AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,29

sur 89 notes
5
3 avis
4
5 avis
3
4 avis
2
7 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Long poème chaotique accroché à des bribes d'histoire policière comme un camouflé. Tableau monochrome d'un pays brisé. Os plus que chair. Voyage dans un esprit et un pays malades, étranglés par l'obsession d'être vaincus et d'être supérieurs. L'inspecteur Minami harassé par la chaleur, l'action se passe en été, brisé par sa vie et sa non-vie, broyé par son passé, est une ombre en train de s'effacer. Existe-t-il vraiment ? On en vient à douter. D'ailleurs tout est ombre et souffle. Tout est son et odeur. Peace nous éreinte comme il sait si bien le faire. Il décrit un pays épuisé par la guerre, la défaite, la honte et la recherche de coupables. Et nous devons y participer coûte que coûte, même à contrecoeur. Ce livre poétique, truffé de redites; répétitions sans fin donnant un sentiment de surplace, de trou sans fond où rien de peut sortir que ce soit en négatif ou en positif, peut lasser. Chez moi la lassitude vient de l'ennui et non de la difficulté et je dois dire ; j'ai failli m'ennuyer. Je me suis même demandée jusqu'où était le fondement final de ce style d'écriture. C'est à la fois esthétique, abscons, hermétique et volatile. J'ai eu envie parfois que tout cela décolle. Mais je comprends parfaitement que cela n'arrive pas. Je dois dire que je sortais de la lecture d'American tabloid ; sur une autoroute à cinq voies, à fond la caisse, et qu'importe si on rentre dans le décor et là je me suis retrouvée sur des chemins de traverse, des sentiers de terre où on doit faire attention à chaque ornière, chaque bourbier pour ne pas chuter. Chute irrémissible. Chez Ellroy même si on s'enfonce dans la fange, on entend toujours au détour d'un mot ou d'une phrase l'écho des trompettes « célestes ». Chez Peace nous avons plutôt l'impression d'être dans cette grande toile de Gustave Doré "Dante et Virgile dans le neuvième cercle de l'Enfer". Beau et sans issue. L'inspecteur Minami rêve sûrement sa vie sans qu'il puisse l'exprimer. Ce ne sont que ses cauchemars qui restent. Sous couvert de cette « hallucination » nippone il y a une leçon d'histoire et de société. A ce niveau Peace n'a rien à envier à Ellroy dans la force à mêler l'historique et le sociologique à l'intrigue policière. Bien sûr je vais lire avec une attention particulière Tokyo ville occupée, car quoique mes réticences soient là, j'aime ce que propose David Peace, j'aime sa recherche, sa plume, ses histoires, cette façon de pulvériser un récit (même si parfois je grince des dents). Les litanies de Peace peuvent ressembler à des talismans. Echos d'un monde perdu, renaissant malgré tout. Minami dans sa boite de silence nous tend un miroir. Ton ton, ton ton, ton ton, ton ton, ton ton, ton ton.....
Commenter  J’apprécie          324

Ce n'est pas un nouveau départ qu'évoque David Peace en se référant à "l'année zéro". le zéro est ici davantage synonyme d'anéantissement, de néant, d'absence totale d'espoir.
Ce qui n'est pas vraiment étonnant, me direz-vous : l'auteur de la tétralogie du Yorkshire n'a pas habitué ses lecteurs à faire dans l'optimisme.

Et "Tokyo année zéro" porte bien son empreinte : on y plonge dans un gouffre de noirceur, maintenu en apnée par un rythme saccadé, obsédant, en compagnie d'un narrateur tourmenté par ses démons, dont les zones d'ombre font que l'on a le sentiment de ne jamais vraiment le connaître, et suscitent une sorte d'aversion qui nous retient de vouloir le comprendre.

L'inspecteur Minami, flic véreux et drogué, enquête sur des meurtres de jeunes femmes qui comportent de troublantes similitudes.
A sa suite, nous errons dans un décor post apocalyptique, ravagé par les bombardements, accablé par la chaleur moite et torride du mois d'août 1946, où la mort semble omniprésente. Les odeurs d'excréments humains prédominent, les corps sont rongés par la saleté et la vermine, tenaillés par la faim. le style elliptique, lancinant de l'auteur, les leitmotiv exprimant les pensées torturées du héros, nous imprègnent de cet environnement cauchemardesque.

