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Citations sur Le Songe de Scipion (22)

Les temps avaient changé depuis l'époque des ambassades de ses ancêtres, dont la munificence pouvait à elle seule suffire à forcer un prince barbare, facilement ébloui par une telle opulence, à faire allégeance. Adorez-moi et tout cela vous appartiendra ! Rome avait survécu et prospéré pendant des siècles en utilisant les paroles du diable.
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_ Non, Bernard n'est pas un homme bon. Il possède de nombreuses qualités estimables : il est intelligent, drôle, dynamique, de bon conseil s'il n'est pas lui-même affecté par les conséquences de l'affaire. Mais il n'est pas bon. Il ne s'intéresse pas aux gens et ne les comprend pas. Il aime la classe ouvrière, mais les ouvriers le dégoûtent. Marcel, au contraire, aime les ouvriers, et déteste la classe ouvrière.
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"La politique vous ennuie ?" demanda Brosen.
Julien sourit.
"En effet. Toutes mes excuses, monsieur. Ce n'est pas que je n'aie pas essayé de m'y intéresser, mais des recherches méticuleuses et approfondies m'ont permis d'émettre l'hypothèse que tous les hommes politiques sont des menteurs, des imbéciles ou des filous, et je n'ai rien encore trouvé qui me fasse changer d'avis. Ils peuvent causer de grands dommages et ne font que rarement de bonnes choses. Le citoyen lucide a le devoir de protéger la civilisation de leurs déprédations."
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- Il y a des cas où seulement survivre constitue un grand exploit.
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Il montra quelque circonspection dans ses réponses pour se donner un peu de temps. Et avec le temps, vint l'espoir, car ce ne sont que les deux faces d'une même médaille.
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Le pouvoir sans la sagesse n'est que tyrannie, la sagesse sans le pouvoir est sans effet.
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« À Verdun, commença-t-il tranquillement, j'ai vu des choses plus affreuses que tu ne peux l'imaginer. J'ai vu se déchirer le tissu de la civilisation. Plus les règles se relâchaient, plus les gens se sentaient libres de faire ce qu'ils voulaient. Ce qui l'affaiblissait encore plus. Alors, j'ai décidé que le plus important était de protéger la civilisation pour qu'elle survive. Sans ce réseau de croyances et d'habitudes, nous sommes pires que des bêtes. Les animaux sont bridés par les limites de leur cerveau et par leur manque d'imagination. Pas nous.
» C'est donc ce que j'ai tenté de faire, toute ma vie, à mon faible et insignifiant niveau. Tout vaudrait mieux qu'un écroulement semblable, parce que j'étais sûr qu'un nouvel effondrement serait définitif. Il n'y aurait plus moyen de revenir en arrière. Et je me suis dit que quoi que fassent les politiciens ou les généraux, ils n'étaient que des barbares et que le reste de l'humanité devait protéger de leur emprise ce qui était vraiment important, entretenir la flamme vacillante. Les gens comme toi et Bernard, voilà ce que je détestais le plus. Vous n'étiez ni l'un ni l'autre assez honnêtes pour admettre que vous vouliez juste le pouvoir.
» J'avais tort, et je ne m'en suis rendu compte que lorsque tu m'as annoncé que Julia avait été dénoncée par la femme du forgeron du village. Bizarre, tu ne trouves pas ? J'ai vu la guerre, des invasions et des émeutes. J'ai entendu parler de massacres, de brutalités inimaginables, mais j'ai gardé ma foi dans la capacité de la civilisation de ramener les hommes du bord du gouffre. Et cependant, une seule femme écrit une lettre, et tout mon univers s'écroule.
» Tu vois, c'est une femme ordinaire. Une brave femme, même. C'est précisément là le problème. Toi, tu n'es pas un brave homme. Bernard non plus. Rien de ce que vous êtes susceptibles de faire, l'un et l'autre, ne peut me surprendre, me tracasser, me choquer. Mais elle, elle a dénoncé Julia et l'a envoyée à la mort, parce qu'elle était jalouse d'elle et parce que Julia est juive.
» Je croyais que l'opposition était claire entre les civilisés et les barbares, et j'avais tort. Ce sont les civilisés qui sont les vrais barbares et les Allemands ne sont que la suprême incarnation de la barbarie. Ils représentent notre plus grande réussite. Ils édifient un monument qui ne sera jamais abattu, même quand eux auront été balayés de notre sol. Ils nous donnent une leçon qu'on entendra encore pendant des siècles et des siècles. Manlius Hippomanes a enfoui ses idées dans l'Église et ces idées ont survécu à la fin de son monde. Les nazis font la même chose. Ils nous tendent un miroir en s'exclamant : "Regardez ce que nous avons tous réussi à faire ensemble !"
