire de Louis XI, c'est l'histoire d'un homme qui sut imposer aux autres ses décisions, qui dut garder sans cesse l'esprit en éveil, plier le temps à ses desseins, être deux fois plus habile et trois plus rapide que ses semblables, et cacher toujours son sens de la comédie derrière les gestes du conformisme. Adolescent sans ressources, il se rebelle contre le monde ; souverain tout puissant, il amène le monde à se rebeller contre lui.

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Ah, la réputation d'un souverain ! Elle lui colle à la couronne mieux que du chewing-gum à une semelle !

(Au passage, on peut dire merci aux Romantiques et aux historiographes du XIXème siècle et de la IIIème République).

Des rois fainéants mérovingiens vautrés dans leurs peaux de bête, un cuissot de chevreuil coincé en travers des mâchoires, au célèbre "Ils n'ont pas de pain; qu'ils mangent de la brioche !" fantasmé de Marie-Antoinette, tous les ingrédients sont là pour faire une bonne soupe populaire propre à stigmatiser les comportements et à exciter les passions. Or, si on peut se passionner pour un domaine comme L Histoire, on se doit aussi de l'aborder avec raison et objectivité, exactement comme un scientifique le ferait d'une expérience dans son laboratoire. On ne tire des conclusions et des théories que des faits, eux-mêmes étayés par des sources historiques ou archéologiques.

Le travail de recherche de qualité que nous livre Paul Murray Kendall dans cette biographie de "l'Universelle Aragne" tend à réhabiliter un homme, un politicien, un roi d'une intelligence supérieure.

Intelligence qui a dû contrarier voire effrayer un bon nombre d'esprits moins fins qui ont vite fait de taxer ce roi au physique disgracieux des qualificatifs peu propres à lui ériger une belle notoriété dans les siècles suivant son règne : sournois, calculateur, rusé, manipulateur, tyrannique, cruel... En prenant de confortables raccourcis, on en arriverait réellement à croire que celui qui de son vivant était déjà désigné comme une araignée prête à piéger ses ennemis dans une toile savamment tissée fut un "mauvais roi".

Qu'est-ce qu'un "mauvais roi" d'ailleurs ? S'agit-il d'un roi lâche, fuyant le champ de bataille ou simplement d'un intellectuel ayant une approche novatrice et visionnaire des alliances politiques et de la diplomatie, voyant au-delà du combat fratricide, au-delà de son règne, ayant... une vision stratégique de son devoir et une grande ambition pour son royaume ? On entend souvent dire que Louis XI n'était pas un roi belliqueux car il préférait payer rubis sur l'ongle ses ennemis pour désamorcer les conflits plutôt que croiser le fer avec eux et s'adonner ainsi au "sport national" de la chevalerie française. Or, Louis XI fut un roi belliqueux (quel souverain ou grand feudataire ne l'était pas au XVème siècle en Europe ?) mais il le fut différemment de ses prédécesseurs et, sans doute plus "intelligemment". Il n'est pas facile de trouver le courage de réformer un système politique et pourtant, qu'a-t-il fait d'autre que cela ?

La biographie de Paul Murray Kendall est un ouvrage passionnant qui rend parfaitement compte de la complexité de l'échiquier politique d'une période charnière pour l'Europe et la France. La chute du puissant duché de Bourgogne avec la mort devant Nancy en 1477 du duc Charles le Téméraire, la succession d'Aragon, la crise dynastique de la maison de Savoie jouxtant le fief du Dauphiné, la Ligue du Bien Public... et la nécessité de (re)construire la France sur des bases durables et d'en faire un état fort et dominateur après une Guerre de Cent ans qui l'a laissée exsangue sont autant de tâches qui ont largement sollicité l'énergie et la matière grise d'un roi pas si "mauvais" qu'on voudrait le faire croire.
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Louis XI, c'est d'abord le fils de son père : Charles VII. Tous deux se ressemblent dans l'art de la dissimulation et dans la ruse et la rouerie. Tous deux préfèrent user de diplomatie plutôt que de recourir aux armes, sauf quand ils ne peuvent faire autrement (et cela arrivera souvent, et ils ne se déroberont ni l'un ni l'autre quand il le faudra). Cette comparaison n'a pas été faite - ou en tout cas pas avec l'insistance souhaitable - par Paul Murray Kendall, et c'est dommage.
Car les deux hommes, père et fils, vont s'opposer durement ; la cause de leur affrontement : le fait que Charles VII trahit la foi conjugale, et trompa la mère du futur Louis XI, Marie d'Anjou, dans les bras d'Agnès Sorel, pendant plusieurs années, rendit Louis haineux contre son père ; il n'en pourra plus d'attendre que son père disparaisse, un père qui régna trop longtemps à son goût - un règne de victoire et de reconquête de la France sur les Anglais ; et Louis, de guerre lasse jouera, apprendra son futur métier de roi en gouvernant le Dauphiné ; mais son esprit d'intrigue contre Charles l'amènera à participer à de véritables ligues, dont la plus connue est la Praguerie (Charles n'était pas aimé par de nombreux nobles qui voyaient le pouvoir monarchique se renforcer à leur détriment) ; sa révolte le conduisit à se réfugier chez Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et il y fit la connaissance du fils de ce dernier, le jeune comte de Charolais, qui deviendra plus tard le duc Charles le Téméraire, qui sera le plus farouche ennemi de Louis XI, mais pour l'heure ils sympathisèrent. Paul Murray Kendall décrit tout cela magnifiquement.

