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Clarence Lambert (Traducteur)Claude Roy (Préfacier, etc.)Benjamin Péret (Traducteur)
EAN : 9782070317899
192 pages
Gallimard (10/11/1971)
4.15/5   48 notes
Résumé :
Poèmes écrits entre 1935 et 1957.
Que lire après Liberté sur parole - Condition de nuage - Aigle ou Soleil ? A la limite du monde - Pierre de Soleil : poèmesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce volume se compose de plusieurs recueils de poèmes : Condition de nuage, Aigle ou soleil ?, A la limite du monde (traduits par Jean-Clarence Lambert), Pierre de soleil (traduit par Benjamin Péret). Je les ai trouvés d'intérêt inégal, mais ils reflètent plusieurs périodes de la vie du poète. S'ils présentent une grande diversité de formes, les mêmes thèmes y apparaissent toutefois.
La mythologie amérindienne occupe une grande place ; il faut une certaine culture (que je n'ai pas) pour tout saisir, mais restent la beauté des images, la force des éléments : "La longue nuit passée à sculpter le corps instantané de la foudre". Pierre et soleil sont les mots qui fondent ces poèmes, la pierre des architectures vides que Paz peuple de mots, le soleil qui brille éternellement, incandescent, sur les ruines des civilisations anéanties. "Mes frères, mes fils, mes oncles ont été tués. Au bord du lac de Texcoco, j'ai fondu en larmes."
Le poète s'interroge sur comment naît la poésie, tente des expériences, essaie des jeux de mots : "Des coplas éclopées copulent." Dans certains passages plus ou moins surréalistes, les vagues, les arbres et les étoiles lui parlent. "Le soleil entrait avec plaisir dans les vieilles chambres et y demeurait des heures, alors qu'il avait abandonné depuis longtemps les autres maisons dans le quartier, dans la ville, dans le pays. Et plusieurs nuits, fort tard, les étoiles scandalisées le virent sortir en cachette de chez moi."
Paz parle d'amour aussi, ou plutôt de sa perte, de la solitude et du deuil. Ou bien est-ce de la perte de sa jeunesse dont il parle ? C'est parfois une douleur délicieuse : "épine minuscule/et mortelle qui donne des peines immortelles."
Il nous raconte en prose des histoires glaçantes, telles celle de la fiancée qui voulait "un bouquet d'yeux bleus" ; d'autres plus tendres comme le récit de la vague qui le suit en ville, dans le train et dans son appartement (mais elle finit mal).
Dans l'ensemble, j'ai trouvé cette poésie vraiment très, très belle, mais sans réellement en être émue... Émotion devant la beauté, la sensation de l'écriture, oui, mais le message est parfois trop obscur pour qui ne connait pas à fond les sources de cette poésie (encore que la préface de Claude Roy soit assez éclairante).
Challenge Globe-Trotter (Mexique)
Challenge Nobel
Challenge Poévie
LC thématique de mai 2022 : "Nos amis les bêtes"
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Octavio Paz, c'est un homme engagé, comme je les aime : comme l'écrit Claude Roy dans la préface, "un poète comme Octavio Paz ne nous apparait pas simplement comme le produit de sa biographie, mais sa biographie est, dans une certaine mesure, le produit de sa poésie". Dans un style à la fois puissant et angoissé, il nous fait découvrir dans ses poèmes les palpitations profondes de son pays, le Mexique, s'appuyant sur les mythes des ses occupants millénaires. Mystique, il nous parle aussi beaucoup de lui, et du rapport de l'individu au monde, en une poésie métaphysique, à la fois terrienne et tendue vers les étoiles, que je n'ai cru retrouver depuis que chez un autre hispanique, pour moi son frère de peinture, Juan Miro, à travers ses constellations intimistes. Empruntant à toutes les modes littéraires de son temps -esthétisme, surréalisme...- , Octavio Paz ne s'y réduit pas. Féru de poésie japonaise, il relie les continents, et les croyances d'Amérique centrale avec des concepts bouddhistes, dans une construction du monde moderne qui lui est propre. Il est le feu, le Dieu-jaguar, le grand serpent à plumes ! il est aussi le penseur vagabond, s'interrogeant sur la solitude. Sa poésie reste inclassable, libre et rebelle, personnelle et, personnellement, j'adore ! Un grand poète ! Rien que dans son titre, ce recueil en est la synthèse.
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Très beau recueil de poésies. Fort axée sur la nature mais très onirique également, si bien que parfois, cela m'a fait penser à Henri Michaux. Comme c'est bizarre.

