Combattre pour la victoire
Alors qu'on s'attendait à l'instar des deux précédents opus à l'apparition d'un « méchant » côté Vipères, on constate que l'auteur finalement ne propose aucun équivalent à Hagard et Griffsec dans ce troisième clan. le Royaume des reptiles se révèle finalement le plus « équilibré » et le mieux organisé des trois avec à sa tête le couple royal Ondula/Vipélias, respecté et aimé de son peuple. Chose également intéressante à constater c'est que dans toute la trilogie, seules les vipères tuent pour se défendre quand les poules tuent parfois par plaisir ou les renards pour se nourrir. L'intention de l'auteur aurait-elle été ici de présenter, face au chaos qui frappent les clans des poules et des renards, un modèle de société à suivre basée sur l'entraide et la résistance raisonnée, seul moyen finalement de survie ?
Une chose est certaine : la violence est au rendez-vous dans ce dernier opus. C'est le volume de l'affrontement et des trahisons. Les poules sont d'ailleurs très fortes dans ce domaine comme le montre l'attitude de leurs soldats (sorte de « poules mouillées » ?) qui changent régulièrement leur fusil d'épaule selon que Griffsec ou Filvite prend le dessus au fil des confrontations. On égorge, on dégomme à tout va et parfois même par plaisir. C'est le personnage de Gès qui symbolise cette obsession malsaine. Il rappelle ainsi ces hommes de main dont s'entouraient, autrefois, les puissants pour faire la basse besogne, le tout sans aucun scrupule ni remords. Quant au personnage de Jab, il a un petit côté Voldemort quand il exerce son pouvoir de « siffler », dupant ainsi les vipères dont il comprend le langage. Ces deux personnages sont particulièrement bien pensés et fascinent le lecteur malgré leur manque de compassion devant la souffrance d'autrui.
La scène de la grotte de Pattefine est sans aucun doute le climax et la scène la plus réussie de la saga, puisqu'elle révèle une idée importante : toute alliance est vouée à l'échec si elle ne repose pas sur une honnêteté totale des différentes parties. Ce qui est d'ailleurs intéressant, c'est de constater qu'au moment de l'explication finale, ce sont les méchants qui finissent par s'affronter, aucun d'eux n'ayant envie de se sacrifier pour les autres. Comme quoi le bien n'a pas toujours besoin de se justifier pour triompher, il lui suffit de s'envoler dans les cieux (Comprendront ceux qui liront le livre !). C'est là encore une originalité de ce récit et une rupture avec la sempiternelle dichotomie entre le bien et le mal. Les méchants ne détestent pas seulement les gentils, ils se détestent entre eux aussi.
A noter également le rôle des renards du désert menés par Dunir et Hemline qui rappelle encore l'idée qu'on a parfois besoin d'un plus petit que soi pour surmonter une épreuve. La Fontaine n'avait finalement pas tort !
Mon chouchou à moi
Bon ce n'est pas vraiment un chouchou mais comme je n'avais pas été très sympa avec lui dans mon billet consacré au premier tome, je dois me montrer honnête avec vous. Faubec est toujours une sacrée tête à claques dans ce dernier tome mais il faut lui accorder un certain courage notamment dans la dernière scène où il nous joue quand même un remake de Luke Skywalker s'opposant à son père Dark Vador (Ben voilà une bonne idée pour une nouvelle saga. Faudrait en parler à Georges Lucas, non ?).
Bon ben comme dirait Jean-Louis Aubert « Voilààààààààààà c'est fini ! » Et je suis bien triste de devoir le dire mais mes poules, mes renards et mes vipères vont bien me manquer.
Alors Poulpe Fictions, M. Ivoire et Miss Paty, on vous attend très vite pour un nouveau projet d'une aussi belle qualité, et je ne pense pas être le seul à en rêver. Même de Palmas le dit : « J'en veux encore ! »… Bon je vais aller me coucher car ma tristesse me fait un peu dérailler et pour ceux qui ne connaissent pas encore cette saga, il n'y a plus de temps à perdre car vous êtes en train de passer à côté d'une véritable pépite.
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