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Critique de CorinneCo


Qui peut être sauvé dans ce roman noir ? Personne. Qui se sauve ? Personne. Il s'agit juste d'une longue plainte qui parcourt le Yorkshire : celle du vent, de la pluie, de la nuit, des ombres et des fantômes. le fantôme des vivants et des morts. le Père Noël trimballe dans sa hotte des jouets infernaux... Edward Dunford, sans âge, sans visage, grossier, amer, journaliste fourbissant ses armes aux crimes odieux, aux mensonges, à la corruption et l'âme noire de ses cauchemars. Tout au long du livre, on le voit traîner sa carcasse dans une folle course à la vérité. Où est-elle ? Y-croit-il encore ? La vérité et la justice. Jusqu'au bout il ira les chercher, l'une et l'autre. Sa vérité et sa justice dans l'univers maussade, crapoteux et médiocre des environs de Leeds. Jusqu'à l'ultime.
Cela pourrait faire trop tellement ils sont ou semblent tous moches, méchants, odieux... mais non, rien n'est en trop dans cette ossature de livre ou chaque mot, chaque phrase est un squelette. Tout le superflu a été gommé. Un récit compassionnel sans rédemption. Cette chère rédemption qui irrigue les livres de James Ellroy n'existe pas dans celui-ci. L'étoile noire aspire tout.
Ellroy car on ne peut que faire le parallèle par le lyrisme, la noirceur, l'agitation qui anime ce livre.
L'écriture syncopée, ces mots, ces phrases hachées, écorchées, il faut l'intégrer, il faut s'y faire et après....
Le cadre sociologique, historique et politique du roman noir (quand il est réussi) est ce qui m'attire le plus dans cet genre littéraire, beaucoup plus que l'intrigue policière. Et c'est l'essence même de cette littérature ; David Peace n'échappe pas à cette règle, il le dit d'ailleurs, écrire un roman noir en évacuant le fond politique, sociologique, historique et philosophique de l'histoire n'aurait aucun intérêt et serait pour lui indécent. Il n'est pas le seul à le penser. La réflexion humaine, la densité tragique interpelle sans cesse. La projection du quotidien et la vérité contemporaine du roman noir ne peut que nous questionner (bien sûr si on aime ce genre).
Dans le roman noir (qu'il soit sage ou qu'il soit outrancier) l'humain est au centre de tout. Dans sa grandeur, son abjection, son rayonnement, sa couleur terne ou son flamboiement, sa joie et sa douleur.
Edward Dunford est humain, trop humain jusqu'à l'entêtement et David Peace lui écrit un requiem.
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