Puis vint l'heure de la succession en 1461 : Louis XI eut tout de suite à faire face à une nouvelle rébellion de nobles, duc de Bretagne en tête, révolte à laquelle vint s'ajouter Charles le Téméraire et que l'on appela la Ligue du Bien Public ; la bataille de Montlhéry, livrée en 1465, magistralement décrite par Paul Murray Kendall, laissa Louis XI maître du lieu du combat, parce qu'il sut tenir bon face à ses adversaires.
Il comprit alors ce que son père avait pu ressentir devant ces révoltes nobiliaires contre l'autorité royale pour récupérer des droits qui leur avaient été confisqués, comme si leur temps n'était pas révolu.
Louis XI apprend des épreuves,comme lorsqu'il ira se jeter dans la gueule du loup, le Téméraire, à Péronne, alors que la ville de Liège dont il soutenait la cause secrètement entrait en révolte contre le prince-évêque, partisan du duc de Bourgogne.
Louis XI ne répétera plus cette erreur. Il laissera le Téméraire se perdre dans les fumées de ses rêves devant Neuss, puis en Suisse (Grandson et Morat en 1476), et mourir lamentablement en assiégeant Nancy en 1477.
Avec les Anglais, englués dans la guerre fratricide des Deux Roses entre York et Lancastre, mais toujours menaçants, en tout cas à certains moments, et Louis XI manoeuvrera le comte de Warwick, en se l'attachant, et nous évitera de la sorte et par d'autres moyens un redémarrage du conflit entre France et Angleterre. Il devint ainsi le plus grand diplomate et le plus grand manipulateur de son temps, et ce pour le plus grand bonheur du royaume. Paul Murray Kendall a mis l'accent là-dessus.
Sur le plan économique, le roi favorisa l'essor de plusieurs secteurs et fut particulièrement favorable à ce qui se passait à Lyon autour de la soie et des textiles.
L'image de l'homme ne saurait être complète si l'on ne parlait de son esprit superstitieux, de l'importance qu'il accordait aux "saintes médailles" auxquelles il prêtait des pouvoirs bénéfiques, que la ferveur religieuse décuplait à ses yeux, et enfin de sa grande piété mariale. On sait qu'il fera un lieu de pèlerinage personnel du petit sanctuaire de Notre-Dame de Cléry.
Walter Scott en 1823 avec son Quentin Durward avait donné du roi une image ténébreuse - et de même Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris.
Quelle que soit cette façon de l'imaginer, il n'en reste pas moins l'un de nos plus grands chefs d'État. Et nous devons remercier Paul Murray Kendall d'avoir cherché à nous le montrer tel qu'il fut, et non tel que nous l'avions imaginé à travers la littérature - aussi belle qu'ait pu être celle-ci.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)

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Louis a onze quand Jeanne meurt sur le bûcher. Elle est parvenue à faire couronner son père, Charles VII, à Reims. Mais la France est encore fragile, la couronne plus encore, et le caractère de son souverain bien davantage. Les deux plus puissants seigneurs sont le duc de Bretagne, toujours prompt à s'allier dans ses projets à l'Angleterre, et le si riche et puissant duc de Bourgogne. D'ailleurs, ce dernier vient de signer avec Charles VII la paix d'Arras qui prive le royaume de la Picardie. La France peut toutefois compter sur l'Écosse et les banquiers de Florence. Il faudra faire avec. L'époque de Louis XI, c'est celle du roi René d'Anjou, des banquiers Jacques Coeur à Bourges, Cosme puis Laurent de Médicis à Florence, de Sforza à Milan, de Charles le Téméraire, de Philippe de Commynes, de Pie II, puis de Sixte IV et de sa chapelle, d'Agnès Sorel et du nain et fou du roi, Triboulet.