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page 144-145
Ce fut le petit rire de Jacques qui, en faisant tomber le masque, tua le mariage. Un petit hennissement aigu, d'une demi-seconde, vite étouffé comme il avait appris à le faire, mais vibrant de cynisme. Il avait pris la passion de sa femme pour une distraction et sa profonde concentration pour une langueur de rêveuse. Il ne se rendait absolument pas compte de son talent. Ca, elle ne pouvait l'accepter.
Peut-être sa réaction avait-elle été intempestive. Elle ne nia jamais cette possibilité. Du point de vue diplomatique - celui de son mari, naturellement -, sa crise de nerfs était imprévisible, excessive, voire un rien vulgaire. Mais le tremblement de ses mains et les trémolos de sa voix n'étaient pas feints, ne visaient pas au mélodrame. Elle tentait d'expliquer à un homme qui ne pouvait pas plus la comprendre qu'un sourd n'est capable de comprendre Bach ce qu'elle faisait et pourquoi cela comptait tant pour elle.
" Pourquoi donc êtes-vous tous toujours aussi hystériques ? "
Des siècles, des millénaires peut-être, étaient distillés, précipités, concentrés dans cette simple remarque désinvolte lancée uniquement pour calmer la colère de son épouse. Ses implications auraient pu remplir maint ouvrage, ce qui était d'ailleurs le cas. Les mots eux-mêmes, le ton méprisant, le mélange de vague peur et de dégoût, tout cela aurait pu être développé avec moult détails. Mais ce n'était pas nécessaire : Julia n'avait pas besoin qu'on lui fasse un dessin, et lui non plus, à en juger par l'inquiétude qu'elle lisait dans ses yeux. Il savait pertinemment ce qu'impliquait sa question.
Elle ne lui reparla jamais. C'était inutile. Elle ne demanda pas le divorce non plus. Elle ne voyait guère l'intérêt de se lancer dans un procédure pénible, compliquée, et pour la carrière de son mari avoir une épouse invisible valait mieux que de ne pas en avoir du tout. Il resta toujours comme au début, franc, honnête, sincère, affectueux à sa manière, et dès qu'elle cessa d'être en colère elle reconnut ses nombreuse et grandes qualités. Elle avait également aperçu une face obscure dont elle ne voulait plus s'approcher même si elle pouvait pardonner. Elle n'avait cependant aucune envie de lui nuire. Elle ne chercha pas à se venger et en ressentit finalement quelques remords. Le fait que sa rage s'était si vite dissipée la convainquit qu'elle ne l'avait jamais aimé. Elle était seule responsable de tout ce gâchis.
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Caius était l'un de ces hommes qui se targuent de leur ignorance, appellent pureté leur manque de culture, méprisent toute subtilité de pensée ou d'expression. Un homme bien de son temps en effet. Tout récemment encore, il aurait été si honteux de son inculture qu'il se serait tu, alors qu'aujourd'hui c'étaient les lettrés qui devaient mesurer leurs propos.
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Pensez-vous que la tranquillité d'un millier d'êtres efface la mort injuste d'une seule personne ? Elle peut être désirable, elle peut vous gagner les louanges de ceux qui ont eu la chance de survivre et de prospérer grâce à vos actes, mais vous en avez commis d'ignobles que votre fierté vous a empêché de reconnaître comme tels. J'ai attendu patiemment, dans l'espoir que vous viendriez me voir, car si vous aviez compris ce que vous avez fait, cela aurait atténué l'ignominie de certaines de vos actions. Au lieu de cela, vous m'avez envoyé ce manuscrit plein d'orgueil et d'assurance, et qui ne fait que démontrer combien vous n'avez absolument rien compris.
- C'est sur vos conseils que je suis redevenu un homme public, madame, répondit-il d'un ton guindé.
- En effet. Je vous l'ai conseillé. J'avais dit que si la culture devait mourir, autant qu'elle ait un ami à son chevet. Pas un assassin. »
Elle leva la tête vers lui, les larmes aux yeux.
« Tu as été mon dernier élève, Manlius. Et tes actes font désormais partie de mon héritage tout autant que du tien Tu as pris mon bien et l'as corrompu. Tu as utilisé ce que je t'ai appris pour tuer et pour justifier tes crimes. Cela, je ne te le pardonnerai jamais. »
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