AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Courrege


Un échange qui semble impossible entre deux êtres. A chaque chapitre, l'un prend la parole, Elle et Lui alternent, comme un jeu de miroirs, comme s'ils se renvoyaient la balle.
Lui, c'est un jeune peintre qui a quitté son île natale, Maurice, pour la France, après la mort de son père. Marc, qui anime une galerie d'art, l'a fait venir à Paris après avoir remarqué la qualité de sa première exposition. Alors qu'il a l'habitude de peindre des paysages mauriciens, apparait subitement sur ses toiles une femme dans différentes attitudes mais dont il n'arrive pas à dessiner les traits du visage. Perturbé, hanté par ce qu'il peint, il recommence à plusieurs reprises sa toile pour tenter de comprendre le pourquoi de la présence de cette femme. Les toiles sont sublimes, une exposition est programmée. Il travaille nuit et jour dans son atelier négligeant son amie Ariane qui estime que sa « peinture est sa rivale ». Il remarque cependant par la fenêtre la présence dans l'immeuble voisin d'une femme, d'une belle femme d'une cinquantaine d'années, qui l'intrigue et le captive même.
Elle, c'est une femme qui écrit une lettre à son amour perdu. Au fil des pages, il apparaît qu'il ne s'agit pas d'un homme mais de son fils enlevé enfant par son mari jaloux, enfant qu'Elle n'a jamais revu malgré toute une vie consacrée à sa recherche. Elle est à présent malade, Elle va mourir et toujours confiante de le retrouver Elle lui laisse un message à travers ses différentes lettres. Au début les écrits d'Elle sont très courts et plus le temps passe et plus Elle se confie, s'épanche, sentant sa fin proche.
Ce livre par son contenu très orienté peinture me fait penser à celui de Maylis de Kérangal « Un monde à portée de main » avec de très beaux ressentis de l'artiste - « l'oeil du peintre » - dans la réalisation de ses oeuvres. Lucie Paye explore le rapport de l'artiste à son oeuvre et la part de l'inconscient dans le processus de création. Il y est fait plusieurs fois allusion au tableau d'un artiste flamand, Jan van Eyck, représentant un couple austère, les Arnolfini. Lucie Paye n'a pas choisi par hasard ce tableau. En faisant quelques recherches, j'ai découvert que comme dans l'agencement de ce livre, il y a un miroir dans ce tableau qui montre ce que le spectateur ne peut voir de sa position.
Qui est-Elle ? Qui est-il-Lui ? le lecteur connait à mi-parcours leurs secrets, alors qu'eux doivent encore le découvrir, et cela nous tient en haleine jusqu'à la toute dernière page du livre. J'ai beaucoup aimé l'architecture du livre, ce dialogue distant dans l'espace et le temps, entre deux coeurs inquiets, envahis par l'absence, le mystère de l'autre, une quête sourde. J'ai été séduite par la plume de Lucie Paye, si poétique, si mystérieuse à la fois.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}