Louis XI n'a pas hérité du caractère velléitaire de son père. À treize ans, on lui fait épouser à Tours la princesse d'Écosse, fille de Jacques Ier, Marguerite, âgée de 11 ans. À 14 ans, il est chargé d'un premier assaut, à Château-Landon, qu'il prend. Une rivalité semble s'installer entre Charles et son fils. Ce dernier ayant tendance à comploter contre son père, et celui-ci à charger son fils d'entreprises périlleuses en le privant de ressources. La prochaine victoire de Louis est diplomatique : il convainc les contrées de Toulouse de lui verser de l'argent et lève la menace que faisaient peser les Écorcheurs sur la ville en les achetant. Charles s'irrite. Son fils réussit tout ce qu'il entreprend. le duc d'Alençon, dont les terres sont toujours ravagées par les Anglais, en appelle à Louis. Et le duc de Bourbon le verrait bien prendre la couronne par anticipation – sous son commandement. le complot est déjoué. Les négociations à Clermont sont l'occasion de présenter ses arguments pour un gouvernement plus efficace. Mais Louis doit s'avouer vaincu – et affine ses connaissances en diplomatie en comprenant qu'il a été dupé par le duc de Bourbon. Sans doute vaut-il mieux prendre le pouvoir tout seul que de composer avec des seigneurs calculateurs et versatiles. Pour l'instant, il se soumet. Et pour le calmer, Charles lui accorde les revenus du Dauphiné – et le charge d'une nouvelle gageure : évacuer les pillards anglais qu'Henri VI ne paie plus et qui ravage la Seine et la Somme. Qu'à cela ne tienne, Louis prend Dieppe.

On l'envoie alors dans le Midi arraisonner le comte d'Armagnac qui y sème la zizanie. Rodez capitule, puis Toulouse. le comte se soumet – et Louis l'emprisonne – avant de fraterniser à vie avec ses généraux. Next step ?

Les Anglais n'ont pas renoncé au continent : voilà que le roi Henri VI se fiance à l'héritière de l'Anjou, fille du roi René, roi de Naples et duc de Lorraine, une autre Marguerite. Et pendant ce temps, les milliers d'Écorcheurs que comptent le royaume disloqué de France passent le temps en pillant les villages. Pour les occuper, on les envoie aider l'Allemagne et l'Autriche contre les Helvètes. Et c'est naturellement Louis, à 21 ans, qui en est chargé.

On lui promet, en cas de victoires, pour le motiver dans cette tâche qui fait achopper l'empereur, de nombreuses villes alsaciennes. L'armée de Louis part de Langres. Il prend Bâle. Zurich accepte de reprendre les négociations avec l'empereur. Subitement, Louis devient quelqu'un. Et puisqu'on lui refuse finalement les villes promises, il les prend lui-même.

Trop, c'est trop. Charles exige qu'il arrête ses manoeuvres et le rappelle à la cour. Fin du premier acte et deuxième soumission. Louis, dépité qu'on lui retire ses jouets, retourne s'enfermer à la cour.

Il s'ennuie. Son père fricote avec « la plus belle fille de France », Agnès Sorel, « Dame de beauté », devenue « maîtresse officielle ». Les Anglais, par des tournois, fêtent le départ de Marguerite d'Anjou. Quant à la sienne, de Marguerite, elle écrit et lit des poésies.

Les mondanités et les fêtes de contes de fées ne sont pas du goût de Louis qui préfère la vie de camp. Et comme il doit régler les affaires qu'il a laissées en plan en Alsace et que son père ne lui donne pas le dixième de ce qu'il dépense pour sa maîtresse, il fait la manche et utilise son temps et son argent pour monter une armée permanente avec ses troupes stationnées en Alsace.

Mais malgré les besoins dans le Roussillon et le Milanais, les tentatives de Louis de participer activement aux affaires du royaume se heurtent aux refus intransigeants de son père pour le neutraliser.

À l'été, rien ne le retient plus à la cour : sa fiancée Marguerite est morte d'avoir pris froid après une chaude journée. Pour éloigner l'importun qui dérange tout le monde, Charles l'envoie administrer le Dauphiné – où, naturellement, il fait des merveilles. Louis a 23 ans. Il ne reverra plus jamais son père.

En 1450, il ne reste en France aux Anglais que Calais : « le roi de France était devenu Charles le Victorieux, le plus puissant des monarques de la chrétienté ». Agnès Sorel meurt à Jumièges. Jacques Coeur, depuis Bourges, finance le roi, mais aussi le dauphin. le roi en prend ombrage. Il reproche à Louis de manigancer loin de la cour. C'est pourtant bien sa faute si Louis, à 27 ans, n'est toujours pas mêlé aux affaires du Royaume. Célibataire depuis la mort de Marguerite, il demande à son père d'approuver ses épousailles avec la fille du duc de Savoie. Refus de Charles. Louis l'épouse tout de même. Furieux, Charles se venge sur les alliés de Louis, à commencer par Jacques Coeur : emprisonné, exilé, il se réfugie à Rome et est chargé par le pape d'une croisade contre les Turcs. Il meurt en 1456 à Constantinople. C'est con, Jacques Coeur était aussi son banquier. Et Charles marche désormais sur la Savoie et le Dauphiné pour soumettre son fils.

Fort heureusement, les Anglais, qui sont rentrés dans Bordeaux, dévient le trajet de l'armée royale. Trêve pour Louis qui se voit chargé par René d'Anjou de prendre la tête d'une armée payée par Milan et Florence pour les aider à repousser Naples et Venise. Bonne occasion pour René de prendre enfin possession de Naples dont il est officiellement le souverain. le tout capote parce que la menace de l'armée de Louis s'approchant de Gênes suffit à réorganiser les alliances, y compris pour René. Un peu déçu, Louis rejoint la cour de René à Nancy. Et Charles reprend la route du Dauphiné.