Une très belle découverte.
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Liberté conditionnelle.
Reprendre Libertad bajo palabra (1960) du grand poète mexicain Octavio Paz (1914-1998), devenu en français Liberté sur parole alors que « Liberté conditionnelle » correspondrait à une traduction littérale, c'est s'immerger dans l'oeuvre poétique de jeunesse de l'auteur et prendre un bain de vigueur car rien ne semble pouvoir gangrener la parole du poète ni le temps qui passe ni le contexte politique qui change.
Paz a su tisser des liens d'amitié, notamment en France, dans son parcours de vie mouvementée. Son ami Claude Roy a superbement préfacé son maître recueil. Benjamin Péret (1899-1959), poète surréaliste fasciné par l'art maya traduira le magistral poème « Pierre de soleil » [Piedra de Sol] (1957) inclus dans le recueil et conçu dans un mouvement circulaire inspiré par le mythe mésoaméricain du Serpent à plumes (Quetzalcoatl). Les éditions Gallimard publieront en 1966 dans la collection « Poésie du monde entier » une première mouture basée sur l'édition espagnole de référence, celle de 1960. En 1971, Gallimard y adjoindra « Pierre de soleil » selon l'édition hispanique de 1968 retravaillée par le poète. 75e volume de la collection « Poésie », l'oeuvre est régulièrement rééditée pour le plus grand bonheur des aficionados qui se renouvellent au gré du temps et loin des modes, touchés par la grâce d'une conscience en mouvement soutenue par une parole exigeante.
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Citations et extraits (135) Voir plus Ajouter une citation
LA VIE TOUT SIMPLEMENT

Appeler le pain par son nom - et que se pose
sur la nappe le pain de chaque jour;
faire la part du feu, donner à nos rêves,
au bref paradis, à l'enfer,
au corps et à la minute ce qu'ils réclament;
rire comme rit la mer, comme le vent rit,
sans que le rire sonne comme des bris de verre;
boire et dans l'ivresse posséder la vie;
danser sans perdre le tempo;
toucher la main d'un inconnu
par un jour de pierre et d'agonie
et que cette main ait la fermeté
que n'eut pas la main de l'ami;
passer par la solitude sans que le vinaigre
torde ma bouche, ni que le miroir
répète mes grimaces, ni que le silence
se hérisse dans un grincement de dents:
ces quatre murs - papier, plâtre, tapis chiche, foyer jaunâtre -
ne sont pas encore l'enfer promis;
que ne me blesse plus ce désir,
gelé par la peur, plaie froide,
brûlure de lèvres non embrassées:
l'eau claire jamais ne suspend son cours
et certains fruits tombent mûrs;
savoir partager le pain - et le partage,
le pain d'une vérité commune à tous,
vérité de pain qui nourrit notre faim
( si je suis homme, c'est par son levain,
un semblable parmi mes semblables);
lutter pour que vivent les vivants,
donner vie aux vivants, à la vie,
et enterrer les morts et les oublier
comme la terre les oublie: comme des fruits...
et qu'à l'heure de ma mort j'arrive
à mourir comme les hommes et que me soit donné
le pardon, et la vie perdurable
de la poussière, des fruits, de la poussière.
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Tu as tous les visages et aucun,
Tu es toutes les heures et aucune,
Tu ressembles à l'arbre et au nuage,
Tu es tous les oiseaux et un astre,
Tu ressembles au tranchant de l'épée
Et à la coupe de sang du bourreau,
Lierre qui avance, enveloppe et déracine
L'âme et la divise d'elle-même,
Ecriture de feu sur le jade,
Crevasse dans la roche, reine des serpents,
Colonne de vapeur, source dans le roc,
Cirque lunaire, pic des aigles,
Grain d'anis, épine minuscule
Et mortelle qui donne des peines immortelles.

