J'ai découvert
Iain Pears à travers l'excellent Cercle de la croix. Et quelle agréable surprise que ce Songe de Scipion qui m'a plu encore davantage.
Voilà un livre bien écrit et surtout intelligent. Pas seulement par son style, par les connaissances qu'il contient, mais surtout parce qu'il fait réfléchir. Car ce roman n'est pas seulement un moment de détente, c'est un texte qui pose des questions.
Le principe est simple : la Provence, trois époques troublées non sans similitudes (la chute de l'empire romain, la peste noire du XVIè siècle, l'Occupation), trois hommes cultivés qui portent les valeurs de leur société.
Et à chaque fois, pour ces hommes, un choix impossible à faire. Jusqu'où peut-on, doit-on aller quand la barbarie menace la civilisation ?
Quand on sait que cette barbarie l'a d'ors et déjà emporté, pour sauver quelques fragments de sa culture, peut-on trahir, collaborer, contre ses propres valeurs ? Quand rester fidèle c'est regarder s'effondrer tout ce à quoi on croit sans pouvoir bien faire alors qu'en rejoignant les rangs de l'ennemi, on peut en sauver quelques bribes, quelles concessions peut-on s'autoriser ?
Les personnages de ce roman ont fait leur choix, ils ont sacrifié une part de leur valeurs et peut-être de leur humanité en espérant protéger une part de leur civilisation.
L'Histoire les jugera, non selon leurs actes, leur courage ou leur trahison, mais selon que le camp qu'ils ont rejoint sera le perdant ou le vainqueur.
Dans ce roman, qui pourra dire quel choix était le meilleur, lequel était juste, humain ou non, si ce qui est sacrifié vaut plus ou moins que ce qui est sauvé ?
Tout comme aucun de nous ne peut savoir le choix qu'il aurait fait dans ces situations extrêmes, aucun de nous ne saurait juger ces trois hommes. Mais leur histoire fait réfléchir à la valeur de la civilisation et au prix à payer pour la conserver.