Louis cherche partout des alliés : le pape, les Suisses – même les Anglais et le duc de Bourgogne. Succès mitigés… Seule solution : prenant prétexte d'accompagner la volonté du duc de Bourgogne de suivre la croisade demandée par le pape, Louis se dirige vers la Bourgogne – et, au cours d'une partie de chasse, se sauve du Dauphiné. Il se met sous la protection du premier ennemi de son père, Philippe le Bon, duc de Bourgogne : « le dauphin s'installa donc à la fastueuse cour de Bruxelles ». Philippe accorde à Louis la jouissance du château de Genappe, où Charlotte de Savoie le rejoint. Pendant ce temps, Charles reprend le Dauphiné. Ah les histoires de famille…

Louis ne s'ennuie pas moins de la vie de château à Genappe qu'à Nancy, mais s'évertue à faire bonne figure à son hôte et à comprendre la complexité et les raisons de la richesse de son duché : il observe, en apprend l'étiquette (reprise à Versailles après avoir été affinée en Espagne), et l'organisation. Philippe le Bon vieillit. Ils se fâchent. Louis sympathise avec son fils, le comte de Charolais, futur Charles le Téméraire et héritier du duché de Bourgogne. En 1459, tandis que Louis approche des 40 ans, Charlotte accouche d'un premier fils, qui meurt à 4 mois. Charles VII vieillit lui aussi. Louis sollicite des réconciliations – refusées.

Depuis Gênes, le roi René entend toujours conquérir Naples. Il demande son aide à Charles VII. En Angleterre s'écharpent les York et les Lancastre du roi Henri VI. Puisque Charles VII les finance (Marguerite d'Anjou est reine et le roi Henri VI est petit-fils du roi de France Charles VI), Louis et le duc de Bourgogne s'allient au comte de Warwick, qui tient Calais, soutien du duc d'York. Milan étant l'ennemie de Naples, Warwick et Louis s'allient à son nouveau duc, Francesco Sforza. Lancastre-Anjou-roi-de-France-Naples contre York-Bourgogne-dauphin-Milan. Voilà comment l'Europe se clive par la rivalité entre un père et son fils.

Le 25 juillet 1461, Charles VII meurt d'une infection de la mâchoire. Louis devient roi. Il fait donner une messe de requiem – et part à la chasse.

Les coûteuses réjouissances (tapisseries dans les rues, fontaines de lait, de vin…) de la procession vers Reims et Paris sont payées par Philippe le Bon, qui tient à marquer son allégeance au nouveau souverain. Changement de gouvernement, les fidèles du père sont remplacés par ceux du fils. Mais fin septembre, Louis est lassé de la vie parisienne. Il gouvernera depuis la Loire : Amboise, Tours, Orléans, Montargis. Il a 38 ans. La France féodale et disloquée va devenir centralisée, monarchique et bureaucratique. Il s'agit pour le moment de contrôler les initiatives de ses rivaux – homologues royaux ou vassaux.

Tout commence avec l'Espagne. L'Aragon lui demande son aide contre Barcelone qui (déjà) se révolte. Louis accepte contre la Cerdagne et le Roussillon. Et hop, en deux ans, c'est plié, les frontières du royaume s'étendent vers le sud.

En Italie, Louis, devenu roi, se doit maintenant de soutenir René d'Anjou, son vassal, contre Milan. Changement d'alliance. Mais Louis et Sforza se comprennent : Louis n'entend pas menacer plus qu'oralement – et Sforza n'est pas homme à se laisser impressionner. La diplomatie précelle la guerre – qui n'a pas lieu.

Louis excelle en diplomatie. Allié des Yorkistes, avec Warwick, il doit maintenant soutenir les Lancastre, de sang français. Fastoche : Louis convainc ces derniers que la paix est au prix de son retrait des affaires anglaises. Pour calmer la Bourgogne, alliée des York, il convainc le duc que la paix en Angleterre est la condition de sa croisade contre les Turcs. Louis, au centre de l'Europe, obtient ainsi que Warwick, avec l'accord de tout le monde, négocie une trêve avec les Lancastre : « le roi de France accomplit un nouveau « tour de force » ».

Ce n'est pas fini. Louis avait relu les traités. Il s'était avisé que le traité d'Arras de 1435 qui retirait la Picardie à la France, prévoyait son retour contre paiement. La somme était jugée incommensurable (400 000 écus d'or). Depuis deux ans qu'il est sur le trône, Louis travaille à la réunir. En 1463, il paie. Et de deux. Ou voilà comment la paix en Angleterre étend les frontières de la France vers le nord. le front du duc de Bourgogne se plisse.

