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Critique de colimasson


Je me suis fiée au titre de ce livre. Quelle déception. Rien à voir avec les labyrinthes, ni même avec la solitude. Essai de politique géographique, philosophie du sentiment d'identité nationale – identité mexicaine en plus, comme si ça me faisait quelque chose. Vous devriez savoir que je n'en ai rien à foutre de l'identité nationale, tout comme de la politique et de l'éducation civique au lycée.


Je m'informe parfois des nouvelles du monde lorsque je vais chez le dentiste qui, préoccupé de mon instruction politique, me branche sur la chaîne BFMTV. Récemment encore (2018) j'eus le loisir d'assister au mariage de deux célébrités royales britanniques et de convoler aux funérailles de Johnny Halliday qu'on appelle aussi « Jojo la combine » par chez nous.


O. Paz déplore que le mexicain moyen n'ait pas cultivé son art du sentiment d'identité nationale à l'heure du capitalisme. le capitalisme a fait ressortir l'identité a-dentitaire du mexicain. C'était comme ça partout avant que l'idée de nation apparaisse. On se contentait autrefois de se réunir par villages et vallées, et ça allait fort bien. Les mexicains ont peut-être juste été un peu plus longs à la détente que les autres, et encore. Qui n'a jamais entendu parler des nachos ?


On retrouve les labyrinthes, et un peu de solitude, lorsque O. Paz se tourne avec nostalgie vers la mythologie aztèque, pensant tenir là quelque chose qui pourrait plaire aux touristes. Trop de noms compliqués pour moi. Encore une fois, je n'en retiendrais rien (et le temps le prouve : 2018-2020, ce livre a chu dans le néant). La mémoire possède-t-elle un sentiment d'identité personnelle ? La mémoire ne se soucie pas du sentiment d'utilité nationale.


Le Mexique a pourtant bien essayé de se chercher, allant sur la voie de l'individuation comme nous autres de part le monde, virant d'un extrême révolutionnaire à une nouvelle décadence réformiste, sans réussir à trouver le juste milieu, la fonction ternaire comme dirait l'ami Jung, bien que ça n'ait aucun rapport. The best in Mexico se sont tirés vers l'Europe et ont laissé les autres dans la merde, ce qui n'a pas arrangé la situasse.


Les mexicains, comme tous les peuples du monde entier, sauf quelques exceptions dégénérées, se foutaient bien d'entrer dans le CAC40. Mais c'est devenu une obligation. Ils se sont fait secouer les puces pour se trouver des petites particularités narcissiques qui feront le bonheur des touristes et donneront l'illusion de l'existence d'une culture nationale. Les mexicains sont désormais piégés dans la civilisation du nachos et des aztèques.


O. Paz a des soluces pour faire avancer le merdier : « Une philosophie mexicaine devra affronter l'ambiguïté de notre tradition et de notre volonté d'être, qui veut une pleine originalité nationale et ne saurait en même temps se satisfaire de quelque solution qui n'ait pas une valeur universelle. »


Ok.


Et puis ensuite il faut réformer l'homme lui-même pour qu'il puisse accepter la chienlit du monde moderne sans se morfondre de trop sur son passé – bref, il faut le rendre adaptable aux nouvelles circonstances : « L'homme moderne a la prétention de penser éveillé. Il identifie la pensée avec l'état de veille. Mais cette pensée éveillée nous a conduits par les corridors sinueux d'un cauchemar, où les miroirs de la raison multiplient les chambres de torture. En sortant, nous découvrirons peut-être que nous rêvions les yeux ouverts, et que les songes de la raison sont atroces. Et alors, nous recommencerons à rêver les yeux fermés. »


La vraie solitude se retrouve parfois en ne lisant aucun livre.
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