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EAN : 9782070348992
304 pages
Gallimard (08/11/2007)
3.34/5   35 notes
Résumé :
Patrick Pécherot
Soleil noir


Dans une ville à l'abandon, quatre hommes, éternels perdants, préparent l'attaque d'un fourgon blindé. Il y a Félix, éreinté de la vie, Simon, le truand sur le retour, Brandon, le rappeur autiste, et Zamponi, l'artisan lessivé. Ils jouent leur dernière carte. Leur plan? Se fondre dans le décor. Ravaler au grand jour la maison d'un oncle défunt. Mais la poisse les poursuit.
La grève des convoyeurs les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Je suis un inconditionnel de Patrick Pecherot et me suis vraiment amusé et régalé à la lecture de ce "Soleil noir", de ce groupe de "bras cassés" qui vont monter au braco, et de leur malchance, car le jour "J", alors que tout semble prêt, maintes fois répétés, ce n'est pas un fourgon postal qui se pointe au lieu où nos quatre compères l'attendent, mais plus d'une vingtaine de fourgons de ladite société, les employés s'étant mis en grève.
Mais à tout "malheur" succède souvent quelque chose de positif, et là, c'est le renouveau du patelin où nos braqueurs préparent leur coup, car tous les convoyeurs de fonds vont venir se restaurer dans l'unique restau du coin, qui va se mettre à tourner à plein régime. Et puis quand la télé s'en mêle, reportage sur reportage, on revoit se pointer un agent immobilier, puis un couple qui veut faire repartir la boulangerie.
Sauf que la grève dure, ce qui n'arrange pas les affaires de nos quatre lascars, et l'agression qu'ils commettent sur le directeur de la société de transports de fonds, sous prétexte de faire avancer les choses et surtout la reprise du travail, synonime pour eux de possibilité de braquage, ne règle en rien la situation.
Sans compter que deux flics, un vieux grincheux qui pourrait nous rappeler le célèbre commissaire Bourrel de mon adolescence et ses fameuses "cinq dernières minutes", vous vous rappelez, quand il claquait son poing droit dans la paume de sa main gauche en criant"mais bon sang, mais c'est bien sûr", et un jeune flic plein d'ambition, viennent y fourrer leur nez respectif.
En paralèlle, l'histoire de "Félix", l'un de la bande des quatre, qui retrouve une photo de son oncle qui vient de décéder et de lui léguer sa maison, une maison pleine de souvenirs mais aussi de secrets. Une photo, un prénom, celui d'une polonaise, qui a soudainement disparu quelques dizaines d'années plus tôt, et dont le tonton était amoureux. Félix enquête à son tour, et va de découverte en découverte. Qui à l'époque, a balancé la "polonaise" expulsée avec plus de 200 autres mineurs polaks?
Le tout sur fond de nostalgie et de souvenirs qui ont pu par moments m'émouvoir, eh oui, le commissaire Bourrel, eh oui, les fameux "Disparus de Saint-Agil", de Pierre Véry, que Pecherot cite, et dont j'ai gardé dans mes rétines les images du film vu alors que je n'avais que 8 ans!!!! Et plein de noms encore, tels Blek le roc, Delon, Belmondo, leurs films du moment.
Un peu comme si les principaux protagonistes de cette histoire se les rappellaient, via Pecherot, parce qu'ils ont compris qu'à cet instant "T", c'était peut-être les seules choses qui leur restaient, leur avenir étant à l'image du titre du polar, "noir", comme son soleil aussi, fatalité et destinée obligent, au moment où le poids de leurpassé est bien plus lourd que celui du court futur qui se présente à eux.
Un polar écrit en "noir et blanc", avec beaucoup d'humour et les couleurs qu'il génère, beaucoup d'images suggestives, beaucoup de gueules "cassées", dont on ne voudrait pas lire la fin tellement elle semble évidente.
En bref, un excellent Pecherot.
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Félix, la cinquantaine usée, vient de perdre son oncle. Sans boussole dans la vie, il accepte un plan bancal que lui soumet Simon, truand malchanceux qui croit pourtant toujours au « grand coup ». Et pour les aider dans ce braquage d'un fourgon blindé, ils vont s'associer à un artisan crevé de dettes, Zamponi, et un jeune de banlieue qui carbure au rap et à la force brute. La fine équipe a un plan solide : se fondre dans le décor jusqu'à s'y dissoudre avant le jour J. Mais, pourtant loin des plages ou des déserts, les grains de sable vont, peu à peu, s'amonceler dans une mécanique qui paraissait bien huilée…

« Soleil noir » est un roman de Patrick Pécherot, aussi noir que le soleil du titre qui, à force de briller par son absence, finit par oblitérer l'espoir.
C'est un grand roman noir, avec ses anti-héros cabossés, aux colères rentrées à force de prison, ou toutes voiles dehors, jeunesse (ou inconscience) aidant, aux espoirs limés par l'usure du quotidien, fait d'attente ou de taxes, aux vies erratiques qui vont se conjuguer en désespoir majeur.

