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Antoine Pecqueur (Autre)
EAN : 9782746754256
128 pages
Autrement (16/09/2020)
2.88/5   4 notes
Résumé :
Dans un monde où les conflits armés ont diminué de moitié, les rivalités entre Etats prennent de nouvelles formes : terrorisme, guerres commerciales... Dans ce contexte, la culture devient un enjeu géopolitique majeur et, plus qu'un moyen d'influence, elle se révèle un outil essentiel de domination pour les Etats et les entreprises privées. Comment la Chine accompagnet-elle ses nouvelles routes de la Soie par l'implantation d'universités dans tous les pays traversés... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Depuis le temps, faut-il vraiment se donner la peine de présenter le travail des éditions Autrement ? Elle ne ménagent pas leurs efforts pour rendre simple des sujets compliqués avec des ouvrages fondamentalement pensés pour être à la portée du plus grand nombre avec un maximum d'informations visuelles à côté des textes sans pour autant oublier le sacro-saint appareil critique. Ah ça on est loin des grimoires pour initiés faisant la promotion d'une culture élitiste à destination d'élites incultes, pour autant on trouve toujours une tripotée de détracteurs toujours mécontents qu'on offre le savoir au plus grand nombre car selon eux le savoir doit être réservé à une élite volontiers très riche et très héréditaire (aka cette saloperie de suprématisme de mes couilles) !
Finalement dans cet ouvrage on ne parle pas autant que cela de culture, mais le plus souvent d'argent et parfois de politique… D'ailleurs plutôt que de parler de culture qui prend le pouvoir on aurait pu et on aurait dû parler de pouvoir qui s'empare de la culture. Alors certes on survole le sujet, et pas mal de sujets, mais l'ensemble se révèle intéressant voire suffisamment passionnant pour une personne lambda, surtout si elle est passionnée par le sujet…


Europe : La culture, une arme géopolitique (ou plutôt un instrument de politique national permettant de bien se servir au passage)

Dans la culture comme dans les autres domaines, l'Union Européenne sert essentiellement de terrain de jeu pour les lobbies qui captent des subventions pour faire du pognon en réalisan des infrastructures qui étaient déjà prévues, et on continue de vivre dans le petit de l'entre-soi bourgeois avec « les capitales culturelles européennes »… On se gargarise d'une politique cinématographique ambitieuse, mais n'importe quel cinéphile sait qu'on faisait plus et mieux il y a 50 ans…

En Scandinavie on aime bien donner des leçons de morale d'un côté, et truander allègrement d'un autre côté (le patron d'Ikéa est le premier et le plus gros délinquant fiscal suédois). C'est donc tout naturellement qu'on a légiférer pour légaliser la méthode « Largo Winch » (aka cette saloperie de truanderie déguisée en « optimisation fiscale », Jean van Hamme dénonçant toute les dérives des années fric 10 ans avant l'avènement des années fric). Les grandes entreprises sont donc possédées par de grandes fondations qui ne payent pas d'impôts, et l'argent truandé permet de financer opéra et glyptothèques au frais du contribuables. Pour rien gâcher le public en taxant le contribuable et le privé en volant le contribuable se livre une guerre sans pitié pour se montrer le plus fort en « actes de charité »...

Le Royaume-Uni, toujours avide de faire cavalier seul au détriment de tous les autres, serait ravi du Brexit qui va lui permettre de ne plus respecter du tout la législation européenne sur les oeuvres d'art. Il va ainsi pouvoir faire du blanchissement d'argent sale et de la spéculation à outrance en toute tranquillité et en toute impunité. D'un côté on a des gens pétés de thunes qui ne savent pas foutre de leur pognon prêts à tout et au reste pour truander quelques point de TVA (tu dépenses 10 millions sur un tableau de maître et du va passer par des truandages fiscaux pas possibles pour économiser quelques centaines de milliers de taxes), d'un autre côté des artistes dégoûtés par toute cette mentalité hypercapitaliste de merde qui envisage de s'exiler sur le continent… Quitte ou double pour le Royaume-Uni ?

L'Union Européenne est très fière de la promotion de la langue et de la culture de la Catalogne,.. qui permet d'utiliser des fonds européens pour financer la corruption politique à grande échelle, une véritable manne pour les partis indépendantistes !