En 1463, avec tous ces succès, Louis agace. L'Anjou s'impatiente. D'autant que l'Aragon est l'alliée du roi et de Naples. le pape réclame de l'argent. Louis se braque. Ils se fâchent. Louis envoie paître le pape en rétablissant l'indépendance de l'église gallicane. le pape menace de l'excommunier. Et François II, duc de Bretagne, s'insurge de ne plus avoir la liberté de nommer les prélats de son duché. Il fomente une alliance avec l'Angleterre. Henri VI répudie Marguerite d'Anjou. Et la Bourgogne se dérobe aux ambassades de Louis. Tout part à vau-l'eau.

Pour calmer le jeu, Louis convoque une diète des Princes à Tours pour juger François II. Son discours fait à nouveau merveille : François II est prié de se soumettre au roi, ce qu'il fait de bonne grâce. Mais c'est une façade : tous, en secret, sont en train de se liguer contre lui. Louis le comprend en un éclair quand son frère, le duc de Berry, au comportement étrangement nerveux depuis quelques temps, s'enfuit sans prévenir vers – Nantes.

Rappliquant dare-dare à Thouars où se trouve le trésor royal, Louis organise la riposte. Son plus fidèle allié reste son oncle, le roi René d'Anjou. Et Sforza de Milan lui envoie une petite armée. Louis peut aussi compter sur son armée permanente, stationnée à Poitiers et dont une partie revient du Midi. Après quatre mois de manoeuvre, l'armée royale rencontre celle du duc de Bourgogne à Monthléry – et la vainc.

Vient le siège de Paris. Il s'enlise. Les négociations traînent. Stupeur et catastrophe, Rouen est prise. Louis fait à nouveau le diplomate : s'il satisfait égoïstement la Bourgogne, la Ligue du Bien Public sera disloquée. le frère du roi hérite de la Normandie ; et Louis, sans descendance mâle, promet à mots couverts, car sa fille Anne est à marier, la couronne de France à la Bourgogne. Ça marche. La paix est négociée séparément avec la Bourgogne – et les ligueurs n'obtiennent que des picaillons. En novembre, après six mois de conflit, la paix rompue en mars est revenue. Elle coûte à Louis la Normandie, la Picardie et 200 000 livres annuelles.

C'est passager : quelques semaines après seulement, le nouveau maître de la Normandie appelle le roi son frère à l'aide : le duc de Berry ne s'en sort pas. Trois mois après l'avoir perdue, en janvier, Louis récupère la Normandie. Et le duc de Bretagne doit lui faire allégeance. L'optimisme revient.

En 1466, la reine donne un second garçon au roi. Mais il meurt après quelques heures. La couronne reste pour le moment à la Bourgogne.

Louis veut maintenant briser l'alliance entre la Bretagne, la Bourgogne et l'Angleterre. Édouard IV vient d'obtenir le financement d'une nouvelle campagne en France, avec l'aide de ses alliés. Jouant comme toujours la diplomatie, Louis s'ingénie à mettre en défaut les traités d'alliance. La Bourgogne signe pour trois la prolongation d'une trêve. La Bretagne omet de confirmer. le lendemain de l'échéance, l'armée française marche vers la Bretagne. En catastrophe, François II, pris au dépourvu, appelle ses alliés à l'aide. Au traité d'Ancenis, il renonce à nouer alliance avec l'Angleterre et la Bourgogne. La Bourgogne l'apprend et se fâche contre François II. Louis doit aller s'expliquer sur le bazar qu'il a mis.

À Péronne, les négociations patinent. Liège se révolte. Commynes, transfuge du duc de Bourgogne, se met opportunément au service de Louis et lui prodigue ses conseils : Louis doit souscrire à apporter son aide à Charles contre Liège. Ensemble, ils matent la ville rebelle. On ignore qui a joué qui dans cette affaire : quand ils entrent, la ville est vide. Et Louis recommande de ne pas la raser comme le veut Charles. La promesse réalisée, Louis obtient la signature du traité de Péronne qui isole maintenant de ses alliés la Bourgogne. Pour tout cela, il aura fallu à Louis un mois.

En juin, Charlotte accouche d'un garçon. Celui-ci vivra et deviendra le futur Charles VIII. Pas de chance pour la Bourgogne qui voit la couronne de France s'éloigner.

Mais la paix ne tient pas. le duc de Bourgogne est encore trop puissant. Il tire sa puissance de sa richesse. Louis va donc le ruiner. Les Médicis sont ses alliés. Ils possèdent une succursale à Bruges. Louis obtient qu'elle cesse de financer Charles. Les banquiers, dans ce monde, n'étant pas si nombreux, Charles se met à trembler.

Les Pays-Bas qui lui appartiennent sont très industrieux. du coup, ils importent leurs vivres. Louis décrète un embargo sur le vin et les céréales. Genève rayonne avec ses quatre foires annuelles ? Louis les coule en instituant celles de Lyon. Maintenant, c'est toute la Bourgogne qui gronde.