Tandis que nos quatre associés tentent de se fondre dans le décor, bien des événements – inattendus et pour le moins désopilants – surviennent. Et le lecteur de se demander alors si la solide ficelle que constituait jusqu'ici l'intrigue ne risquerait pas de se dissoudre à l'aune de ces multiples péripéties. Nullement, car l'auteur sait y faire et, le moment venu, il n'aura plus qu'à tirer sur la corde pour nous prendre dans ses rets et nous livrer un final brutal, éblouissant, un soleil noir qui imprime sur la rétine la marque d'un roman puissant.

Car dans ce noir, les protagonistes essaient d'en sortir quelque chose, à l'instar de Félix qui cherche à comprendre l'histoire de son oncle, à la faveur d'une photo retrouvée. L'écriture est soignée, burinée à l'enclume d'un patient labeur, comme le montrent quelques descriptions, quand l'auteur explore la mémoire sociale du pays : « Gueules édentées, cuites aux quatre vents, les grosses rides creusées dans le profond du cuir et le front soucieux des jours sans pain. »
Et puis, l'humour n'est jamais loin, qui offre quelques respirations, et même s'il est noir, il ménage des moments de répit dans une intrigue sombre. Un grand roman noir, puissant, déjanté, bouleversant.
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Félix, la cinquantaine, chômeur sans espoir, vient d'hériter de la maison de son oncle dans un petit village moribond.
C'est le lieu idéal pour monter un coup.
C'est Simon, truand récemment sorti de prison, qui en a eu l'idée.
Il s'agit de braquer le fourgon d'un convoyeur de fonds qui passe régulièrement devant la maison.
Tout est prêt. Ils vont se faire aider de deux autres acolytes, dont un véritable entrepreneur, pour retaper la maison et ainsi se fondre dans le décor.
Mais c'est le jour J que les convoyeurs décident de commencer une grève illimité à cause de l'attaque de l'un des leurs.
Que faire ?
Continuer à retaper la maison en attendant la reprise du travail ?
Continuer à explorer le passé de l'oncle et s'informer sur l'expulsion de travailleurs polonais dans les années trente ?


Patrick Pécherot, l'auteur de "Tranchecaille" et de la trilogie "Les brouillards de la butte", aime mêler le présent et l'histoire dans des romans proches du polar.
J'ai trouvé celui-ci un cran en dessous des quatre autres mais j'ai quand même pris beaucoup de plaisir à lire les aventures de ces quatre paumés grâce à l'humour désespéré de son style.

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« Soleil Noir » ne présente pas une intrigue forte qui tient le lecteur du début à la fin. L'histoire en est classique : des voyous, des marginaux préparent l'attaque d'un fourgon blindé…Ils empruntent les outils de maçonnerie et retapent une maison de campagne d'un comparse pour atteindre leur objectif. Malheureusement une grève surprise déjoue leur projet. Les voilà obligés de côtoyer au bistrot du coin les convoyeurs en grève qui établissent leur lieu de réunion et de restauration dans le village. Cette péripétie reste amusante mais peu crédible. Patrick Pécherot s'attache à décrire les propriétaires du restaurant, le retour des anciens, l'intérêt suscité par la presse locale…Une deuxième intrigue s'insinue dans le roman : quel mystère cachait l'oncle du propriétaire de la maison ? Une vieille photo, un ancien ami…qui va décéder rapidement, vont susciter l'intérêt du neveu-héritier. Si le début du livre tient son intérêt dans le style où les expressions, dialogues s'inspirent du parler populaire, de ses métaphores imagées, des répliques cinématographiques, le rythme s'essouffle assez rapidement.pour ne reprendre qu'à la scène finale que le lecteur a pu anticiper.


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Soleil noir... roman noir...
C'est l'histoire d'un casse qui n'aura pas lieu.
Beaucoup d'ironie dans cette épopée contrariée par de petits faits divers, de la tendresse aussi à travers les réminiscences des bonheurs simples d'un garçonnet.

Plusieurs histoires dans l'histoire enrichissent ce roman... celle des polonais expulsés après de bons et loyaux services au fond des mines, celle de l'ancêtre amoureux, celle du boxeur déchu...
Le tout sur un fond de grève des convoyeurs de fond.

C'est un ouvrage qui parlera aux lecteurs amoureux de la "belle écriture" et soucieux de déguster ambiance autant qu'action.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Le bruit d’une fleur ? Son regard était compatissant. Un brave type. On le voyait à la façon qu’il avait de hocher la tête. Genre Oui-Oui, le lutin des petits bouquins. Le bruit d’une fleur, ça lui en bouchait un coin mais il s’en serait voulu de me contrarier. Dans un moment pareil.