L'Europe de l'Est utilise les fonds nationaux et européens pour faire du révisionnisme historique, avec la nomination tous azimuts de gens qui ni connaissent rien à la culture mais aux ordres des gouvernements en place et idéologiquement partisans (on a la même chose avec les médias privés et publiques en France, donc on n'a de leçon à donner à personne). Que peuvent faire les artistes entrés en dissidence face à des politiques xénophobes et homophobes financées par l'Union Européenne ? Car tandis que Président français se gargarise de prétendus avancées historiques, le Président hongrois est fier lui de pouvoir se torcher le cul avec les droits de l'homme… Triste monde, triste époque…

On a un focus sur la culture facteur d'intégration face à la « crise migratoire »… On zoom sur les artistes en exil, et plus précisément sur les musiciens syriens formés par les conservatoires russes, pour arriver aux « ateliers pédagogiques » permettant à des guides migrants de faire visiter les musées aux migrants, ou permettant de faire accéder les migrants à la création artistique... Alors oui l'art est toujours une porte de sortie par le haut, mais pour cela il faudrait quelque chose de mieux qu'une politique de gribouille !

On a un focus sur la Russie qui a mit la musique au rang d'arme diplomatique. Quoi de plus logique dans un pays où les chefs d'orchestres sont des superstars ? (qu'il est savoureux de savoir que le pays qui a tout sacrifié pour la culture prolétarienne soit celui qui a le mieux défendu la culture classique : et pan, dans les dents de la supériorité autoproclamée de l'occident hypercapitaliste et néo/ultra libéral) La musique champ de bataille entre militaires et religieux est affaire d'État en Russie, donc en Russie l'État favorise la carrière de ceux qui prenne position pour lui à l'intérieur comme à l'extérieur. C'est ainsi que Valery Gergiev mouille la chemise en allant organiser des concerts dans la Syrie en guerre, pour se retrouver conspués par les bobos SJW occidentaux… A chacun ses combats, et preuve est encore une fois que les plus riches sont forts avec les faibles et faibles avec forts !


Afrique : La culture, entre offre et demande (ou entre censure et propagande)

En Afrique comme ailleurs dans le monde, la Chine investit massivement dans les équipements culturels. On se moque bien de l'aide au développement, car on est dans une pure stratégie marketing... Et le produit de ces gigantesques opérations de communication c'est redorer le blason de la dictature chinoise et de sa politique économique de plus en plus agressive et conquérante…

En Afrique comme ailleurs dans le monde, la musique peut vite passer de contre-culture à contre-pouvoir. Les concerts-meetings se généralise alors même que les nouvelles technologies de l'information et de la communication permettent de court-circuiter la censure et la propagande traditionnelle. Les artistes sont donc devenus des cibles pour les pouvoirs en place, mais s'en prendre à eux c'est aussi renforcer leur popularité et en faire des martyrs au risque de les propulser au pouvoir…

On a un focus sur les restitutions (très diverses, de l'Allemagne qui rend les oeuvres à leur pays d'origine sans condition au Royaume qui n'envisage leur retour que sous forme de prêts payants), car l'accélération du mouvement entre demande de repentance et actes de justice s'accompagne d'une mouvement de spéculation des oeuvres africaines sur le marché de l'art. Mais nouveaux musées, nouvelles collection et nouveaux acheteurs concernent essentiellement un élite qui laisse la population à l'écart de la culture…

On a un focus sur la politique du groupe Bollorée. Bon an mal an les populations africaines sortent de la pauvreté et accède à la société de consommation donc à la société de loisir. C'est donc tout naturellement que l'entreprise spécialiste en poupées gigognes est passé de la construction d'infrastructures portuaires à la construction de salles de spectacles. Sans surprise on la collusion de l'entreprise avec le pouvoir (en place, ou bientôt en place de l'être), avec une montagne d'affaires de corruptions diverses et variées qualifiées par les médias occidentaux de simple « optimisation fiscale et financière »...

