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Citations sur Les Coeurs inquiets (59)

Les questions me taraudent. Aujourd'hui je commence à comprendre que leur réponse ne me sera pas donnée. Alors je vais tenter de t'en donner quelques-unes, à toi  mon bel et unique amour.
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J'aurais tout donné. Je donnais tout ce que je pouvais: mes jours, mes nuits, chaque étincelle de mon énergie chaque seconde de ma vie. J'étais consumée par la rage de te retrouver. Même lorsque la police a décidé d’abandonner, j'ai continué. Je passais des annonces dans les journaux de quartier. Je déposais des prospectus dans les boîtes aux lettres, des affichettes dans les magasins, avec la photo de ton père et la tienne. J’employais des détectives privés. Je ne renonçais pas. On me prenait parfois pour une folle, peut-être que je le devenais. Mais ne pas chercher m'aurait rendue plus folle encore. J'étais malade de désespoir, d'incrédulité, de fureur : contre ton père et contre le monde entier avec son impuissance face à ta disparition. Te savoir vivant, quelque part, sans savoir où, sans te voir grandir, sans te serrer dans mes bras, était un supplice inhumain. Je ne voyais pas d’autre issue que celle de te retrouver. Je ne pouvais pas mourir, à cause de toi; je ne pouvais pas vivre, sans toi. p. 66
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Tout était plus facile à Port-Louis. Il était à l’abri. La végétation avait tellement poussé que la lumière ne pénétrait presque plus par les fenêtres. Il peignait sous l’ampoule électrique. Il entendait la mer. Il l’entend encore, la nuit, par-dessus les immeubles. Elle bavarde avec le vent. La mer de son île. Au début, il ne savait pas. Il devait passer des heures sur la plage, dans des jardins, des champs, la forêt, à mettre en cage les détails. Il besognait sur les compositions d’un pas lourd, comme un animal de trait. Mais très vite, il était moins sorti. Il n’en avait plus eu besoin. Les paysages étaient devenus siens. Son île vivait en lui et se continuait sur la toile. Il saisissait enfin l’indéfinissable. Il se rappelle les tableaux en legato, naissant les uns des autres. Il était une bouche béante. La matière coulait à flots de lui. Jusqu’à Paris. Jusqu'à maintenant, où plus rien ne sort. Plus rien de juste. Il a beau essayer, il a beau forcer la peinture sur la toile. Il fouille, il rampe, il tourne en rond. Il est échoué, à sec sur une plage inconnue. Carcasse pleine d’un grand vide noir. p. 23
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Sans l’honnêteté, il n’y a pas d’universalité possible, humaine et vivante. L’œil du peintre cherche l’intériorité vraie. Non pas l’intérieur des choses, mais sa propre intériorité, projetée sur celles-ci. Il invite le spectateur à faire de même. Le miroir exigeant du peintre est tourné vers lui-même, en même temps qu’il est tendu vers l’autre.
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(Au Louvre) Ça va passer. Il enlève sa veste. Il suffit d’attendre, comme ça, la tête dans les mains, les yeux fermés. Les toiles dansent devant lui comme des visions. Des détails resurgissent, en désordre. Le pli d’une manche. Un coup de pinceau. Un frémissement. Il voit chaque peintre attelé à sa tâche. Il sent le poids de la palette dans leur main, la pression du pinceau sur la toile, la pointe alourdie par la pâte. Les formes se brouillent. Il est submergé par les ombres, les teintes, et ces gens qu’il devine, une foule d’artistes, chacun debout, devant sa toile. Il est comme eux. Il est un parmi des milliers de peintres. Il appartient à leur confrérie insensée. Oui, il est comme eux. Fou comme eux. Acharné à faire émerger quelque chose. Il ne sait même pas quoi. Il ne se le demande pas. Tout ce qu’il sait, c’est la solitude, l’insatisfaction permanente, l’acharnement, la rage de l’impuissance, l’inabouti perpétuel, l’âme toujours inquiète. Tout ce travail, pour avoir parfois, un court instant, l’impression de saisir quelque chose. Donner un sens. Essayer. À tout prix, pour survivre. Oui, sa famille, c’est eux : les sans-repos, les possédés, les obstinés. Ceux qui esquissent, biffent, modèlent, détruisent, et recommencent, sans fin, en quête d’une vérité. Une putain de vérité qui n’existe peut-être pas.
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Crois-moi, l'amertume est un mauvais compagnon de route. Ces pages ne te donnent pas une mère, elles ne rachètent rien. Et pourtant... Tu en sais un peu plus sur moi. J'ai l'impression de t'avoir un peu côtoyé. On dit "loin des yeux, loin du coeur", ce n'est pas vrai, pas pour une mère. Je continue de t'aimer, malgré tout, au-delà de tout, sans limite. Nous avons prouvé, toi et moi, ensemble, que l'amour se moque de l'absence et qu'il n'est pas l'esclave du temps.
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J’ai rêvé tant de fois que je te tenais dans mes bras. Je n’ai serré que du vide. J’enrage que nous ne nous soyons pas retrouvés. L’idée de savoir qu’au lieu de notre étreinte, tu n’auras que ces quelques feuilles dans les mains me donne envie de hurler, de tout abandonner. Après tant d’années, je n’admets toujours pas qu’on ait pu te dérober à mon amour. Il est intact, débordant et infini. Il n’a jamais été entamé. Les années l’ont nourri et il brûle enfoui mais puissant. Je veux que ces pages te permettent de t’y réchauffer le cœur.Aucun enfant n’a été plus aimé que toi.
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La vie reprend ses droits, avec ses coups suffocants. La rage et l’impuissance se heurtent en lui comme des rugissants. Ses muscles se bandent. Il voudrait se battre, mais contre quoi, contre qui ? Les feuillets lui brûlent les mains. Un haut-le-cœur le submerge.
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Voilà en soi, aux yeux de toute mère, un acte impardonnable. Mais de surcroît, l’obéissance, à n’importe quel prix, à certains principes, l’obéissance quoi qu’il en coûte, était pour elle une valeur incontournable. Son existence reposait sur un respect aveugle de l’autorité, masculine surtout, divine aussi. Elle a dû sacrifier beaucoup d’elle-même sur cet autel.
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La maternité est une porte ouverte sur l'immensité.
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