Le peuple japonais n'est plus qu'un peuple vaincu, plombé par l'humiliation d'une défaite qui hante les esprits, et que rappelle sans cesse la présence d'un occupant américain triomphant et malotru.
Les gangs ont la mainmise sur la ville, rivalités et coups bas règnent au sein d'une police gangrénée par la corruption.

Comme souvent dans les romans de David Peace, l'intrigue policière semble être un prétexte pour alimenter le caractère glauque de son récit, et démontrer l'étendue de la barbarie humaine, qui s'exprime aussi bien au travers de démonstrations de violence collective que d'actes individuels.

Un texte âpre, éprouvant (mais que voulez-vous, j'aime ça !), auquel je ferai tout de même un reproche... j'ai trouvé en effet que l'auteur versait parfois dans la caricature, notamment dans sa manière de rendre compte de la culture japonaise. Il utilise pour ce faire des coutumes anecdotiques, des sortes d'images d'Épinal, qu'il place ici et là dans son récit, avec pour résultat un manque de profondeur et de subtilité.

Mais cela ne m'empêchera pas de poursuivre ma découverte de sa trilogie tokyoïte (d'autant plus que le second volet en est, paraît-il, excellent) !
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
Commenter  J’apprécie          72
Ouf! J'ai l'impression d'avoir fait un bad trip. Quelle lecture chaotique comme ce Japon de la défaite, oppressante comme les souvenirs de Minami et étrange, faite de litanies, de mélanges de réalité et souvenirs/impressions. Ce n'est qu'a la fin que j'ai vu qu'il y a un indispensable glossaire. Une liste des personnages aurait aidé aussi. Car on se perd dans ce texte sans repères, cette enquête poursuite fuite solitaire mais pleine de monde racontée par sensations, obsessions et flashs. Mais le miracle c'est qu'on comprend malgré soi, que l'image s'impose dans ce stroboscope littéraire. C'est une expérience en soi que d'aller jusqu'au bout, de glisser avec Minami jusqu'à la vérité. Un texte pénible mais très bon. Rarement peut on ressentir ainsi un texte jusqu'aux odeurs, jusqu'aux démangeaisons du personnage, jusqu'à la folie.
Commenter  J’apprécie          50
Houlà… Mon avis risque d'être aussi brouillon que ma compréhension de l'histoire de ce roman… Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, car je l'ai lu assez rapidement, mais en aucun cas je ne peux affirmer avoir apprécié cette lecture. Je pense surtout ne pas être le type de lectrice qui peut faire l'éloge de ce genre de narration. En effet, hormis le contexte de l'enquête policière qui est à portée de tout type de lecteur, il y a ce style littéraire qui m'a surprise (voir, rebutée…) au début, puis j'ai dû malgré moi y faire abstraction… Et j'ai dû rater l'effet que cela devait produire sur la psychologie du protagoniste… Bref, j'ai carrément foiré ma lecture, ce qui m'agace un peu. Cependant, il faut se farcir la narration répétitive à foison… Non, rien à faire, je ne peux pas. Non, c'est impossible, pour moi c'est indigeste, peu importe les qualités littéraires que d'autres peuvent y trouver. Cela donne une sensation de lenteur, d'étouffement, comme si le temps s'arrêtait… A la limite de l'hypnose !

Mis à part ce problème, il est évident que j'ai pu finir ma lecture grâce à ce que j'ai pu apprécier, comme le contexte historique : un Japon complètement dévasté de 1945, vaincu et humilié où le typhus, les poux, la vermine, la famine colonisent le pays. Si la narration n'était pas faite pour moi, j'ai vraiment aimé découvrir cette époque à travers les crimes qu'elle a engendrés. Côté polar, enquête, crime et suspense… J'ai connu des jours meilleurs avec d'autres livres !

Il est évident que cet avis reste le mien et que je vous invite à avoir le vôtre. Je ne lirais sans doute pas les deux autres romans de sa trilogie consacrée au Tokyo de l'après-guerre, suite à cet avis mitigé. Quoi que… On ne sait jamais !

Bonnes lectures à tous !
Lien : https://avoslivreschroniques..
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (261) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2860 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}