Jour J, tome 34 : Le Dieu vert

L'Europe décimée par la peste noire (voir tome 26), le Mali est une grande puissance grace à l'or de Guinée. Nous sommes en 1475 on retrouve Jeanne (ce qu'aurait pu être Jeanne d'Arc dans d'autres circonstances, et si...) et l'Amazone Innana.
Nos deux aventurières plongées au coeur d'intrigues africaines ce «western moyenâgeux» est parfois un peu tiré par les cheveux mais ce lit avec plaisir et est bien dans l'esprit de Jour J.

La série BD Jour J construit ses intrigues autour d'uchronies historiques. Ce 34éme tome est la suite de la ballade des pendus (tome 26). On y retrouve en plein quinzième siècle une Jeanne d'Arc aventurière, meneuse de soldats surentraînés, convoyant les richesses de la cité chrétienne de Tolède jusqu'à Cordoue où réside l'émir omeyyade. Elle est accompagnée de son amante Innana, qui va la mener ensuite au royaume du Mali, où l'or coule en abondance…

Les scénaristes aiment jouer avec l'Histoire, pour mieux la tordre et inventer de nouveaux parcours. Mais là... ils étaient encore sous acide lorsqu'ils ont concocté cette histoire. C'est bien dessiné par Lajos Farkas (j'ai beaucoup aimé les vues de Tolède et de Cordoue, ça me rappelle des souvenirs…), mais c'est bourré d'invraisemblances, et de relations d'aujourd'hui dans un contexte historique où il était impossible de s'afficher ainsi. le tout forme un mélange entre une BD d'action, avec quelques belles scènes de combat, et une revue « à l'envers » des relations Nord-Sud, telles que des siècles de colonisation les ont imposées (ici c'est l'Afrique qui est riche, épargnée de la peste et en plein développement). Bref c'est un foutoir, pas désagréable à voir, mais sans intérêt historique. Par certains côtés cela m'a fait penser au film le pacte des loups de Christophe Gans.

Je découvre cette série d'uchronie par ce 34e tome. le principe de celui-ci et des autres est simple (sur le papier bien entendu) : imaginer une autre issue aux événements de l'Histoire. Ici, Jeanne a échappé à la mort et devient une sorte de mercenaire. Cette liberté avec la version officielle est réjouissante car les auteurs ont créé des personnages très forts. Jeanne et sa compagne sont des aventurières aux valeurs assez absentes mais mues par une sorte de vengeance vis à vis de la gente masculine. Ce sont des femmes d'armes qui mènent leur mission et la BD sans faiblir. le récit avance à grande vitesse et c'est absolument palpitant. Nous passons d'un pays à un autre juste en tournant une page. Cette BD éblouit par ses dessins. Lajos Farkas parvient à planter les décors aussi facilement qu'il dégaine une épée. L'ensemble nous saisit rapidement et développe facilement et clairement toute l'imagination des auteurs.
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