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EAN : 9782072752612
80 pages
Gallimard (04/01/2018)
3.68/5   113 notes
Résumé :
"Puisque le Domaine est une propriété privée et qu'il ne passe ici qu'un ou deux véhicules par jour, nous marchons en plein milieu de la chaussée, la route nous appartient, on dirait qu'elle a été tracée pour nous seuls au milieu des vallons, percée à flanc de coteau puis parfaitement aplanie, égalisée et goudronnée uniquement pour que toi et moi puissions y marcher tous les deux côte à côte le plus confortablement possible, et parler, parler sans cesse, expliquer, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,68

sur 113 notes
Quelles sont les limites de la séduction ? Ou encore, quel(s) élément(s) provoque(nt) sa dérive vers l'Amour sincère et durable ?
Ce court roman nous entraîne dans le tourbillon de la séduction entre une femme mariée qui parle ouvertement de son « compagnon » et un célibataire, le temps d'un séminaire au Domaine. Il est charmé par son allure, ses propos, sa façon d'être tout simplement. L'intellect, le physique, le feeling, tout les rapproche !
Elle est sa princesse, il est son mentor.
Lequel des deux succombera le premier à la tentation et croquera la Pomme d'Amour ? «La vie princière» ne sera-t-elle qu'éphémère ?
Je les ai volontiers suivis dans cette course poursuite de ce « conter fleurette » intellectuel et ravissant. Mais au final, je suis restée à la lisière de cette aventure littéraire. Cette alchimie n'a pas fait recette à mon goût, elle a manqué…de peps et je suis restée sur « ma fin » !
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" Oui, ici, c'est vraiment la vie princière, la vie portée à son maximum, le lieu idéal, les trois mille oliviers et les trois mille cyprès, les pins parasols et les amandiers, ainsi que les êtres qu'il faut, et pour moi l'être qu'il faut, c'est toi."

Ce court récit, entre réalité et fiction, est une lettre écrite par un romancier à une femme rencontrée cinq jours durant, à un séminaire en Provence. Une femme dont il tombe très vite amoureux. Mais cet amour reste à sens unique...

J'ai beaucoup apprécié la description très précise, dans un style concis mais aussi intense et souvent poétique , des différents états par lesquels passe le narrateur: éblouissement, manque, abattement, espoir, regret... Toute une gamme subtile de sentiments se déploie , et l'image de cette femme italienne séduisante, intelligente se dessine peu à peu, et nous hante aussi.

J'ai goûté avec plaisir l'univers trouble des possibles, le frôlement des peaux, l'éclat des regards, les promenades du désir, les gestes rêvés...

" Je me dis qu'il n'y a jamais de hasard, que les choses se tressent les unes aux autres pour former une troublante guirlande"....

