Evangelii Nuntiandi

Dans cette exhortation apostolique faisant suite à la troisième assemblée synodale des évêques consacrée à l'évangélisation, le pape Paul VI remet au coeur des débats la mission qui fait la spécificité et la raison d'être de l'Eglise : l'annonce de l'Évangile. Ce texte n'est donc pas sans rappeler le message inlassablement porté par Léon XIII de ne pas se détourner de la mission fondamentale qu'est l'évangélisation.

Paul VI, s'il ne nie pas les nécessités d'aide matérielle pour les peuples qui souffrent, rappelle que le message de l'Eglise ne saurait être réduit à un projet simplement temporel, sans quoi elle ne serait qu'une ONG parmi d'autres. L'évangélisation a bien une visée spécifiquement religieuse et le message de libération porté par l'Eglise dépasse la simple visée anthropocentrique.
"L'Église réaffirme la primauté de sa vocation spirituelle, elle refuse de remplacer l'annonce du Règne par la proclamation des libérations matérielles".
On ne peut que constater la réalité de ce risque dans le pontificat du Pape François qui semble ne se soucier que des problématiques humaines matérielles, au risque de tomber dans un millénarisme douteusement catholique...

Si Paul VI a la fâcheuse tendance de concentrer sa vision du message évangélique plus sur les espérances qu'il contient (Salut offert à tous, Royaume éternel, paix promise, unité fraternelle entre les hommes etc.) que sur les exigences qui vont avec (nécessaire conversion du coeur, changement de mode de vie, renoncement au péché, obligations et devoir d'état etc.), il a le mérite d'affirmer clairement que l'Évangile ne doit pas être corrompu par une volonté irénique d'évangéliser en quantité plus qu'en qualité.

Il insiste avec force sur un aspect essentiel de la mission évangélique, qui est son caractère de devoir. Chaque catholique est envoyé et il ne s'agit pas d'un libre choix mais bien d'un impérieux devoir que de répondre à cet appel, sans quoi la foi est vécue de manière individualiste, égoïste.

On pourra cependant regretter l'aspect parfois verbeux de la prose de Paul VI, tendance largement répandue parmi les autorités ecclésiastiques de son temps et jusqu'à aujourd'hui.