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EAN : 9782213638065
572 pages
Fayard (10/11/2010)
3.53/5   15 notes
Résumé :

Il est un conflit majeur qui est passé totalement inaperçu depuis près de vingt ans. Pourtant, il a fait plus de morts que toutes les guerres depuis 1945... Environ six millions de victimes et quatre chefs d’État assassinés. Son théâtre : toute l’Afrique de l’Est et l’immense Congo, au centre du continent, ont été bouleversés par cette guerre qui a visé à en redessiner la carte. Dans la région, c’est pratiquement chose faite : le Kivu a été détaché du Co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La thèse centrale de Pierre Péan, dans "Carnages" est que l'on a mal compris les " événéments" du Rwanda.

Non, il ne s'agissait pas d'un génocide des tutsis par les hutus, génocide planifié et exécuté au sens ou l'était la "solution finale" des nazis. Ce qui se serait passé serait beaucoup plus généralisé. Il y avait une diaspora tutsi, qui avait émigré dans les pays environnants, mais particulièrement en Ouganda. Celle-ci voulait rentrer au pays, mais comment faire quand les hutus sont au pouvoir ? En provoquant une crise. L'avion présidentiel ( dans lequel se trouvait aussi le président du Burundi ) est abattu. Les tutsis, armés entrent au Rwanda. L'armée Rwandaise riposte, mais est elle même composée d'hutus et de tutsis, elle se scinde donc, ou elle éclate.Des vagues de réfugiés prennent la fuite, déplacant d'autres populations sur leur passage. Les tueries sont vengées ce qui appelle d'autres tueries dans un cycle infernal. Rappelons que hutus et tutsis parlent la même langue, que les populations sont géographiquement imbriquées et fysiquement indistinctes. Bref, bientôt les hutus massacrent d'autres hutus croyant tuer des tutsis, et les tutsis tuent des tutsis croyant supprimer des hutus. C'est un massacre généralisé, une guerre civile tous azimuths.

Un guerre dont les tutsis, cependant, sortent vainqueurs.. Et dans ce cas, ce sont les vainqueurs qui ont écrit l'histoire.

Pourquoi a t-on laissé faire ? Pourquoi l'histoire retient elle que les hutus seuls ont perpetré un génocide planifié envers les tutsis ? Parce que la région est instable. Parce que mettre en question la vérité officielle pourrait remettre le feu aux poudres.Parce que les puissances qui parrainent l'Afrique ont tout interêt à préserver la paix, fût elle injuste. Et, peut-être aussi, parce qu'en Europe et aux USA la page Rwandaise a été tournée il y a longtemps ?

C'est loin, le Rwanda. Mais ce qui se passe en ce moment en Europe de l'Est ( Ukraine) , et ce qui s'est passé en Europe de l'Ouest dans les années 1930 me disent que la barbarie, le chaos, l'éffondrement n'ont pas été définitivement bannis de notre monde européen. Sachons nous en souvenir.
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Passionnantes analyses de Péan, à lire en se disant que "même les paranoïaques ont des ennemis"...

Paru en novembre 2010, le nouvel ouvrage de Pierre Péan poursuit et amplifie le travail effectué (et hautement controversé) dans "Noires fureurs, blancs menteurs" en 2005 à propos du génocide rwandais.

Une partie (relativement brève) est consacrée à se défendre des accusations de "négationnisme" dont Pierre Péan fait l'objet depuis 2005 : il répète, avec conviction, qu'il n'a bien entendu jamais rien nié, mais que traiter le génocide perpétré par les hutus en 1994 ne doit pas conduire à ignorer les massacres de masse organisés par les tutsis du FPR la même année, puis les nombreux massacres commis par le même FPR au Congo dans les années qui ont suivi...

Le véritable propos de Péan est toutefois de replacer les vingt dernières années de l'Afrique Centrale dans le contexte du réalignement stratégique orchestré par les États-Unis, avec l'aide du Royaume-Uni et d'Israel, autour du tandem Ouganda-Rwanda du FPR, avec l'adjonction par la suite de l'Éthiopie et de l'Érythrée, avec le double objectif de neutraliser le "dangereux" Soudan (en soutenant avec succès les profondes déstabilisations de Sud-Soudan et du Darfour) et de (re)mettre en coupe réglée les richesses minières du Congo dans l'après-Mobutu (en entérinant la conquête du Rwanda et du Kivu par le FPR).

Propos ambitieux, soutenu par de très nombreux documents et entretiens, dont certains sous couvert d'anonymat. Certaines parties sont terriblement convaincantes, d'autres un peu moins...