On a un focus très instructif sur la success story de Nollywood, le Bollywood nigérian qui alimente le continent africain en comédies romantiques fabriquées à la chaîne et bien consensuelles comme il faut pour ne pas troubler la tranquillité de la bonne société et pour bien lobotomiser les masses stallonniennes…


Moyen-Orient et Afrique du Nord : La culture, révolution et répression

Quel bilan pour les révolutions arabes ? Difficile de passer la censure de l'art officiel à la liberté totale en temps de trouble… En Tunisie il y a plus de liberté et moins de moyens à l'heure où la culture est prise pour cible par l'État islamique. En Égypte la liberté a été de courte durée, les militaires rétablissant la censure dès qu'ils reprirent les manettes du pouvoir (reste l'edorado de l'électro-chaâbi, BO de la révolution devenue hype après avoir été underground). En Libye, Tripoli est passée de capitale arabe de la culture à champ de bataille pour les différentes faction qui se disputent le pays. En Algérie, artistes et plus encore écrivains se sont impliqués dans les mouvements anti-Bouteflika mais avec des revirements parfois surprenants car personne ne sait sur quel pied danser. Au Maroc on accueil l'argent et les équipement culturels étrangers, mais pas les arts et les artistes étranger : à qui profite le plus les postures postcolonialistes, on se le demande bien...

Israël pays colonialiste et impérialiste qui aggrave son cas à chaque fois qu'arrive au pouvoir Benyamin Netanyahou, véritable Talleyrand moderne (autrement dit une grosse bouse dans un bas de soie lowcost), sans aucune surprise utilise la culture comme instrument de propagande ultra-nationaliste. Donc on distribue du pognon à gogo aux « faucons de droite » à qui on déroule le tapis rouge en toutes circonstances, et on coupe les vivres « colombes de gauche » à qui on met des bâtons dans les roues en toutes circonstances… Bien évidemment tout cela est chapeauté par une loi de « loyauté culturelle », ou tout artiste ne considérant pas les Palestiniens comme des barbares terroristes assoiffés de sang juif est mis sur liste noire… La démocratie dans toute sa splendeur, n'est-il pas ? (évidemment soutenue jusqu'à la mort par les Yankees, défenseurs de la démocratie devant l'Éternel)

On connaît bien la politique culturelle des pétromonarchies : course à l'échalote financée par l'argent du pétrole et du gaz, où par fait du prince on achète des marques à gogo pour se faire de la publicité et se donner une bonne image à l'international (international ravi de vendre pour remporter le jackpot et donner naissance à une nouvelle génération de rentiers qui va se la péter qui n'aura jamais rien fait). Ça m'énerve tous ces ploutocrates qui crachent dans la soupe après avoir empochés leurs 30 deniers en pétrodollars (et sans surprise la France est ravie de jouer le rôle d'intermédiaire entre l'Occident l'Arabie Saoudite, elle qui aime tant fustiger le PSG qu joue le rôle d'intermédiaire entre l'Occident et le Qatar)...

En Turquie Recep Tayyip Erdogan agit en parfait dictateur, mais n'est-il déjà un dictateur dans les faits ? Pognon à gogo pour les artistes qui sont d'accord à 100% avec le guide turc et ses liaisons dangereuses avec l'islamisme, ségrégation envers les artistes qui ne sont pas d'accord à 100% d'État avec le guide turc et ses liaisons dangereuses avec l'islamisme, et bien sûr discrimination envers les artistes étrangers pour être bien sûr qu'il n'y ait qu'un seul son de cloche !



Asie : Des guerres culturelles (oh quelle surprise, on nous aurait menti à l'insu de notre plein gré ?)

Le mégaprojet « Belt an Road Initiative, où « Nouvelles Routes de la Soie » était au départ dédié à l'énergie et aux transports. Maintenant il est aussi dédié à la culture pour faire oublier une politique d'OPA très hostile qui n'est pas sans rappeler les méthodes occidentales de la « Belle Époque » impérialiste : financement d'équipement culturels (commissions & rétrocommission, on connaît la musique), route de la soie des théâtre avec prise de contrôle des spectacles par les Chine, route de la soie des bibliothèques avec prise de contrôle de l'inventaire la Chine (pays qui ne pratique pas du tout la censure, ironie inside), route de la soie des université (qui concerne bizarrement les grandes écoles scientifiques : et après les politiciens prétendument naïfs vont se plaindre de trafics de diplômes et d'espionnage industriel à grand échelle)...

