Un grand merci à Babelio et aux Editions Flammarion pour cette fiction historique passionnante.
Une querelle entre familles rivales s'envenime, et c'est toute une région qui en souffre.
Ainsi commence
le bûcher des certitudes, avec l'arrivée de Pierre de Lancre au Pays basque. L'homme est chargé, par le roi Henri IV, de « purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l'emprise des démons » (comme nous l'apprend la page Wikipedia dédiée au personnage) et il prend sa mission très au sérieux.
Confronté à des coutumes et traditions ancestrales qu'il ne comprend pas, et à la langue basque aux inflexions mystérieuses,
Pierre de Lancre voit le mal partout. Eduqué fermement par son père et son grand-père, de Lancre se méfie de tout et de tout le monde : chaque personne est un envoyé potentiel du démon chargé.e de faire échouer sa mission ; chaque acte auquel il assiste et qui ne correspond pas à ce qu'il imagine être français et/ou chrétien, est un acte de sorcellerie. Mais même si personne n'est à l'abri, les femmes sont particulièrement suspectes aux yeux de l'envoyé royal.
Le destin s'est souvent (toujours ?) acharné sur les femmes qui, depuis la Genèse, sont considérées comme des tentatrices et les cibles privilégiée du démon, les intermédiaires idéales entre Satan et les hommes. En même temps, dans
le bûcher des certitudes, les femmes sont aussi victimes de leurs propres machinations car certaines, pour se venger ou soulager leur jalousie, sont prêtes à tout. Et les femmes sont seules. Car à part les vieux et les enfants, il ne reste personne pour les protéger : les jeunes sont partis chercher fortune ailleurs, notamment dans la chasse à la baleine.
Pierre de Lancre est, comme on s'en doute, une figure centrale du récit. Homme d'une grande érudition et d'une grande rigueur morale, de Lancre se méfie de tout, y compris de ses propres sentiments, qu'il croit inspirés par le démon. Et petit à petit, l'homme s'enfonce dans le fanatisme et n'écoute plus la voix de la raison. Persuadé que la seule vérité est la sienne, de Lancre répand la misère et la désolation partout où il passe.
La beauté rude et sauvage du Pays basque est superbement décrite par
Bernadette Pécassou et posée comme en contraste avec la violence des actes ordonnés par
Pierre de Lancre. Cela rend cette chasse aux sorcières encore plus brutale et cruelle.
La douceur de la vie basque, malgré ses difficultés, était bien réelle avant l'arrivée de Pierre de Lancre. Mais elle semble irrémédiablement souillée par la chasse aux sorcières.
Je ne connaissais pas l'oeuvre de
Bernadette Pécassou avant de lire
le bûcher des certitudes, et j'ai été touchée par la beauté et l'élégance de sa plume. Là aussi, le contraste est grand et douloureux entre la forme et le fond, entre l'écriture de l'auteure et les événements qu'elle décrit.
Sombre et puissant, inspiré de faits réels,
le bûcher des certitudes est une lecture marquante, qui ne laisse pas indifférent.