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Citations sur L'éternel printemps (19)

La conversation, voilà ce que nous avons en commun jour après jour, voilà la vie que nous partageons. C'est très peu, c'est beaucoup, c'est un début où c'est un épilogue.
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Elle dit alors cette phrase que j'entendrai encore plusieurs fois de sa part, sur un étrange ton fataliste et raisonnable : "Allez, bonne soirée", et elle tourne les talons. Comme si elle et moi c'était une histoire pour plaisanter, une facétie qui devait prendre fin à un certain moment, comme un rêve qui ne supportait pas de devenir réel, un jeu qu'il faudrait désavouer dès qu'il s'approfondit et entraîne nos corps avec lui.
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* p102
Elle a depuis longtemps deviné que j’étais amoureux d’elle, cela lui plaît, elle est flattée, pas du tout inquiète ou gênée. Après des mois de conversation à la française, après que je lui ai fait une cour incessante, elle pourrait se laisser aller et tout oublier, son âge, le mien, l’inquiétude de la mort et le souvenir de sa mère. Les choses pourraient évoluer, tout pourrait changer. Mais elle sourit encore, elle sourit et elle ne fera rien, elle attendra, elle appréciera, elle me dégustera en pensée.
Elle veut me dire, je crois, que si elle m’accorde enfin ce que je veux, alors, passé les semaines, les mois, les années, je partirai, je la laisserai pour une autre femme. Elle veut me dire que plus je serai proche, plus elle restera loin, et plus ce sera délicieux, tant pour elle que pour moi.
Elle se moque bien des années, elle se sait désirée et c’est tout ce qui compte pour elle. Elle veut gagner quelques secondes encore. Accroître le temps restant, tendre vers l’éternité.

* p104
Je ne sais toujours pas comment elle fait pour tenir, je ne sais pas de quoi est composée son intimité. Que vit-elle profondément ? Qu’espère-t-elle du futur ? Qu’attend-elle ? Moi, je sais ce que j’espère et attends de ma vie chaque jour : l’amour. Mais elle, de son côté ? elle qui n’a plus personne, plus de père, plus de mère, pas d’enfants, pas de neveux et nièces, à peine une lointaine cousine, et qui, derrière elle, ne laissera rien ni personne, vers où veut-elle aller ?

* p105
Nous pourrions rester ainsi l’un face à l’autre jusqu’à la fin des temps, jusqu’à la disparition de nos corps. Les idiots, s’ils savaient, diraient que parce qu’il n’y a pas de sexe il s’agit d’amitié, mais l’amitié n’est jamais aussi ambiguë, frénétique, drôle, émouvante, sensible, fragile, et précisément c’est la possibilité du sexe qui maintient cette tension. Le magnétisme nous permet de tourner, la logique atomico-sexuelle alimente la lumière entre nous, électron et proton s’attirant perpétuellement sans jamais pouvoir se toucher. C’est ainsi que reste intacte, c’est ainsi qu’on peut stocker la foudre, cette énergie qui court entre ciel terre.
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Dans le monde vrai, le monde parfait, le monde logique du futur, nous aurions eu une aventure. Mais elle ne veut pas, elle ne peut pas, elle n’en a pas envie, n’y pense pas, ne le souhaite pas, ne le conçoit pas, ne l’imagine pas, ne se le permet pas.
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J’imagine soudain qu’elle ne reviendra pas, j’imagine les lieux dans un siècle : le ciel, le soleil, la lune, la ville, la rue, les murs, tout sera encore là. Les livres anciens existeront toujours eux aussi, déplacés, revendus, conservés, collectionnés, lus et relus, mais elle, son corps aura disparu, comme le mien, comme tous les corps que je connais et que je croise chaque jour, comme tous les corps que j’aime et que j’ai aimés. Il ne restera plus rien d’elle, et je ne trouve pas ça juste.
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Elle m’a dit ceci : « J’aime tellement être seule. Je peux rester des heures, et même des jours entiers, sans voir personne. » Elle m’a expliqué qu’elle tenait ça de l’enfance : fille unique, elle avait appris à jouer seule, avec ses parents non loin, absents de la pièce mais qu’elle savait présents dans la maison.
C’est donc ainsi qu’elle vit, ainsi qu’elle tient : par fidélité à l’enfance. Elle avance sans effort, elle continue sur sa lancée, grâce à cette énergie et cette excitation permanentes qui expliquent qu’aujourd’hui encore elle ne boive toujours pas d’alcool, ni de café ou de thé, s’estimant suffisamment survoltée comme ça. Elle génère sa propre électricité, elle est autonome, elle est son propre centre, comme un petit soleil. Elle me sourit en me le racontant, elle me laisse être une petite planète tournant autour d’elle inlassablement, multipliant les révolutions sans jamais pouvoir quitter mon orbite et me jeter dans son feu.
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J'observe sans me lasser ses doigts miraculeux.
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Nous logeons les Tuileries, chaque jour nous vivons naturellement au milieu de la beauté incroyable de cette ville, qu'à force d'habitude nous ne voyons plus (....) ( p. 62)
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Elle me dit qu'elle adore ces oies, des oiseaux qui ont renoncé à voler mais continuent à se déplacer toute la journée, à marcher en se dandinant à leur rythme. (...)
Il y a donc, en plein milieu de la métropole, une vie ralentie et intime, faite de nature et de solitude acceptée. (p. 81)
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C'est son activité préférée, regarder en silence la vie lente du parc. (p. 67)
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