Un bel entrelacs de mots, qui m'a conquise....
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C'est mon libraire qui m'avait mis ce livre dans les mains (j'ai l'impression de parler d'une époque reculée où l'on entrait dans les librairies choisir des livres…. J'arrête, ça va me faire chialer…)
Bref… Il m'avait prévenue : c'est une histoire d'amour mais il ne se passe rien. Pas de souci, moi qui ai été élevée au biberon flaubertien, le « rien » dans les romans, ça me va parfaitement… à condition quand même que l'écriture soit là…
Bon, alors, cette Vie princière ? 79 pages, c'est vite avalé. le sujet : un écrivain participe à un séminaire où il est censé étudier, lire, assister à des conférences… le tout dans un cadre idyllique appelé « Le Domaine » (ça aide, les beaux paysages dans les histoires d'amour… et les longues soirées bien arrosées sur des balcons qui dominent la vallée aussi…) Un soir, notre écrivain rencontre une universitaire : belle, pas trop vieille ni trop jeune non plus… du genre (je n'ai pas dit « genre ») j'ai de l'expérience, un peu de vécu, avec un corps qui tient encore la route… Bref, tout pour plaire donc. En plus de ça, elle est italienne, dynamique, joyeuse, drôle, elle travaille sur « la figure du Christ chez les auteurs du XXe siècle » (elle fait ce qu'elle veut!), parle couramment un certain nombre de langues, elle est cultivée, spirituelle, à l'écoute et fascinée par cet auteur-narrateur ( en tout cas, c'est ce qu'il dit!)…
Lui, à vrai dire, on ne sait pas trop à quoi il ressemble ni ce sur quoi il travaille. Pas contre, il est nul en langues et donc épaté par la belle Italienne. (Je peux le comprendre.)
Donc, ils se rencontrent… Évidemment, il ne tombe pas amoureux d'elle immédiatement (j'en connais d'autres : « La première fois qu'Aurélien vit Bérénice etc, etc…), puis finalement, la trouve pas si mal (ah, le charme…) et, c'est parti, le sentiment amoureux s'empare littéralement de sa personne et… et… Là, il n'y a plus grand-chose à faire, comme vous le savez : on a des ailes, on n'a plus faim et l'absence de l'autre est une torture… CQFD…
Sauf que… Y a un souci… Madame a déjà un compagnon… C'est embêtant… Certains s'en arrangent, pas d'autres, et l'on sent que notre narrateur s'en serait bien arrangé.
Unité de temps (trois jours), de lieu (un coin de paradis dans un coin du Sud certainement - cf la végétation … qui n'a rien à voir avec celle que je vois de ma fenêtre), unité d'action (la voir, la revoir encore et encore)…
Discussions, balades, dîners (eh les gars, on s'inscrit où???), rediscussions, rebalades, redîners (pas de courses ni de cuisine à faire, c'est soit servi en salle, soit livré dans la chambre…) Mais on s'inscrit oùùùùù ??? (J'aurais dû pousser jusqu'à la thèse… mais qui paye ces séminaires au fait ? L'Etat ? Ou chacun paye sa part ? Bon allez, je ne vais pas faire ma râleuse, ce serait complètement déplacé dans ce genre de chronique - mais bon, je suis sûre qu'il doit y avoir des abus dans ce genre de rencontres universitaires…) Voilà le programme… Et l'histoire...
L'écriture ? RAS. Calme plat. (J'aurais – peut-être - pu en faire autant - ben, fais-le alors, pauvre idiote, il en a vendu des bouquins lui, au moins, ça rapporte…)
Alors quoi, il m'a dit des conneries mon libraire ???
Ben non… Et vous savez pourquoi ? Parce que ce petit livre de rien du tout et cette histoire qui ne paye pas de mine, qui n'a l'air de rien, eh bien, elle me trotte dans la tête, des images me reviennent, souvent, très souvent même, des petites phrases très justes comme « Parler avec toi, être à côté de toi, me semble une expérience surhumaine, et pour ainsi dire divine. » Parce que oui, c'est exactement ça l'amour, un truc incontrôlable qui te change la vie, qui fait que tu ne te reconnais même pas toi-même, que tu te trouves con(ne) mais que t'y peux rien, que si l'autre est là, alors la vie est belle et que s'il est absent ou avec quelqu'un d'autre, alors ce que tu ressens, c'est à peu près ça (de l'ordre du traité de décomposition) : « je prends mon crâne inerte à deux mains…, je le repose sur mon cou, je l'enfonce, je le visse, j'ai une tête morte sur un corps de vivant, je dissimule mon état, je continue de sourire... » Exactement ça… Et je m'aperçois que les images de ces deux-là se baladant parmi les oliviers, discutant, riant dans une espèce de légèreté absolue, de fluidité, de bien-être complet, total, eh bien oui, Marc Pautrel l'a parfaitement exprimé. Pas de grandes phrases, pas de longs commentaires, juste quelques pages qui nous font sentir (c'est toujours le même mot qui me revient, alors je l'utilise encore une fois) ce sentiment inouï et forcément fugace de légèreté, de grâce et certainement de bonheur…
Merci mon libraire...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Je ne suis pas un lettré, je suis un technicien pour qui la communication n'est pas si facile, d'autant plus si elle est écrite. Je découvre ici un roman très court mais d'une merveilleuse efficacité à coucher sur du papier des idées que l'on pense. Il suffit d'un son, d'une voix, d'un visage pour déclencher des sensations qui deviennent des émotions. Les émotions deviennent alors des sentiments qui se transforment en mots dans notre tête c.-à-d. des pensées. Pensées déjà loin si loin du réel de l'éphémère présent de notre ressenti. Pensées que l'on essaye de partager par des phrases que l'on dit sans jamais vraiment savoir ce qu'elles deviennent chez l'autre. A mes yeux, Marc Pautrel arrive si bien à décrire ce processus. Un vrai plaisir, de voir des mots devenir des pensées et finalement redevenir des émotions pour le lecteur.
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J'ai découvert Marc Pautrel dans le dernier numéro (141) de la revue de Philippe Sollers, L Infini, dans un récit intitulé « l'invité ». J'ai été séduite par son écriture sobre et ne le connaissant pas, j'ai acheté son dernier livre « La vie princière ». Les deux textes racontent des rencontres dans un lieu idyllique (une retraite pour chercheurs ou écrivains en Provence). le narrateur, un homme, déroule ses pensées. Sans grande envolée lyrique, il nous conte la naissance, l'évolution puis la dissolution du sentiment amoureux, la vie sociale qui nous happe. Chaque récit décrit le déroulement de ces journées dans ces lieux de retraite : la rencontre à deux, la rencontre avec les autres, la rencontre à travers le regard des autres, et comme chacun de nous l'a déjà vécu, le cheminement de sa pensée (cheminement au cours duquel il revient sur sa filiation, son éducation, son origine sociale, sa relation avec sa mère).

