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Bienvenue dans la Zone, une région vitrifiée de pollutions et de fjords poubelles, un territoire fermé de friches industrielles qui pourrait être les bords de la Mer de Barentz post-soviétique. On y croise des bagnards d'un nouveau genre, reliquat de population salariée restée piégée quand ce bout de péninsule fut déclarée interdit car mortellement contaminé.

Dans ce grand goulag glacial à ciel ouvert, quelques reclus survivent, en communautés diverses ou en solitaire comme Kolya, le grand lapon sculpteur d'ivoire, ou Lyouba, l'orpheline, dernière-née de l'avant chaos.

Je découvre un auteur dont l'écriture m'a charmée par la capacité à peindre ces paysages de toundra. Une plume évocatrice et légère, sans artifice pour décrire les hommes dans la solitude, le silence, le froid, la peur. La nature est omniprésente entre beauté naturelle de la terre de Laponie et misères de civilisations anéanties.

Le monde de ruines industrielles imaginé par Franck Pavloff est d'un réalisme factuel, âpre, digne du cinéma soviétique aux ambiances laides et taiseuses. Cette fiction rejoint les univers littéraires de Makine ou Choplin, avec les mêmes mélancolie et poésie.

Dépaysement garanti et crédibilité effrayante pour qui connait la mentalité russe.
Belle découverte d'un auteur.
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Beau et fort comme la toundra, lorsque, lors du dégel, "tout explose en couleurs, les roues boréales aux baies oranges tapissent les revers des talus"".
Emouvant comme une étincelle de survie qui s'envole au delà de la débâcle de "l'utopie bolchévique", celle de l'industrie nordique fouillant les sous sols puis laissant derrière elle des déchets irradiés et des zones à haut risque.
C'est dans une prose poétique légère et imagée, sur fond de croyances lapones, de légendes et de superstitions, que Franck Pavlov (romancier dont Grands exils a reçu le prix littéraire des grands espaces 2010) fait bruisser sa plume, une plume aussi légère qu'un flocon de neige sur le silence de l'Arctique, aussi douce qu'une larme sur la solitude d'une femme mutique, mais une plume vive qui égratigne et assassine l'inconscience et l'abjection humaine.
Dans la "communauté de Vérodvinsk", ancienne zone de mine encerclée de barbelés les hommes vivent en reclus, tels des "déportés" enfermés dans un goulag. Une étrange épidémie sévit porteuse de mort, de stérilité et d'angoisse.
Lyouba, orpheline au regard vert, mais à la pelisse de loup, jeune parmi des faces ridées, sacrifiée sur l'autel des aberrations, des vénérations empreintes de turpitude et de la haine humaine, au départ soumise a des envies d'évasion.
Kolya, L'homme à la carrure d'ours au "visage buriné par le gel", sage Lapon initié à "la médecine des ancêtres", à "la force magique des mots", à la sculpture de l'ivoire offerte aux forces de la Terre, saura-t-il lui donner l'assurance pour franchir les cercles interdits, ceux de la fuite et du non retour, ceux de "l'étranger" rencontré, ceux qui mènent à la liberté?
Plus qu'un simple roman d'aventure,L'homme à la carrure d'ours, dénonce les désastres écologiques qui se propagent à bas bruit et leurs conséquences (comment ne pas penser à Tchernobyl ou Fukushima?) et propose un voyage de découverte. Ce livre m'a également touchée de par son allégorie.
Ne faut-il pas couper les chaines qui entravent et oser pour retrouver sa propre liberté intérieure? Que d'énergie et de courage à déployer !
Un grand bravo à Franck Pavlov auquel je souhaite un nouveau prix largement mérité !
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Dans une zone contaminée du Grand Nord survivent des êtres rongés par un mal étrange, des reclus contaminés par des radiations, Lapons, Ukrainiens, Russes, parqués sur un territoire hostile et stérile aux frontières surveillées par des gardiens armés.
Lyouba représente l'espoir, la seule jeunesse de ce camp, muette depuis le jour de ses dix-huit ans lorsque sa mère adoptive et le pope décidèrent de l'offrir aux hommes du territoire pour faire renaître la vie dans ces lieux maudits. Elle résiste et décide de garder sa liberté en franchissant chaque jour les limites interdites. Kolya, le colosse à la carrure d'ours qui a perdu son enfant dans l'explosion de la mine la protège. Ils sont les seuls êtres à défier les Autorités et à braver la peur qui emprisonne le coeur haineux des hommes. Un texte onirique qui rend hommage à ces contrées de givre, illuminées par les aurores boréales, ravagées par l'inconscience et la bêtise humaine.
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Dans une zone à la limite de la Laponie et de la Russie des gens sont piégés. Depuis plus de vingt ans cette zone est interdite irradiée. Loubya et Kolya font partie de ces gens qui s'observent, vivent en communauté, survivent et sont prisonniers. Loubya vit avec Misha qui, le jour de ses dix-huit ans l'a offerte aux hommes de la communauté pour la féconder. Mais rien ne vient, hormis une haine farouche. Seul Kolya qui lui apprend les traditions lapones pourra l'aider à s'en sortir. Un roman magnifique, un conte aussi, une histoire sur la terre et l'appartenance de l'homme à cette terre.