Mais c'est la Suisse et la Lorraine – et sa mégalomanie – qui achèveront le duc. le voilà qui veut faire la guerre à l'empereur. Deux défaites cuisantes en Suisses l'affaiblissent et celle de Nancy le tue. L'héritière, Marie, n'a aucun pouvoir. Voilà, c'était un peu plus long que pour le reste, mais Louis a encore gagné : la Bourgogne, la plus puissante et la plus riche cour d'Europe, est vaincue.

Restent les Anglais qui se tâtent encore pour repasser la Manche à l'occasion. Louis change leurs incursions militaires en séjours touristiques : les délégations britanniques sont constamment rassasiées en vin, repas, divertissements et repartent toujours avec de l'or, de l'argent et des tombereaux de tissus et de soies qui font la publicité outre-Manche de la qualité des productions françaises. Ça coûte un peu – sauf si on prend ces dons pour des échantillons : réjouis, ses hôtes font la publicité de leurs belles étoffes à Londres – et l'industrie française s'ouvrent à nouveaux marchés et de nouveaux clients. La paix coûtera 50 000 livres par an, mais sans tenir compte de l'augmentation des revenus commerciaux – et elle reste acquise : les Anglais laissent définitivement tranquilles les provinces françaises.

Quant aux villes du nord (Arras, Douai, Valenciennes, etc.), puisque la tentative de « colonisation » d'Arras a échoué, Louis part en campagne – et récupère la Somme et la Picardie. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir le temps de soutenir son allié Laurent de Médicis qui échappe de justesse à un attentat contre lui organisé par ses concurrents les Pazzi, alliés à Naples et au Pape, qui veulent sa peau.

En 20 ans de règne, le pouvoir royal faible et le territoire disloqué, s'étaient centralisés et homogénéisé autour de la figure royale. Les tensions aux frontières (Anglais, Bretons, Bourguignons, Armagnac) ont disparu. le budget de l'État a doublé (2 à 4,5 millions de livres). Et pour asseoir sa supériorité – à ses vassaux qui tenteraient de bluffer dans leurs initiatives –, Louis n'hésite pas à étaler devant eux, grâce à la performance de ses services de renseignement, les sommes de courriers qu'ils ont envoyés et reçus – les originaux bien sûr – manière de faire comprendre qu'ils n'ont reçu que des copies. Sic. L'universelle araigne, diabolique, a bien tissé sa toile…

À partir de 1481, Louis XI enchaîne ce qui semble être des hémorragies cérébrales. En retraite au Plessis-du-Parc-lès-Tours, il ne se remet pas de la troisième et, en 1483, meurt, à soixante ans, entouré de ses reliques, médailles, de ses chiens de chasse adorés – et de la compagnie de l'ermite François de Paule. À 70 ans, du royaume de Naples, il a fait le voyage pour venir apaiser son âme. Louis a juste eu le temps de faire ses dernières recommandations à son fils, âgé de treize ans, qu'il a peu fréquenté, le futur Charles VIII. Louis ne pensait pas mourir à cet âge si avancé, puisque, depuis un siècle, rapporte-t-il, aucun roi de France ne l'aurait dépassé.

Le biographe révèle que les plus proches de Louis sont inquiétés (exil, décapitation, cage de fer pour Commynes), mais que le règne de Charles VIII, bien que moins volontaire que son prédécesseur, n'est pas contesté, marque de la solidité des institutions mises en place par son père. Il achève en regrettant que la ruse diplomatique ne se soit pas davantage transmise et que l'agitation en Italie ait mené au contraire à une première campagne, désastreuse, qui initiait celles à venir de Louix XII et François premier – pour le malheur de l'Italie.

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La biographie est précise, parfois, croit-on, à l'excès, surtout au début, mais s'éclaircit après les victoires à Montlhéry et l'apaisement des ardeurs anglaises. On saisit alors comme il fallait avoir l'esprit pénétrant pour composer avec les difficultés contingentes sans perdre un projet qui s'étend à l'échelle d'une vie et d'un continent. Et peut-être fallait-il, pour révéler la ruse de son objet d'intérêt, un biographe aussi filou que lui… La traduction est splendide et les nombreux inserts de citations des courriers d'époque divertit en ressuscitant le parler du monde de Louis XI. Si lointain, si proche…
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Voilà, c'est fait, je l'ai lu. Louis XI. Un sacré pavé qui trônait là dans ma bibliothèque et que je n'avais jamais vraiment ouvert.
Pour tout vous dire, il trônait là depuis bien quatre ans...
3 jours de lecture, 3 jours de plaisir avec l'envie de ne jamais fermer le livre. Je me disais d'ailleurs, avec toutes les notes en fin de livre, le bouquin sera vite terminé, pas la peine de lire les notes ! Eh bien, mal m'en a pris de penser ainsi, même les notes de fin d'ouvrage sont PASSIONNANTES ! C'est là que je me dis que j'ai hâte de commencer mon travail d'historienne, un jour peut-être...
Louis XI, soit la meilleure des biographies de figures royales que j'ai jamais lues. Pas trop guerrière, la biographie, pas trop technique, pas trop "historico-historicienne", pas trop "théorie du complot", pas trop religieux, pas trop paillarde, pas trop érudite, voilà le genre de biographie que j'aimerais lire tous les jours. Quelques fautes d'orthographe repérées, mais je pense bien corrigées depuis! Croustillante d'anecdotes historiques, de détails passionnants, de stratagèmes, de rencontres diplomatiques, cette biographie est magnifiquement bien écrite.