« La vie princière » est une lettre que l'auteur adresse à la femme aimée après l'avoir rencontrée. La femme lui a annoncé dès le départ avoir un compagnon. On découvre qu'elle ne le voit que tous les trois mois. C'est une lettre mais aussi une confession. J'ai donc naturellement fait le rapprochement avec la confession de l'éleveur de brebis irlandais à la seule femme qu'il ait aimée dans la "Lettre à Helga" de Birgisson, qui est un texte saisissant et très différent que j'ai lu plusieurs fois (aux Editions Zulma). Dans « l'invité », le narrateur raconte son histoire à la première personne. La femme qui occupe ses pensées lutte contre ses pulsions, se montre tantôt rugueuse, tantôt avenante, «un léopard qui se ferait passer pour un chat ».

J'ai aimé le leitmotiv du geste de la main de la femme (comme chez Kundera) dans « La vie princière » : « ta main qui oscille comme les paumes de l'aéroport », le charme du geste et tous les messages qu'il contient ainsi que l'annonce du départ qui s'esquisse. Je ne vais pas en dire davantage sur ces textes puisque je déformerais leurs propos en en parlant trop. La naissance du sentiment amoureux et sa dissolution y sont décrits très simplement sans effet de style. Ce sont des textes courts, mais amplement nourrissants, bien plus que beaucoup de pavés mal dégrossis. J'ai préféré le texte de la revue. le tirage du livre a été fait en peu d'exemplaires, j'ai été dans deux librairies avant de le trouver.

Ces deux textes « L'invité » et « La vie princière » gagnent en valeur à chaque relecture. Je les ai relus et je crois que j'aime beaucoup le rythme du récit qui ondule. Chaque envolée est interrompue par un soubresaut presque impossible à voir venir, puis la musique reprend. Ils sont conduits avec un phrasé derrière l'autre, une modulation, puis une autre ; on pense que l'on va aboutir et ensuite on reprend avec un autre phrasé, une autre modulation, exactement comme l'impromptu de Schubert op. 90 numéro 3. Voici donc deux très beaux textes à lire et à relire.

Une excellente découverte.
4.5/5

« A présent elle arrive, un peu en avance, très confiante en elle, très professionnelle, nous discutons du séjour. Je joue mon personnage d'homme sûr de lui, et elle de même, chacun occupe un rôle éloigné de sa vérité brûlante, je parle beaucoup, elle sourit froidement et avec un grand aplomb, puis finalement au bout de quelques minutes et de propos banals sur la beauté des lieux et le travail que j'ai pu réaliser comme prévu, il faut bien que la conversation prenne fin. »
Revue L'infini, 141, "l'invité" ; Gallimard.

« Chaque seconde de ce dîner sera donc pour moi sacrée, jusqu'à la dernière, celle qui nous séparera puisque toujours je finis par être séparé des femmes dont je tombe amoureux. »
La vie princière, collection l'infini ; Gallimard.