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Trois jours pour lire ce petit roman métaphorique, trois jours assez inégaux, le début m'a interloquée, je ne m'attendais pas à ce style très poétique, presque un peu lourd, mais je me suis accrochée et j'ai bien fait. Déjà c'est beau et puis le texte prend de la hauteur et les personnages s'affirment. On entre par la petite porte et on sort par la grande. On en voudrait presque encore un peu !
Pour l'histoire : en abandonnant l'exploitation minière d'un filon du grand Nord, les Russes ont enterré leurs déchets nucléaires et, accessoirement, qqls humains au fond des excavations. Ensuite," la zone" fut interdite. Ceux qui y vivaient, les travailleurs, les peuples lapons, les femmes sont devenus des reclus, irradiés et stériles, effrayés par le monde extérieur, surveillés (du moins le pensent-ils) par des gardiens invisibles et, surtout, enfermés dans leurs systèmes de pensée, leurs dogmes, leurs frayeurs, leurs doutes ... A tel point qu'ils n'hésitent pas à sacrifier ceux qui tentent de fuir, les dissidents, les courageux et la jeune Lyouba (unique femme en âge de procréer) pour l'avenir de leur sinistre communauté. Heureusement, Lyouba a un ami, Kolya, ancien lapon portant le deuil de son fils enfoui dans les mines. Kolya franchit régulièrement les limites de "la zone" pour fouiller la banquise, chasser ou respirer plus librement. Alors Lyouba va le suivre et se libérer de ses propres chaines.
Pour la métaphore : Pavlof est un spécialiste des histoires courtes qui agissent sur les esprits. Dixit Matin Brun. Ici, outre le scandale des goulags nucléaires, on se demande où se situent les barrières et les gardiens invisibles des reclus, de chacun... Oui on a peur de l'inconnu. "Comme tout le monde", ainsi l'affirme Vieras, mais la véritable barrière, le véritable gardien n'est peut-être rien d'autre que cette trouille.
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Même si j'ai compris l'histoire contée et son but, certains passages sont restés obscurs, par méconnaissance (je pense) des rites ancestraux des Lapons.
Les actions de Kolia n'étaient pas très claires pour moi.
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Ils l'appellent la zone, elle est totalement irradiée et ils y vivent abandonnés après avoir servi fidèlement le régime soviétique. «Ils» ce sont des autochtones, des lapons, ainsi que des ouvriers russes et ukrainiens venus de nombreuses années auparavant. Dans cette région glaciale de Mourmansk ils sont regroupés en clans, répartis dans des hameaux, se disent surveillés par des snipers qui les empêchent de quitter ces lieux. Malades à des degrés divers, ils chassent, se saoulent et rêvent d'une improbable évasion pour survivre. Ce roman nous offre le portrait de deux personnages d'exception : Liouba jeune fille d'une vingtaine d'année, au destin tragique et l'homme à la carrure d'ours qui s'acharne à bêcher le permafrost chaque fin d'hiver pour accueillir le printemps et qui entend les cris des morts dans les galeries de mines.
Ce roman est à couper le souffle et d'une poésie sans pareille.
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Ce roman ne m'a hélas pas transportée, je ne suis pas arrivée à rentrer dedans même si l'intrigue et les personnages étaient intéressants. J'ai trouvé que le livre traînait quelque peu en longueur.
Néanmoins, le roman est écrit dans un style poétique qui envoûte le lecteur.
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Une zone sinistrée du Grand Nord suite à la fermeture d'un grand trust minier, des hommes abandonnés voire même séquestrés dans une région irradiée, des paysages magnifiques pauvres et arides voilà le cadre de ce récit. Action assez lente. Ecriture poétique. Des communautés qui se replient sur elles-mêmes, des personnages très attachants. Les deux héros, Kolya sculpteur, et Lyouba jeune femme offerte aux hommes pour perpétuer l'espèce essaient d'échapper à leur destin. Récit poignant qui témoigne de la possibilité pour tout homme de retrouver une liberté physique ou du moins mentale même quand les difficultés semblent insurmontables. Une fois commencé on ne quitte plus ce livre tant on est pris par les émotions et l'atmosphère qui s'en dégage. G.B.
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L'auteur crée un monde dans lequel il ne m'est pas facile d'entrer. C'est trop elliptique à mon goût, je ne réussis pas à m'intéresser à la vie de ces personnages même si le postulat de départ me plaisait bien. Encore une fois, je ne dénigre pas le livre ou ses qualités réelles, mais je pense plutôt que la rencontre ne se fait pas entre lui et moi. Nous nous séparons donc à l'amiable, par consentement mutuel et néanmoins unilatéral (je me demande si ce n'est pas un peu incompatible comme notion ?) !
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