Louis XI m'est devenu très sympathique et plus complexe qu'on le décrit. Il fallait bien que je comprenne un peu la vie du grand Seigneur qui vécut à Loches et à Tours, par chez moi...

A lire absolument!
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S'appeler Peronne et s'apprêter à dire du bien de Louis XI pourrait relever de la gageure.
Et pourtant…
Ce livre m'avait été offert il y a de très nombreuses années. Ce n'était pas un livre "choisi", mais un cadeau et vous savez ce qu'il en est des cadeaux ou des surprises ( ce sont pour moi deux mots proches de la synonymie)… !
J'ai profité du confinement (qui pour moi se poursuit) pour exhumer quelques bouquins que j'avais laissés dormir dans ma bibliothèque, et fort heureusement l'ouvrage de Paul Murray Kendall ne croupissait pas dans une oubliette ; il attendait seulement son heure.
J'étais averti des pièges de l'Histoire dans lesquels nous font plonger beaucoup d'historiens (souvent de bonne foi), et j'avais en mémoire mes manuels scolaires du début des années 60 où " L'universelle araigne" apparaissait sur des images à côté de pauvres bougres déshumanisés, en position quasi foetale, vêtus de quelques haillons et… encagés…
Ou bien encore faisant face à son frère, pardon... cousin ennemi, Charles le Téméraire… le retenant prisonnier à... Péronne.
Intelligent, rusé, machiavélique, cruel… tel était l'héritage d'une scolarité qui avait réduit ce monarque à des clichés, à une caricature.
Il faut dire que, mettant leurs pas dans ceux des historiens, des grands noms de la littérature… Victor Hugo, Walter Scott et d'autres, avaient contribué à donner un écho insistant à ces clichés, sans oublier, plus tard, le cinéma.
Puis arriva Paul Murray Kendall et le long et très fouillé travail de recherche, dont témoigne ce livre accessible à tous, passionnant, bien documenté et expliqué… pour réhabiliter celui qui à six ans croisa la route de Jeanne d'Arc, réussit grâce à une intelligence hors du commun, un sans aigu de "la chose politique", à entrouvrir les portes de la Renaissance à un Royaume de France moyenâgeux, ravagé par la Guerre de Cent Ans, en proie à des luttes intestines incessantes entre les "Seigneurs"... bref de passer de la féodalité à l'État.
Cette biographie très réussie nous plonge dans ce milieu du XVe siècle qui nous paraît si éloigné mais dans lequel nous nous immergeons au bout de très peu de pages grâce au travail de recherche de son auteur évoqué précédemment, mais aussi grâce à une qualité de conteur (qui ne retire rien à la rigueur dudit travail)… et le "miracle" se produit. Nous approchons enfin cet être mystérieux qui nous devient familier et sympathique.
Physique ingrat, de taille moyenne, des jambes courtes, de constitution robuste.. sa présence, son magnétisme, son charme et son intelligence tissent une toile romanesque (et historique) dans laquelle vous vous laisserez prendre et surprendre avec délectation.
Louis XI a été un passionné de chasse toute sa vie, un travailleur acharné, sillonnant inlassablement son Royaume à cheval, logeant le plus souvent dans ce qu'il y avait de plus modeste, se restaurant dans des auberges ou chez des gens "simples", un homme qui avait horreur du paraître, qui haïssait la guerre mais qui fut contraint de la faire… un homme qui souffrit sa vie durant de crises hémorroïdaires douloureuses, qui souffrit de troubles hépatiques, qui surmonta plusieurs AVC… avant que le dernier ne l'emporte. Un homme paradoxal, ambigu, complexe, attachant.
"Il eut l'audace de préférer la ruse à la force et il eut la grâce de mettre en pratique un sens de l'humour qui fit de lui un étranger dans son époque. Quoiqu'il ait transformé un grand royaume et laissé à la postérité une brillante leçon de politique, peut-être n'est-il pas plus important par ce qu'il fit que parce qu'il fut : une des personnalités les plus extraordinaires de tous les temps."
À lire absolument !
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Alors que cinq siècles seulement nous séparent aujourd'hui de la France dont hérita Louis XI lorsqu'il devint roi, le 22 juillet 1461, six siècles et demi déjà séparaient celle-ci de l'époque de Charlemagne. Cependant, ce dernier se fût certainement trouvé plus à l'aise dans la France de Louis XI que nous, qui en sommes pourtant moins éloignés dans le temps.
L'accélération générale de l'évolution, le stupéfiant paradoxe que constituent la coexistence d'une société ordonnée, supérieurement organisée, avec une violence concertée d'une intensité et d'une efficacité sans précédent sont autant de nouveautés et d'aspects propres à notre temps qui nous rendent tout à fait étrangère l'époque plus simple de Louis XI.
Les hommes du temps de Louis savaient ce qui était juste, même s'ils ne s'appliquaient pas toujours à suivre la justice ; ils connaissaient l'existence d'une source de miséricorde, quoique eux-mêmes ne fussent pas toujours miséricordieux ; ils savaient que peine et châtiment sont les justes tributs du mal, même si ce n'est pas toujours en ce monde qu'il faut payer le prix de ses errements ; ils n'avaient pas le moindre doute quant à l'existence de Dieu.
La masse n'avait qu'une intelligence primitive de l'homme, de la fonction et de la force des institutions, mais sans doute appréciait-elle plus vivement que nous l'aspect tragi-comique, le caractère absurde et merveilleux de l'existence humaine. Les amusements étaient rares mais intensément savourés ; l'ennui était inexistant, ou du moins méconnu ; la précarité de la vie était admise ; largement répandues, la souffrance et la pauvreté n'étaient pas déshonorantes. L'inhumanité de l'homme face à son prochain ne constituait pas une insulte au progrès ; elle attestait tout bonnement la réalité de la chute et de l'expulsion du Paradis terrestre. La foi, l'habitude et la résignation venaient adoucir la dure existence de l'homme.
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Ayant travaillé quelque treize ans à cette biographie, j'ai contracté tant de dettes envers les savants, les collègues, les amis, le personnel des archives et des bibliothèques des États-Unis, d'Angleterre, de France et d'Italie, qui m'ont prêté leur concours, que je ne vois d'autre solution que celle, bien imparfaite, de leur adresser en bloc mes remerciements pour l'aide toujours précieuse et bien souvent sans prix qu'ils m'ont apportée.
Ce livre a pu être écrit grâce à l'appui de la fondation Guggenheim, dont par deux fois j'ai été le boursier, de 1957 à 1958 et de 1961 à 1962, de l'American Philosophical Society, qui m'a accordé une subvention en 1959, et de l'Ohio University, qui m'a offert une chaire de professeur en 1966...
(extrait de la préface de l'auteur insérée en début de l'édition de poche parue en 1980)
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Une part importante de cette biographie se trouve basée sur des documents diplomatiques italiens, et surtout milanais, qui pour la plupart n'ont pas été publiés et dont pratiquement aucune n'a été utilisé par les biographes de Louis XI.
(...)
Ayant travaillé quelque treize ans à cette biographie, j'ai contracté tant de dettes envers les savants, les collègues, les amis, le personnel des archives et des bibliothèques des États-Unis, d'Angleterre, de France et d'Italie, qui m'ont prêté leur concours, que je ne vois d'autre solution que celle, bien imparfaite, de leur adresser en bloc mes remerciements pour l'aide toujours précieuse et bien souvent sans prix qu'ils m'ont apportée.