On a un focus sur le groupe Poly, conglomérat chinois spécialisé dans la vente d'armes qui a décidé sous l'égide du PCC de se lancer dans la culture… Nous sommes entre libéralisme le plus sauvage et économie nationalisée forcenée, et il s'agit de donner un bonne image à une entreprise qui une réalité peu reluisante. La Chine étant un marché artistique et non une scène artistique, c'est sans aucune surprise que la plupart des artistes chinois résident à l'étranger : en matière d'armes comme de culture le groupe Poly ne fait que de l'import/export...

On a un focus sur Hong Kong triste résumé de la situation du monde et la culture, de la culture du monde comme du monde culturel… Dérégulation fiscal, sociale et environnemental pour assurer un maximum d'attractivité, censure / propagande assurée par un armé de consultants en communication, passé de la manipulation du public par la manipulation du privé au ordres du public, ségrégation, discrimination, disparitions en pagaille avant l'inévitable résistance à la Bête Immonde qui n'est pas cool et fun parce qu'elle est friquée...

On a un focus sur la K-Pop, martingale dont use et abuse l'État et les grands groupes sud-coréens pour faire du pognon facile avec des artistes formatés et markétisés pour être des produits de grande consommation jetables et recyclables à merci, dont les contrats de travail ressemblent bigrement à de l'esclavage moderne !

On a focus sur le yoga indien, outil de marketing à l'extérieur, et outil de discrimination, de ségrégation et de répression à l'intérieur (car il est obligatoire y compris dans ses aspect les plus hindouistes dans un système scolaire laïque, ce qui permet d'emmerder les musulmans parmi tant d'autres)...



Amériques : La culture face au clivage droite-gauche (la lutte des classes n'existe pas selon la ploutocratie mondialisée qui crie sur tous les toits qu'elle est en train de la gagner)

Au lendemain de la WWI le milliardaire américain Andrew Carnegie dépensait sans compter pour financer la reconstruction de la ville de Reims alors même qu'il dépensait sans compter pour les infrastructures culturelles des États-Unis… Un siècle plus tard nous avons des milliardaires appartenant à la ploutocratie mondialisée de plus en plus riches et de plus en plus fières d'être des philanthropes à but très lucratif. Je ne reviens pas sur l'« optimisation fiscale » qui n'est ni plus ni moins que du vol/viol fiscal à grande échelle (l'Empire Byzantin est mort d'offrir des droits sans limite aux riches et des devoirs sans fin aux aux pauvres, nul doute que l'Empire Américain subira le même sort). Mais il faut pointer du doigt le fait que les fondations investissent dans leurs propres entreprises pour se faire un max de pognon (Bill Gates dépensant dans les filiales santé de Microsoft pour prendre le contrôle de l'OMS qui serait un outil de la Chine d'après l'Amérique trumpiste). Comme dans le modèle anglo-saxon les religions sont au-delà du pognon, c'est tout naturellement qu'on les a exempté de taxes et d'impôts (mais aussi du code du travail et de respect des lois environnementales, sans parler du respect des bonnes moeurs les plus élémentaires). Mais la culture n'est pas rentable et c'est pour cela que seulement 5% de la philo-entreprise est dédiée à la culture, toutefois on on touche le fond néanmoins le fond avec du naming culturel avec des philo-entrepreneurs englués jusqu'au cou dans des affaires de justice plus ou moins sordides… le reagano-thatchéro-macornisme veut privatiser la culture certes, mais que se passera-t-il à votre avis dans une société où les 1% les plus riches possèdent plus de 66 % des richesses ? Une culture à deux vitesses par les riches pour les riches, mais visiblement le XIXe siècle est très tendance au XXIe siècle dans le milieu des happy few...

