Histoire et destins : L'insurgée de Varsovie

Cette BD de la série « Histoire et destins » chez Delcourt revient sur l'insurrection contre l'occupant nazi décidée en août 1944 par l'Armia Krajowa (armée de l'intérieur), au travers de la participation d'une jeune polonaise, Maria Sabina Devrim. Cette révolte, aux allures de guérilla urbaine, était portée par l'espoir d'une libération prochaine de Varsovie avec l'avancée rapide de l'armée rouge sur le front de l'Est. Mais pour des raisons de pure politique, Staline a décidé que les troupes soviétiques ne franchiraient pas la Vistule. L'arrière-pensée était que les Allemands allaient anéantir les futurs dirigeants polonais, lui permettant alors d'imposer des chefs communistes fantoches.
La résistance polonaise a donc jeté toutes ses forces dans un combat inégal : quelques armes parachutées par l'aviation britannique contre les chars nazis. Varsovie a fini en ruine.
C'est dans ce décor que Maria, avec quelques amis, essaie de lutter par de petits exploits individuels. Une lutte vaine, la population va payer un prix terrible aux combats qui dure d'août à octobre 1944, en étant en partie déportée par l'occupant.

Les dessins de Paunovic traduisent la détresse d'habitants piégés dans une capitale détruite.
Toutefois, la BD n'apporte pas toutes les explications, que l'on retrouve cependant dans l'annexe finale. On y comprend notamment mieux l'erreur fréquemment commise en Occident qui consiste à parler de la seule insurrection du ghetto juif en avril – mai 1943, et à la confondre avec cette révolte de 1944.

Varsovie. Septembre 1944.
Les Russes ne parviennent pas à passer la Vistule. Les Polonais sont seuls à tenter de résister à la terrifiante et meurtrière invasion allemande.
Andrej, Maria Sabina, Karol et de jeunes garçons, tout juste sortis de l'adolescence n'ont d'autre solution que de passer la ligne ennemie pour demander du renfort au groupe Vajda.
Mais rien ne sera suffisant… 85% de la ville sera détruite, 15000 insurgés mourront ainsi que 200000 civils.

Maria Sabina Devrim, rare survivante de l'AK (Armia Krajowa) la résistance polonaise, retrouvera son père puis sera ex filtrée en France pour y être soignée. Elle vit toujours.

Bel album pour une histoire vraie que le dessin met bien en valeur. La taille de certaines planches, notamment celles montrant la désolation et la détresse suite aux bombardements, est un vrai plus tout comme l'annexe finale.

C'est bien tout un peuple qui a tenté de résister. En vain, malheureusement…

La fin des illusions
S'il s'était soldé par la victoire des résistants, peut-être que le soulèvement de Varsovie aurait changé le cours de la guerre ou en tout cas de celui de la Guerre Froide, en modifiant les frontières du rideau de fer….

Sous le regard machiavélique empreint de cruauté de Staline, les insurgés comprirent bien vite l'issue fatale du combat... Ce qui rend leur tragique résistance plus héroïque encore et le destin romanesque de la jeune Maria Sabina Devrim plus bouleversant encore. Car c'est à travers ses yeux que l'on s'immerge dans Varsovie en ruine, alors que la Wehrmacht entreprend l'extermination méthodique des insurgés, après avoir acquis la certitude que l'Armée Rouge de Staline se gardera bien d'intervenir pour mieux récupérer les miettes et tuer dans l'oeuf tout espoir d'indépendance…

Joliment écrit par Jean-Pierre Pécau et mis en image par Dragan Paunovic, L'Insurgée de Varsovie est un album aussi édifiant que sidérant qui lève le voile sur un évènement étrangement méconnu, se superposant dans l'imaginaire collectif avec l'insurrection du ghetto.
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