Lien : https://lapagederita.blogspo..
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critiques presse (1)
LeFigaro
13 avril 2018
Un homme écrit une longue lettre à la jeune femme qu'il a aimée quelques jours et perdue. Magnifique !
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Parler avec toi, être à côté de toi, me semble une expérience surhumaine, et pour ainsi dire divine. Je réalise aujourd'hui seulement que pas une seule fois nous n'avons été en désaccord sur quelque chose, ni même ne nous sommes légèrement fâchés, ou un peu accrochés, non, j'étais toujours à mille pour cent d'accord avec toi, quoi que tu dises je disais pareil, et j'avais l'impression que moi aussi, quoi que je dise tu disais toujours pareil, et ce, uniquement pour être en accord, en symbiose, en harmonie avec moi. Où tu iras j'irai, c'était ça que ça voulait dire : quoi que tu penses je le penserai également, quoi que tu dises je le dirai aussi. L'amour déformait peut-être mes perceptions, mais je croyais que tu pensais toujours comme moi et que tu souhaitais tout ce que je souhaitais. Et aussi que tu voulais rester avec moi autant que je voulais rester avec toi.
P.22
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Chère L.,
Je voudrais pouvoir te remercier pour tout. Rester à tes côtés pendant ces quelques jours a été merveilleux, de la première à la dernière minute.
Hier, j'étais si désespéré que tu sois partie, et si abandonné quand je me promenais sur les routes désertes du Domaine, j'ai erré toute la journée, je ne savais plus pourquoi j'étais vivant, je n'étais plus vraiment vivant d'ailleurs, j'étais une simple chose animée, un automate privé d'étincelles, et c'est seulement le soir que j'ai enfin compris que je ne pouvais plus faire qu'une chose, la seule chose que je sache faire dans la vie : me nourrir de mes propres phrases, et qu'il allait me suffire de t'écrire une lettre, de t'expliquer que j'étais tombé amoureux de toi, de te dire ce qui s'était passé et comment c'était arrivé, et qu'alors je serai soulagé.
Mais ce matin, au moment de commencer ma lettre il me semble que je n'en suis plus capable, et même que c'est plus grave encore : la nuit de sommeil, la première après que tu as quitté le Domaine, m'a comme retiré le souvenir de toi et jusqu'à la souffrance de ton absence. C'est à la fois cruel et comique j'ai l'impression qu'en moi un autre moi aveugle a utilisé les longues heures du sommeil pour tout effacer soigneusement, dans le seul but de me débarrasser du manque de toi. Et ça, c'est pire que tout, parce que je sais que je ne t'ai pas rêvée, parce qu'il reste quelque part en moi une trace tangible, une empreinte profonde de ce bonheur d'avoir été près de toi.
Sauf, que ma vocation pour la joie semble avoir été la plus forte, elle a fait le ménage pendant la nuit, les petits balayeurs de mon inconscient ont tout déblayé, ils m'ont soulagé de toi, mais moi je ne suis pas d'accord avec eux, je ne veux pas que tu disparaisses de moi, je veux te graver en moi t'inscrire à l'intérieur de mon corps
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Au moment où j’écris ces phrases, cela fait maintenant deux jours que tu es partie et je sens que les traits de ton visage, et ta voix, tes yeux, tes lèvres, tes mains, tes cheveux et la forme de ton nez s’effacent de ma mémoire. C’est une chose terrible à vivre et il n’y a rien à faire : maintenant c’est chaque seconde s’écoulant qui me retire quelque chose de toi qui demeurait en moi, c’est chaque seconde qui m’appauvrit de toi, comme si mon cerveau fuyait de toutes parts, et je ne veux pas que ça arrive, je voudrais te retenir mais je n’ai aucun moyen, je voudrais retenir surtout l’immense joie qui était la mienne quand tu étais là à côté de moi, mais aussi quand tu n’étais plus là mais que je savais que je te reverrais d’ici peu, par exemple après les promenades et avant le dîner. C’est cela que tu m’as donné, cinq jours de joie, cinq jours d’état de grâce intime, et c’est pour cela que je veux te remercier, grazie mille , merci, mille mercis pour tout cela.
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Il y a en français une expression que tu connais peut-être, c'est " boire les paroles de quelqu'un", eh bien, je fais exactement ça : je bois tes paroles et elles me font escalader le ciel.
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J’ai déjà subi ça, les avances d’une femme amoureuse pour laquelle je n’éprouvais rien, et c’est terriblement dérangeant, déplaisant et parfois angoissant, et je me disais que je ne voulais pas imposer ça à quelqu’un. Mais quand une réalité invisible a pris des dimensions si vastes, il n’est plus possible de la taire, cela deviendrait malhonnête par rapport à l’autre, ce serait un trop gros mensonge et un manque de respect. Et aussi, à présent que mon inconscient a traîtreusement cherché et failli réussir à te chasser de mon esprit, je veux à tout prix que tu survives en moi, que ces quelques jours survivent.
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