...Bien sûr, il a dit en capuchonnant son stylo, je comprends.

Il ne pigeait rien et il s’en foutait, mais c’était gentil de faire comme si. Il avait du métier, on le sentait. Tout en tact et en retenue. Je me suis levé et on s’est serré la main. La sienne était ferme. Avec du « courage » dans la paume et la pression des doigts. Quand il m’a ouvert la porte, son portable a sonné. Les objets, on devrait toujours s’en méfier. Un oubli, c’est vite la faute. Tatitata-tatitata. Dans son dos, la petite musique s’entêtait. Un crincrin obstiné qui détonnait dans l’ordonnancement des choses. Il a fait le seul truc possible : rien. A croire que j’étais seul à entendre. Un acouphène qui me serait venu aux oreilles. Tatitata-tatitata. Il l’avait choisie avec soin, sa rengaine. L’Exorciste. De quoi amuser les copains. Décompresser, aussi. Dans son boulot, on a besoin de soupapes. Le portable insistait. Il a continué de l’ignorer et je suis sorti. A travers la vitrine ruisselante de pluie, il m’a fait un dernier signe de tête. Comme un on se reverra, plein de soupirs désolés. Je n’étais pas pressé. J’ai remonté mon col. Sous la flotte, l’enseigne dégoulinait. Pompes funèbres générales..."
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uand il m’a ouvert la porte, son portable a sonné. Les objets, on devrait toujours s’en méfier. Un oubli, c’est vite la faute. Tatitata-tatitata. Dans son dos, la petite musique s’entêtait. Un crincrin obstiné qui détonnait dans l’ordonnancement des choses. Il a fait le seul truc possible : rien. À croire que j’étais seul à entendre. Un acouphène qui me serait venu aux oreilles. Tatitata-tatitata. Il l’avait choisie avec soin, sa rengaine. L’Exorciste. De quoi amuser les copains. Décompresser, aussi. Dans son boulot, on a besoin de soupapes. Le portable insistait. Il a continué de l’ignorer et je suis sorti. À travers la vitrine ruisselante de pluie, il m’a fait un dernier signe de tête. Comme un on se reverra, plein de soupirs désolés. Je n’étais pas pressé. J’ai remonté mon col. Sous la flotte, l’enseigne dégoulinait. Pompes funèbres générales.
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Le tour du propriétaire était rapide. Loupiot, la maison de tonton, je la voyais château. Quarante ans plus tard, elle avait rétréci. Trop petite pour les souvenirs qui remontaient en marée. Des bien enfouis qui revenaient d’on ne sait où. Le vaisselier, les murs et leurs photos, le dessus de cheminée avec ses napperons, le râtelier à pipes. Je n’ai pas eu le cœur d’ouvrir les armoires. Le tiroir de cuisine m’avait suffi. Le couteau, fermé à tout jamais. L’Opinel ventru, avec, gravée sur la lame, la main couronnée, et la virole à tourner pour ne pas se trancher l’index. Dans son trou, il devait être paumé, tonton, sans son surin. J’ai refermé le tiroir.
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Le bruit d’une fleur ?

Son regard était compatissant. Un brave type. On le voyait à la façon qu’il avait de hocher la tête. Genre Oui-Oui, le lutin des petits bouquins. Le bruit d’une fleur, ça lui en bouchait un coin mais il s’en serait voulu de me contrarier. Dans un moment pareil.

— Bien sûr, il a dit en capuchonnant son stylo, je comprends.

Il ne pigeait rien et il s’en foutait, mais c’était gentil de faire comme si. Il avait du métier, on le sentait. Tout en tact et en retenue. Je me suis levé et on s’est serré la main. La sienne était ferme. Avec du « courage » dans la paume et la pression des doigts.
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En bas, la rue est déserte, avec la boulangerie murée, l’entrepôt désaffecté — « défense d’afficher », « ulla.com rencontres en direct » — et le feu rouge, planté devant la maison. La dernière de la ville. Après elle, la nationale reprend ses droits. Tout est parfait. Le tournant, à gauche, qui masque la perspective, le croisement, à droite, avec la friche pour horizon. Activité zéro. Circulation, néant. Vingt ans de sécheresse économique, depuis qu’elle s’est abattue sur le coin, l’ont transformé en désert. Même les camions, contraints à la déviation, ont foutu le camp.
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Vidéo de Patrick Pécherot
Rencontre avec Patrick Pécherot au Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale 2018 à Arras, le 1er mai. Dernier roman : Hével. La Série Noire/Gallimard
Médiation : Tara Lennart Captation : Colères du Présent
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