Le médias mainstreams nous montrent tous les jours qu'Hollywood est un champ de bataille entre Démocrates et Républicains. Mais les gens avec un cerveau en état de marche ne sont pas dupes : cela fait des années et des années que l'usine à rêve américaine fait la propagande d'idées de plus en plus conservatrices, pour ne pas dire de plus en plus rétrogrades (si l'Océan Atlantique nous préserve du plus gros de la connerie yankee, pensez-y quand même avant de vous abonnez à Netflix ou à son équivalent christianiste)...

On a un focus sur le Canada qui fait des appels du pied aux populations amérindiennes en leur donnant des cacahuètes culturelles. Car il faut faire oublier que depuis les années 1980 plus de 1200 femmes femmes amérindiennes ont été enlevées ou tuées sans que les autorités ne trouvent la moindre piste… Mais comme le dit le Premier Ministre Justin Trudeau, « parlons de génocide culturel et surtout pas de génocide tout court, car cela nous obligerait à sortir le chéquier alors que le pognon est sacré ! »… L'argent, encore l'argent, et toujours l'argent : et là où il règne il ne fait s'étonner des conséquences qu'il entraîne donc nous vivons dans un triste monde à triste époque…

On a un focus sur le Venezuela en crise politique parce que les États-Unis autoproclamés « leader du monde libre » veulent la peau d'un pays de « gôche » qui ne leur a jamais léché le cul, mais aussi en crise économique parce que les États-Unis autoproclamés « leader du monde libre » les ont quasiment mis sous embargo pour être sûr d'avoir leur peau… Dans un contexte de guerre civile, on se dispute les influenceurs issuent d'El Sistema, le programme social de sortie de la pauvreté par la musique qui a forme aujourd'hui 400000 enfants et adolescents. Les artistes ont choisi leur camp et sont aux premières loges des affrontements. Avec 200 écoles El Sistema ayant fleuri dans le monde entier, les artistes n'ont pas fini de manifester...

Bolsonaro n'en finit plus de trahir le Brésil bien parti pour devenir IRL une bonne grosse dystopie de littérature… Pour commencer sa politique nationaliste et christianiste est clairement financée par les évangélistes protestants états-uniens. Ensuite le tycoon latino-américaine élu en réaction aux scandales de corruption de ses prédécesseurs porte les scandales de corruption à un niveau jamais atteint dans un pays pourtant habitué au phénomène. Enfin on fait ostensiblement de « la guerre culturelle » avec de la propagande explicite envers « les braves citoyens de droite » et de la censure explicite envers « les irresponsables hippies de gauche ». Cerise sur le gâteau, au nom du « mieux disant culturel », on se débarrasse comme des malpropres d'artistes renommés pour promouvoir des butors fiers de leur inculture totale. Les musées brûlent faute d'entretien, les artistes s'enflamment faute de salaire, et dans la rue les ballerines sont opposées à des robocops : le « Ministère de la Citoyenneté » trouve ce « nouveau monde » absolument formidable ! On pourrait trouver tout cela caricatural avec des ministres bolsonaristes suffisamment incultes pour reprendre tels quels les gimmicks des caciques du IIIe Reich, mais comme la Macronie a institué un Ministère de la Citoyenneté avec sans doute les mêmes objectifs et qu'elle inspire de la même idéologie hypercapitalistes et néo/ultra libéral
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Avant tout, je souhaite remercier Babelio et les éditions Autrement grâce auxquels j'ai reçu ce livre.

Je dois avouer être très partagé sur ce documentaire qui se propose de faire un panorama mondial de l'usage par les « pouvoirs » (politiques et économiques principalement) de la Culture dans les différents continents.

La partie texte est vraiment très intéressante, l'auteur y décortique par de nombreux exemples les usages de la Culture dans différents pays. On se sent tout de même loin la « culture de tout un chacun, vecteur de liberté, d'expression, de partage » et l'on parle le plus souvent de l'industrie culturelle (ou de la culture des grands projets), de marché de l'art (et ses trafics), d'optimisation fiscale, et de leur utilisation par les états et les grands intérêts financiers pour servir des volontés souvent loin de l'ouverture à laquelle la Culture devrait mener.