"D'emblée, mon enquête fut difficile, car, à notre époque - celle qui a débuté après la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989 -, qu'on dit à tort plus "transparente", les faits les plus importants sont escamotés : traduisant des stratégies plus ou moins avouables qu'il importe de cacher, ils relèvent bien souvent du domaine du clandestin, dans la mesure où ils sont l'oeuvre de Forces spéciales, d'agents de services secrets, d'États agissant pour le compte d'autres États, de mercenaires... Ces jeux de l'ombre sont, de surcroît, encore obscurcis par des agences spécialisées, publiques ou privées, qui produisent à jet continu de la désinformation, puisque la guerre est désormais continuée par des batailles de communication. Même quand ils ne sont pas emprisonnés dans un militantisme trop contraignant, les journalistes, coincés par les exigences de productivité et donc par le manque de temps, ont de plus en plus de mal à approcher la vérité."

À lire en essayant de "garder la tête froide", et en se disant que même les paranoïaques ont des ennemis...
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Belle leçon de journalisme où il démonte les grandes manipulations de nos “amis anglo-saxonsˮ en Afrique de l'est avec comme bilan des millions de morts au Rwanda et au Congo où s'affrontent les intérêts américains, anglais, chinois et israéliens. L'auteur montre comment certaines ONG et autres “humanitairesˮ ne sont que des faux-nez et des cache-sexe d'intérêt autrement plus puissant. Ces “idiots utilesˮ comme les avait baptisé en son temps ont l'indignation très sélective, avec l'aise de la presse bien pensante. A la fin, la France a été expulsée au profit des intérêts américains, anglais, chinois et israéliens. Mais nos adeptes de la repentance et des autres calembredaines de nos universitaires s'en réjouiront certainement ! On ne fait pas de relations internationales avec du “droit-de-l'hommismeˮ, n'en déplaise aux guignols Kouchnerisés. Bref, à lire, bien que désespérant. Seuls les intérêts et les rapports de force pilotent la géopolitique, quoiqu'en disent les belles âmes de l'humanitaire, gogos manipulés et consentants. On lira avec intérêt le site de Védrine qui sait de quoi il parle, il a eu les mains dans le cambouis, lui.
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Un livre extraordinaire face auquel je demeure impuissante pour rédiger une critique ; cette dernière sera donc courte.
Carnages est bien sûr un livre à charge, qui propose une relecture complète d'un bon nombre de conflits africains, et en particulier du centre de l'Afrique, soulignant avec hargne les intérêts géopolitiques de certaines puissances et la totale absence de la notion de non-ingérence, tant de la part des pays occidentaux (Etats-Unis, France, Israël...) que des pays frontaliers du conflit, qui abritent tour à tour des rebelles ou lancent leurs propres troupes pour piller les ressources de leurs voisins.
A la lecture de certains chapitres, la noirceur, l'indifférence et le cynisme de certaines décisions aux conséquences dramatiques (et connues d'avance) pour les populations m'ont plongée dans une sorte de dégoût monumental pour les tractations que se permettent certaines nations au nom de...la sauvegarde d'une politique, l'ouverture commerciale d'un pays, la nécessité de ne pas voir émerger une puissance régionale à la religion prohibée...
Le cas du Soudan m'a particulièrement émue.

Bref, un livre profondément marquant, gênant, empli d'analyses fines mais dénonciatrices ; l'on regrette certains passages où l'auteur s'épanche sur son auto-défense ou sur une attaque en règle de ceux qui l'ont accusé de proférer des mensonges éhontés.
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Ce livre aide à comprendre ce qui se passe en Afrique depuis la seconde guerre mondiale et plus particulièrement en Afrique Centrale et au Rwanda. Il montre aussi combien il est difficile de faire un bon travail de journaliste lorsque des politiques de mésinformations sont mises en oeuvre par des gouvernements et divers groupes d'activistes.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Dès la sortie du livre, et pendant quatre ans, j’ai été l’objet d’attaques d’une rare violence, notamment à la suite d’une plainte de SOS Racisme, dont je fus naguère un parrain, pour diffamation raciale et incitation à la haine raciale, sans oublier une plainte en Belgique lancée par 217 Rwandais tutsi me réclamant chacun 10 000 euros. Le procès en première instance culmina avec l’intervention de Benjamin Abtan, ex-président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui en vint d’une part à comparer mon livre à Mein Kampf et affirma d’autre part avoir rencontré des rescapés des massacres rwandais saisis de peur à la seule évocation de mon nom : « Une émotion qui, dans les références qui sont les miennes, déclara-t-il, ne peut que me rappeler l’effet du nom Faurisson sur les rescapés de la Shoah. » À soixante-dix ans, j’étais ainsi devenu, pour une fraction de l’élite française, raciste, révisionniste, négationniste et antisémite4. Pour n’avoir livré que les résultats de mon enquête, j’étais devenu aux yeux de quelques-uns un nouveau Faurisson.

