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Claude Esteban (Traducteur)Roger Caillois (Traducteur)Jean-Claude Masson (Traducteur)
EAN : 9782070325658
224 pages
Gallimard (22/03/1990)
3.92/5   31 notes
Résumé :
"Je ferme les yeux,/j'écoute sous mon crâne/le pas du sang,/j'écoute/passer le temps par mes tempes./Je suis vivant encore./La chambre s'est ensablée de lune./Femme :/fontaine dans la nuit./Je m'accorde à son cours paisible."
Que lire après Le feu de chaque jour (précédé de) Mise au net - D'un mot à l'autreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'avais jusqu'ici très peu lu le poète mexicain Octavio Paz, pourtant mondialement connu. J'ai eu l'envie et la curiosité de découvrir son univers.

J'avoue avoir dû plusieurs fois reprendre le livre, qui me paraissait difficile d'accès mais j'ai bien fait de persévérer car de nombreux textes sont saisissants de beauté, d'inventivité, de vigueur.

Octavio Paz , homme cosmopolite a été en contact fréquent avec les surréalistes français et cela se ressent dans cet ouvrage qui rassemble trois de ses recueils écrits entre 1958 et 1968.
Il s'amuse, par exemple, à créer des mots par association:

" Terremorte
terrisombre nopaltoire mesquifiante" (...)

Cela n'a pas dû être évident à traduire mais le poète était en relation directe avec le traducteur Roger Caillois.

Les deux premiers recueils sont ceux que j'ai préférés, les poèmes solaires, denses, éclatants de créativité m'ont vraiment attirée:

" Midi
flammes vertes les arbres de la cour.
Ultimes braises crépitant
dans l'herbe: insectes obstinés.
Dans les prés jaunis,
clartés, les pas de verre de l'automne."

D'autres textes évoquent avec sensualité et ferveur la femme aimée:

" Mes mains
ouvrent les rideaux de ton être
t'habillent d'une autre nudité
découvrent les corps de ton corps
Mes mains
invententt dans ton corps un autre corps"

Ainsi qu' on le constate ici, Octavio Paz utilise souvent les répétitions de mots, comme pour leur donner plus de puissance.

J'ai aimé aussi la quête de soi-même que tente l'auteur et l'attraction du nént, du vide, associée à l'écriture, qui m'a fait penser à Pessoa.

" Je m'éloigne de moi-même,
à la suite de cette phrase titubante,
sentier de pierres et de chèvres.
Les mots luisent dans l'ombre"

La troisième partie, au si beau titre" le feu de chaque jour" m'a semblé plus hermétique, les longs poémes moins parlants.

En tout cas, je suis ravie d'avoir rencontré par les mots un poète à l'expression unique, dont la force et l'originalité des textes m'ont éblouie.


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Une nouvelle découverte d'un auteur nobélisé par lequel je me retrouvée confrontée à tout ce qui m'attire et s me met à distance dans la poésie: à savoir à la fois la sensation troublante d'être une aveugle guidée par un passeur, un révélateur de mondes inconnus, et en même temps la frustration de passer totalement à côté de ces univers révélés, sauf à quelques fulgurantes images qui frappent le coeur au détour d'un vers.

Des trois recueils que compte cette édition, c'est dans le second (et le plus long), "D'un mot à l'autre", que j'ai eu le plus de mal à rentrer.
J'ai aimé en revanche la déambulation mentale de "Le feu de chaque jour" dans laquelle on a le sentiment de traverser toute l'histoire des hommes.
Quant aux fulgurances, c'est surtout dans le premier opus, "Mise au net" que je les ai croisées à travers un bouleversement des sens ou l'oeil entend et l'oreille touche.
A relire et relire encore, pour pénétrer le sens...


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Ce fut une lecture difficile... cette fois-ci je suis restée, la plupart du temps, sur le bord du chemin, pour finalement me laisser porter par les sonorités et les mots, jusqu'à ce que je sois plus attentive aux titres, qui rendent la lecture moins obscure.
Certains courts poèmes m'ont parlé, touchée, d'autres me sont restés hermétiques.
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« Pâle dentelle calcaire/comme le désir ciselé par la mort »
La puissance de feu et de lumière qui jaillit de l'oeuvre du poète mexicain nobélisé Octavio Paz (1914-1998) ne peut qu'inspirer le lecteur d'aujourd'hui et de demain. Vilipendé par des avant-gardistes en leur temps pour ses prétendues compromissions politiques, Octavio Paz demeure cet « être qui sait sourire », créateur d'une oeuvre indépendante et résistante (15 recueils de poésie, 19 essais, quelques traductions dont celles de Pessoa et de Basho). Bien qu'inspiré par des élans et des courants (Saint-John Perse, le surréalisme, le haïku, etc.), le poète a su se dégager du carcan des idéologies, des doctrines et des manifestes pour travailler le verbe à façon et faire jaillir l'image vive. Nourrie de métaphysique, sa poésie pétrit les symboles, s'abreuve aux langues, s'appuie sur la toponymie, transcende les contingences humaines (solitude, indicibilité, identité…) et déploie une écriture limpide, accessible et universelle. « le feu de chaque jour » [© 1979], précédé de « Mise au net » [© 1974] et « D'un mot à l'autre » [© 1978], est un recueil composite et enrichi de l'auteur, bénéficiant de traducteurs français hors pair. La collection « Poésie » accueille en 1990 cette oeuvre irradiante et nourricière qui ne peut que tomber en lambeaux à force de manipulation, transport, consultation et renaître de ses cendres comme le phénix des légendes : « Poète : jardinier d'épitaphes ».
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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
UNE CERTITUDE

Si réelle est la blanche lumière
de cette lampe, réelle
la main qui écrit, sont-ils réels
les yeux qui regardent ce qui est écrit ?