568 - [p. III et V de la Préface]
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A la grande surprise de ses auditeurs, qui s'attendaient à entendre le chancelier, ce fut Louis qui prit la parole. Avec conviction, il s'efforça de leur inculquer sa vision d'une France unie et prospère où chacun aurait la même chance de succès. Il désirait, expliqua-t-il "trois choses principales pour le bien du royaume tout entier" : que chacun puisse commercer sans entrave, selon son bon plaisir ; que la justice soit réformée de façon à éliminer atermoiements et corruption ; que la France enfin soit soumise à une loi unique et ne connaisse plus désormais qu'un seul poids, une seule mesure et une seule monnaie. Il admettait que "son royaume était si grand qu'on ne pourrait y parvenir qu'au prix de grandes difficultés". C'était la dernière fois que ses sujets et lui auraient l'occasion de se voir.
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Le samedi 19 novembre 1468, des hérauts royaux publièrent sur les places de la capitale la paix qu'avaient signée le roi et le duc de Bourgogne. Le même jour, il fut proclamé que personne ne devait dire quoi que ce fût "à l'opprobre dudit seigneur, fût de bouche, par écrit, signes, peintures, rondeaux, ballades, virelais, libelles diffamatoires, chansons de geste ni autrement". Le 19 toujours, des commissaires royaux s'occupèrent de rassembler tout ce que Paris comptait de "pies, geais, chouettes étant en cage ou autrement" et de les apporter au roi, qui fit enregistrer les noms de leurs propriétaires et consigner par écrit les paroles qu'on leur avait appris à prononcer (dans le genre : "Larron! Paillard! Fils de putain! Va dehors, va! Perrette, donne-moi à boire!"). Peut-être Louis espérait-il découvrir une pie qui fût capable de dire : "Bourguignon, fils de putain!"
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