On y voit les pays et les grandes entreprises qui se servent de la culture pour améliorer leur image ou leur attractivité, avec entre autres la stratégie mondiale de la Chine, notamment en Afrique. On y voit aussi comment les états, notamment nationalistes mais pas uniquement, instaurent des politiques culturelles contraintes pour favoriser une Culture officielle (et acceptable) ou pour déléguer le financement de la culture aux intérêts privés (ce qui pose la question de la liberté culturelle). On y voit aussi comment l'art est devenu un outil entre les mains de gens peu scrupuleux qui stockent parfois des milliers d'oeuvres dans les ports francs, d'énormes entrepôts qui aux quatre coins du monde échappent à la fiscalité et servent de plateformes d'échanges frauduleux en toutes discrétions.

En résumé, le tableau n'est pas rose, et assez déprimant (si on oublie aussi les affaires de corruptions ou de trafic d'influence dans les pays où la Culture n'est pas instrumentalisée de façon particulière).

Déjà, à ce point là, on se pose la question du sous-titre que je trouve trompeur :« Comment la Culture prend le pouvoir » qui pouvait laisser penser que la Culture avait de l'espoir, et de fait, on nous y explique plutôt « comment le pouvoir prend la Culture » et l'utilise pour ses intérêts, ce qui laisse beaucoup plus pessimiste.

Après, en contrepoints des textes qui sont tous très intéressants, j'ai trouvé la partie cartographique et les infographies pas toujours intéressantes ou pertinentes (des cartes parfois anecdotiques où l'on ne voit pas toujours le lien de ce qui est représenté), parfois on manque un peu de détails (unités de mesures non mentionnées comme s'il était toujours implicite qu'on parle de pourcentage ou de millions de dollars), et sont quelques fois trompeuses ou inadéquates (une infographie compare le PIB/habitant de l'Espagne et de la Catalogne dans un diagramme camembert alors que l'addition ne forme pas un tout, et compare la population catalane avec la population espagnole comme si la première n'était pas une partie de la seconde les proportions de la Catalogne semblant plus faible du coup). J'ai également noté une cartographie où le calque des données semblait carrément avoir été redimensionné par rapport au fond de carte et faisait que les éléments ne correspondaient pas à celui-ci (pages 88-89 « Où écoute-t-on de la K-pop »).

Heureusement certaines cartes et infographies sont assez parlantes et intéressantes, mais globalement, cette partie, qui semble être un peu la « caractéristique d'appel » de ce livre, me laisse un peu perplexe et c'est dommage parce que le travail global effectué vaut la peine qu'on soit conscient que la « Culture », dans cette vision, est l'une des armes des guerres de demain, la quatrième de couverture faisant ce parallèle avec la diminution actuelle des conflits armés.
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Le thème de ce livre me tentait beaucoup, dans la mesure où je m'intéresse énormément à la culture, mais le format très théorique et documentaire s'est revelé moins passionnant à mon avis qu'au premier abord. Les cartes, schémas et images en tout genre illustrent parfaitement les passages de texte et permettent au lecteur de mieux comprendre les faits expliqués et sont un réel plus pour ce livre mais il est cependant, à mon avis, pas forcément intéressant ou suffisamment passionnant pour une personne lambda, même passionnée par le sujet.
Lien : https://www.instagram.com/le..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les entreprises culturelles ne se définissent pas par l’ampleur de leurs actifs, mais par leur influence.
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Le commerce de l’art est le dernier grand marché non régulé.
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Vidéo de Antoine Pecqueur
À la faveur de déclassifications, se trouvent parfois dans les archives des scoops de grande ampleur. Preuves en sont les révélations de Fabrice Arfi à propos du massacre du 17 octobre 1961 à Paris en pleine guerre d'Algérie. Il nous racontait ce mardi qu'en fait, De Gaulle savait... et n'a rien fait. Autre enquête - et pas des moindres - à l'honneur dans cette émission : celle d'Antoine Pecqueur sur l'ancien président du musée du Louvre, mis en examen pour trafic d'antiquités. Une affaire au retentissement mondial qui ouvre des questions délicates pour les institutions culturelles et l'État français.
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Enfin, à trois jours du premier tour des élections législatives, les journalistes du pôle politique de Mediapart sont venus jeudi faire le bilan d'une campagne contrastée, entre la dynamique nouvelle à gauche et l'atonie de la droite et de l'extrême droite.
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