Ce procès et les attaques médiatiques virulentes qui l’accompagnèrent m’ont dissuadé de refermer mon dossier « Rwanda ». Plutôt que de me consacrer à la seule préparation de mon procès, j’ai décidé de reprendre mon enquête et de l’étendre en l’insérant dans l’histoire de la région des Grands Lacs et de l’Afrique centrale, pour comprendre comment et pourquoi avait pu ainsi s’installer une version tronquée de l’histoire de la tragédie rwandaise.
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Plus de huit millions de morts ? Qui en parle ?

L’histoire moderne de l’Afrique est écrite par des militants qui trient entre bons et méchants morts en usant du tamis de la repentance. Le président de SOS Racisme n’a-t-il pas affirmé qu’« évoquer le sang des Hutu, c’est salir le sang des Tutsi » ? Dans les décombres du Mur de Berlin, la « fin des idéologies » a permis l’émergence d’un nouveau militantisme qui, sous le respectable prétexte d’aider les pays pauvres d’Afrique, ne les regarde que par le prisme déformant de la faute originelle de l’esclavage, censée se perpétuer jusqu’à aujourd’hui via le colonialisme, puis le néo-colonialisme. Bref, les maux d’Afrique ne s’expliqueraient que par un seul mot : la France.
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L’État hébreu n’a toutefois pas limité son intérêt à ces seuls pays africains. Il a cherché, et cherche toujours, des soutiens à son combat contre les pays arabes, si bien que l’Afrique subit souvent des contrecoups des affrontements survenus au Proche-Orient… Quelquefois seul, mais le plus souvent associé aux États-Unis, voire au Royaume-Uni, Israël a été et est un acteur africain de première importance.
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Sans la complicité de certains de nos ancêtres, la traite négrière n’aurait jamais fait d’aussi gros profits. Nous portons la responsabilité de cet odieux système tout autant que les trafiquants venus d’au-delà des mers. Nous cultivions le sens de l’hospitalité, mais nous nous méfiions du voisin dont les tatouages étaient différents des nôtres, dont les coutumes et la langue nous étaient incompréhensibles
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« Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Paris, Washington ou aux Nations unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera, au nord et au sud du Sahara, une histoire de gloire et de dignité.
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Videos de Pierre Péan (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Péan
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/gregor-pean-la-seconde-vie-d-eva-braun-53160.html Voilà le premier livre de Gregor Péan. Et pourtant cet auteur a déjà une dizaine de titres à son actif. Comment donc ? Jusqu'à présent, c'est effectivement sous le nom de Jean Gregor que Gregor Péan était connu en librairie. Au décès de son père, le journaliste et enquêteur Pierre Péan, et ayant écrit lui-même un roman intitulé « le dernier livre de Jean Gregor », ce dernier a estimé qu'il était temps de reprendre sa véritable identité. Parmi ses précédents titres, « Transports en commun », « L'ami De Bono », « Femme seule devant sa glace » ou « L'ombre en soi », Gregor Péan témoigne d'un fort talent littéraire. Dans ses histoires, les personnages simples viennent se cogner aux mutations de la société, les silences font parfois plus de bruit que les longs discours, l'écriture audacieuse et franche ne laisse pas indifférent. Avec son nouveau roman « La seconde vie d'Eva Braun », Gregor Pean confirme cette aisance à aborder des thématiques inattendues avec un style qui lui est propre. Comme une uchronie, l'auteur invente donc un autre destin à la maîtresse d'Hitler. Et si celle-ci n'était pas morte dans le bunker du Führer en avril 1945, et si elle avait été exfiltrée et emprisonnée en Union soviétique, où une interprète la questionnait selon les bons vouloirs de Staline. Que serait-elle devenue ? Aurait-elle pris conscience du monstre qu'était celui dont elle partagea la vie ? Sur cette question, Gregor Péan construit un roman fascinant et dérangeant, à l'image de cette photo colorisée qui habille la couverture du livre. Eva Braun n'était-elle qu'une gentille idiote, telle que la Grande histoire l'a toujours présentée ? Ouvrant son récit comme une farce et imposant une gravité au fil des chapitres, Gregor Péan interpelle le lecteur, au propre comme au figuré, nous invitant à réfléchir sur les notions d'humanité et de culpabilité. Dans cette seconde vie, face aux outrages que subit Eva Braun dans sa geôle stalinienne, la rendant fragile, il nous pousse à nous attacher à elle. Mais peut-on et doit-on avoir de la compassion pour la femme du monstre ? Ce roman est fort, violent, déroutant, formidablement écrit. C'est un coup de coeur. « La seconde vie d'Eva Braun » est publié chez Robert Laffont.
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