D'un mot à l'autre
ce que je dis s'évanouit.
Je sais que je suis vivant
entre deux parenthèses.

D'UN MOT À L'AUTRE
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MOUVEMENT


Si tu es la jument d’ambre
je suis le chemin de sang
Si tu es la première neige
je suis celui qui allume le brasier de l’aube
Si tu es la tour de la nuit
je suis le clou brûlant dans ton front
Si tu es la marée du petit matin
je suis le cri du premier oiseau
Si tu es le panier d’oranges
je suis le couteau de soleil
Si tu es l’autel de pierre
je suis la main sacrilège
Si tu es la terre couchée
je suis le roseau vert
Si tu es le saut du vent
je suis le feu enterré
Si tu es la bouche de l’eau
je suis la bouche de la mousse
Si tu es la forêt de nuages
je suis la hache qui les fend
Si tu es la ville profanée
je suis la pluie de consécration
Si tu es la montagne jaune
je suis les bras rouges du lichen
Si tu es le soleil qui se lève
je suis le chemin de sang
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LES YEUX FERMÉS

Les yeux fermés
Au-dedans tu t'illumines
Tu es la pierre aveugle

Nuit après nuit je te façonne
les yeux fermés
tu es la pierre franche

Nous devenons immenses
seulement pour nous connaître
les yeux fermés

D'UN MOT À L'AUTRE

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L'EXCLAMATION

Immobile
non sur la branche
dans l'air
non dans l'air
dans l'instant
le colibri


[ D'UN MOT À L'AUTRE ]
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D'un mot à l'autre
AXE

Par l'aqueduc de sang
mon corps dans ton corps
source de nuit
ma langue de soleil dans ta forêt
ton corps qui pétrit
blé rouge moi
Par l'aqueduc d'os
moi eau moi nuit
moi forêt qui avance
moi langue
moi corps
moi os de soleil
Par l'aqueduc de nuit
source de corps
toi nuit du blé
toi forêt dans le soleil
toi eau qui attend
toi qui pétris les os
Par l'aqueduc de soleil
ma nuit dans ta nuit
dans ton soleil mon soleil
toi qui pétris mon blé
ta forêt dans ma langue
Par l'aqueduc du corps
l'eau dans la nuit
ton corps dans mon corps
Source d'os
Source de soleils

p.126-127
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Videos de Octavio Paz (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Octavio Paz
« […] […] comme le dira Octavio Paz (1914-1998), “la poésie mexicaine ne trouvait pas sa forme propre. Chaque fois qu'elle se risquait à exprimer le meilleur et le plus secret de son être, elle ne pouvait que mettre en oeuvre une culture qui ne lui appartenait que par un acte de conquête spirituelle“. […] Enrique González Martínez annonçait qu'il fallait “tordre le cou au cygne“ moderniste pour pénétrer dans la réalité concrète de la vie quotidienne : “Cherche dans tout chose une âme et un sens / caché ; ne te drape pas dans la vaine apparence“ […] »
« Le poème tournoie sur la tête de l'homme en cercles proches ou lointains
L'homme en le découvrant voudrait s'en emparer mais le poème disparaît
Avec ce qu'il peut retenir l'homme fait le poème
Et ce qui lui échappe appartient aux hommes à venir » (Homero Aridjis, « Le Poème », in Brûler les vaisseaux, 1975.)
0:00 - EFRAÍN BARTOLOMÉ 1:49 - MANUEL ULACIA 3:40 - VERÓNICA VOLKOW 4:36 - MARISA TREJO SIRVENT 5:41 - AURELIO ASIAÍN
6:12 - Générique
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Référence bibliographique : Poésie mexicaine du XXe siècle, traduction de Claude Couffon et René Gouédic, Genève, Patiño, 2003.
Images d'illustration : EFRAÍN BARTOLOMÉ : https://es.wikipedia.org/wiki/Efraín_Bartolomé#/media/Archivo:Efraín_Bartolomé_en_Berna,_1999.jpg MANUEL ULACIA : https://www.lavenderink.org/site/books/manuel-ulacia/?v=76cb0a18730b VERÓNICA VOLKOW : https://www.rogeliocuellar.mx/archivo/fotografia/4559/mx-rcu-esc-vovo-a-00020 MARISA TREJO SIRVENT : http://www.elem.mx/autor/datos/109900 AURELIO ASIAÍN : https://www.amazon.es/Aurelio-Asiaín/e/B001JWYBQ2/ref=dp_byline_cont_pop_book_1
Bande sonore originale : Mike Durek - The Good News Or The Bad News The Good News Or The Bad News by Mike Durek is licensed under a CC-BY Attribution License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/Michael_Durek/Piano_Music_for_The_Broken_Hearted_1221/05_The_Good_News_Or_The_Bad_News/
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