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Là où s’effacent les chemins, où s’achève le silence, j’invente le désespoir, l’esprit qui me conçoit, la main qui me dessine, l’œil qui me découvre.
J’invente l’ami qui m’invente, mon semblable; et la femme, mon contraire, tour que je couronne d’oriflammes, muraille que mon écume assaille, ville dévastée qui renaît lentement sous la domination des yeux.
Contre le silence et le vacarme, j’invente la Parole, liberté qui s’invente elle-même et m’invente, chaque jour.
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IV Pierre de Soleil (1957)


je poursuis mon délire, des chambres, des rues,
je chemine à tâtons par les corridors
du temps et je monte et descends ses degrés
et je palpe ses parois et je ne bouge pas,
je retourne où j'ai commencé, je cherche ton visage,
je chemine par les rues de moi-même
sous un soleil sans âge, et toi à mon côté
tu chemines comme un arbre, comme une rivière
tu chemines et me parles comme une rivière,
tu croîs comme un épi entre mes mains,
tu frémis comme un écureuil entre mes mains,
tu voles comme mille oiseaux, ton rire
m'a couvert d'écumes, ta tête
est un petit astre entre mes mains,
le monde reverdit si tu souris
en mangeant une orange,

p.173-174
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Ecoute-moi comme on entend la pluie,
sans écouter, écoute-moi parler
les yeux ouverts sur l'intérieur,
assoupie, chaque sens en éveil,
il pleut, des pas légers, rumeurs de syllabes,
l'air et l'eau, paroles qui ne pèsent :
ce que nous étions, ce que nous sommes
les jours et les années, cet instant même,
temps qui ne pèse, lourde peine,
Ecoute-moi comme on entend la pluie...
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Videos de Octavio Paz (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Octavio Paz
« […] […] comme le dira Octavio Paz (1914-1998), “la poésie mexicaine ne trouvait pas sa forme propre. Chaque fois qu'elle se risquait à exprimer le meilleur et le plus secret de son être, elle ne pouvait que mettre en oeuvre une culture qui ne lui appartenait que par un acte de conquête spirituelle“. […] Enrique González Martínez annonçait qu'il fallait “tordre le cou au cygne“ moderniste pour pénétrer dans la réalité concrète de la vie quotidienne : “Cherche dans tout chose une âme et un sens / caché ; ne te drape pas dans la vaine apparence“ […] »
« Le poème tournoie sur la tête de l'homme en cercles proches ou lointains
L'homme en le découvrant voudrait s'en emparer mais le poème disparaît
Avec ce qu'il peut retenir l'homme fait le poème
Et ce qui lui échappe appartient aux hommes à venir » (Homero Aridjis, « Le Poème », in Brûler les vaisseaux, 1975.)
0:00 - EFRAÍN BARTOLOMÉ 1:49 - MANUEL ULACIA 3:40 - VERÓNICA VOLKOW 4:36 - MARISA TREJO SIRVENT 5:41 - AURELIO ASIAÍN
6:12 - Générique
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Référence bibliographique : Poésie mexicaine du XXe siècle, traduction de Claude Couffon et René Gouédic, Genève, Patiño, 2003.
Images d'illustration : EFRAÍN BARTOLOMÉ : https://es.wikipedia.org/wiki/Efraín_Bartolomé#/media/Archivo:Efraín_Bartolomé_en_Berna,_1999.jpg MANUEL ULACIA : https://www.lavenderink.org/site/books/manuel-ulacia/?v=76cb0a18730b VERÓNICA VOLKOW : https://www.rogeliocuellar.mx/archivo/fotografia/4559/mx-rcu-esc-vovo-a-00020 MARISA TREJO SIRVENT : http://www.elem.mx/autor/datos/109900 AURELIO ASIAÍN : https://www.amazon.es/Aurelio-Asiaín/e/B001JWYBQ2/ref=dp_byline_cont_pop_book_1
Bande sonore originale : Mike Durek - The Good News Or The Bad News The Good News Or The Bad News by Mike Durek is licensed under a CC-BY Attribution License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/Michael_Durek/Piano_Music_for_The_Broken_Hearted_1221/05_The_Good_News_Or_The_Bad_News/
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